Les rénovations de la Chapelle Sixtine prirent un certain temps, mais un jeune peintre y révéla son talent en restituant, à grands coups de pinceau, ses deux clefs à Saint Pierre. Le balayeur qui était de service la nuit de la disparition de Saint Barthélémy fut renvoyé, et le Jugement Dernier de Michel-Ange retrouva ses protagonistes d'origine (ainsi qu'un petit carnet secret, caché à l'intérieur de la Peau : si vous regardez bien, peut-être le verrez-vous dépasser un peu). À la Bibliothèque Nationale de France, la Tentation de Saint Antoine ne fut plus exposée, mais envoyée en laboratoire pour analyse. Elle était redevenue exactement comme avant, exception faite de l'étrange sourire (imperceptible, peut-être ne l'apercevrez-vous-même pas) apparu sur les lèvres d'Antoine. Tout ça à cause d'un minable éternuement. C'est fou, les dégâts que ça peut causer, ce genre de choses.

Depuis lors, Saint Barthélémy, collé sur sa fresque, contemple avec nostalgie la petite chandelle dans le coin de la salle, celle qu'il n'avait pas réussi à souffler, le soir de son évasion. Il se dit qu'il ne se souviendra jamais du nom de ce maudit rafiot.

Tout est rentré dans l'ordre, la vie a repris son cours, les touristes affluent de nouveau, un peintre est devenu célèbre, un balayeur a changé de boulot, un ancien amateur de montgolfières et un ex-brocanteur roulent sur l'or, Antoine et ses démons se sentent beaucoup mieux, mais Barthélémy, lui, continue de regarder l'infime, l'inébranlable chandelle.