Chapitre XXIX : Holding On To You
Ce fut d'une voix blanche, presque désincarnée que j'articulais :
-Pourquoi ? C'est un Immortel et il a encore son cœur et sa tête, il faut juste l'aider à régénérer plus vite.
Faelan accompagna son regard de pitié d'un petit sourire triste.
-Non, Maxen n'a jamais été un Immortel. Il aurait du le devenir à la fin de sa formation de sorcier mais pour une raison inconnue, ce ne fut pas le cas.
Alors que des milliers de questions se bousculaient dans mon esprit et aucune à mes lèvres, le vampire se releva brusquement.
-Malgré tout, si tu veux avoir une chance même minime de le sauver, il faut partir maintenant. J'entends les démons se rapprocher, ils ne vont pas tarder à nous trouver, annonça t-il en jetant des regards vers un coin de la salle, entendant les soldats grâce à son ouïe surnaturelle.
Ses paroles m'aidèrent à me ressaisir. Maxen n'était pas encore mort, il avait encore une chance. Et même si l'ACE ne possédait pas de guérrisorciers assez puissants, Nathan pourrait remédier à ce problème. Il me faudrait le convaincre mais vu son attitude de chevalier servant, cela n'allait pas être trop dur.
Je me levais à mon tour. Maintenant que j'avais un but, il me fallait passer outre les guerriers mortels, pièges fatals, sorciers meurtriers, mages assoiffés de sang et autres joyeusetés qui encombraient le passage. Facile. J'avais vu suffisamment de films d'action pour savoir qu'ils allaient tous nous attaquer un par un et que seul le chef nous posera quelques difficultés mais pas trop, juste assez pour avoir une cicatrice de guerre charismatique. Allez, fallait juste que j'y crois très fort et tout se finira sur un coucher de soleil. Ou pas.
Faelan souleva le plus délicatement possible Maxen et le cala sur son dos.
-Je ne vais pas pouvoir le porter et attaquer en même temps, je compte sur toi pour nous défendre, me déclara t-il avec un air sombre plaqué sur son visage. J'espère que ta réputation ne surestime pas tes capacités.
Piquée au vif, je lui rétorquai :
-Ne t'inquiètes pas Papy, je vais les tuer plus vite qu'un dragon se jette sur de l'or.
Le vampire ne manifesta aucun amusement, se contentant de prendre un air gêné. Alors qu'il ouvrait la bouche, un hurlement interrompit sa réponse.
Si nous avions été au cinéma, cela aurait été le cri de Wilhem. Mais puisque ce n'était pas le cas, nous entendîmes une plainte qui se termina brusquement en gargouillement indistinct.
Nous nous concertâmes d'un bref regard puis après avoir dissimulé Maxen, le vampire se plaça près de la porte, son épée dégainée, tandis que je me positionnais dans un coin enténébré me garantissant une vision complète de la salle.
Ensuite vint le temps du silence et de l'attente. Celui où l'on égrène les secondes et resserre sa main sur son arme. Je le mis à profit en expirant profondément, contrôlant ma respiration pour faciliter la visée. Lorsque je vis Faelan se tendre et dresser son épée, je levai mon arbalète en visant à hauteur de tête la porte. Normalement, il faut encocher son carreau avant. Mais je n'en avais pas.
Soudain la porte bailla et une tête de labrador avec des cornes apparut. Ni Faelan, ni moi, ne commîmes l'erreur d'attaquer. Ce n'était pas parce qu'il n'inspirait aucune crainte qu'il n'était pas dangereux. Calant mon souffle sur mon rythme cardiaque, je suivis la démarche hésitante du démon humanoïde avec la lunette de mon arme. Un pas à droite, deux à gauche...si il avançait encore un peu, je pulvériserai l'espace vide séparant ses oreilles de chien. Mais le presque-labrador s'arrêta et ne vit donc pas le corps évanoui de Maxen.
-R.A.S, annonça t-il à ses congénères restés en arrière. On peut continuer.
-Dépêche-toi, faut inspecter les autres salles et vous avez pris du retard, aboya une autre voix postée dans le couloir, prouvant ainsi qu'il n'y avait pas qu'un seul démon-chien dans leur patrouille.
