Nouvelle #2 : The teacher is always right (Elmah et Sylvain) (5/5)
Elle saisit fermement sa baguette en bois, se tourna entièrement face à moi, et prit enfin son véritable ton autoritaire, celui que j'attendais – sans le lui avoir dit – depuis le début du cours :
« Sylvain ! Alors comme ça on refuse d'obéir à sa professeure ? Tu sais ce que je leur fais aux élèves insolents dans ton genre, moi ? »
Elle s'était mise à crier, et l'autorité si puissante qui émanait de sa voix me fit frissonner absolument partout.
Cherchant à la défier, je relevai un regard malicieux et terriblement provocateur vers elle, et jetai d'un ton désinvolte :
« Ah ouais ? Et vous leur faites quoi, aux élèves insolents dans mon genre ? Allez-y, montrez-moi, si vous êtes capable !
– Tu es décidé à me chercher des noises ? Retourne-toi. »
Je m'étais bien sûr relevé, et lui tournai le dos sans plus tarder. Et je n'eus pas à attendre bien longtemps, j'eus tout juste le temps de me préparer psychologiquement avant de la sentir me charger un énorme coup sur les fesses.
Moi qui était plus habitué au claquement souple d'une ceinture de cuir, le fouettement dur et sec d'une baguette en bois fut une nouvelle découverte. Et la découverte avait été violente apparemment, puisque je m'écroulai subitement sur les genoux en poussant un long hurlement. Madame Walles me demanda très calmement :
« Ça va ?
– Gris, gris, soufflai-je en guise de réponse. »
Gris, c'était un de nos safe-words pour dire J'en veux encore, un safe-word qui n'avait pas changé depuis un moment. Avant, nous utilisions les as en guise de safe-words, nous disions As de pique, As de trèfle... mais comme nous n'arrêtions pas de nous mélanger les pinceaux, nous avons fini par fonctionner avec des couleurs.
Je changeai de position et me mis à quatre pattes, pour la laisser me donner un nouveau coup, qu'elle régula elle-même pour le rendre un peu moins violent, au même endroit que la première fois. Je poussai un nouveau grand cri qui ressembla beaucoup plus à un gémissement que le précédent. Me voir ainsi, à trois quarts nu et à quatre pattes devant elle fit lâcher à la prof un immense éclat de rire distinctement sadique qui me fit de nouveau frémir – ce tremblement fut au moins aussi brusque que le coup de règle.
Je décidai de corser moi-même un peu les choses en lui désignant un nouvel endroit à frapper. Je me remis à genoux et me tournai de nouveau face à elle, la regardant avec un air suppliant tandis que la même supériorité se dégageait toujours de ses yeux à elle. J'hésitai longuement ; je fermai les paupières et respirai lentement et bruyamment pour me préparer à la torture que j'allais moi-même demander à ce que l'on m'inflige. Enfin, je rouvris les yeux et levai un regard confiant vers Madame Walles. Sur mes mains, je joignis mes doigts entre eux, et mon regard devint de nouveau suppliant lorsque je tendis ainsi mes bras vers elle.
Ma petite-amie dans sa plus belle nuance ouvrit de grands yeux qui lui allèrent à ravir derrière les verres de ses lunettes, et me demanda :
« Tu veux des coups sur les doigts ? Tu es bien sûr et certain ?
– Oui... mais oui... pitié, Madame... »
Un rictus amoureusement cruel passa sur ses lèvres violettes, elle finit même par se lécher les babines avant de se remettre à toiser sa baguette en me répondant :
« Et bien dans ce cas... prépare-toi bien... »
La sensation très psychologique et très intense de sentir un obstacle juste au-dessus de soi et prêt à frapper s'était emparée de mes doigts. Les paupières closes, respirant bruyamment, ayant abandonné mon visage impassible à un sourire libéré – déjà soulagé, j'attendais le châtiment avec impatience.
À me voir ainsi, Madame Walles fut à son tour prise d'impatience, puisqu'elle se concentra une dernière seconde avant d'enfin infliger un immense coup sur le bout de mes ongles. Cette fois-ci, je hurlai encore plus fort qu'avec le coup sur les fesses, me laissant tomber à terre, respirant bruyamment. Ma petite-amie, croyant me voir agoniser, posa sa baguette et se pencha sur moi avec panique :
« Et là, ça va ?
– Oui... c'est bon, c'est bon, je vais m'en remettre, ne t'inquiètes pas... bah putain, heureusement que les profs n'ont plus le droit d'utiliser les châtiments corporels ; t'imagines un peu, cette putain de douleur à chaque fois que tu dis un mot ?!
– Rouge ? interrogea-t-elle.
– Oui, oui, Rouge... j'aimerais bien en avoir encore, mais tu vois, mine de rien ma partie rationnelle me souffle que j'en ai déjà pris pas mal, ce soir...
– Mmm... ce n'est peut-être pas ça, d'habitude tu te prends beaucoup plus de coups que ça avant d'en avoir assez. Moi je pense que tu es juste complètement fatigué.
– Oh, oui, tu dois avoir raison... »
Avec un sourire, elle prit son magnifique accent anglophone qui lui venait tout droit de ses origines pour me déclarer, avec douceur et malice à la fois :
« Never forget this : the teachers is always right. »
⁂
À l'issue de cette magnifique soirée, nous finîmes par nous endormir l'un contre l'autre sur le lit d'Elmah, chaudement enroulés sous la couverture. Ma petite-amie m'avait dit en riant que nous ferions mieux d'enfiler nos pyjamas pour nous coucher au cas-où ses parents rentreraient le lendemain avant que l'on ne soit réveillés – il valait mieux éviter qu'ils nous trouvent nus ou même à demi-nus dans le même lit, en effet.
Madame Walles avait déplacé son bureau à sa position initiale, avait fini sa pomme, planqué sa règle en bois et rangé son tableau en ardoise, ses craies et son costume de professeure comme si elle ne s'en était jamais servi pour jouer avec moi, et était venue me rejoindre dans le lit avec un maillot de corps et un petit short de pyjama. J'avais moi-même mis un T-shirt et renfilé un bas de nuit par dessus mon adorable petit boxer rose – comme aimait bien l'appeler la prof même lorsqu'elle ne jouait pas son rôle d'enseignante.
Durant la nuit, Elmah me prit dans ses bras, de sa poigne puissante et maternelle, et me pressa contre elle. La dernière chose qu'elle me murmura avant de sombrer dans le sommeil fut :
« Tu vas te sentir en sécurité, maintenant... »
Et elle eut raison.
Car par ailleurs, je n'avais toujours pas oublié son dicton : the teacher is always right.
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