Le choix de Proserpine


Son regard se posa sur un narcisse. Elle était si belle. Proserpine voulait la cueillir. Elle s'écarta des nymphes pour la saisir et l'ajouter à son bouquet. Elle avait le cœur léger alors et insouciant.

Sous ses pieds la terre s'ouvrit alors et un cri lui échappa tandis qu'elle tombait sous terre. Elle tomba encore et encore toujours plus profondément sans qu'elle ne puisse rien faire. Déesse elle était mais impuissante elle se sentait alors. Enfin sa chute s'acheva et des bras la rattrapèrent. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise tandis qu'on la posa à terre.

— Pluton ? Qu'est-ce que je fais ici ?

— Je t'ai enlevée Proserpine pour que tu deviennes mon épouse et règne avec moi sur les enfers.

Surprise elle haussa un sourcil.

— Ce ne sont pas là des manières convenables d'agir, fit-elle remarqué, maman...

— Cérès n'a rien voulu savoir. Mais vous êtes une femme Proserpine, une déesse même, vous êtes capable de prendre une décision par vous-même.

Avant qu'elle puisse exprimer la sienne il la coupa :

— Laissez-moi d'abord vous montrer mon royaume, celui qui sera votre si vous accepter de devenir ma compagne.

— Je ne sais pas si c'est raisonnable. Maman...

— Cérès n'est pas ici et ne sait pas où vous êtes. Vous n'avez jamais été aussi libre. Voulez-vous retournez auprès d'elle et de nouveau vous retrouver isolée et jalousement gardée ?

Proserpine se rangea à son avis. Sa mère la récupèrerait assez vite.

— J'espère que vous êtes d'une agréable compagnie dans ce cas.

Elle lui prit le bras et avec lui traversa les enfers.




Sa mère ne se montra pas avant un moment. Et elle en fut ravie. Elle qui avait toujours vécu à l'écart avec des nymphes pour seules compagnie, en ne voyant jamais rien que sa petite île apprécia les enfers. C'était un lieu vaste et étendu peuplé de millions d'âme. Chaque jour de nouveaux venus arrivait, des nouvelles histoires à entendre, des nouveaux visages à découvrir, des nouvelles personnalités à apprivoiser. Elle ne s'ennuyait jamais. Surtout que Pluton était réellement 'une agréable compagnie. Doux et attentionné il lui avait promis de partager totalement son trône avec elle, que les champs Élysées serait son jardin. Et contrairement à ce qu'elle avait pu s'imaginer sous terre elle trouva quand même une florissante nature. Plus le temps passait moins elle en éprouvait l'envie de rentrer. Alors quand Jupiter, son propre père, débarqua un jour, son cœur rata un battement.

— Proserpine ta mère ne veut rien entendre et refuse d'assumer ses tâches en ton absence. Je suis donc obligée de te ramener, expliqua-t-il.

Son cœur se déchira à cette idée. Elle se tourna vers Pluton, en silence, la mine défaite. Encore une fois il était celui qui devait tout sacrifier. Le reste de sa famille le traitait avec si peu de soin quand il était l'homme le plus gentil qu'elle ait jamais rencontré.

— Pluton est-ce ce que vous désirez ?

— Non mais j'obéis à mon frère le roi des dieux. S'il veut que vous rejoigniez votre mère alors je ne peux que l'accepter.

— Emmenez-moi une dernière fois dans le jardin alors !

À son bras elle rejoignant le luxurieux jardins aux nombreux arbres fruitiers.

— Ne pouvez donc rien faire pour me garder près de vous ? demanda-t-elle.

— Est-ce là ce que vous désirez réellement ?

— Oui, affirma-t-elle sans hésitation.

Car reprendre sa vie aux côtés de sa mère ne l'intéressait nullement. Et que vivre loin de lui, l'abandonnant à sa solitude brisait son cœur.

— Votre mère est réellement furieuse et désespérée. Elle ne veut rien savoir.

— Vous m'avez demandez à mon arrivée de prendre une décision. Je peux désormais le faire. Et c'est vous et les enfers que je choisi. Ma mère doit le respecter.

— A-t-elle un jour écouté ce que vous désiriez ?

Elle pâlit. Il disait vrai. Jamais sa mère n'avait même songé lui demander son avis et l'avait isolé sur une île à l'abri des regards.

— Non vous avez raison. Donnez-moi un fruit !

Pluton l'examina surpris.

— Un fruit. Vous savez ce que signifie consommez quelque chose des enfers ?

— En effet. C'est pourquoi je vous le demande.

Cueillant une grenade, il l'ouvrit et la tendit à Proserpine. Sans aucune hésitation elle saisit entre ses doigts les graines et les glissa dans sa bouche scellant son destin au trône des enfers. Plus jamais personne, ni sa mère, ni quiconque ne prendrait de décision pour elle. Elle serait reine, épouse, parce qu'elle l'avait choisi. Au côté de celui qui lui avait offert pour la première fois de prendre les rennes de sa vie. 

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