Ta main
Je vous offre ici un petit voyage dans des souvenirs.
Un mélange de passé-présent qui a flotté dans ma tête lorsqu'en me perdant dans l'observation de vieilles photos, j'ai relevé mon regard et j'ai vu mes deux grand ados occupés sur un travail de maths du Cégep du plus jeune. J'ai soupiré après le temps qui passe si vite et qui ne nous laisse pas le temps de savourer ces moments. Et pourtant, je le constate, dans le fond de notre conscience, ils s'y fixent à tout jamais.
Mais la roue de la vie nous entraîne avec elle.
Bonne lecture et désolé si certains trouveront cela trop nostalgique.
Gaïa ;)
Peut-être que cet écho de mes souvenirs aura l'adresse de vous sous-tirer, comme pour moi, une larme, que vous soyez parent, enfant ou grand-parent.
Car nous venons tous d'une racine et que nous donnerons aussi un élan vers l'avenir.
L'Écho d'une chemin de vie...
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Je veille.
Voilà ce que causent des dents qui percent ! Je crois bien qu'il y ait aussi un mal de gorge en prime car tes pleurs n'ont pas leur ton habituel. Tu ne dors pas et moi aussi par ricochets. Tu fais de la fièvre, tu rechignes et je ne cesse de te bercer, ta petite main dans la mienne.
La nuit se prolonge et la maison, dans l'ambiance si particulière des nuits où l'on veille, est silencieuse et chaleureuse, avec seulement le doux ronflement de ta mère dans notre chambre. J'ai quitté la chaleur de ses bras pour venir te consoler, voilà bien une bonne heure, et ma nuit va s'égrener doucement dans ta chambre, dans ses parfums de poudre et de savon pour bébé. Mais le temps ne compte pas quand il s'agit de toi. Mon nez se perd dans ta nuque qui a son arôme si particulière alors que ta main enserre mon doigt.
Demain, je resterai avec toi à la maison et il y aura ma patronne qui soupirera quand je lui annoncerai mon absence, mais elle comprendra et prendra de tes nouvelles par la suite. Certainement aussi, ta grande sœur insistera pour demeurer avec toi, pour m'aider, au lieu d'aller à la «gawdewie». Je passerai avec vous deux une belle journée qui fleurira dans ma mémoire comme d'autre de ces milliers d'instants qui parsèmeront notre vie ensemble.
Tout en serrant ta douce menotte dans ma main, mon imagination vagabonde sur notre trajet de vie...
Il y aura le carré de sable dans la cour, le soleil dans tes cheveux, le chapeau servant maintenant à transporter du sable sur la tête de ta soeur. Les courses folles dans le parc avec notre chien, les jeux de tag et vos chansons à tue-tête que vous me forcez à filmer et à revoir à répétition. Les grands jeux de cache-cache dans la maison où tu ne cesses de répondre lorsqu'on t'appelle, au grand dam de ta soeur qui ne veux plus se cacher avec toi !
Il y aura ta main qui s'accrochera à la mienne lors de ton entrée à la maternelle alors que ta soeur essuie ses larmes sur la veste de ta mère, puis votre course, quelques jours plus tard, pour rejoindre vos copains dans la cour d'école. Les samedis de pluie, en famille : les bricolages, la construction de cabane, en couvertures et oreillers, dans le sous-sol, ou encore la popotte dans la cuisine avec votre mère, les casse-tête, les sessions télé à écouter des «dessins animés» à votre goût. Les éternels bains qui se prolongent à tous les soirs, suivis des histoires que votre maman vous conte avec patience. Tout pour retarder l'heure du dodo, mais jamais ta soeur ou toi ne pleurez pour aller dormir, car c'est vraiment un temps de qualité pour vous trois.
Il y aura aussi des moments plus inquiétants, alors que vous serez hospitalisés de longues journées, où nous serons, votre mère et moi, inquiets pour vous. Je veillerai sur toi, la main sur ton front, pour te rassurer. Il y aura ces heures d'inquiétude dans des salles d'attente, la main dans vos cheveux, à me demander ce qui vous afflige. Il y aura ensuite ton sourire en disant à ta mère, juste avant une opération, ta main sur la sienne, du haut de tes six ans : « Ne t'en fais pas Maman, ça va aller. »
Il y aura aussi tous ces soirs de semaine où je jouerai le chauffeur privé pour vous conduire à vos activités, toi et ta soeur – piano, guitare, natation, danse, hockey, tennis – avant de revenir à la maison pour vous voir installer un jeu de société à la table du salon. Il vous en faut tellement plus pour vous fatiguer ! Ce sera toi, sautillant devant l'ordinateur, la souris dans la main, installant des petits jeux, avant même de savoir lire ! Ce sera les jeux de «Capitaines et chevaliers » avec ta soeur et vos amis, dans la piscine et sur le terrain, le tout se terminant par un souper où nous nous retrouvons avec toute cette grande marmaille ! C'est les anniversaires, toujours organisés et planifiés pour une grosse «gang» . Vous avez le bonheur d'avoir le sous-sol au complet comme salle de jeu, puis comme dortoir ! Avec les années, la fête se prolonge tard, souvent alors que nous, les adultes, dormons déjà !
