Le voilà de retour. Ce mal qui vient et revient encore me dévorer depuis tant d'années. Il s'installe dans mon bas ventre, me met au supplice et m'empêche de tenir debout. Parfois j'ai l'impression que mille poignards sont logés en moi, parfois j'ai l'impression que quelqu'un m'ouvre le ventre et fouille dans mes entrailles. J'aimerais que cela cesse, j'aimerais que mon ventre arrête de hurler sa douleur, j'aimerais que ma tête ne tourne pas autant et j'aimerais que mes jambes puissent me porter. Mais cela va continuer quelques jours encore. Quoi que je fasse, rien ne l'apaisera. Je voudrais juste pouvoir hurler de douleur, hurler à m'en rouler par terre et supplier qu'on m'enlève tout ça. Puisque ça ne fonctionne pas à quoi bon le garder ? Qu'on le supprime et que le mal ne revienne plus.

Mais il m'en empêche.

Cet autre mal qui lui ne me quitte jamais. Celui-là on dit qu'il est dans ma tête, que ce n'est pas physique. Et pourtant c'est mon corps qui toujours en a  fait les frais. C'était lui que j'essayais de détruire. C'est lui qui est allé mieux quand j'ai cru avoir vaincu.

Mais je ne l'ai pas vaincu et ne le vaincrais jamais. Il attendra toujours là, au fond de moi, que le moment vienne pour se réveiller. Et sous quelle autre forme plus perverse encore?

Car il est bien revenu une première fois, flottant derrière moi, pesant sur mon épaule, à chaque instant et d'une manière tellement différente. Je ne veux plus me faire mal, je ne veux plus en finir. Maintenant je ne suis plus que langueur. Il m'a enlevé toute volonté, tout désir, tout appétit, toute joie. Je ne suis plus qu'une coquille vide. Il n'y a que la douleur, le désespoir. 

Et même ça je ne le combats plus. Je le laisse juste m'envahir et me porter. A quoi bon lutter quand rien ne peut aller mieux ? Je suis au fond du gouffre et je sais que je n'en sortirais jamais.

Je suis son esclave et c'est mon corps qui en fait les frais. C'est lui qui ne veut plus bouger, c'est lui que je cache et que je maltraite. C'est lui que je punis de manière plus pernicieuse qu'avant.

Je suis dans un tourbillon de douleur et je m'y laisse porter.

Publié à l'origine dans C'est ici qu'on parle de moi le 12/11/16