Un nuit glaciale partie 2



Il se réveilla dans la neige, dépourvu de combinaison, perdu au milieu de nulle part, seul. Cela ne se présentait pas bien, pas bien du tout. D'abord il devait se lever, mais le froid avait ce pouvoir engourdissant si puissant ! Néanmoins il était un battant à la formation à la dure. Il finit par y parvenir et à mettre un pied devant l'autre, peu importe la douleur que cela lui causait, il serait chanceux s'il évitait les gelures et resterait envie tant qu'il bougeait. Il observa les étoiles pour se situer et se diriger vers l'abri où était sans doute encore Lavrin, en espérant qu'ils ne l'aient pas jeté ailleurs dans la neige. Dans son état de désespoir son ami saurait-il avoir l'envie de survire assez forte pour se battre ? Il craignait que non.

Il tomba sur l'abri à la trappe encore grande ouverte, assise sur les marches se tenaient la naine. De sa poche secrète il sortit son arme avec laquelle il la menaça :

— Crie et je te tue ! Mens-moi et je te tus ! D'accord ?

— Oui. Je vous attendais de toute façon. Je ne vous ai pas perdu très loin.

— Ah oui ? Et mon ami qu'en as-tu fait ?

— Rien ! Papa s'en est occupé. Il est toujours à l'intérieur.

Pourquoi restait-elle si calme ?

— Tu as une explication ?

— Elle est venue l'autre jour, cette femme.

— Melinda ?

— Oui. On chassait dans la plaine. Quand on l'a vu qui se promener. On a paniqué et on lui a tiré dessus. Elle était vivante alors on l'a amené ici, à papa. Il a découvert alors avec excitation que c'était une pure !

— Vous n'en aviez jamais vu ici ?

— Non. Pas vraiment. Ceux du coin qu'on a pu croisés ressemblent à des purs mais ils ont des gênes d'impurs qui pourraient ressortir, pas elle. On l'a soignée et elle a commencé à parler. C'est comme ça qu'on a appris qu'elle venait des planètes centrales totalement expurgés et que son fiancé était ici en sa compagnie. Alors papa lui a réclamé en remerciement qu'elle l'épouse et lui fasse de nouveaux enfants, des enfants qui auraient des gênes pures, qui lui permettrait de sortir à la surface. Elle a refusé, papa n'a pas apprécié, ils se sont battus et il l'a tué. Alors il m'a fait déposer le corps là où on l'a croisé, suffisamment près des habitations pour qu'on la retrouve, suffisamment près de chez nous pour qu'on espère y croiser son fiancé.

— Pourquoi ?

— Mon père veut le faire épouser à ma sœur.

— Ce n'est qu'une enfant ! protestais-je outré.

— Dans quelques années voyons ! D'ici là il attendra.

— Pourquoi elle ?

— Ma sœur a l'air normal. Elle pourra aller à la surface mener une vie de pure, avoir des enfants qui sembleront pures. Moi je n'ai pas cette chance.

— Pourquoi me dis-tu tout cela ?

— Parce que ce n'est pas bien. Et puis j'avoue que je suis un peu égoïste, je ne veux pas finir seule là-dessous.

— Je peux entrer ?

— Oui. Mais soyez prudent, tout le monde dort !

Il s'engagea à l'intérieur, l'arme dégainée, prêt à tirer.

Tout était silencieux, désert. Il contourna un immense tapis enroulé sur lui et pendu au plafond, découvrit l'enfant et Makar allongé chacun dans une chambre hermétique. Il continua l'exploration à la recherche de son ami, mais ne l'apercevant il retourna sur ses pas. Il se prit le tapis qui lui parut bien trop solide. En levant les yeux vers lui il découvrit emmitouflé dedans un corps. Intrigué il toucha le tapis du bout des doigts et sentit un frisson résonner dans ses doigts. Ce n'était pas un tapis, c'était un phaseur. On en utilisait plus depuis très longtemps, ces derniers s'étant révélés dangereux. Il plongeait celui qui s'y emmitouflé dans une « phase », inconscient, le corps arrêter de vieillir jusqu'à qu'il en sorte. À l'époque on l'utilisait sur des longues périodes, pour les premiers voyages galactiques qui étaient moins rapides. Mais les sujets étaient souvent perdus à leur réveil, instable psychologiquement, et avait des tendances suicidaires, quand ils se réveillaient. Cela était passé de mode depuis un bon siècle, voire deux. Décidemment il n'y avait que des antiquités ici.

