Salvatore
(Première place aux Challenges -Rêves d'Androïdes no 1 "Mayhem" mai-juin 2016 )
"Une Chlarissa, Un Terrien Et l'Humanité...
Dans un futur pas si lointain, la densité de l'atmosphère terrestre est telle que les levers et couchers de soleil s'admirent sur des écrans.
Elle sera à l'origine d'un projet pour sauver l'humanité.
Mais qui la sauvera ? "
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C'est le début de l'été, quelque part à Washington, ancienne capitale d'un pays quasiment dépeuplé. En cette fin de journée, dans un vaste quadrilatère bloqué et surveillé, au sein d'un des multiples parcs citadins abandonnés, les arbres dénudés tendent leurs branches squelettiques vers le ciel.
Au milieu de toute cette absence de verdure, esseulée sur un banc public, Chalio est assise face aux faibles rayons solaires que sa peau détecte encore. Seule tache verte, aux couleurs de son manteau et de ses yeux, sa silhouette de Bouddha tranquille meuble les lieux. Le crâne dénudé et glabre, les mains ouvertes sur ses genoux repliés sous elle, elle ferme posément ses paupières. C'est ici qu'elle vient tous les jours depuis cinq ans pour tenter de reprendre de l'énergie. De quelques minutes au début, elle y passe maintenant, un an plus tard, la majeure partie de ses journées. Même si les rayons sont de plus en plus filtrés, elle en savoure chacun des photons : comme cette étoile jaune lui a été bénéfique suite à son exil !
Jadis, il y a quelques 240 ans, émergeant du cadavre de sa nacelle, devant ce ciel pur et clair, elle se disait être la Chlarissa la plus chanceuse de l'univers : échouée sur cette planète aux conditions de vie exemplaires pour son espèce... On les avait prévenus : la probabilité pour une telle opportunité était plutôt mince. Malheureusement, la capsule de son compagnon, Rochif, a été déviée de cet astre bleu et s'est perdue dans les éruptions de l'étoile. Chalio s'est donc retrouvée seule et restera, toute sa longue vie, l'unique représentante de son espèce sur Terre, et peut-être aussi dans l'univers. Au moins ici, pas de menace cosmique avant un bon bout de temps. Ce monde ne risque pas d'être engloutie par une géante rouge : ce soleil n'en est qu'à la moitié de son existence. Et de lui dépend la survie de tous les êtres vivants de la Terre, dont celle de Chalio.
Car le seul problème, car il y en a un, qui causera la perte de ce monde n'est pas son Étoile mais son atmosphère.
Depuis son arrivée, elle a vu cette fragile couche d'air autour de la planète progressivement menacée par toutes les substances que les Terriens y ont rejetées avec négligence ou ignorance. Durant le dernier siècle, les humains ont été nombreux à s'assembler pour la sauvegarder, pour agir et réagir. Des gestes ont été faits, Chalio était aux premiers rangs, aux premières loges. Sous diverses identités et jouant habilement sur son apparence, elle a été la plus grande activiste de l'environnement, à la tête de multiples associations mondiales, établissant des actions, donnant des conférences, éduquant les jeunes et moins jeunes. Presque personne ne connaît sa véritable nature, son physique étant semblable à celle d'une femme d'ici. Actuellement, elle est même considérée comme l'une des terriennes les plus influentes de cette décennie ! La conscience des humains a été finalement touchée par son discours et son idéal, mais le vrai changement de mentalité et de comportement est arrivé trop tard ...
Elle a ainsi voyagé beaucoup : pour ses actions et ses recherches mais aussi, secrètement, pour une autre raison plus fondamentale... sa propre survie. Elle a cherché à chaque fois un endroit où la lumière de cette étoile serait plus belle, plus forte; pour pallier à cet écran gazeux qui recouvrait de plus en plus les continents. Elle a erré ainsi, de villages en villes, de campagnes en montagnes, de territoires en pays, de continents en océans... Mais l'atmosphère est un tout, et comme un tout, ell a été contaminée, détruite, envahie.
