Chapitre IX : Meet Me Halfway

Puisque je ne connaissais ni l'identité, ni la nature des invités, je devais limiter mes interventions en temps que Ténébreuse. Je jouais sur le fait que les banshees soient des créatures méconnues pour berner toute éventuelle personne possédant le don de Détection. En effet, certaines faes et d'autres très anciennes créatures peuvent sentir lorsqu'un pouvoir est utilisé et ainsi connaître la race de son utilisateur. Cependant comme pour un gourmet par exemple, il faut éduquer leur sens afin qu'ils puissent mettre un nom sur leur impression. Puisque j'étais la seule Ténébreuse connue à ce jour, ils ne pouvaient nommer mon pouvoir mais étaient capables de révéler mon imposture.

Je me baladais d'un air gai dans les couloirs en totale opposition à ma véritable humeur qui était un mélange de frustration, de stress et de...peur. Je m'arrêtais, furieuse contre moi-même. C'était inconcevable que je puisse ressentir de la peur ! Après des années à être un prédateur au sommet de la chaîne alimentaire, je me retrouvais au milieu de mes semblables. Bref je venais de quitter l'aquarium à poissons rouges et étais propulsée dans le bassin des requins. Mais cela ne voulait pas dire que j'étais moins puissante. Bien que la quasi impossibilité de recourir à mes pouvoirs en présence d'un public réduisait drastiquement cette puissance. Peut-être avais-je une raison d'avoir peur finalement...

En chemin j'heurtais malencontreusement un des milliers de soldats qui semblaient avoir colonisé le château et pus constater qu'au moins, j'étais toujours agile de mes dix doigts. L'odeur caractéristique de lys émise par le garde m'appris que c'était un démon Baku. Intéressant, leur spécialité était la manipulation des rêves. Ce n'était pas une espèce de démons engagée pour les opérations de terrain, mais plutôt pour les missions d'infiltration ou de sape de moral des troupes. Il semblerait que les invités aient encore plus de soucis à se faire...

Après avoir eu l'assurance d'être trop loin pour qu'il me voit, je sortis mon emprunt et consultais la liste des invités. À ma grande surprise, c'était une photocopie. Ce coin paumé était doté d'électricité et de technologie ? Impossible. Il était hautement plus probable qu'il existe une créature magique dotée du pouvoir de photocopie. En lisant la feuille, je bénis mentalement son créateur qui avait écrit minutieusement l'espèce, le rang et les relations de chaque convive. Cela me permit de découvrir
que le vampire était effectivement très influent. Un détail étrange me sauta aux yeux. Le roi des Faunes n'était pas venu qu'avec sa femme et ses deux courtisans. Il avait aussi ramené...une femme, nommée Tina Goldstein. Et le plus bizarre, c'était qu'elle n'était qu'une simple humaine. Pourquoi ramener une personne dénuée de pouvoirs magiques ?
Je me mordillais la lèvre. Cela ne pouvait...non, il n'aurait pas osé amener sa maîtresse en plus de sa femme ?

Le claquement d'une porte me fit sursauter. Je cachais précipitamment la liste et pris un air dégagé. Enfin, j'essayais de m'en composer un avec mes pauvres talents d'actrice. J'allais vraiment devoir prendre des cours de théâtre, le plus tôt possible.

Le bruit de pas se rapprocha. Et merde. L'inconnu venait dans ma direction. J'étais en train de chercher une excuse quand la tête de Gueule-d'Ange apparut. Je pus mieux apprécier ses iris d'un bleu aussi pur qu'un saphir et ses traits qui n'auraient pas dépareillés sur Raphaël, le tout assortis à des cheveux d'un noir profond. Mais toute cette beauté était étrange et recelait, étrangement, d'une sorte d'inhumanité. La symétrie de son visage était trop parfaite pour être réelle, trop calculée pour être le fruit du hasard.

Il prit un air surpris, beaucoup mieux travaillé que le mien. Ou simplement sincère. Mouais. Je penche plutôt vers l'hypothèse du théâtre.

"-Auxanne ? Que fais-tu ici ?

-Mmh...je cherchais la bibliothèque.

Excuse pitoyable, je sais. Mais il devait bien y avoir une bibliothèque dans une baraque pareille, ne serait-ce que pour caser les centaines de livres à la reliure dorée que semble affectionner les aristocrates...à tel point qu'ils ne les ouvraient jamais.

-Je crois avoir entendu Valentia déclarer que la bibliothèque est dans la tour nord.

J'haussais les sourcils.

-La tour nord ? répétais-je poliment pour éviter de lui demander directement quelles étaient ses relations avec Valentia et pourquoi elle aurait besoin d'aller dans la bibliothèque.

-Oui, c'est un petit peu plus loin mais le chemin pour y accéder est un peu compliqué. Je peux t'accompagner si tu veux, me répondit-il avec gentillesse.

Ma méfiance me conseillait de dire non, mon sens de l'orientation oui et mes hormones approuvaient sa proposition avec effusion. Ce fut donc le oui qui l'emporta, malgré les protestations de mes neurones.

