Les filles Egerton partie 2


Et les jeunes filles quittèrent Londres après des semaines enchanteresses, en compagnie de leur frère, son épouse et Hugh Jenkins. Paulina espérait que ce dernier fait enterrerait définitivement un possible mariage entre son aînée et William Candell. Ces derniers jours, depuis le souper où la cadette avait présenté Hugh Jenkins comme le futur époux de sa sœur, celle-ci s'était déjà plainte du froid qui s'était installé avec William sans qu'elle puisse en deviner la cause. Elle n'eut définitivement plus de nouvelle, pas la moindre lettre une fois rentrée à la maison. Hugh Jenkins en profita pour demander sa main. Mais Elizabeth lui opposa un refus. Vexé il partit immédiatement, Paulina, elle, s'inquiéta pour sa sœur, avec ce refus elle venait d'éloigner un trop bon parti, elle garantit alors à Hugh de revenir faire sa demande d'ici quelques semaines, que sa sœur répondrait alors positivement.

— Mais enfin qu'est-ce qui t'as pris Elizabeth de lui dire non ? se plaignit-elle néanmoins une fois qu'il fut parti.

— Comment peux-tu ne pas comprendre ? Je ne veux pas l'épouser !

— Mais enfin il est un bon parti.

— William était un bon parti et lui je l'aimais. Je ne comprends toujours pas ce qui a bien pu se passer.

— Ton amour passera...

— Non Paulina. Je l'aime vraiment. Et je ne peux pas m'imaginer passer ma vie aux côtés d'un autre.

Effectivement sa sœur semblait avoir un chagrin qui ne s'effaçait pas. Paulina commençait à se demander si elle n'avait d'ailleurs pas eu tort quand une lettre de Londres lui parvint, écrite par Richard Crosby. Quelle étrangeté. Elle ouvrit la lettre perplexe.

Miss Egerton, puisque le moment n'est pas encore trop tard et que William m'a toujours dit du plus grand bien de votre sœur je ne peux que vous révélez la vérité pour la sauver d'une union qui scellerait sa fin.

Contrairement à ce que vous dites je connais Monsieur Jenkins. Je le sais ruiné et coureur de dot puisqu'il tenta de dérober celle d'Emilia Roworth, la fille de mes voisins à Londres qui l'ont rencontré lors de leur dernière saison à Bath. Heureusement pour eux ils ont découvert l'état de sa fortune avant qu'il ne soit trop tard.

Quant à Desdemona sachez que c'est une très mauvaise langue qui à l'heure où je vous parle raconte des horreurs sur votre sœur à son frère qu'elle tiendrait de vous. Je sais que vous aimez votre sœur et que jamais vous ne l'auriez trahi si ces racontars avaient étaient véridiques, comme je sais qu'ils ne sont que mensonges. Desdemona voyez-vous, comme vous, ne jure que par un époux plus fortuné, mais elle est prête à tout pour cela. Dont éloigner votre sœur qui non seulement signifierait que son argent ne diminuerait que plus si répartie entre trois et non plus deux, mais surtout qui vois en vous une rivale, croyant que je vous fais la cour alors qu'elle espère devenir mon épouse moi qui suit un peu plus aisé qu'eux et qui n'ait que moi à entretenir.

Maintenant que vous avez ces informations faites-en ce que vous en désirez. J'ai fait mon devoir. Mais croyez bien que je pense que votre sœur et vous êtes des filles bien et méritez mieux que cela.

La surprise s'empara de Paulina, puis le choc et la honte. Elle avait failli précipiter sa sœur dans un mariage malheureux qui ne lui aurait apporté ni joie, ni richesse et pire elle s'était comportée comme Desdemona, manipulant pour obtenir plus de fortune. Ce n'était pas du tout ce qu'elle voulait. Ni ce qu'elle voulait être.

Alors elle prit la plume et envoya une longue lettre de remerciement à Richard Crosby, lui demandant pardon et l'implorant d'aider sa sœur à se réconcilier avec William Candell. Puis elle partit retrouver sa sœur pour lui confesser tout le mal qu'elle avait fait.

Elizabeth fut choquée, probablement peinée, mais ne le montra pas.

— Tu veux bien me pardonner ? demanda néanmoins Paulina.

— Pardonner ? De quoi ? Je ne t'en ai jamais voulu et ne t'en voudrais pas. Tu as fait ce que tu croyais juste et tu as su te rendre compte de ton erreur. J'espère que maintenant tu m'écouteras quand je t'explique que l'amour vaut toutes les fortunes du monde.

Paulina s'en voulut encore plus, car sa sœur avait si bon cœur et qu'il était brisé à cause d'elle. Elle ignorait que faire, jusqu'à ce que plusieurs jours plus tard Richard Crosby débarqua à la maison, demandant à lui parler.

Ses parents, après la lettre et maintenant la visite, conclurent que le jeune homme espérait l'épouser et acceptèrent donc de bon cœur. Paulina en était consciente et peu lui importait, le bonheur de sa sœur était en jeu, elle pourrait toujours détromper ses parents plus tard.

— Je suis surprise de vous voir ici, commenta-t-elle.

— Je viens aider votre sœur et mon ami à renouer et conclure de belle manière toute cette histoire. Je tiens vraiment à William et je sais qu'il en souffre beaucoup. Alors je vais faire mon possible.

— Je vous remercie. Pour tout. Sans vous j'ignore ce qui serait arrivé.

