Chapitre XXI : Burning Bright

Vous connaissez ces moments où votre cerveau a un temps de latence entre les informations reçues et leur traitement ? Et bien c'est ce qui venait de m'arriver. La seule chose que mon pitoyable amas de neurones arrivait à me dire c'était : "Oh-mon-Dieu-comment-il-a-fait-pour-s'échapper-celui-là". Le truc, c'est que mon cerveau a considéré que le fait que la phrase a été prononcée par une voix féminine comme une information négligeable. Ce, qu'après coup, je ne peux que contester. Mais bon, je ne cautionne pas les propos et actes commis par mon cerveau.

La deuxième information un chouïa importante était la fascinante ressemblance entre la dague décorant le dos de Ian et celle s'apprêtant à redessiner les contours de ma gorge.

-Arrête de te disperser comme ça, je n'arrive plus à lire tes pensées ! râla dans mon dos une voix que je reconnaissais être celle de Valentia.

Aussitôt je consacrais toutes mes pensées sur un éléphant rose. Pas question qu'une sorcière se balade dans mon esprit, même moi j'avais des limites.
Rouspétant face à mon manque de bonne volonté face à sa tentative d'intrusion dans ma vie privée, l'aristocrate rousse m'enjoignit avec une poussée de sa dague sur ma gorge à me diriger vers la grande porte. Avec mon corps lui servant de bouclier humain elle nous fit virevolter d'une main adroite entre les combattants, sauter par dessus les obstacles jonchant le sol et éviter de peu les lames agitées dans tout les sens par des Immortels ivres de bagarres. Le joyeux chaos ambiant s'aggrava encore plus lorsque les Garous décidèrent brusquement de se métamorphoser. Et comme les faes ne veulent en aucun cas paraître inférieur à leurs adversaires (surtout ceux à poil), des ronces surgirent des lambris d'ambre recouvrant le sol pour tenter d'attraper les bestioles joviales qui bondissaient un peu partout. J'aurais bien aimé vous décrire la suite mais un sorcier trouva drôle d'invoquer un dragon ce qui rendit la scène encore plus bordélique (Chose que je n'aurais pas crûe possible quelques minutes plus tôt).

Quand à moi, me faire balader d'un côté à l'autre d'une bataille comme un sac de patates commençait légèrement à me courir sur le haricot tout comme mes comparaisons végétariennes. Mon arbalète toujours dans ma main gauche, j'attrapais d'un geste rapide le poignet de mon assaillante et l'empêchait de me balafrer le cou en l'éloignant de mon corps. Ma tentative me permit de me libérer à moitié et je sentais déjà la liberté. Sauf que j'avais malencontreusement oublié que mon assaillante ne savait pas manier que les armes blanches. Alors que je venais de me dégager, Valentia claqua sa langue contre son palais d'agacement puis articula distinctement d'une voix empreinte de magie.

-È palaipôria.

Une douleur intense transperça brusquement mes temps. En partie sonnée par la douleur, je tentai malgré tout de me débattre. Peine perdue, la sorcière rousse me plaqua de nouveau sous sa lame et siffla une menace à mon oreille.

-Tu tentes à nouveau de te débattre et je me débarrasse de toi, tant pis pour Maxen. Suis-je claire ?

J'hochai la tête avec difficulté, la douleur disparaissant peu à peu de ma tête. Si elle ne voulait pas me tuer immédiatement, j'acceptais de patienter. Je tentai alors de focaliser de nouveau mon esprit sur une image pour dissimuler mes pensées. Mais dès que mon attention était suffisamment concentrée sur mon éléphant rose, la sorcière interrompait mes efforts en mordant ma gorge plus profondément avec sa lame ou en me projetant avec violence en avant.

C'est ainsi que nous réussîmes à atteindre la porte principale sans trop de dommages, avec seulement quelques mèches de cheveux brûlés.

-Génial, on y est. Et c'est quoi maintenant la suite de votre formidable plan ? lui demandai-je, le sarcasme débordant de ma voix.

Son vicieux coup de coude dans les côtes m'arracha un grognement et me rappela que, non, railler la personne qui tient l'arme n'est jamais une bonne idée.

-Mon formidable plan comme tu le dis, s'appelle Kimcila, me répondit-elle néanmoins.

Je haussai mon sourcil droit (Tristesse, tristesse...). Un bref regard sur le bazar général qui était censé être une bataille, j'eus une pensée émue pour le centaure qui se fit écraser par un dragon distrait ne s'étant même pas aperçue de la présence d'une créature sous son derrière. Tout cela était fort réjouissant cependant cela me faisait douter des capacités mentales de ma tortionnaire. Je savais que la consanguinité n'était pas des plus bénéfique pour le cerveau, mais de là à se dire que rester immobile à coté d'une rixe d'Immortels (qui sont réputées pour leurs dégâts collatéraux impressionnants) était une bonne idée...

Néanmoins après quelques esquives au dixième de secondes près et des vêtements roussis, une femme gobelin se rapprocha de nous avec des allures de conspiratrice. Au vu des grands gestes de Valentia, c'était bien elle la fameuse Kimcila. J'eus une moue dubitative face à notre soi-disant plan incarné en sa personne vert pomme. Non pas que je nourrisse de quelconque préjugés envers les gobelins, mais envers ceux portant des robes à la polonaise de type Marie-Antoinette d'un rose fuchsia brûleur de rétine, oui. En fait je développai instantanément une aversion toute personnelle envers sa tenue et ajoutai les robes à la polonaise sur ma black-list personnelle. Comment voulez-vous faire confiance à une personne plus large que haute ?

En dépit de ma haine génocidaire envers les crinolines, la rousse adressa la parole à l'horreur rose haute d'un mètre cinquante.

-Enfin te voilà ! Ce n'est pas comme si nous étions en danger de mort immédiate après tout, lui déclara dédaigneusement la sorcière.

C'est alors qu'après l'épouvante visuelle ambulante, je fis l'expérience de l'horreur auditive.

-Peuchère, j'ai fait aussi vite que je l'pouvais ! Vous s'vez m'dâme c'pas facile avec c'te baston !

La. Robe. Rose. Avait. L'accent. Marseillais.

Mon cerveau qui m'avait servi fidèlement malgré une situation compliquée à base d'une épée de Damoclès quasi-constante, d'apparition et disparition inexpliquées, d'un évanouissement, d'une nuit blanche sans caféine, d'une absence de pouvoirs, d'évènements mondains (une des pire chose existant dans ce monde, avouons-le), d'un combat contre un roi fae, du sauvetage d'une frêle demoiselle en détresse, d'un vampire affamé m'ayant bouffé le bras, d'un rituel étrange ressemblant plus à un spectacle pyrotechnique de Trifoullis-Les-Oies pimpé à la magie démoniaque et enfin à la dégénérescence dudit rituel en bagarre chaotique sans nom avec un dragon, décida que trop c'était trop. Il avait besoin de vacances et ce paradoxe du mauvais goût ambulant était la goutte d'eau qui mettait le feu aux poudres. Donc il fit la seule chose lui permettant de s'octroyer des congés bien mérités : il disjoncta.

Quand je vous dis que je ne cautionne pas les propos et actes commis par mon cerveau...



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top