Seul

Je me réveillai, ce matin, dans ce lit qui m'était inconnu. La pièce qui l'entourait ne m'était pas familière. Je me levai et constatai que je portais, comme seuls vêtements, un caleçon blanc et un short en tissu taché de boue. Je me dirigeai vers la fenêtre. La vue donnait sur un vieux village surplombé de grandes montagnes dont le sommet, si haut, paraissait toucher les nuages. Je connaissais cet endroit. Je m'y étais déjà rendu à maintes reprises. C'était là que vivaient mon grand-père et ma grand-mère avant son décès. Ou plutôt sa disparition car du jour au lendemain, mon grand-père n'avait plus eu de nouvelles. Le pauvre. Cette nouvelle l'avait abattu et depuis, il n'était plus que l'ombre de lui-même.

J'enfilai une paire de chaussettes, un t-shirt troué et des chaussures, trop grandes, trouvées dans une armoire. Je sortis de cette drôle de maison, composée d'une seule chambre, sans toilettes et sans cuisine et me mis à marcher en direction du village situé à une centaine de mètres en contrebas. L'air était glacial et le temps était gris. Tout me semblait plus gris d'ailleurs.

Je n'avais aucun souvenir de comment j'étais arrivé ici. D'ailleurs, je ne me souvenais pas de ce que j'avais fait hier, ni même des jours précédents. Mon souvenir le plus récent était mon anniversaire. Mais j'étais né en septembre et d'après la température actuelle, ce jour devait être passé depuis déjà deux ou trois mois.

J'arrivai au village et me dirigeai vers la maison de mon grand-père. Mais quelque chose attira mon attention. Il régnait un silence complet. Pas un bruit, pas même au loin. Un de ces silences que l'on ne trouve que dans les églises ou dans les cimetières la nuit. Un silence crispant, angoissant, terrifiant. Même le vent qui agitait les branches des rares arbres du village semblait s'être tu. Mal à l'aise, je continuai tout de même mon chemin, me repérant facilement entre les vieilles bâtisses, sur ce chemin que j'avais déjà parcouru de nombreuses fois. J'arrivai devant la porte entrouverte de la maison de mon grand-père.

-Grand-Papa ! criai-je.

Aucune réponse. J'entrai en fermant soigneusement la porte d'entrée et m'aventurai en direction du salon, pièce dans lequel il passait le plus clair de son temps depuis la disparition de ma grand-mère. La vieille télévision était éteinte. Je visitai les autres pièces mais ne trouvai aucune trace de mon grand-père. Je sortis de la maison et me mis à marcher dans le petit village. Tous les volets et toutes les fenêtres étaient fermés. Rien ne semblait indiquer une quelconque activité. La panique commença à m'envahir. Je me sentais seul, désorienté, perdu. Pris d'une peur sans nom, je me mis à courir dans les petites ruelles étroites. Où j'allais ? Je n'en avais pas la moindre idée. Loin. Loin de ce village. Loin de ce silence. Loin de cette solitude.

Alors que je m'approchai à vive allure des dernières habitations, j'aperçus une maison qui capta mon regard. Elle avait quelque chose de particulier, de pas commun. Ses murs étaient peints en jaune et elle semblait attirer toute la lumière environnante. Sa porte était ouverte comme si on m'invitait à y pénétrer. C'est ce que je fis, sans que l'idée d'un quelconque danger me traversa la tête une seule seconde. J'avançai dans cette maison et me rendit dans une petite pièce, en face de l'entrée, qui me semblait encore plus lumineuse que la maison elle-même.

Au moment même où je posai le premier pied dans cette salle, tout redevint gris. Il me fallut un petit instant pour reprendre mes esprit. J'avais l'impression de me réveiller d'un sommeil profond. Je pris un moment pour observer la chambre dans laquelle je me trouvais. C'était une sorte de bureau. Il était bien rangé mais une fine couche de poussière recouvrait les quelques meubles. Je m'approchai du bureau et ouvrit une grosse boîte rouge qui était posée là. À l'intérieur se trouvaient des photos. Des dizaines et des dizaines de photos. Je les regardai une par une. Elles représentaient toutes un homme ou une femme, à l'endroit exact où je me trouvais actuellement. Ils avaient tous l'air apeurés. Mais ce n'était pas simplement de la peur c'était plus que ça. Une intense terreur s'était emparée de leur visage.

Ses photos me mirent de plus en plus mal à l'aise. Je regardai les clichés un à un sans reconnaître personne jusqu'au moment où je vis ma grand-mère. Je n'avais jamais vu une telle peur dans ses yeux. Et cette même terreur m'envahit. Alors que je me retournai pour prendre mes jambes à mon cou, un puissant flash m'éblouit.

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