Oreilles-de-Chien fit demi-tour sans même un regard en arrière et claqua violemment la porte derrière lui. Nous ne nous relâchâmes pas pour autant, sachant parfaitement qu'il pouvait s'agir d'une ruse. Ce ne fut que lorsque les démons eurent inspecté plusieurs pièces et firent claquer presque autant de battants qu'il y a de mauvaises blagues Carambar. C'est à dire beaucoup trop. Mais lorsque l'écho de leurs pas disparut au loin, je laissai mon souffle s'échapper. Faelan rengaina son épée et déposa de nouveau Maxen sur son dos. Nous n'échangeâmes aucun mot, le vampire me signala la direction à prendre d'un mouvement de tête et ouvrit la marche, me laissant le couvrir.
Les rôles furent tacitement répartis, Faelan étant le guide et les oreilles, moi la tireuse et les yeux. C'est ainsi que nous arpentâmes les couloirs recouverts de velours parfois un peu trop rouge, sûrement dû à la confiture de fraise me dis-je cyniquement. Je ne sais pas quels étaient les échos parvenant aux oreilles du vampire mais au vu des détours qu'il nous imposait, cela devait l'inquiéter. Néanmoins il ne pût pas nous faire éviter toutes les patrouilles et nous nous retrouvâmes face à une escouade de démons aquatiques.
J'adressais un signe à Faelan pour lui indiquer de rester en retrait et m'avançais. Je m'assurai que les deux arcs de mon arbalète étaient tendus et abandonnais toute forme physique, devenant une entité composée de ténèbres. Mon changement d'état arracha un hoquet muet de surprise à mon compagnon mais je ne m'en appesantissais pas, toute mon attention focalisée sur le fait de maintenir et mouvoir mon corps. C'était un de mes pouvoirs les plus épuisants après le déplacement d'une plaque d'ombres à une autre. Cependant c'était aussi l'un des plus pratiques, me permettant d'approcher ma cible bien plus vite que sous ma forme charnelle et surtout bien plus discrètement.
Le dernier démon de la patrouille eût un instant de doute en constatant que toutes les ombres du couloir s'étaient brusquement accentuées et se retourna, son visage défiguré par un air soupçonneux. Il m'aperçut et ouvrit la bouche pour alerter ses camarades. Malheureusement pour lui je fus plus rapide et me réincarnais prestement, un de mes couteaux en travers de sa gorge. Il s'effondra dans un borborygme étranglé, repeignant de confiture de fraises ses collègues et le tapis de velours. Les trois autres démons formant l'arrière de la patrouille se retournèrent à leur tour et s'élancèrent dans ma direction. J'achevai celui au sol et levai mon arbalète pour les accueillir.
Sauf qu'elle n'avait toujours pas de carreau.
Mais je m'en fichais.
J'appuyai sur la détente à deux reprises, visant successivement mes ennemis les plus proches. Ils eurent un petit rictus moqueur en constatant l'absence de carreau. La pointe de ténèbres qui percuta leur front l'effaça à jamais. Le survivant contempla un instant, éberlué, ses camarades frappés par des traits invisibles. Je mis à profit sa surprise pour recharger mon arme avant de me débarrasser de lui à son tour. Quand je vous avez dis que l'effet de surprise était décisif.
Cependant les cinq derniers démons avaient eux aussi mis ce temps à profit et une magnifique barrière aquatique me faisait face. Laissant tomber mon arbalète sur le sol, en la priant intérieurement de bien vouloir me pardonner, je dégainai les deux dagues qui s'entrecroisaient dans mon dos et que Valentia avait bien daigné me rendre. Mes pitoyables capacités physiques d'humaine ne me permettant pas de sauter sur les murs pour contourner le bouclier, je glissai de nouveau dans ma forme de Ténébreuse sans pouvoir m'empêcher de grimacer. Mon énergie disparaissait à vitesse ultra-sonique, consommée impitoyablement par mes pouvoirs. Néanmoins je n'étais pas là pour tergiverser et devins une ombre glissant sur le sol pour passer de l'autre côté de leur protection. Je me rematérialisai aussitôt, plantant mes dagues dans deux poitrines encore soulevée par l'ahurissement avant de les retirer immédiatement pour faire face aux trois derniers démons. Le plus grand d'entre-eux tenta de me porter un coup d'estoc avec sa claymore et seuls mes réflexes me permirent de le contrer avec ma dague droite.
