Le tiroir de la salle de bain p2

Le lendemain, plus question de son enquête. Ce qui importait, c'était Mycroft.

Mais quand il se réveilla, l'homme d'état l'embrassa, il se leva et se prépara comme si de rien n'était. Greg en fut un peu déboussolé.

-Mycroft ?

Celui-ci se retourna vers lui alors qu'il était en train de reboutonner sa chemise.

-C'est bien moi.

La réponse de l'homme auburn le destabilisa encore plus. Il cligna plusieurs fois des yeux alors que l'homme d'état s'habillait. Greg se racla la gorge avant de réussir à parler.

-Euh... À propos d'hier ?

Le gouvernement anglais tourna sa tête.

-Hier ? Ah, hier. Oui ?

Greg ravala sa salive. Jamais, depuis la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, la voix suave de Mycroft n'avait été aussi froide. Ça l'effrayait un peu.

-Je suis désolé d'avoir fouillé dans tes affaires...

Mycroft hocha la tête et détourna les yeux.

-Je suis désolé que tu m'aies vu comme ça.

Greg roula des yeux.

-Ça, c'est pas une excuse. Un voleur s'excuse d'avoir volé, pas de s'être fait prendre.

Mycroft haussa un sourcil. Soupira. Recommença.

-Je suis désolé de m'être mis en colère.

Greg secoua la tête.

-Tu n'as pas à t'excuser comme ça. J'ai fouillé dans tes affaires. Je suis en tord.

-Ce n'est pas le sujet Greg. Chercher à qui est la faute est inutile.

Greg hocha la tête, mit un peu d'espoir dans sa voix, esquissa un sourire.

-Tu me pardonnes ?

-Honnêtement ? J'aimerais. Mais il y a plus de paramètres dans tout ça que seulement mon vouloir. Beaucoup d'émotions et de souvenirs... Et toi tu me pardonnes ?

-Je n'ai pas pensé à t'en vouloir une seconde. Ta réaction était parfaitement cohérente.

Mycroft avait fini de boutonner sa chemise. Il se retourna.

-J'aimerais bien être comme toi, parfois. Comment tu fais pour pardonner si facilement ?

Greg haussa les épaules.

-Je ne sais pas vraiment. Je suis plus vieux que toi, j'ai plus d'expérience, ça doit être ça.

Mycroft roula des yeux. Greg continua, essayant de paraître convainquant.

-Et puis, enquêter avec Sherlock Holmes, ça demande quand même pas mal de recul.

Il continua en voyant l'air de grand frère protecteur qu'avait pris son amoureux.

-Pas que je ne l'aime pas, bien sûr. C'est un très bon ami, mais il m'a mit plus d'une fois dans une position compliquée avec ses déductions. Et puis, avec ton poste, tu n'as pas vraiment à pardonner.

-Mouais....

-Mais c'est pas grave si tu as du mal à pardonner et que tu as besoin de t'éloigner un moment. Je comprendrais, hein.

Mycroft haussa les épaules, prit un instant de réflexion et secoua la tête.

-J'ai besoin d'être à tes côtés. Je pense. Plus que d'être seul.

Greg hocha la tête. Mycroft poursuivit d'un ton un peu radoucit.

-Ce sera juste un peu différent d'avant, pendant un moment.

Greg lui sourit.

-C'est déjà ça. Je suis vraiment désolé. J'aurais dû te demander avant d'aller voir.

Mycroft soupira et s'assit sur le lit en face de lui.

-Ce n'est plus la peine de t'excuser. Il y a un truc qui m'interroge.

Greg leva un sourcil.

-Je t'en prie, dis moi.

-Pourquoi le tiroir n'a pas explosé ? Il était censé exploser si on essayait de l'ouvrir...

Gregory souffla du nez un peu amusé.

-Tu n'est pas le seul à avoir eu l'idée. J'ai vu une série où le héros faisait la même chose pour protéger un objet très important. Et j'ai senti le trou en ouvrant le tiroir.

Mycroft eu un air grognon.

-Et toi, tu peux m'expliquer pourquoi tu gardes des bougies dans un tiroir secret de la salle de bain ?

Mycroft détourna les yeux et mordilla sa lèvre inferieure.

-Je suis obligé ?

Gregory secoua la tête.

-Je ne te forcerai jamais à rien mon amour. Sauf peut être à manger mes petits plats que je prépare avec amour.

L'aubrun esquissa un léger sourire. Son visage etait de suite bien moins froid et dur.

-Je ne sais pas si j'ai la force de t'en parler tout de suite... Je n'ai pas très envie que des gens le sachent...

Greg hocha la tête.

-Tu sais que je ne répéterai jamais rien, et que je ne jugerai pas. Je ne te couperais même pas.

