Troie
TW : violence psychologique, meurtre, crimes de guerre.
D'abord, il y avait eu la joie. Les Achéens étaient partis, la guerre était terminée. Le cheval offrande avait été traîné dans la cité en grande pompe, la musique et les cris de victoire emplissaient les rues.
Puis il y avait eu le calme. Les places s'étaient vidées, les cortèges dispersés et le silence s'était abattu sur la ville. C'était l'accalmie avant la tempête.
Enfin, il y eut le chaos. Les ennemis s'étaient déversés hors de l'imposante statue de bois, les flammes dévoraient les bâtiments, les soldats pourfendaient les habitants. Hommes, enfants et vieillards tombaient par centaines sous les lances brillantes des Achéens, les femmes étaient violées et emmenées comme butin de guerre. Des hurlements de terreur et de désespoir déchiraient la nuit sanglante.
Andromaque se terrait dans le palais avec la famille de son défunt mari, Hector. Ses belles-soeurs se lamentaient et imploraient les dieux de leur venir en aide, seule Hélène se taisait. Immobile dans un angle de la pièce, la belle fixait la famille d'un air résigné, elle allait devoir se rendre tôt ou tard, elle le savait. Priam et Hécube, les deux honorables souverains, contemplaient la petite assemblée en pleurant. Dans les bras de sa mère, le petit Astyanax se mit à gémir, Andromaque le berça pour le calmer, en vain.
La porte de la salle vola soudain en éclats.
Une horde de guerriers déboula dans la pièce. Ils étaient menés par un jeune héros aux traits cruels et à la chevelure de feu.
− Vous allez payer pour l'affront infligé à Ménélas, infâmes troyens ! Rendez la belle Hélène à son époux légitime ! tonna le jeune homme.
Une femme au visage voilé se détacha du groupe.
− Prenez-moi, et laissez-leur la vie sauve. L'honorable Priam et la sage Hécube ainsi que leurs filles n'ont rien fait pour mériter la mort, exigea-t-elle d'une voix douce mais ferme. Je suis la seule coupable dans cette guerre interminable, je retourne à mon mari mais épargnez-les.
Hélène avait accepté son destin.
Le héros désigna une dizaine de soldats.
− Vous ! raccompagnez Hélène aux navires, je me charge de ceux-là. La race troyenne doit s'éteindre, leur sang doit purifier le sol de cette cité, payer le tribut de nos morts ! clama-t-il avec une lueur sanguinaire dans les yeux.
Il était ivre de combat, assoiffé de sang, personne ne pouvait l'arrêter.
Malgré ses protestations, Hélène fut emmenée par ses gardes du corps. Le sort de la famille royale de la puissante Ilion était scellé.
Le jeune héros fit rassembler les femmes dans un angles et se campa face à Priam.
− Tu as déjà entendu mon nom vieillard, n'est-ce pas ? Tu sais de qui je suis le fils, qui je viens venger ce soir ?
Le vieil homme acquiesça, il savait.
− Dans ce cas, mon nom sera le dernier mot que tu entendras, il dégaina son épée. Je suis le fils du divin Achille, Néoptolème.
D'un geste leste, il fit tournoyer son arme et trancha la tête du roi.
Hécube hurla et s'effondra à terre, inconsciente. Andromaque enfouit son visage contre son fils qui pleurait toujours.
Néoptolème s'approcha de la veuve d'Hector avec un sourire cruel et l'observa comme un morceau de viande. Elle se sentit souillée par son regard lubrique. Le héros inspecta toutes les femmes de la sorte.
− Quant à vous, femelles, vous êtes à moi. Enchaînez-les, ordonna-t-il à ses hommes.
Le triste cortège de captives se mit en marche derrière le chef vainqueur, Hécube fut abandonnée sur place. Andromaque envia son sort.
Les princesses troyennes furent menées au sommet des imposantes murailles de la ville. La cité en ruines s'étendait à leurs pieds.
Le fils d'Achille détacha Andromaque qui serrait toujours son fils dans ses bras. Le bébé gardait les yeux fixés sur sa mère, il ne pleurait plus.
− Quel adorable enfant, quel est son nom ? demanda le héros
Comme la princesse troyenne tardait à répondre, il la menaça de son épée.
− Il s'appelle Astyanax, murmura-t-elle du bout des lèvres.
− « Le roi de la cité », c'est un nom intéressant, commenta-t-il d'un ton mielleux. Prenez-le ! cracha-t-il à ses hommes.
Un soldat arracha le petit aux bras de sa mère, il se mit à hurler.
− Mon fils ! Rendez-le-moi ! supplia Andromaque.
Un autre soldat la tira par sa longue chevelure, la faisant tomber à genoux, et lui posa un couteau contre la gorge. Des larmes silencieuses coulaient sur ses joues pâles.
− Tais-toi et regarde, femme ! ordonna Néoptolème.
Il s'approcha du bord des murailles, le bébé gémissant tenu à bout de bras. Andromaque ferma les yeux, la lame s'enfonça contre son cou et elle les rouvrit. Les autres princesses sanglotaient silencieusement derrière elle.
Le jeune guerrier tendit les mains au dessus du vide, le petit était maintenant suspendu par les pieds.
− C'est dommage, malgré son nom, Astyanax n'aura pas le temps de régner sur cette cité, ironisa-t-il.
Néoptolème lâcha l'enfant.
Troie n'était plus.
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J'aurais voulu attendre d'avoir des textes de réserve avant de publier celui-ci mais j'étais trop impatiente de vous le partager. J'espère qu'il vous aura plu.
Publié le 17/06/2019
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