Chapitre XIII : How We Kill Stars

Vous savez ce qu'il faut faire quand vous êtes face à un animal sauvage de type prédateur ? Courir...droit sur lui pour lui sauter à la gorge et en profiter pour le débarrasser de sa tête (C'est fou comme c'est encombrant ce truc, nul doute qu'il saura vous en remercier). Mais puisque j'étais en société (Hélas...) j'allais devoir exécuter son équivalent civilisé.

Me retournant à nouveau vers la dryade, je lui demandais poliment :

-C'est amusant, en parlant de diable, que notre cher hôte ait pensé à nous fournir un sujet de conversation et surtout d'enquête. N'auriez-vous pas de pistes à communiquer à l'assemblée ?

-Oh vous savez, je ne suis qu'une nymphe des arbres. Pourquoi saurais-je quelque chose ?

Ce qui est ennuyeux avec les faes, c'est que puisqu'ils ne peuvent mentir, ils tordent la vérité. Et croyez-moi, il n'y a rien de plus horripilant.

Je continuais sur ma lancée.

-Ce qu'il faudrait faire, c'est chacun fournisse un alibi. Vous savez comme dans les enquêtes, dis-je en applaudissant à deux mains, espérant que ça ferait assez cruche pour que personne ne se sente menacé par ma proposition.

Valentia avait apparemment décidé que j'étais sa nouvelle BFF et renchérit à ma proposition. Chacun commença à débiter une petite histoire, parfaitement inventée évidemment, suivant l'ordre de placement des invités. Ian se contenta de suivre la conversation de sa place et sourit quelques fois, lorsque les alibis étaient particulièrement abracadabrants. Mon petit préféré restait celui du roi des Pans, qui expliqua avec emphase qu'il avait dû se rendre au chevet d'un ami en proie à un péril mortel pour sauver sa peau. Malgré leurs cornes les Pans étaient des faes et Roman fit attention à utiliser des compléments circonstanciels de temps plus vagues que l'océan Atlantique. Les faes ne pouvaient mentir mais rien de les empêchaient d'amplifier un fait. Et le monarque était doté d'un excellent don théâtral.

Cependant tout ce petit cirque ne servait qu'à détourner l'attention du vampire assit en face de moi. Puisqu'il voulait jouer, il allait s'amuser follement ! Ce fut donc quand son tour vînt que je le regardais droit dans les yeux et me coupais avec le couteau de service. Un petite coupure, rien de bien méchant à peine une larmichette de sang, mais qui réduit les pupille du macchabée à deux têtes d'épingles. Si bien que lorsque son voisin eût finis sa petite histoire, l'assemblée se retourna vers lui. Et attendit. Longtemps. Trop longtemps pour un repas en société. Trois minutes de pesant silence finirent par pousser un membre de l'assemblée à s'exclamer que c'était fort étrange qu'il ne puisse rien dire. Le vampire sembla s'éveiller un peu à ses mots et commença à ouvrir la bouche pour répondre. Si j'avais été gentille, je me serais arrêtée là. Mais vous me connaissez maintenant.

Ce fut donc empli d'un sentiment revanchard plus que satisfaisant que je me fis une deuxième entaille. À environ cinq centimètres de l'autre, soit la distance moyenne qui sépare les canines d'un vampire. Un petit rictus déforma ma façade de gourde peroxydée, brisant l'illusion de ma bonne conduite en société. Mais pour cela il eût fallut que l'on me regarde, or ce n'était pas moi le spectacle, c'était Faelan qui c'était interrompu au milieu d'une phrase, distrait à nouveau par l'odeur de mon sang. N'était-ce pas des plus amusants ?

Comprenant enfin que les effluves qui le déconcentraient étaient purement intentionnelles, il m'adressa un regard me promettant mille et un supplices comme revanche. Je répondis avec mon sourire le plus angélique, du même genre que celui fait par tous les enfants de l'Univers lorsqu'ils sont pris la main dans le pot à bonbons. Ma voisine ne pût s'empêcher d'étouffer un rire en camouflant sa bouche avec une serviette. Visiblement, elle avait suivit notre petit affrontement.

Le vampire réussit néanmoins à rassembler suffisamment de neurones pour pouvoir articuler une réponse à peu près cohérente alors que je détournais les yeux pour éviter d'afficher une mine trop victorieuse.

Pourtant il semblerait qu'une autre personne que ma charmante compagne de table ait suivi ma petite provocation. Le regard glacé de Nathan semblait vouloir arracher impitoyablement mes secrets, les uns après les autres. Me détournant pour parler à la dryade, je posais ostensiblement mon coude sur la table (Dommage pour mon vernis de politesse) pour mettre en évidence la fausse morsure de vampire qui ornait mon poignet.

Je ne loupai pas le crispement soudain de sa mâchoire, ni son brusque mouvement de tête pour fixer son voisin, me cachant ainsi son visage et les émotions qui s'y battaient. D'ailleurs, le combat devait être violent puisque le dit-voisin eût un mouvement de recul en voyant son visage. Sa réaction était plus qu'intéressante et cela causa une pause dans le léger badinage que j'entretenais avec ma compagnonne de crime.

Cherchant à deviner ce qui avait pû causer cette interruption, cela lui prit moins de trente secondes soixante-quinze.

Ce fut avec un air coquin qu'elle me demanda :

-Nathan t'intéresserait ? Je connais quelques petits détails qui pourraient être drôles.

Essayant de ne pas avoir l'air intéressée, je lui demandai plus de précision.

-Je ne savais pas que vous parliez entre vous les faes.

Comment je savais que c'était un fae ? Parce qu'en se retournant il m'avait donné une vue imprenable ses oreilles pointue.