-C'est plus facile à dire qu'à faire.

Greg soupira.

-Chéri. Tu peux me faire confiance pour les secrets, crois moi.

Mycroft détourna les yeux et soupira. Il retira ses chaussures et s'assit en tailleur au bord du lit California King-size.

-Je suis l'homme politique de l'ombre par excellence. Tout le monde cherche mes faiblesses pour s'y attaquer. Tout ce qui me rends faible, je dois le cacher. C'est notamment pour ça que Sherlock et moi nous parlons si mal. Je ne voudrais pas qu'on s'attaque à lui pour m'atteindre. Il ne voudrait pas qu'on s'attaque à moi pour l'atteindre.

Greg hocha la tête. Il laissa Mycroft continuer. Tout cela, il le savait déjà.

-Je ne suis même pas censé être faible. Mais je ne peux pas être parfait. J'ai tout essayé. Je te le promets. Je n'arrive pas à être assez parfait pour avoir l'impression de mériter tout ce que j'ai. Alors... Puisque je ne suis qu'un imposteur... Il faut bien qu'il y aie une justice quelque part. Les bons sont récompensés. Les mauvais sont punis. C'est toujours comme ça. Et puisque la punition ne venait pas. Il fallait bien que je le fasse moi même...

Greg était abasourdi par cette déclaration. Il aurait voulu dire mille choses pour rassurer son aimé, mais il avait promis de ne pas l'interrompre. Il attrapa sa main et la serra entre ses deux mains comme si il voulait les réchauffer.

-Maintenant, je ne pouvais pas me permettre de laisser de cicatrice. Pas me permettre non plus de laisser transparaître ma faiblesse. Alors... J'ai trouvé une solution. Bien fait, ça ne laisse pas de trace, ça rougit juste un peu la peau un moment, et après... On voit plus rien.

Greg leva un sourcil, curieux. Il appréciait le fait que Mycroft lui fasse encore un peu confiance malgré tout. Il prit sur lui et lui fit un léger sourire pour l'encourager à continuer.

-Je n'ai jamais eu le courage de couper ma peau. Mais allumer une bougie, c'est facile. Tenir un objet conducteur de chaleur au dessus d'une flamme, c'est facile. L'appuyer sur sa peau c'est facile. Ça fait mal, mais ça n'a aucun effet à long terme. Et c'était exactement ce que je cherchais.

Greg hocha la tête. Sa gorge s'était serrée. L'idée que son bien aimé se faisait mal lui était insupportable. Mais il n'osait pas imaginer ce que c'était pour Mycroft. De toute façon, il fallait en priorité qu'il soit là pour lui.

-J'ai commencé à le faire plus ou moins régulièrement, quand je tâtais des choses surtout. Quand je ratais un de nos rendez-vous, où que tu me manquais trop pour que je puisse me concentrer- Greg serra un peu plus fort la main de son amoureux -, quand je me disputait avec Sherlock -La voix de Mycroft se cassa un peu, sa lèvre inferieure se mit à trembler- quand Eurus s'échappait de sa cellule...-une larme, unique comme toujours, s'echappa de l'œil gauche de Mycroft- Quand je me laisse aller dans mon régime, que je n'arrive pas à faire un effort pour être moins laid... Ça fait un bout de temps que je le fais. Je m'en sors bien. Mais j'aimerais que ça reste secret, tu comprends..?

Greg hocha la tête, bienveillant.

-Bien sur. Mais pourquoi tu t'en veux autant ? Ce n'est pas de ta faute, si la sécurité de la prison d'Eurus n'est pas assez haute ou que ton travail te retiens. Et tu n'es ni un imposteur, ni laid. Si tu n'étais pas à ta place, tu n'aurais pas tenu deux secondes à ton poste.

Mycroft haussa les épaules.

-Le pire, c'est que je sais parfaitement que c'est irrationnel. Mais c'est impossible de m'en empêcher. C'est impossible de ne pas penser que mon prédécesseur était bien mieux que moi. C'est impossible d'empêcher l'idée qu'un jour, tu ne m'aimes plus de traverser mon esprit. C'est impossible de m'empêcher de me dire que peut être, Sherlock me déteste vraiment. Peut être. Je sais que non. Mais et si ?

Greg entrelaça leurs doigts.

-Qu'est ce que je peux faire alors ? Si te jurer que je t'aime et que je le ferai toujours ne suffit pas ?

Mycroft haussa de nouveau les epaules.

-Je n'en avais jamais parlé à personne, alors... J'en ai aucune idée...

Greg hocha la tête, un peu perdu, mais comprehensif.

-Je ne peux pas te promettre de réussir grand chose non plus. Mais je ferais de mon mieux pour t'aider. Alors dit moi si tu trouves quelque chose que je peux faire. Je serai là.

