Chapitre XXXI : Stressed Out

Alors que nous nous regardions tous dans le blanc des yeux, attendant l'action qui lancerait le combat, des pas précipités se firent entendre dans notre dos. Ne voulant pas tourner le dos à Ian et sa troupe de démons, je dus me fier aux échos de voix :

-Nous sommes là pour vous épauler, chef ! déclara une voix rocailleuse à Faelan.

- J'espère bien, ce serait dommage que vous ayez décidés de faire la sieste à la place, ironisa t-il.

- Puisque tout le monde est prêt, ça ne vous dérange pas que nous commençions ? les interrompit sarcastiquement Ian en lâchant un sort de feu sur les troupes de l'ACE.

Mes muscles meurtris eurent le réflexe de me plaquer au sol pour l'éviter, mais beaucoup trop tard. Cependant je n'étais pas la cible visée et seule une flammèche me roussit le haut de mon crâne. Un soldat derrière moi n'eut pas ma chance, ses cris d'agonie résonnèrent dans le couloir exiguë. Mais ses camarades ne se laissèrent pas impressioner et me dépassèrent, adoptant une posture défensive adapté à l'environnement étroit.

Alors que je me levais, difficilement et en me retenant de pester contre mes blessures, une main s'abattit sur mon épaule. Instantanément, mon instinct (enfin, ce qu'il en restait) réagit et je fis un quart de tour pour plaquer une lame affûtée contre la gorge de mon agresseur. Qui se trouvait être un Faelan à l'air particulièrement agacé.
Oups.
Néanmoins un rapide coup d'oeil sur la bataille faisant rage derrière moi effaça son air grognon pour y dessiner à la place une inquiétude profonde.

-Il va falloir que tu traînes notre ami commun, dit-il pour éviter qu'une oreille de démon ne surprenne l'identité du corps gisant à une dizaine de mètres de nous, jusqu'au quartier général. Va dans cette direction et tu finiras par trouver, conclua le vampire avec un geste vague vers une extrémité du couloir.

Quelque peu vexée de ne pas pouvoir jouer avec les autres, je rétorquais :

-C'est sûr qu'entre ma musculature à faire rougir Schwarzy et mon sens de l'orientation hors-pair, je suis la personne la plus qualifiée. Et puis ce n'est pas comme si j'étais une tueuse entraînée, assénais-je alors que nous sautions in-extremis en arrière pour éviter une flèche qui se planta dans le genou d'un démon.

Faelan jeta un regard furibond à l'archer allié, promettant silencieusement une descente de grade imminente, avant de me dévisager de nouveau.

-C'est sûr qu'une mortelle blessée qui a repeint la moquette avec son sang, c'est la meilleure combattante qui soit, me répliqua t-il. C'est drôle, tu oublies souvent ce détail.

Furieuse, je lançais mon couteau et le clouais au mur par la manche.

-Peut-être parce que contrairement à ce que tu penses, mortelle ne rime pas avec incapable !

-Non, mais c'est marrant, il y a "mort" dedans ! Je me demande bien pourquoi, opposa le vampire en hurlant pour se faire entendre par dessus la clameur des combats.

-Merci Captain Obvious ! Tu veux une médaille aussi ? raillais-je en plantant mon deuxième couteau au-dessus de son épaule alors qu'il essayait d'enlever le premier.

Faelan venait de finir de les arracher et moi d'en attraper trois nouveaux lorsqu'un démon nous interrompit.

Déboulant comme un caniche dans un concours félin, il s'immobilisa brusquement avec son fléau levé par-dessus sa tête. Ses yeux globuleux et sa bouche garnie de crocs se courbèrent de rire en voyant notre querelle. Tous les deux furibonds, nous répliquâmes et il fut promptement charcuté par l'épée de Faelan ainsi que cloué par mes couteaux. Une fois cette pitoyable menace éliminée, la sangsue acheva son argumentaire :

-De toute façon, pour chaque instant que tu passes à protester, ses infimes chances de survie s'amenuisent.

Sa dernière justification me cloua presqua autant qu'une lame. Presque. À contre-lèvres et du bout du coeur -à moins que ce ne soit l'inverse- je lui concédais cet argument.

-Très bien, je vais m'en occuper. Cependant, ne penses pas que je te pardonne.

Le vampire me regarda, un air incrédule déformant ses traits. Je profitais de son mutisme pour épingler le coeur d'un ennemi un peu trop près.