-Mais je ne peux être accompagnée par un homme dont je ne connais pas le nom, lui déclarais-je avec un sourire presque aussi angélique que son visage."

Son visage horrifié me déstabilisa un peu. Je jetais de furtifs coups d'œil aux alentours, mais non rien d'anormal. Quand il reprit la parole, ce fut d'une voix tellement gênée qu'elle en était rouge tomate (Mais si une voix peut avoir une couleur, il suffit de prendre du LSD voyons).

"-Je suis vraiment désolé, j'aurais du vous le dire tout de suite. C'est que, voyez vous, les banshees sont des créatures fascinantes et lorsque j'ai appris votre présence à cette fête, je n'ai pu m'empêcher de me renseigner sur votre vie. J'ai un peu l'impression de vous connaître sans vous avoir vu en somme, conclut-il. Cependant laissez moi me présenter, je suis Nathan Gallium.

Je notais le passage du tutoiement au vouvoiement et me fis la remarque que son prénom n'allait pas du tout avec son apparence. Sa taille légèrement supérieure à la moyenne et ses traits témoignaient plutôt d'un héritage européen. Il avait hérité d'une mâchoire anguleuse qui mettait parfaitement en valeur sa peau pâle sans être blanche. À nouveau, cela faisait trop réfléchi comme apparence pour être normal.

-Et bien c'est un plaisir de connaître enfin ton nom. Je n'avais pas encore eu l'occasion de te remercier pour ton intervention dans le bunker. N'hésites pas à me tutoyer, frôler la mort ça crée des liens, dis-je en souriant et gardant mes réflexions bien au chaud dans mon cerveau.

Il sourit en retour, mais plus par mimétisme que par réelle envie. Je m'en contenterais.

-Avançons, veux-tu ? lui demandais-je aimablement."

Il me proposa son bras et nous cheminâmes vers cette fichue bibliothèque.

"-Auxanne, vous...tu aurais sû te débrouiller sans l'aide de personne, j'en suis sûr. Mais j'avoue ne pas y avoir réfléchi et ait instinctivement cherché à te défendre, m'annonça t-il soudainement après un long silence pensif.

-C'est très gentil de ta part. Tu joues souvent au chevalier servant ? essayais je de répondre le plus aimablement possible.

-Au moins une fois de plus car je dois te prévenir.

-Me prévenir ? De quoi ?

-D'un danger. Tu as captée l'attention de Faelan et ce n'est pas une bonne chose. Ce vampire...n'est pas normal. De plus, cela a intrigué Ian et je crois savoir que son seigneur n'a pas encore acquis les pouvoirs d'une banshee. Si tu t'avères être puissante, il n'hésitera pas avant de t'offrir à son maître.

-Voyons, tu racontes des bêtises ! tentais-je de dédramatiser. Pourquoi l'empereur des démons voudrait-il les pouvoirs d'une petite banshee comme moi ? Je ne sais que bluffer, comme je l'ai fait tout à l'heure.

Nous étions arrivés à destination.

-Auxanne...promets moi de faire attention s'il te plaît. C'est important pour moi.

Je sentis ce qui me restait de cœur fondre face à son inquiétude. Malgré sa perfection dérangeante, il était si mignon ! Peut-être qu'il n'était que ce qu'il avait l'air d'être...ouais et Lucifer était un Bisounours. Mais sa sollicitude était beaucoup trop agréable pour le vieux loup solitaire que j'étais pour lui refuser. De toute façon, cette promesse ne me coûtait rien.

-Je te le promets, Nathan.

Cela ne sembla pas le rassurer et il fouilla rapidement ses poches jusqu'à pêcher une carte de visite froissée. Il écrivit un numéro de téléphone au dos avant de me la donner.

-Tiens, j'y ai inscrit le numéro de ma chambre ainsi que mon numéro. C'est un téléphone magique, il n'a donc pas besoin de réseau pour fonctionner. Tu peux m'appeler à n'importe quelle heure, si tu as besoin d'aide, j'accourerais.

-Je n'y manquerais pas, merci pour tout ce que tu fais pour moi.

Nathan se dandina, embarrassé par mes remerciements.

-Il n'y pas de quoi, c'est normal. J'espère que tu trouveras ce que tu veux à la bibliothèque.

Il regarda sa montre. Son embarras fut encore plus flagrant.

-Désolé mais je ne peux vraiment pas rester. J'ai promis à un ami de le retrouver dans exactement 10 minutes de leur côté du château. Il faut que je parte maintenant.

-Très bien. Je te souhaite une bonne soirée à toi et ton ami, dis-je pour être polie, taisant ma curiosité qui me hurlait de lui demander qui était son ami.

-Merci. À la prochaine ! s'exclama t-il en s'éloignant, pressé."

Seul devant la porte de la bibliothèque, je soupirais. Il fallait que j'arrête de voir le mal partout sinon je finirais seule, avec une centaine de chats comme unique compagnie. Brrr...je préférais encore me tirer un carreau.

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