Le Prénom



Mes yeux s'ouvrent lentement. Je suis éblouie par la lumière. Comme si je n'avais pas eu de lumière depuis des décennies. Je sens le soleil réchauffer ma peau, je le devine à gauche ; sûrement une quelconque fenêtre. Le temps de m'habituer à mon nouvel environnement, une pression se fait sentir sur ma main. Un son étouffé me parvient.
Je baisse les yeux sur la présence, à mes côtés.
C'est une petite fille. Ses cheveux blonds, tombant sur ses épaules de manière irrégulière me semblent familiers.
Elle me fixe, sans un bruit, de ses grands yeux gris humides. La pression que je ressentais vient de ses mains : elle serre mes doigts comme une naufragée à sa bouée.
Elle semble confuse.

Un sourire naïf se peint sur ses lèvres, tandis qu'elle crie tout à coup :

« Elle est réveillée ! ». La pression sur mon bras se relâche, tandis qu'elle s'éloigne.

Je me sens repartir.

Quelque part, une porte s'ouvre. Je sombre à nouveau dans l'obscurité.

Lorsque je les rouvre, la pièce est envahie par les couleurs, des bruits m'assaillent de toute part.
Je tente de m'habituer à la cacophonie ambiante.
Une dizaine de personnes sont présentes : 3 habillées de blancs, sûrement des membres du personnel hospitalier ; ainsi que d'autres habillés assez simplement. Les autres sont habillés en civil. Ils me regardent, joyeux.

Un homme, attire mon attention.

Ses cheveux sont en pétards, il porte un t-shirt froissé à l'effigie d'un groupe de musique ainsi qu'un jean sombre. Le logo sur son t-shirt retient mon attention.

Une fine couronne de fer, surmontant une aile de noire et un cœur grenat.

«-L'ai déjà vu. Me dis-je

Ses yeux ne me quittent pas. Des yeux sombres. Ils ne laissent transparaître aucune émotion. Sa mâchoire est serrée, comme si il grinçait des dents. Sous son regard, je me sens mal à l'aise.

Une femme en noir, la plus âgée du groupe s'avance vers moi, un sourire aux lèvres.

«- Bonjour Hélène. Me dit-elle

«Hélène. Hélène. Hélène»

«... Coma... Plusieurs jours... S'en sortir... Fille... Amis... Travail.. Docteur »
Je ne saisis que quelques mots. Mon esprit reste bloqué sur ce prénom. Hélène.

Le mien ?

Il ne me dit pourtant rien.

Je remarque alors que le silence s'est fait.

Plus personne ne me parle. Tous fixent l'enfant qui est de nouveau à mon chevet. Elle me serre le bras. Ses ongles me rentrent dans la peau.

« Bonjour ! Me dit-elle souriant, un air d'ange sur son visage.

« Bonjour, lui répondis-je d'une voix cassée, regardant ailleurs.

Une infirmière - que je devine à son uniforme - l'emmène en la tenant par la main.

«Il faut qu'elle se repose ».

La pièce se vide peu à peu. Les personnes sortent. L'homme reste un instant sur le pas de la porte, avant de s'en écarter. Je retiens par le bras l'infirmière. Elle me sourit, attendant que je parle.

« Qui sont ces gens ?»

À ces mots, son visage semble se glacer. Je devine une once de pitié au fond de ses prunelles.
Sa main fait pression sur mes doigts, me forçant à la lâcher.
Elle ressort précipitamment sans un mot, sans un regard.

La porte claque, seul bruit dans cette pièce aseptisée désormais en proie au silence.
« Qui suis-je ? »
Ma voix, atone, perce le silence pesant régnant dans la pièce. Pourtant, ce n'est qu'un murmure, qui me semble assourdissant.

Tout est blanc. Triste. Désinfecté. Plat. Comme moi, comme mon esprit, ma mémoire.

Vierge.

En même temps, dans ma tête; le chaos se déchaîne.

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