-De me pardonner d'essayer de te sauver la vie ? réussit-il à articuler. Je pense que tu devrais y arriver.

-Tu n'essaies pas de me sauver la vie, tu veux surtout m'éloigner des combats ! Tu me sous-estimes depuis le depuis ! lui rétorquais-je, véhémente.

- Pas du tout ! C'est juste que tu prends des risques inconséquents et que-

- Excusez-moi mais ça vous dérangerait de dégager le passage et de continuer votre scène de ménage ailleurs ? Non, parce que je ne sais pas si vous avez remarqué, mais vous êtes en plein milieu d'une bataille, nous interrompit un elfe en armure.

Faelan et moi soufflâmes notre exaspération de concert avant de lui hurler un "La ferme !" tonitruant dans ses oreilles pointues. Néanmoins, je pris en compte sa demande et remontais le couloir pour me rapprocher du corps gisant de Maxen. Le vampire resta planté au milieu du corridor, incertain de la conduite à suivre, ne sachant pas quoi me dire de plus sans me faire changer d'avis. Ayant -presque- pitié de lui, je lui adressais une dernière tirade :

-Un ultime conseil à me donner ?

-Survis, me répondit-il sombrement. Vu ton état, ce serait regrettable de mourir si près du but.

Réprimant difficilement une réplique cinglante, je laissais cependant s'échapper un soupir. Avec son optimisme débordant, il allait bientôt pouvoir faire de l'ombre à Droopy.

Une fois éloignée du chahut de la bataille (à mon grand regret), je tentais de porter Maxen sur mon dos. Mais mon corps protesta vigoureusement et lança un avis de grève générale pour cause de "non-respect des conditions d'usage". Face à tant de pressions syndicales je dus m'incliner, aussi bien intellectuellement que physiquement, et me résignais à un compromis : devoir traîner mon patron sur le sol. Eh bien, je n'avais plus qu'à espérer que je n'allais pas me perdre. Mais connaissant mon sens de l'orientation, c'était extrêmement mal parti.

Décidant de suivre la direction vaguement indiquée par Faelan, je me mis à tirer le corps inconscient de Maxen par les deux bras, en faisant attention à ne pas trop le malmener et en regardant ponctuellement devant moi et derrière moi, afin de prévenir toute tentative d'agression. Inutile de préciser qu'après cinq minutes d'application de cette stratégie, je pouvais ajouter un torticolis à ma liste toujours grandissante de mes dommages corporels. C'était un peu comme collectionner des Pokémons mais sans braconnage et avec plus de souffrance.

- Auxanne ! Enfin je te retrouve ! cria une voix masculine.

Il me fallut une seconde complète pour me rendre compte que c'était à moi que l'on s'adressait. Fichu nom d'emprunt. Me retenant à grande peine de soupirer, je me tournais vers mon interlocuteur surprise.

Et fis face aux deux grands yeux bleus affolés de Nathan. La vue de mon visage décrocha sa mâchoire, ce qui d'habitude était un compliment mais que j'avais du mal à prendre comme tel en considérant le nombre croissant de collisions avec des corps étrangers.

- Ton visage... et tes cheveux, commença t-il à énumérer en levant une main tremblante vers moi. Mais tu saignes !

Je me renfrognais. Rien de mieux pour achever une estime de soi déjà presque aussi amochée que le reste de ma personne. Heureusement qu'il faisait parti de la délégation fae, parce que sinon je me demande comment j'aurais survécue à sa diplomatie. Oups, c'est vrai, il n'en était plus membre.

- Hum, hum, justement c'est en partie à cause de ça que je dois me dépêcher de rejoindre le quartier général de l'ACE. L'une des autres raisons étant qu'il faut aussi soigner Maxen d'urgence, lui déclarais-je en désignant le corps inanimé derrière moi après avoir toussoté pour camoufler mon air offensé.

Nathan s'arrêta de bouger et s'immobilisa, interdit.

- Attends, tu viens de dire que c'est Maxen ? répondit-il en pointant à son tour la chair à moitié désarticulée que je traînais sur le sol depuis plusieurs minutes.

- Oui, c'est que je viens de dire, lui rappelais-je, patiente.

- Maxen, le seigneur Calas ? L'espion légendaire de l'ACE  ? me demanda le fae de nouveau, toujours aussi incrédule.