Darcy avec panique l'ouvrit et son ami tomba comme une poupée de chiffon dans ses bras. Il grogna sous le poids et l'allongea. Lavrin battit des paupières, sa poitrine se soulevait. Bonne nouvelle il était en vie. Il ne devait pas avoir passé plus d'une heure ou deux là-dedans, a aussi court terme cela ne devait pas avoir trop d'effets négatifs. Non ?

Son ami posa son regard brun sur lui.

— Darcy ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Tu te souviens de Makar ?

Il fronça les sourcils finit par souffler :

— Oui !

— Alors tu comprends qu'on doit partir !

— Non. Il a tué Melinda !

La haine, la fureur se lisait sur le visage de l'homme en deuil.

— Il te l'a dit ?

— Oui. Quand tu t'es effondré. Juste avant qu'il... Je ne sais pas trop ce qu'il m'a fait. Mais il veut que j'épouse sa fille dans quelques années.

— On en parlera plus tard. Partons !

— Non. Pas tant qu'il est en vie.

Et il se dirigea vers les chambres hermétiques. Darcy le suivit bien sûr, que pouvait-il faire d'autre ? Il ouvrit celle de Makar, ce qui le réveilla mais alors qu'il se levait Lavrin tira sur lui une fois, deux fois, trois fois et encore dix fois, déchargeant sur lui tout son chagrin, sa rancœur.

— C'est pour Mélinda ! hurla-t-il au premier coup avec une exaltation cruelle.

Darcy aurait voulu l'arrêter, mais il ne savait que faire. Son ami semblait fou. L'arrivée des deux filles qui hurlèrent d'effroi à la vue du corps de leur père le tira de sa rage. Il se tourna vers elles, pointant son arme dans leurs directions.

Darcy se jeta alors devant elle sans réfléchir.

— Ne fais pas ça ! Elles sont innocentes. Tu as tué le responsable. Maintenant fais ton deuil parce que ça ne te l'a pas ramené, ça ne t'a même pas apaisé. Tu as juste tué un homme.

Son ami l'observa un moment, perdu, son visage réfléchissant sa détresse. Puis il baissa son regard vers ses mains, lâcha le pistolet et s'écoula à genou, la tête plongée dans ses mains, sanglotant et répétant le nom de celle qu'il avait perdue. Darcy s'approcha avec douceur, s'agenouilla face à lui, ignorant que faire. Il posa une main consolante sur son épaule :

— Je suis là !

— Et puis ce n'est pas grave ! Tu m'as moi ! déclara la petite fille derrière son épaule.

Cela le fit taire. Il leva la tête, le regard vide.

— Rentrons ! Je ne veux plus jamais mettre la pied dans cette maison de fou et d'assassins !

Et il partit vers la sortie machinalement. Darcy le suivit, abandonnant les sœurs sans un regard pour elles. Il réussit à rappeler à son ami de mettre des combinaisons qu'ils trouvèrent à la porte, celui-ci s'exécuta machinalement et ils repartirent dans la neige vers le confort de la maison.

Darcy se demandait si son ami était ainsi à cause de ce chagrin suite à la mort de celle qu'il aimait, de son meurtre ou si ce n'était pas un contrecoup de la phase. Quoi qu'il en soit il allait devoir rester près de lui plus longtemps que prévu pour s'assurer qu'il s'en remettrait.

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