Voici une petite leçon accélérée d'anatomie: si ça a des oreilles pointues c'est fae, des cornes indiquent une nature démoniaque tandis qu'une auréole est pour les anges, des yeux animaux trahissent un garou (Tout comme une odeur de chien mouillé pour les lycanthropes) et des crocs au niveau des canines désignent une créature non-morte, généralement un vampire. Vous ajoutez à ça un tatouage sur le corps pour les sorciers et un talisman avec une grosse pierre précieuse pour les mages, vous touillez le tout et maintenant vous pouvez identifiez la majorité des immortels se baladant dans ce monde. Face à ceux que vous ne pouvez reconnaître je préconise une solution rationnelle et pleine de bon sens : la fuite (Et c'est justement parce qu'elle est rationnelle et pleine de bon sens que je n'ai jamais pu l'appliquer). Pourquoi ? Et bien parce que une bestiole qui a réussie à rester inconnue est soit super puissante, soit tellement récente qu'elle n'a pas encore été recensée. Et puisqu'il ne se crée pas de nouvelles créatures tout les quinze jours, vous devinerez aisément pourquoi vous avez décidé de vous remettre en forme avec un petit jogging de soixante kilomètres.

Donc Nathan était un fae. Ça ne m'avançait absolument pas puisqu'il existait des faes pour tout et n'importe quoi. Même si je savais si il était rattaché à une des deux cours féeriques, cela m'aiderait un peu plus. Grossièrement les faes sont divisés en deux catégories : ceux de la cour Seelie qui sont des bâtards sans coeur mais qui font semblant d'être gentils et ceux la cour Unseelie qui sont des bâtards sans coeur et l'assument. La différence étant très fine, vous en conviendrez, même si en réalité, nombreux étaient les faes évitant d'appartenir à telle ou telle cour. Cependant le Spiritus faisait que la dryade à ma droite avec plus de liens avec un géant de 7 mètres et demi qu'avec moi et les deux étaient nommés faes. Après ils n'avaient ni la même ethnie, ni la même culture, encore moins les mêmes forces ou faiblesses. Logique et magie sont effectivement des antonymes.

Vous imaginez facilement la galère pour identifier ce beau monde. D'où l'aide précieuse (Et surtout involontaire ) de ma voisine. Afin d'assurer sa coopération, je remplis son verre de vin généreusement.

-Oh nous ne parlons pas entre nous, vous comprenez chacun préfère être dans son petit coin. Mais Nathan est extrêmement sociable et connaît donc un peu tout le monde même si ce n'est pas un haut-gradé.

Je haussais le sourcil droit, déplorant à nouveau mon absence de maîtrise dans le haussage individuel de la ligne capillaire au dessus de mon oeil gauche.

-Pourquoi est-il ici alors ? Il est peut-être sociable mais il ne semble pas assez puissant pour justifier sa présence ici.

La nymphe arboricole ouvrit la bouche. La ferma. L'ouvrit. Était en proie au doute le plus total. Je remplis à nouveau son verre et reposais ma question dix secondes plus tard, quand elle l'eût vidé. Elle prit son meilleur air de conspiratrice et me murmura à l'oreille, me faisant ainsi profiter de son haleine enivrée.

-En fait il n'était même pas sensé venir à la cérémonie. Mais, dit-elle avant de subitement se relever et manquant de m'éborgner par la même occasion, celui qui devait diriger la délégation est mort prématurément et son second a dû partir soigner sa femme brusquement tombée malade. Les rumeurs disent qu'elle a été empoisonnée.

La dryade s'interrompit, regarda son fond de verre et le trouva étrangement plein. Elle m'adressa un sourire reconnaissant avant de continuer sa tirade.

-Bref, maintenant on dit que la cérémonie est maudite ou au moins, que ça embête suffisamment quelqu'un pour qu'il se salisse les mains. Donc les deux cours se sont misent d'accord, événement historique, et ont augmenté la sécurité. Nathan est là car c'est un Amplificateur et peut donc augmenter de manière quasi exponentielle la puissance de n'importe qui. Tout le monde pensait que ça suffirait, sauf que depuis qu'on est là, rien ne se passe comme prévu. La délégation fae veut absolument repartir car il pense que nous allons tous y rester.

Sur ce, elle me regarda fixement pendant une dizaine de secondes avant de s'effondrer sur la table. Pour une créature sensée adorer la fête et avoir une haute résistance à l'alcool, la nymphe était tombée bien vite. Surtout après avoir évoqué notre possible destruction, bien que les immortels soient plus coriaces. En effet, outre les différentes faiblesses spécifiques à chaque race, il existait trois moyens de les tuer : blesser mortellement le coeur, la décapitation et brûler le corps. Après certains poisons ou sorts bloquaient suffisamment les capacités de régénération pour être mortel.

Attrapant le pichet utilisé pour la service, je reniflai. Et mince. Je venais de la soûler à au whisky de garou, une mixture adaptée à leur organisme éliminant vite l'alcool. J'espère qu'elle ne m'en voudras pas trop lorsqu'elle se réveillera ce soir.

Cette bonne action accomplie, je me demandais ce que j'allais pouvoir faire de ma voisine enivrée maintenant.

Heureusement pour moi, Ian sonna la fin du repas et nous convia fort poliment à participer aux animations prévues deux heures plus tard.
La délégation fae vint chercher mon informatrice et ramena une dizaine des leurs soûls.
Cela me sembla fort étrange mais je n'avais que deux heures devant moi et ne comptais pas en perdre une minute, je rengeais donc cette information minutieusement dans un coin de mon cerveau. Une minute plus tard j'avais disparue, déjà partie à la recherche d'indice.

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