- C'est bien, tu connais des synonymes ! ne pus-je m'empêcher d'ironiser.

Mon sarcasme vexa Nathan qui afficha son mécontentement.

- Désolé de vérifier son identité, il y en a qui essaie d'être sérieux ici, rétorqua le fae.

Il ressemblait tellement à un petit chiot avec son visage vexé que je ne pus m'empêcher de m'excuser.

- Pardon mais c'est ce que je m'échine à te dire depuis le début de notre conversation et c'est plutôt urgent.

- Il fallait le dire toute de suite alors ! me répondit-il en manquant de se prendre une mandale de ma part. Attends, je vais t'aider.

Nathan se rapprocha de moi et attrapa Maxen pour le soulever avec ses deux bras. Il le chargea sur son épaule puis se tourna vers moi :

- Le plus rapide pour aller au quartier général, c'est de continuer tout droit avant de bifurquer sur la gauche, m'expliqua t-il en se mettant en route. Tu vas voir, nous y sommes bientôt.

Je lui emboîtais le pas et alimenta la conversation, chiffonnée par un détail :

- Quand tu m'as abordée, tu as déclaré me chercher. Pourquoi donc ?

La gêne envahit ses traits trop parfaits.

- Je m'inquiétais. Tu avais un air étrange pendant la réunion, presque choquée, donc je me faisais du souci. J'ai essayé de te parler mais Valentia m'en a dissuadé. Elle m'a dit que tu préférerais que je te parle lorsqu'il y aurait moins de monde, développa le fae tandis qu'il réajustait sa prise sur son épaule. Surtout que tu n'as pas rejoint le refuge tout de suite après !

Ma méfiance naturelle s'éveilla et je ne pus m'empêcher de triturer machinalement l'un de mes stylets.

- Mais tu ne t'es pas inquiété de l'absence de Maxen ou de Faelan? Après tout, il s'agit de membres clés de l'ACE contrairement à moi, le questionnais-je en veillant à garder un ton calme pour dissimuler ma paranoïa.

- Oh non, ils sont beaucoup trop puissants ! me répondit-il en me regardant avec une expression candide. Le seigneur Calas est un sorcier extrêmement puissant, c'est pourquoi je ne t'ai pas cru lorsque tu m'as dit que c'était lui, il n'est pas facile à vaincre. Nombreux sont ceux qui s'y sont cassé les dents.

Je relâchais en partie ma poigne autour de ma lame, trouvant son raisonnement crédible. Néanmoins, il n'avait pas fini de répondre.

- Quant à seigneur Faelan, continua t-il, sa nature de demi-dragon le rend quasiment invincible puisqu'il ne craint plus le feu et qu'il est très difficile d'immobiliser un vampire pour lui trancher la tête.

Ce fut à mon tour de m'arrêter, ahurie.

- Comment ça, c'est un demi-dragon  ?
__________
Hey !

Oui je suis méchante d'arrêter en plein dialogue comme ça :p (avouez que vous êtes surpris :3)
Mais bon, il faut bien (essayer) de ménager le suspense x)

Je voudrais à nouveau vous remercier pour le K supplémentaire de Umbra, j'ai l'impression que le nombre de vues augmente à chaque fois que je tourne la tête (oh wait, mais c'est logique que les lise quand je ne suis pas sur wattpad :p )

Puisque nous avons dépasser les 30 premiers chapitres (félicitations générales 🎉) je voudrais vous poser quelques questions, histoire de faire le point et de voir (globalement) ce qui est correct, ce qu'il faut que je retravaille etc...Donc, voici les questions :

-Quel est ton personnage préféré ? Celui que tu détestes ? Si possible, pourquoi ^^

-Pareil, quel est ton chapitre (ou moment) préféré/détesté et toujours pourquoi ?:)

- Le moment qui t'as le plus marqué (aussi bien positivement que négativement x) )

-Le plus gros défaut de cette fiction (c'est le moment de se lâcher ^^)

-À ton avis que va t-il se passer dans la suite de l'histoire ? (n'hésitez pas à mettre vos théories les plus folles, je suis sûre qu'elles sont plus crédibles que ce que j'écrirai x) )

-Enfin, si tu devais résumer cette histoire en 5 mots-clés, lesquels seraient-ce ?

Merci d'avance et surtout,

Chocolat à tous ❤

Kelewana

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