Tout comme elle, la vie sur cette planète ne tient plus qu'à une possibilité infinitésimale de réussite d'un projet ambitieux.
Chalio, entrouvre ses paupières et regarde ce ciel gris et jaune argenté. Elle les discerne, avec son acuité visuelle si particulière, ces particules de pollution qui flottent et refusent de réagir pour redevenir inoffensives. La seule façon de les anihiler, c'est elle qui l'a mise au point, sous l'identité d'une chimiste dans une équipe de scientifiques géniaux. Le projet Cumulus : répandre dans la haute atmosphère des catalyseurs à grande action. Ils activeront, pour une durée de cinq ans, l'agglomération des particules de polluants atmosphériques qui floconneront et retomberont au sol. Ces cristaux chimiques annihileront la vie organique terrestre à un taux estimé à 91%. Mais, le ciel sera de nouveau clair et limpide. Il faudra ensuite dépolluer la surface du globe de cette neige artificielle : un autre cinq ans de transformations chimiques pour parvenir à simplifier les polluants en leurs éléments innofensifs fondamentaux. Ces-derniers pourront être réinvestis dans la création de substances organiques nouvelles. Ce sera ensuite un nouveau départ... Grâce aux banques de spécimens animal et végétal.
Ces banques... voilà le plan de sauvegarde. C'est ainsi qu'elle s'est retrouvée dans cette ville, siège du Centre de recherche mondial en génétique et cryobiologie, entraînant avec elle son seul confident, son seul ami : Misah. Tous deux ont participé activement à la sauvegarde des multiples germes terrestres dans les différents règnes vivants afin de les enfermer dans des bocaux cryogénéisés. La collection est complétée et attend sagement le début et la fin de Cumulus.
Car Cumulus, c'est dix ans d'exil pour la biosphère...
Dix ans où l'atmosphère de la Terre sera un poison pour les organismes vivants. D'où la nécessité de se cloîtrer sous terre. Pour les derniers survivants de la race humaine : des réserves d'eau, d'air, de la lumière artificielle et de la nourriture lyophilisée en rations. Voilà déjà huit ans que toutes les industries terrestres fonctionnent dans ce seul but commun : cinq continents, cinq Salvatores.
Autonomie de quinze ans. Chacun possédant, en dépôt cryogénique, des semences végétales et des spécimens des animaux de leurs biomes respectifs. Les plus grands jardins zoologiques et botaniques statiques du monde jamais imaginés... Un rêve pour les grands, un espoir pour les enfants.
Le seul réactif qui manquera en quantité suffisante sera la lumière, mais l'être humain a déjà appris à vivre en clarté artificielle restreinte. Tous, sauf Chalio, la Chlarissa, un être vivant biophotosynthétique trop complexe pour se satisfaire d'un filet de lueur artificielle. Rien ne peut remplacer les rayons lumineux d'une étoile jaune. Le Salvatore pour elle c'est la mort aussi sûrement que de rester à la surface de la Terre.
Chalio est déjà faible devant la raréfaction des rayons solaires de qualité, comme tous les végétaux de la planète. Elle a avoué son secret il y a dix ans à Misah. Non, elle ne souffrait d'aucun cancer ou anémie, elle était en manque de lumière... Depuis, l'homme s'est aussi mis en quête d'un plan de sauvetage pour elle, la Chlarissa.
Misah, à cause d'elle, a orienté sa carrière en génétique-botanique, tentant de comprendre sa particularité spécifique, sa crainte, sa souffrance, sa faiblesse, sa condamnation... Avec acharnement, il cherche une solution particulière pour son amie, cet être extraordinaire et unique, la dernière des Chlarissa. Rares sont ceux qui connaissent son secret et tout ceux qui le savent cherchent à résoudre son problème, avant la mise en œuvre de Cumulus.
