Vous m'avez donné pas mal de thèmes et d'exercices intéressants à essayer et à aborder. Aujourd'hui j'ai choisi celui de mayou82 qui était d'écrire les sentiments d'un enfant.

Je tiens à vous prévenir, ce texte n'est pas facile à lire. Il est violent et triste, alors âmes sensibles, s'il vous plait, protégez-vous.

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J'entends un bruit de verres, comme si deux bouteilles s'entrechoquaient et mon cœur fait un bon dans ma poitrine. Je soulève la couette qui recouvrait mon visage et me précipite dans les escaliers en tentant de n'émettre aucun son. Je descends prudemment les marches en bois sombre et essaie de ne pas toucher la troisième. Elle grince la troisième. Je ne dois pas la faire crisser, sinon maman saura que je suis là.

Après avoir enjambé la planche bruyante avec succès, je jette un œil vers la cuisine et observe celle qui vient me border le soir. Je sens une boule se former dans mon ventre et mes mains se mettent à trembler. Pourquoi est-ce qu'elle vide les bouteilles interdites de papa ? Elle sait bien que ça va le mettre en colère. Je ne veux pas qu'il s'énerve. Je dois dire à maman d'arrêter et si je lui dis avec le mot magique, peut-être qu'elle m'écoutera. Elle le sait pourtant, qu'il n'aime pas quand elle fait ça.

- S'il te plait maman, ne touche pas aux affaires de papa. Il ne va pas être content.

Ma voix n'est pas comme d'habitude, je crois qu'elle est comme moi, elle s'inquiète. Les yeux de maman s'ouvrent grand et sa bouche se tord en une grimace que je n'aime pas. Elle pince ses lèvres et me demande de retourner me coucher, mais elle ne me gronde pas. Je baisse la tête vers le sol en m'apprêtant à remonter les escaliers, quand j'entends une porte claquer et des pas avancer vers la cuisine.

Je regarde l'entrée de la pièce et quand je vois papa qui fronce les sourcils, mon torse me fait mal. Il demande plusieurs fois à maman ce qu'elle est en train de faire et sa façon de parler est étrange, comme à chaque fois qu'il revient tard à la maison. Maman ne lui répond pas, elle se contente de le regarder, les bouteilles vides dans les mains et il a l'air d'être fâché. Très fâché. Il tend la main vers celle qui tient toujours les récipients en verre et l'attrape par les cheveux brusquement.

Maman bascule en arrière et tombe sur le sol en grimaçant. Un bruit tonitruant explose dans la maison et des dizaines de morceaux coupants s'écroulent sur le carrelage. Papa crie fort. Il hurle sur maman. Je savais qu'elle faisait une bêtise, j'ai essayé de la prévenir. Il lève sa main et je sais qu'il va la punir. Il faut que je la protège, mais mon corps refuse de bouger, je ne sais pas pourquoi. J'ai du mal à respirer et finalement maman reçoit sa sanction. Elle gémit, ses joues sont toutes mouillées, je crois que papa lui fait mal.

Mes jambes ne veulent toujours pas m'écouter alors, moi aussi je crie. Je lui demande d'arrêter de punir maman. Elle a compris maintenant, il peut arrêter. Il doit arrêter. Sa main reste bloquée dans les airs et il se tourne vers moi. Ses yeux sont tout rouges, je sais qu'il est en colère contre moi maintenant. Il m'ordonne de me taire, mais je ne l'écoute pas. Si je parle encore, il va laisser maman tranquille, je le sais. Il lève sa main et il la referme pour la serrer fort, jusqu'à ce qu'elle devienne toute blanche. Puis il me montre que je ne dois pas désobéir. Mes genoux cèdent sous la force de papa et ma joue me fait mal. Il défait sa ceinture et je me recroqueville sur moi-même.

Je n'ai pas envie qu'il me donne encore une fessée, mais s'il me punit moi, alors maman arrêtera d'avoir mal. Le cuir s'abat sur mon dos et je me mords la lèvre de toutes mes forces. Il ne faut pas que je pleure cette fois, il faut que je sois fort. Papa dit que les garçons ne pleurent pas et que je n'en serai jamais un vrai. Alors j'essaie de ne pas laisser mes larmes couler. Mais j'ai mal, j'ai très mal, je voudrais qu'il redevienne comme avant. Comme ce matin, quand maman ne touchait pas à ses affaires.

Après un moment, papa lâche la ceinture et ouvre tous les placards. Je n'ose pas bouger, je ne peux plus. Je tremble encore et je n'ai pas réussi à empêcher les sanglots de m'étrangler. Je crois que papa ne trouve pas ce qu'il cherche, il fait tomber beaucoup de choses, il casse des assiettes et des verres. Et puis tout d'un coup, il sort de la cuisine et s'approche de la télé dans laquelle il tape avec beaucoup de colère. L'écran se brise et le bras de papa devient rouge.

Maman se lève et me dit d'attendre sagement ici, il faut soigner papa. Il faut qu'il aille à l'hôpital. Je crois qu'elle n'est pas fâchée après lui. Elle ne l'est jamais.

Je déteste papa quand il est en colère.

Je déteste maman quand elle lui pardonne.

Je me déteste quand je n'arrive pas à retenir mes larmes.

Ce n'est pas juste.