Une secousse se propagea dans le vaisseau. Il allait mourir. C'était fini. Allongé sur le sol, trop faible pour bouger, combien de temps lui restait-il ? Il pensa à Leonara, a ses yeux bleu foncés qui l'avaient séduit dès qu'il l'avait vue.

On lui avait pourtant dit de ne pas croire à l'amour ou au coup de foudre, ça ne lui arriverait probablement jamais. Et puis quand un jour elle avait débarqué dans la station spatiale, qu'ils s'étaient croisés, elle l'avait regardé sans aucun mépris, lui avait souris avec bonté et lui avait même dit un mot gentil, suivi de quelques questions dont elle écoutait les réponses avec intérêt. Elle était différente de tous ces ingénieurs qui venaient habituellement. Il avait été conquis dès le premier regard, elle n'avait pas tardé à l'être. Ils avaient alors vécus de magnifiques moments. Dire que personne n'avait cru en eux. Luc, le chef des concepteurs, lui avait dit que cela lui passerait. Et pourtant il mourrait en l'aimant toujours. A jamais.

En songeant à elle, à leur belle histoire, sachant qu'elle était toute proche, il se dit qu'il fallait se battre. Pour elle.

Pour eux.

Cela ne pouvait pas finir ainsi, sans même un adieu.

Il prit appui sur ses coudes en gémissant. Il pouvait le faire. Il agrippa la rambarde, se mit à genou, puis se força à se lever. Sa tête tournait. Son corps hurlait de douleur. Comment était-ce possible ? Cela aussi ne pouvait lui arriver n'est-ce pas Luc ? Et pourtant il avança petit à petit une jambe flageolante après l'autre, en luttant contre le mal qui montait dans sa jambe et se répercutait dans tout son corps dès qu'il posait un pied au sol. Il devait se tenir à la rambarde, ayant l'impression de chuter. Il fallait continuer, pour Leonara, le centre de données n'était pas loin. De là-bas il pourrait envoyer un message à la Terre et peut-être que tout irait mieux.

Pour Leonara.

Il avançait en pensant à elle, à son rire, au contact de sa main dans la sienne. Il voulait encore connaître ça. Il ne voulait pas mourir sans l'avoir revu une dernière fois. Que s'étaient-ils dit la dernière fois ? Quel avait été son dernier mot échangé avec elle ? Une banalité sans doute. A bientôt ou bon courage.

Enfin il atteignit la porte. Il appuya sur le bouton et la porte s'ouvrit. Il devait lâcher la rambarde maintenant. Il le fit en tremblant de tous ses membres et s'appuya contre le mur, se sentant tomber. Il pénétra dans la salle et s'effondra dans un des fauteuils à roue. La salle était dans un désordre complet, des fauteuils étaient tombés, des tasses et des ordinateurs aussi. Il s'avança jusqu'à un poste et s'y connecta d'un simple toucher. Un peu de vigueur semblait l'envahir.

— Contactez Leonara Berry ! ordonna-t-il.

La visio conférence se mit alors en marche. Le visage de sa bien-aimée, toujours souriant, apparu. L'horreur se peignit sur ses traits en le voyant.

— Oh mon dieu Malo que s'est-il passé ? Tu vas bien.

— Non. Il y a eu un accident. Un vaisseau est arrivé sur nous, le pilote a dû perdre le contrôle. Notre aile est complètement dévastée et coupé du reste de la station. Je crois qu'on est en train de dériver. Ou de tomber sur Terre.

— Je vais faire venir une équipe de secours immédiatement. Tu restes en alimentation...

— Je ne me sens pas très bien Leonara. Je ne peux plus... Je crois que j'ai un court-circuit.

— Alors mets-toi en veille ! On viendra te chercher et te requinquer.

— Je t'aime. Je t'aurais toujours aimé.

— Je sais Malo. Moi aussi. Mais ne t'en fais on sera réuni. Mets-toi en veille mon amour. Une équipe arrive.

Il l'observa une dernière fois, ne la quitta pas des yeux, ignorant si l'équipe pourrait faire quelque chose, alors que son doigt pressait le bouton sur sa nuque. Son corps s'effondra comme une poupée désarticulé sur le siège, les yeux grands ouverts, mais vide de tout expression.

Ce texte est la réponse à un tag de DreamEatRead11, publié originellement dans mon RandBook le rose est ma couleur et tout ce que vous voulez savoir sur moi le 25/01/2018 qui consistait à écrire un tag sur une chanson que j'écoutais à l'époque de ma jeunesse, ici me passer de toi de Billy Crawford.