Serrant les dents, je me laissai rouler au sol pour éviter les autres attaques et m'éloignai de la zone de combat. D'un rapide regard, j'estimai la situation : un sur ma gauche, un sur ma droite et un derrière moi. Ne pouvant pas rester en posture aussi défavorable plus d'une poignée de secondes, d'un même mouvement je me relevai et lançai ma dague près du cœur de mon opposant de gauche. Il tituba sous le choc, je m'élançais vers lui puis tournai de manière définitive ma lame dans sa poitrine. Mon bref sentiment de triomphe fut interrompu par l'acier qui mordit mon épaule gauche. Grimaçant de douleur, je dus me résoudre à recourir à mes ténèbres.
Ma forme d'ombre ne retenant plus la lame, la claymore s'affaissa contre le sol. Tournant comme une volute de fumée, je fis face à mon assaillant et me fis de nouveau de chair. L'affaiblissement qui s'abattit sur mes épaules fut pire que toutes les fois précédentes mais je réussis à maintenir ma main tremblante agrippée à mon arme. Laborieusement, je fichai ma dague à la hauteur de son cœur et mis toute mon énergie dans le dernier quart de tour pour l'achever. Mais il ne mourut pas. Il se contenta de me regarder en souriant avant de déclarer:
-Dommage pour toi, je suis un Situs Inversus.
Maudissant ma malchance, je m'appuyais sur la poignée de ma dague pour me hisser à son niveau. Ma tête proche de son oreille, je posai ma main droite sur son cœur et lui murmurai:
-Dommage pour toi, je suis une tête de mule.
Sur ces mots doux, en sommant les papillons noirs de quitter mon champ de vision, je rassemblais mes derniers bribes d'énergie et enfonçais un stylet de ténèbres né du creux de ma paume dans son torse. Nul besoin d'un ultime torsion, je laissai la lame d'ombre exploser de l'intérieur, détruisant ainsi son organe définitivement.
Ma tâche accomplie, mes jambes se dérobèrent sous moi et je laissai le noir envahir mon champ de vision. Cependant alors que je m'affalais sur le velours désormais beaucoup trop rouge, je vis le dernier démon de la patrouille, en vie et armé d'une épée longue. Je luttai pour ne pas sombrer dans l'inconscience, tentant de refermer mes poings sur mes armes pour riposter. Mais je ne rencontrais que le vide, mes lames décorant les poitrines de ses compagnons. Même mon pitoyable essai de faire appel aux ombres échoua, me laissant gisante et sans défense sur le sol.
Dommage.
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Hey !
Juste un petit message pour vous remercier, toujours autant, de suivre cette fiction. Umbra vient de souffler sur son 6eme K et je trouve toujours ça aussi fou x)
Je voudrais m'excuser auprès des voteurs et commentateurs, j'ai pris du retard pour tous les remercier personnellement. Ne vous inquiétez pas, je sais que vous êtes là et bientôt vous aurez une petite notification rouge pour vous exprimer toute la reconnaissance qui vous ait due ^^
J'attends juste de dépasser une période de rushs, donc ça ne va pas tarder (è_é)/ (et heureusement x) )
Dernier point, la semaine prochaine cette fiction atteindra son trentième segment, ce qui s'ajoute aux chiffres énormes que je n'aurais jamais imaginé o.o". Mais j'entre aussi dans une période de révisions intenses dans les environs des vacances de Noël, donc le rythme va en pâtir :/. J'essaierai de continuer avec un chapitre de + de 1000 mots tous les dimanches soirs/lundis matins mais je peux rien vous promettre.
Sachez néanmoins que grâce à vous, c'est un de mes rêves d'enfant qui se réalise : celui de partager mes histoires. Je n'aurai jamais assez de meeci pour vous exprimer toute ma gratitude mais je continuerai d'essayer de m'en approcher :). Même lorsque je ne suis pas présente ou ne publie pas, vous avez votre petite place dans mon coeur et je pense à vous.
Infiniment merci,
Kelwana :)
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