— N'y pensons plus. Officiellement je suis là pour vendre Eastland au nom de mon ami. J'ai déclaré avoir envie d'un peu d'air de la campagne à William il m'a délégué cette tâche sans souci. Et comme je ne connais que vous ici il est normal que je m'appuie sur votre famille pour m'aider et donc que nous passions tous beaucoup de temps ensemble, ici ou quand je vous inviterais pour vous remercier.

— Cela me semble juste, approuva-t-elle mais ne voyant pas l'intérêt de tout cela.

— Votre sœur devra être là à chaque fois. Je vais lui parler de William, lui transmettre ses amitiés, lui donner des nouvelles et dans mes lettres pour Londres je parlerais beaucoup de vos visites et donc de votre sœur, de votre sœur qui se préoccupe encore de lui.

— De mon côté je pense lui écrire d'ici quelques temps une lettre d'excuse et d'explications que vous lui remettrez avec une de vos lettres, ajouta Paulina la tête basse.

Elle le devait. William Candell avait toujours été bon avec elle alors même qu'elle avait comploté à faire son malheur.

— Très bien. Je la transmettrais. Alors peut-être que s'il vous répond, osera-t-il également adresser quelques lettres à votre sœur.

— Elle se hasarderait alors à lui répondre, supposa Paulina.

— Et quand la vente sera sur le point d'aboutir je lui prierais de venir pour qu'il la conclue. Ou peut-être n'en aurais-je même pas besoin, puisqu'il voudra voir votre sœur et lui demander sa main.

— Alors je pourrais enfin me regarder dans un miroir. Et je ne cesserais jamais de vous êtes reconnaissante, conclut la jeune fille.

— Vous pensiez faire le bien et avez bien agi une fois toutes les cartes en main, ne vous jugez pas trop sévèrement, la consola Richard Crosby

Et tout se passa selon leurs vœux. Les Egerton eurent à cœur d'aider au mieux un ami de leur fils qui avait été si bon avec leurs filles, Monsieur Crosby qui n'était que bonté les invitait régulièrement chez lui et aimait passer son temps libre en leur compagnie, surtout celle des deux jeunes filles. Avec Elizabeth ils discutaient beaucoup de William, ce qui redonnait le sourire et de l'espoir à la jeune fille et avec Paulina ils parlaient de bien des sujets, la lecture, la société et William Candell qui semblait lui aussi retrouver espoir et bonheur au fur et à mesure des lettres reçues. Et quand Paulina lui envoya sa lettre d'aveu, pleine d'excuse, il en renvoya trois, la lettre habituelle pour son ami, celle qui répondait à Paulina avec bonté lui expliquant qu'il ne pouvait que pardonner à quelqu'un qui n'avait que le même but que lui, rendre Elizabeth heureux, en espérant que désormais ils viseraient cet objectif de la même manière, et la dernière pour Elizabeth qui remplit la correspondante de joie à sa seule vue.

À partir de ce jour-là William Candell échangea autant avec son ami qu'avec celle qu'il aimait. Et il vint lui-même quelques temps plus tard, seul, ayant laissé Desdemona à la surveillance d'amis, pour s'occuper de la vente de ses terres mais surtout afin de demander sa main à Elizabeth.

Quand il débarqua ce jour-là à la maison, Elizabeth eut un visage plus radieux que jamais à la vue de celui qui lui avait tant manqué et elle accepta la demande immédiatement, savourant le bonheur qui lui arrivait enfin.

Malgré la présence de son ami, Richard lui ne quitta pas Eastland. Car si le plan s'était déroulé comme prévu, un petit imprévu avait débarqué. Paulina avait senti sa gratitude envers lui devenir un sentiment plus tendre et plus pur, sentiment qui s'était aussi épanouit dans le cœur du jeune homme. Il ne désirait plus que cette maison soit vendue et devoir quitter celle qu'il aimait. Mais le jour approchant il dû reconnaitre qu'il ne pourrait y échapper, ni qu'il ne pourrait échapper à ce qu'il ressentait pour la plus jeune des Egerton. Alors un beau matin il lui demanda sa main, qu'elle lui offrit avec joie. Elle comprenait plus que jamais qu'un mariage heureux ne pouvait être qu'un mariage rempli d'amour, maintenant qu'elle aussi ressentait ce sentiment.

Et tous les quatre se marièrent, à une semaine d'intervalle, à Londres quelques mois plus tard. William Candell avait pu sans aucun souci, avec l'argent obtenue par la vente d'Eastland, s'installer dans une jolie demeure, pas très loin de son ami au plus grand bonheur des enfants Egerton qui se voyait chacun habité à quelques pas de l'autre. Surtout que Desdemona n'était plus une bouche à nourrir. Cette dernière, pendant le dernier séjour de son frère à Eastland, s'était enfuie avec Hugh Jenkins pour l'épouser persuadé de faire leur richesse l'un comme l'autre mais ils furent juste renier par leur famille pour leur attitude déplorable. Paulina et Elizabeth au contraire elles étaient deux femmes au grand cœur qui eurent une vie pleine de bonheur.


Cette nouvelle vous a peut-être paru avoir des airs de Jane Austen et c'est parce que justement je voulais m'essayer à la romance régence qui reprend un peu le même concept et surtout le même cadre que ceux de la grande écrivaine anglaise. Je me suis bien amusée à le faire, mais est-ce que c'est bien fait c'est à vous de juger.

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