Finalement, le procédé pour la sauvegarde de son espèce est une réussite. Chalio est satisfaite mais, pour Misah ce n'est pas le cas. Il cherche encore la recette magique. S'il avait encore un an devant lui... Mais voilà, dans un mois, ce sont les humains qui vont s'enfermer dans les plus grands bocaux souterrains jamais conçus : les Salvatores...
Le soleil se couche derrière les cerisiers squelettiques. Pas d'oiseau pour saluer la fin du jour, de ce jour... Pas de fleurs, ni pétales pour parsemer le sol de leurs duveteuses corolles, aucune abeille ne bourdonne, nulle odeur de gazon fraîchement coupé ou arrosé... Les plantes meurent et pourrissent, la chlorophylle disparaît, la photosynthèse est un processus en déclin, les champignons abondent : l'air s'en parfume, se renouvelle moins, sa qualité diminue. Un matin proche se lèvera sur une planète où le taux d'oxygène sera moindre que le vingt pour cent vital.
Sous cette dense cloche gazeuse, les températures augmentent et les zones de sécheresse s'agrandissent alors que, malgré l'ajout jadis de l'eau des glaciers et banquises, les niveaux des océans baissent. En certains lieux, l'atmosphère gorgée d'humidité succombe et la pluie tombe. Mais, ce n'est cependant plus une bénédiction : c'est une catastrophe d'acidité. Dans les campagnes, les champs ne récoltent plus que des tempêtes de poussières où des nuées d'insectes s'activent à les achever. La seule solution pour nourrir le monde est la culture en serre, hydroponique et protégée, mais encore une fois le facteur limitant est la lumière, et dans un futur pas si lointain, le taux d'oxygène. La population humaine est en décroissance extrême sur cette planète qui ne subvient plus adéquatement à la nourrir. Les bactéries et virus semblent les seuls à s'adapter au nouvel environnement, et l'organique d'Homo sapiens est un terrain de développement de prédilection pour ces colonies de microbes.
Ce qui reste des populations humaines a déjà complètement quitté les villes pour atteindre la sécurité des enceintes surveillées autour des accès aux Salvatores. Avant d'obtenir son laissez-passer de bonne santé, il faut compter plusieurs semaines. Rien n'est laissé au hasard : pas question de permettre l'intrusion d'un virus ou d'une bactérie non contrôlés dans les enclaves. Les seuls microbes acceptés sont inactivés dans des éprouvettes en bains d'azote.
Les individus inaptes à rejoindre les sanctuaires souterrains sont repoussés vers la surface où ils pourront tenter de survivre dans les bâtiments mis à leur disposition. Mêmes ressources alimentaires et d'eau qu'en profondeur, mais des conditions moindres de sécurité atmosphérique et de contamination, avouons-le. Théoriquement, leurs chances sont quasiment nulles. Dès que la vérité a été connue à l'effet qu'un tri aurait lieu, selon l'état de santé, il y a eu bien des révoltes, des esclandres, des meurtres et des attaques contre les enceintes des Salvatores. Avec le déclin de la densité de la population, les sanctuaires peuvent accueillir la population entière : des colonies de fourmis de taille humaine ! Mais la salubrité des individus est prioritaire sur le nombre, comme les germes des animaux et végétaux ne pouvaient comporter de spécimens malades ou porteur de codes génétiques létaux. La variété demeure un critère important aussi : on doit conserver le large spectre génétique des espèces, sans nuire à leur survie et leur futur.
Autour des Salvatores la sécurité a été de multiples fois étendue et renforcée. En dehors des enceintes, des groupes s'organisent avec le mince espoir de survie qui leur permet d'accepter leur sort. Ils ne sont plus très nombreux. Depuis deux ans que les enclaves sont bouclés. La fatalité de leur sort est acquise. Certains réagissent mieux que d'autres...
