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"Vous êtes sûrs ?"
Ma mère se penche vers les infirmiers, tenant une pochette de documents médicaux fermement à la main, si fermement qu'ils pourraient se distordre sous ses doigts.
"Il mange de nouveau assez bien. Il m'a l'air plus en forme, mais si n'importe quel malaise de ce genre survient à nouveau, n'hésitez pas à le faire revenir. Sa maigreur est cependant inquiétante. Assurez-vous à ce qu'il se nourrisse bien, et de tout. Pour ce qui est du sommeil, voici une prescription pour des somnifères. Aussi, une aide psychologique ne lui serait pas de refus, n'hésitez pas à lui proposer des séances chez un psychologue."
Crispé des pieds à la tête, je me force à sourire. Quatre jours. Quatre jours que je suis bloqué ici. J'ai sorti mon meilleur jeu d'acteur, mes plus beaux sourires, mes plus belles manières, afin de me sortir de là le plus vite possible.
Je sais très bien que je ne me remettrai pas miraculeusement à manger après les paroles du médecin. Je sais très bien que je ne prendrai jamais ces somnifères, trop peureux de plonger dans un sommeil qui me ramènerait encore son souvenir à la surface, bien trop puissant, bien trop tranchant.
Je sais aussi très bien que je refuserai d'aller dans le cabinet de qui que ce soit.
Sert-il vraiment à quelque chose de s'appuyer sur l'aide de quelqu'un, lorsqu'on veut se laisser mourir ?
Personne ne m'aiderait à me laisser mourir.
Je suis seul dans mon combat.
C'est seulement moi. Moi et mon corps. Et mon âme. Moi et toi.
Mais je n'en montre rien.
Les infirmiers finissent par me laisser tranquille. Sur le chemin du retour jusqu'au gîte, l'habitacle de la voiture de mes parents se recouvre d'un silence pesant. Nous faisons halte à une pharmacie pour dénicher ces fameux somnifères. Ma mère me les tend, je prends la boîte entre les mains, peu intéressé.
Je suis fatigué.
J'ai froid.
Très froid.
Pourtant, la température est plus qu'élevée, aujourd'hui. Pourquoi ai-je toujours si froid ? Pourquoi faut-il toujours que je me sente geler, même jeté en plein milieu d'une canicule ?
Il y a quelques jours, contre les lèvres du châtain, j'avais chaud, pourtant. Très chaud.
Mon père me jette un coup d'œil dans le rétroviseur. Je l'intercepte.
"Écoute, Jungkook... Ta maman et moi, on a réfléchi et..."
Je me fige. J'appréhende la suite, jouant distraitement avec le bracelet de l'hôpital, que je n'ai toujours pas retiré. Il est bleu. Bleu comme la mer. Comme le ciel. Comme tes yeux.
"On ne voudrait pas te restreindre, et tu es majeur maintenant, on le sait, tu pourrais faire ce que tu veux qu'on n'aurait rien à redire, mais on aimerait que tu ne sortes plus aussi tard, le soir. Du moins, pas tant que tu ne reprends pas un peu de force. C'est intenable de s'inquiéter autant à chaque fois que tu t'éclipses. J'espère que tu comprendras."
Il me semble qu'un poids encore plus lourd m'écrase les épaules. Mais, taciturne, j'acquiesce, la mort dans l'âme.
"On est désolé, Jungkook. Mais ça ne peut plus continuer comme ça, tu comprends ?" précise mon père, avec plus de douceur.
Évidemment, que je comprends. Je me dis que si j'avais eu un enfant, j'aurais eu cette même manie de protection. C'est normal.
C'est normal, et pourtant, cette limite qu'ils viennent de m'imposer me fait perdre tout espoir.
Le regard fuyant par la fenêtre, le nez capturant le moindre air matin par la vitre ouverte, je me demande si je le reverrai un jour.
De toute façon, c'était trop beau pour être vrai.
Taehyung.
Un être inventé de toute pièce par mon cerveau étriqué et malade. Voilà la réalité. Cela devait sûrement être cela.
༄༄༄
Coucouuu, encore des mauvaises nouvelles ahlala... 😔 mais vous en faites pas le Taekook revient très rapidement, et devrait être vraiment + présent bientôt 🤸♀️ Hâte de vous le faire découvrir
À demainn
-Elise-
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