Un léger sourire s'etira sur les lèvres de Mycroft.

-Merci. Tu es vraiment parfait mon chou.

Greg haussa les s our ils et répondit sur un ton légèrement narquois.

-Bien sûr que non. Tu existe déjà et il ne peux y avoir deux hommes parfaits.

Mycroft se laissa prendre au jeu, un peu. Son visage se para d'un sourire plus doux, presque réservé à son Greg.

-J'en doutes. L'univers ne s'est pas encore effondré, de ce que je vois.

Greg haussa les épaules.

-Dans ce cas, c'est la preuve que tu es bien plus intelligent que moi. Donc je ne suis pas parfait.

Mycroft secoua sa tête, doucement.

-Tu es parfait même avec tes défauts.

Greg rit un peu.

-Tu devrais être aussi indulgent avec toi-meme.

Mycroft soupira et haussa, une nouvelle fois, les epaules. Greg continua comme si il n'avait rien dit, avec une infinie douceur.

-Je t'aime. Beaucoup

Mycroft hocha la tête doucement et mordilla un peu sa lèvre inferieure

-Je t'aime. Pour toujours.

Il attendit un instant avant d'ajouter.

-J'ai peur qu'un jour on m'oublies.

Le policier haussa un sourcil.

-Greg. Est ce que tu peux me promettre de te souvenir de moi ?

Le gris secoua doucement la tête. Mycroft deglutti avec difficulté, et Greg explicit son propos.

-Les personnes qui font promettre de s'en souvenir, ce sont celles qui prévoient de partir. Si tu es toujours dans mes bras, je n'aurais pas à me souvenir de toi. Tu ne vas pas t'en aller, si?

Mycroft laissa un léger sourire s'étaler sur ses lèvres.

-Bien sûr que non. Si tu reste avec moi, je n'ai aucune raison de laisser.

Greg secoua un peu la tête.

-Raté, ce n'est pas si, c'est puisque. Promis.

Mycroft hocha la tête et soupira.

-Désolé d'être un poids mort comme ça...

Greg soupira a son tour. Les progrès de Mycroft sur son estime de lui étaient toujours en dent de scie. Il avait l'habitude.

-Mycroft... Tu n'es pas un poids mort, et tu n'as pas à t'excuser de me prendre du temps. Ce n'est pas ta faute si tu ne vas pas bien. Personne ne doit te le reprocher.

Mycroft hocha la tête, l'air coupable. Greg embrassa son nez. L'aubrun releva un peu la tête, et le gris posa une main sur sa joue, épousant son menton de sa paume. Il se rapprocha doucement de Mycroft et murmura à son oreille.

-Chéri ? J'ai envie de t'embrasser, je peux ?

Mycroft sourit et s'approcha doucement des lèvres de son aimé.

-Ce serait un plaisir, très cher.

Le plus vieux parcourut la courte distance entre leurs deux visages, et avec une infinie douceur, ses lèvres sur celles du roux.

À mon grand dam, je n'ai jamais goûté les lèvres de Mycroft. Je ne pourrais pas vous les décrire, mais j'imaginerais volontier qu'elles ont un léger goût sucré, et une douceur suggérant qu'il met une crème différente sur chaque partie de son corps. Une texture assez ferme. Mais je n'ai jamais goûté ses lèvres, et leur saveur restera probablement secrète.

Greg les avait goûtés, lui. Et il en avait adoré chaque occasion. Chaque fois, ça de terminait pareil, il n'y avait plus rien d'autre dans sa tête. Mycroft en tranche, avait toujours beaucoup de choses en tête et mit fin, progressivement, au doux baiser qu'ils partageaient.

-Greg. Je vais finir en retard. Et toi. Tu dois préparer ton sac pour partir.

Ledit Greg haussa un sourcil.

-Pff, j'ai pas envie de partir

Mycroft sourit et rétorqua, un léger sourire aux lèvres.

-Gamin ! Tu vas me manquer aussi. Un peu.

Le policier lui sourit alors que Mycroft se levait.

-Un dernier bisou ? Pour la route !

Le gouvernement soupira. Il fit un contact rapide entre leur deux lèvres avant de se redresser, et soupira de nouveau quand il vit l'air déçu de son aimé.

-Je suis déjà en retard, Greg ! Levé toi aussi.

Greg soupira et se releva. Le devoir n'attends pas, à ce qu'on dit. Je doute que les étudiants et l'administration soient d'accord avec cette affirmation. Greg aussi. Il aurait volontiers pris le temps d'embrasser Mycroft une nouvelle fois.

Il ne pris pas si longtemps à se préparer, mais le temps qu'il le fasse, Mycroft était déjà parti.

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