L'instant fatidique sonnera lorsque les portes hermétiques des bunkers se fermeront devant les accès et que les capsules de Cumulus relâcheront leurs substances en haute atmosphère. La civilisation humaine, dont la population totale n'occupera même pas les Salvatores à leur pleine capacité, sera alors à un point de non-retour.
L'attente arrive à son terme...
***
Il est en retard.
Chalio se lève difficilement et se met en route vers l'accueil du Salvatore, là où un petit immeuble en surface abrite l'équipe de recherche qui entoure la Chlarissa. Sa démarche est lente et incertaine. Elle s'applique en effet à avancer d'un pas économique, sans trop de geste inutile.
Elle entend soudain des pas précipités derrière elle :
—Chalio ! Attends...
Elle se retourne et sourit en voyant l'homme à la tignasse rousse et emmêlée qui vient vers elle.
—Je n'ai pas l'intention d'aller très loin, ni très vite, tu sais Misah.
—Pardon pour le délai, s'excuse-t-il en la serrant contre lui. J'ai dû emprunter des piles solaires, celles d'hier étaient encore à plat, elles ne se chargent plus. Et j'ai marché pour venir au lieu de les utiliser.
Il ouvre le sac, qu'il transporte à l'épaule, et en sort une plateforme anti-g qu'il déploie. Ensuite, il tend la main à Chalio pour l'aider à s'y installer. Contrairement son habitude, elle choisit de s'assoir cette fois-ci. Misah serre les dents en le constatant, mais ne fait aucune remarque. Il se contente d'activer le mécanisme et de s'installer derrière elle, la soutenant de ses bras. Elle pose sa tête sur sa poitrine et respire l'odeur animale qui se dégage de son ami en molécules bleuâtres. L'homme démarre la plateforme tout en la dirigeant avec la manette dans une main.
—Allez, raconte-moi, murmure-t-elle.
—Je vais continuer à chercher et je vais trouver, je te le promets.
—Je ne te parlais pas de ma solution...que tu cherches... mais de sa survie.
L'homme pousse un soupir, mais reste muet.
—Je veux savoir Misah, je le dois.
—Sa survie est garantie, les derniers tests le confirment, avoue-t-il. Grâce à la modification génétique que nous avons réalisée et à son taux de croissance ralentie. Elle pourra passer au travers de quinze ans de réclusion selon nos analyses. Le sujet est...
—Karlin, reprend la Chlarissa d'un ton ferme et doux.
Misah lui prend la main, gardant l'autre sur le gouvernail de la petite plateforme.
—Oui d'accord... Karlin est, et sera, en santé comme tu l'as été...
—Mais en mieux et plus résistante, complète Chalio d'un ton sans réplique. Très bien. Je suis déjà fière d'être son ascendante.
—Chalio, si tu avais voulu, nous aurions pu...
—Non, nous n'aurions rien pu faire. Tu le sais mon Terrien préféré. C'était la seule solution.
—Mais ce marcottage t'a tellement affaibli, je ne peux comprendre...
—« Marcottage » : quel gros mot ! Moi j'aime mieux l'équivalent dans la langue de mes ascendants... Que je peux traduire par « Rayonnement». Sans un compagnon de mon espèce, c'était la seule solution. Tout mon être et mes cellules se retrouveront en elle et en mieux grâce à tes bons soins Misah.
Elle enserre les doigts de l'homme de sa petite main et la recouvre de l'autre, dont la peau est encore trop fine et plus pâle, et dont les doigts pointent en maigres bourgeons naissants. L'homme soupire sous la caresse aussi douce que la brise dans les feuilles. Chalio tourne la tête et fixe de ses yeux d'émeraude le regard opalin de Misah. Elle observe cette mâchoire décidée, ce front intelligent et ces lèvres émues. Elle s'émerveille de la robustesse et de la variabilité de cette espèce. La Chlarisse murmure avec douceur et fierté :
—Karlin saura survivre avec une quantité moindre de lumière solaire grâce aux épigènes de ton ADN que tu lui as greffés dès le début du rayonnement. Mon organisme ne les a pas : accepte-le je t'en prie, comme moi... Tu seras son ascendant comme moi : elle sera comme ton enfant.
