Une licorne rose
Ce matin, mon mec m'a largué.
Ouais. Trois jours avant Noël.
J'ai jamais eu de chance, moi.
Alors évidement, ma meilleure amie est arrivée en renfort, plaid et chocolats sous le bras, et nous avons passé la mâtinée à lister les meilleures morts pour mon ex. Arrivée à la 238ème, (mort par chocolat empoisonné), Jenny m'a dit :
-Tu sais ce qu'il y a de mieux qu'une fête en couple le jour de Noël ? Une fête célibataire le jour de Noël ! J'ai une super adresse, et je sais de source sûre qu'il y aura des beaux mecs !
-Tu m'excuseras, mais je viens de me faire quitter comme une vieille chaussette, alors j'ai autre chose à faire que d'aller me bourrer.
-Allez ! insiste mon amie. Tu dis ça maintenant, mais je te connais, l'année prochaine, quand tu seras en couple depuis des mois, tu pleurera pendant des heures pour ne pas pouvoir draguer qui tu voudras.
Zut. Elle marque un point.
-Je sais, mais...
Incapable de trouver une excuse valable, je pousse un soupir interminable, et Jenny crie de joie, me déchirant aux passage les tympans.
-Génial ! Tu vas voir, la maison est géniale, il y a même une piscine !
Et pendant que la jolie blonde me décrit précisément l'endroit, je souris. J'ai vraiment de la chance d'avoir une amie pareille.
Trois jours après, à dix-neuf heures trente, la sonnerie de mon appartement retentit. (Note pour l'ancien propriétaire : pourquoi la musique de Pirates des Caraïbes, exactement ?) Jenny entre comme une tornade dans mon petit dix-huit mètres carrés, un énorme sac à la main. Et quand je dis énorme, je rigole pas. Elle a dû piller un magasin entier. J'espère juste qu'elle a gardé le ticket de caisse.
Et de son sac sûrement agrandie par un sort d'Harry Potter, elle tire non pas une jupe en cuir ou un truc comme ça, mais une combinaison rose immonde. Je le déplie, priant pour qu'elle se soit trompée, et me retrouve face à face avec... Un costume de licorne. Oui, vous avez bien lu. Non, vous ne devenez pas dyslexique.
-Jenny ! C'est une blague ou quoi ? Pourquoi tu as acheté ce... cette chose ? je lui demande, scandalisée.
-Je ne t'ai pas dit ? répond-elle en papillonnant des yeux. On va à une fête costumée. Le thème : les animaux !
-Très drôle. Maintenant, donne-moi mes vrais vêtements.
-Mais c'est vrai ! On va à une fête déguisée ! insiste la jolie blonde avec un grand sourire. C'est pas génial, ça ? Et avoue que le costume est incroyable !
« Est-ce que quelqu'un peut me tuer, s'il vous plaît ? suppliai-je intérieurement ».
-Il est hors de question que j'aille à une fête dans cette tenue ! Et encore plus si tout le monde est comme ça ! Franchement, qui est assez fou pour organiser une soirée costumée à vingt-cinq ans ?
-Oh, allez, arrête de râler, me sermonne Jenny. Je te jure que ce sera drôle ! Et puis, tu n'as pas le choix. C'est ça ou je poste la vidéo de toi qui fait la danse du canard.
En mon fort intérieur, je la traite de tous les noms.
-Tu m'en dois une, je finis par déclarer.
Et j'enfile le costume de licorne.
Une demi-heure après, maquillée, pomponnée, les joues assorties à ma tenue, nous arrivons à la soirée. Sur ce point, Jenny n'a pas menti. Nous entrons dans une immense maison, très moderne. Elle est pleine à craquer, et à mon plus grand soulagement, je ne tombe pas sur une mamie avec une canne dans la main. En fait, je me retrouve nez à nez avec... une autruche à plumes violettes.
Je mentirais si je disais que j'ai n'ai pas failli faire demi-tour à cette instant précis.
"Je reste dix minutes pour faire plaisir à Jenny, et ensuite je m'en vais, je me promis intérieurement."
Au moins, j'allais pouvoir boire gratuitement. Bien décidée à trouver un avantage à cette soirée pour le moins incongrue, je déambulai quelques minutes dans l'immense demeure à la recherche du buffet ou d'une potentielle cave à vin. Heureusement, je finis par trouver la cuisine, et j'entrais, assoiffée. Seulement, je me cognai contre quelque chose, et en levant les yeux je tombai nez à nez avec... une tortue.
"Et bah, quelle carapace, je pensai tout bas. Franchement, qui peut être aussi fou pour porter une horreur pareille ? "
Je détaillai le costume à la recherche d'une tête, quand l'une des pattes de l'animal écarta un pan de tissu. Face à moi se tenait un homme aux cheveux bruns décoiffés, aux yeux rieurs et aux fossettes adorables. Intérieurement, je fondai, avant de me reprendre: je n'étais pas venue ici pour me caser avec quelqu'un, moins de trois jours après ma rupture. Seulement, le sort devait être contre moi, puisque le jeune adulte dit, d'une voix enjouée:
-Salut ! Je m'appelle Mike, et toi ? Aurais-je l'honneur de voir ta tête, sublime licorne ?
Je me giflai en mon fort intérieur: je portai toujours mon déguisement ! D'une main ridiculement tremblante, je baissai la capuche rose bonbon et adressai un faible sourire au bel inconnu, qui n'en était plus vraiment un.
-Je m'appelle Kate, je balbutiai sans parvenir à me détacher de ses yeux noisettes.
-Qu'est-ce que tu fais ici, Kate?
-Oh, elle voulait rigoler un peu ! s'écrie une voix derrière moi.
Merde. Jenny. J'avais oublié que je n'étais pas seule. Je me retournai, priant pour ne pas devoir subir une autre humiliation, et me retrouvai face à ma meilleure amie, qui avais dû boire plus que raisonnablement.
-Alors, Kate chérie, gloussa-t-elle, tu me présentes cet homme ?
-Il s'appelle Mike, et il est... heu... déguisé en tortue.
Paf. Deuxième gifle mentale. Sans blague, il était déguisé en tortue !
-Mike, c'est sympa comme nom ! Dis, on doit y aller, ça t'ennuierait de nous donner ton numéro ? Histoire qu'on se revoit un de ces quatre !
Elle voulait vraiment ma mort. Rouge de la tête au pied, couleur qui ne s'accordait pas vraiment avec mon horrible costume, je notai les chiffres que l'homme me dictait.
-Super, merci, on t'appellera ! s'exclame Jenny. Allez, Kate, on y va !
Je balbutiai un vague au revoir avant de me laisser entrainer par mon amie à l'extérieur de la villa. Arrivée dans la voiture, je criai dans ses pauvres oreilles:
-Jenny, tu étais vraiment obligé d'agir comme ça . "Kate chérie", tu es sérieuse ?
-Ah, mais au moins j'ai eu ce que je voulais, répondit d'une voix mystérieuse mon amie, plus du tout soul.
-Attend, qu'est-ce que tu veux dire ?
-Et bien, tu as le numéro de ce Mike, et tu ne t'es pas humiliée en lui demandant ! Il pensait que j'étais ivre, donc tu n'avais pas à être gênée !
-Oh... je murmurai, sans trop savoir quoi dire. Donc tout était prévu...
-Evidemment ! Bon, on rentre, maintenant ?
Et, laissant de côté mon ressentiment, j'explosai de rire et pris mon amie dans les bras. Avec quelqu'un d'aussi machiavélique, j'étais sûre de parvenir à me rapprocher de Mike...
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