Chapitre V : The Bitter End

Cela prit exactement une heure, douze minutes et quarante-trois secondes à nos assaillants pour venir à bout de nos défenses impénétrables.
L'avantage c'est que j'ai pu profiter de ce temps pour faire plus ample connaissance avec mes collègues. Oui parce que quand vous êtes coincés dans un bunker souterrain alors que des explosions rythment la conversation, vous en venez à rapidement considérer vos compagnons d'infortune comme des gens super sympas qui n'ont pas mérité d'être ici. Bien que, honnêtement, dans notre cas j'estimais la concentration de salopards à 75 % (Statistique absolument pas faite à la louche et jamais selon des critères totalement subjectifs). D'un autre côté cette fameuse cérémonie était une réunion secrète dans l'idée de contrer un empire, qui s'attenderait à ce qu'elle soit organisée par des fillettes ?
Grosso modo la population des invités pouvait être découpée en trois parties distinctes : les intrigants, les potiches (Et pas uniquement féminine, respectons l'égalité des sexes) et les paumés. Par contre si il y a bien un détail qui les rassemblait tous, c'était le luxe ostentatoire de leur tenue. Les premiers se réunissaient en conciles improvisés, les deuxièmes les suivaient de près en tentant d'activer leurs neurones ensevelis sous des quantités astronomiques de gel pour cheveux et les troisièmes se demandaient pourquoi une charmante cérémonie campagnarde se faisait ainsi assaillir.

Pendant que je faisais mes petites études sociologiques pour m'occuper l'esprit, un de nos gardes s'éclipsa de la pièce dans une discrétion toute relative pour revenir une quinzaine de minutes plus tard. Il chuchota nerveusement au soldat qui m'avait emmené dans le bunker et ce dernier souffla bruyamment. Mon garde (qui aurait sûrement apprécié cet adjectif possessif) se retourna vers les invités et sursauta face aux 500 yeux fixés vers lui. Évidemment que tous les convives avaient suivis leur petit échange ! Et d'après les chuchotements provenant du fond de la salle, je pouvais même deviner qu'une grande partie des invités possédaient une ouïe surnaturelle.

Mon garde, qui apparemment était le préposé aux mauvaises nouvelle, annonça l'évidence pour toute personne dotée de deux neurones.

"-Je suis au regret, commença t-il en lissant nerveusement sa moustache, de vous annoncez que nous avons été défaits. Je vous demande de bien rester calme, le commandant des vainqueurs est en chemin pour vous parler."

Je me renfonçais dans l'ombre afin d'avoir un plan B si jamais les vainqueurs étaient un petit peu trop agressifs. Pour l'instant j'allais devoir me laisser porter par les évènements jusqu'à retrouver Maxen. Ensuite seulement j'aviserai un échappatoire.

Je remarquais que je n'étais pas la seule à me préparer à une éventuelle bataille. Certains sortaient calmement leur arme afin d'en vérifier le tranchant tandis que quelques mages traçaient des runes à la craie sur le sol. Cela ne suffirait pas à vaincre nos assaillants mais cela serait suffisant pour évacuer les rescapés par un portail magique.

Le claquement de bottes ferrées résonna bientôt et la tension montait autant que les bruits de pas approchaient. Quand les deux furent à leur paroxysme, un homme entra. Nos gardes ne tentèrent pas de l'empêcher d'entrer et continuèrent de jouer à "qui imite le mieux un arbre". À force de rester immobile dans l'ombre, j'allais finir par leur rafler la médaille d'or.

Les hoquets horrifiés émis par mes collègues me forcèrent à reporter mon attention sur le nouveau venu. Tout en finesse, aussi bien dans sa morphologie que dans ses gestes, il n'était manifestement pas un guerrier. Avec son port de tête altier et ses yeux en amande mordorés, il semblait appartenir à quelques obscures noblesses. Sa chevelure blanche, bien que coupée courte, ne dénotait pas avec son visage triangulaire et sa peau évoquait des ancêtres asiatiques, tout comme ses paumettes larges. Plafonnant autour du mètre quatre-vingt-dix, il était mince sans être maigre, remplissant parfaitement ses habits de soie à larges manches. Il ressemblait au curieux mélange entre un guerrier Mongol et un sorcier Chinois.

Puisque ce n'était pas l'apparence qui avait suscité cette réaction d'effroi, ça devait être la réputation. Sauf que, manque de chance, il ne m'évoquait absolument rien.

Après avoir poliment enduré nos observations, le mystérieux personnage prit la parole.

"-Bonjour à tous, déclara t-il d'une voix plus suave que le miel. J'espère que vous n'avez pas trop souffert de...

Il regarda la pièce plus en détail avant de continuer.

-...l'absence de confort. Je suis au regret de vous annoncer que vôtre aimable hôte, Maxen Calas, est porté disparu. En son absence, je prendrai en charge ses fonctions et assurerai donc le bon déroulement de la cérémonie des Lumières.

-Et comment pouvons-nous être sûr que vous êtes compétent ? cria une jeune femme brune.

La moitié des invités se retournèrent vers elle en se demandant ce qu'elle fichait là pour se soucier de cette fichue cérémonie. Même notre hôte eût une réaction et cligna des yeux de surprise. Quand tout le monde s'eut assuré qu'elle ne plaisantait pas, il eût un sourire qui découvrit ses dents parfaitement alignées.

-Et bien en tant que Ian Dubein, bras droit de sa seigneurie l'empereur Lucifer aussi appelé le Porteur de Lumière, je pense avoir les qualifications pour gérer cette charmante petite cérémonie de campagne."

Et zut. Je savais bien que cette histoire allait mal se passer.

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