—Chalio...
Voilà tout ce que Misah réussit à articuler dans le cou de sa Chlarissa. Il resserre son étreinte autour d'elle et dépose un baiser près de son oreille. Il plonge son regard dans les yeux fiévreux de Chalio puis il l'embrasse avec tendresse. Il ressent sur ses lèvres une faible chaleur irridescente, pâle écho de sa vitalité d'antan.
Suivant sa route programmée par l'humain, la plateforme poursuit son chemin silencieux dans le paysage brun et gris où les ombres s'allongent alors que le soleil se cache derrière l'horizon.
—Tu vas cesser de t'acharner à trouver un remède miracle pour moi, Misah. Les quatre semaines qui restent, je te demande de te mettre au service de la descendante des Chlarissa et de ne plus perdre ton temps en de vains essais.
—J'aurais tant voulu... te sauver. Je ne peux imaginer vivre...
La voix de Misah s'est cassée. Chalio prend son menton barbu dans sa main bourgeonnante et le fixe d'un regard tendre.
—Je sais et je n'en t'aime que davantage. Mais je capitule et je te supplie de faire ce que je te demande.
—Chalio, je ne pourrai pas survivre sans toi, proteste-t-il dans un souffle...
—Il le faudra bien petit être hétérotrophe ! réplique-t-elle, moqueuse. Et dire que je riais de ton absence de pigments photosynthétiques !
Chalio étouffe un rire qui l'essouffle rapidement, trop rapidement au goût de Misah qui laisse des larmes couler sur ses joues jusqu'au cou de sa bien-aimée.
—Ce monde m'était si bon, avoue Chalio. Je suis choyée de l'avoir connu si longtemps et qu'il m'ait conduite vers toi.
—Tu transcendais ce monde ma Chlarissa ! Je serai digne de l'amour que tu m'as donné.
—Je ne pouvais souhaiter de meilleur ascendant pour Karlin. À travers elle, je serai avec toi.
Doucement, la tête de la Chlarissa devient plus lourde sur l'épaule du terrien.
—Je ne la reverrai pas une dernière fois, murmure Chalio... La tenir contre moi et lui chanter son ascendance... Tu t'en souviendras ?
—Oui, je t'assure que je le sais, murmure l'homme les yeux mi-clos... tout en humant, sur la joue de Chalio, l'odeur fraîche qui s'évapore de sa peau.
—Alors, chante-moi le mien... maintenant, mon Misah. Le soleil se couche...
C'est une requête chuchotée en douceur... Le terrien réalise alors que sa Chalio voit sa fin proche et qu'elle lui demande une ultime faveur : celle de déclamer son ascendance. Cette lignée des Chlarissa, qui remonte à des êtres d'une autre galaxie, issue d'une planète engouffrée par une géante rouge et dont les élus furent exilés pour sauvegarder l'espèce.
Alors que la plateforme anti-g se déplace le long du fleuve gris, la voix grave et émue d'un terrien déclame, en une langue inconnue, la lignée de l'être qu'il a aimé, qui aura donné un espoir de survie à l'espèce humaine, la sauvant de l'extinction...
Chalio la Chlarissa exilée.
Sa Chlarissa... Salvatore... " Sauveur"
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Nouvelle écrite dans le cadre du concours de nouvelles de SF « Rêves d'androïdes et ses challenges" de @Sayadinah
Challenge 1 - « Mayhem » ou lorsque le chaos s'installe...
Elle fut élue en première position de ce challenge. =-]
Avril-Mai 2016
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Merci pour votre lecture, vote et commentaire...
Ça fait plaisir...
Gaïa ;)
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