Courant conscient

— Gentil pêcheur, s'exclama une voix, jusqu'où tes filets peuvent-ils plonger ?

Le vieux pêcheur qui savourait le calme de son bateau sursauta, cherchant partout autour de lui. N'apercevant personne il songea qu'il avait dû rêver.

— C'est moi le fleuve qui te parle. Oui le fleuve. Je sens que tu as bon cœur. Et j'ai besoin de ton aide à toi qui a des bras.

— Quel genre de service peux-tu vouloir ?

Le fleuve lui paraissait si puissant à ses côtés qu'il ne comprenait pas en quoi il aurait pu être utile.

— Vois-tu au fond de mes eaux repose une vieille pelle rouillée qui salit mes eaux. Peux-tu la récupérer pour moi et sauver mes poissons et autres êtres vivants qui tombent malade à cause d'elle.

Avec son filet, guidé par la voix du fleuve il retrouva et remonta l'objet incriminé.

— Je te remercie gentil pêcheur. Que puis-je t'offrir en échange de ce service ?

— Je ne veux rien. Je suis très bien comme ça.

— Alors laisse-moi remplir tes filets pour cette fois. Sois heureux mon bon pêcheur.

En rentrant son épouse éreintée le morigéna quand il lui conta son aventure.

— Ne pouvais-tu pas penser à notre famille, une maison plus grande, la richesse pour ne plus avoir à s'inquiéter de quoi que ce soit, tu aurais dû demander plus. Tu aurais quoi qu'il arrive pêcher des poissons. Retournes-y ! Demande-lui !

Alors il fit ainsi. Mais le fleuve ne voulut rien entendre.

— Je t'ai sacrifié e précieux poissons. Tu veux quand même que je t'offre encore quelque chose.

— C'est ma femme, elle est fatiguée, elle souffre beaucoup. Elle veut que nous vivions à jamais dans la tranquillité. Je n'aurais alors plus jamais besoin de pêcher.

— Soit. Va. Son vœu s'est déjà réalisé.

En effet en rentrant il trouva une maison plus grande que la sienne et dedans un coffret qui se remplissait d'or aussitôt qu'on en retirait une poignée. Mais la richesse du vieux pêcheur fit jaser le voisinage. Un soir, il s'enivra à la taverne pour retrouver un peu du calme qu'il avait perdu depuis qu'il ne pêchait plus. Les hommes lui tirèrent alors la vérité.

Chacun alors convoita richesse, ou biens qu'il n'avait pas. Ils balancèrent des déchets dans le fleuve et promirent de les ramasser si en échange ils obtenaient ce qu'ils désiraient. Mais ce n'était jamais assez. Certains en voulait toujours plus, d'autres ne supportaient pas que leur voisin ou un rival pensa à mieux et demanda quelque chose de mieux. Le fleuve devint alors une décharge. Au point de ne plus accepter de répondre. Malade.

Le gentil pêcheur alors avec d'autres voisins au cœur plus noble s'organisèrent pour le nettoyer mais cela ne paraissait jamais assez.

Puis une nuit le courant gonfla et envahit le village, coulant des maisons, inondant les caves, emportant les biens mal acquis. Puis il se retira pour rejoindre son lit. Les jardins, les rues étaient couverts des immondices qui avaient été jetés dans l'eau et les bienfaits emportés par l'eau. Les seuls épargnés furent les cadeaux offerts à ceux qui avaient tenté de nettoyer le fleuve. Plus personne alors ne demanda alors rien au fleuve qui resta silencieux pour tous.



J'ai de nouveau bien dépassé et pourtant je trouve que tout est en accéléré. En tout cas petite fable aujourd'hui. 

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