Mais toujours ta main sera dans la mienne, un bisou sur le front, avant de dormir.
Jusqu'à...
Jusqu'à ce que votre désir d'indépendance grandisse. À ce moment, vous hésiterez à me faire un câlin, mais vous accepterez ceux que je vous fais en insistant un peu. Vous n'aurez pas le choix ! À l'adolescence, il y aura vos yeux au ciel à chacune de nos paroles, ces bruits inintelligibles en guise de réponses à nos questions, avec ce langage qui vous appartient, ,es millenium ! Les écouteurs dans les oreilles, tu m'écouteras mais sans trop le laisser paraître. Tu trouveras souvent mon regard lourd, ma présence lassante. Mais, souvent, je retrouverai mes conseils dans tes actes et décisions. J'aurai alors l'âme sereine et un petit sourire satisfait. Vous serez de bons enfants, juste assez tannants et sages.
Vous entrerez ensuite dans l'ère des jeunes adultes.... Fini la petite école et le cegep...
Il y aura des baisers volés et d'autres non désirés. Il y aura ces sentiments si grands que vous ne saurez pas comment bien les gérer. Et, il y aura malheureusement cet amour qui vous laissera tomber, qui vous déchirera. Il y aura surtout moi qui n'y pourrai rien. Nos mots de tendresse et d'empathie chercheront à vous guider, à vous aider. Mais nous sommes maladroits, les mœurs ont changés. Mais notre amour demeure et sera toujours aussi grand pour toi et ta soeur. J'espère que vous serez assez forts pour surmonter tout cela. Il y aura ces gens qui vous feront croire qu'un homme ne doute pas, ne souffre pas, ne pleure pas ; qu'une femme ne fonce pas, n'a pas d'ambition et doit demeurer effacée. Ne les croyez pas ! Les temps ont changés et pour le mieux, selon nous. Vivez vos émotions ! Foncez dans votre chemin de vie ! Comme votre mère vous le dira si souvent : « Vous êtes beaux ! Vous êtes bons ! Vous êtes capables ! ».
Et ce qui nous inquiètera ce sont ces gouffres obscurs qui vous murmureront des mots attirants, pour soulager vos peines et vos blessures d'une manière miraculeuse. Soyez vigilants et n'oubliez jamais que vous ne serez jamais seuls. Vous serez là l'un pour l'autre, il y aura la main et le coeur de vos amis, de votre mère et de moi.
Et surtout, il y a tout en haut, un bout de soleil et de ciel bleu que je vous ai réservé lorsque vous êtes nés. En posant pour la première fois mes lèvres sur votre front, je me suis dédié en entier pour votre bien-être et votre bonheur. Ce bout de ciel, ce morceau d'étoile qui est pour vous, c'est moi, c'est votre mère et tout ce que nous avons de meilleur en nous, pour vous. Ces parcelles de lumière seront toujours là pour vous, même après les tempêtes et les gros orages. Nous serons là, même au delà de notre vie. Nous formons une famille.
Il y aura aussi votre premier appartement, votre travail, vos projets. Il y aura des gens que vous laisserez tomber, à tort ou à raison. Ils vous traiteront peut-être de tous les noms. Ne les écoutez pas trop... juste un peu pour avoir l'humilité de reconnaître vos tords s'il y a lieu. On ne se rend pas toujours compte comme il est facile de devenir méchant et intransigeant. C'est la vie qui nous entraîne à faire cela. Il faut savoir se regarder bien en face dans le miroir et s'avouer ses vérités. Dur pour l'orgueil mais tellement salutaire pour l'épanouissement futur.
Mais souvenez-vous de votre petite main dans la mienne...
Il y aura votre vie qui vous prendra à bras le corps, qui vous emmènera loin. Il y aura ce temps que votre mère et moi aurons retrouvé, ce temps que vous n'aurez plus pour nous, ou en moindre quantité. Et quand nous nous verrons, il y aura votre exaspération devant nos habitudes de petit vieux, nos discours que vous aurez trop entendus, nos idées d'une autre époque. Il y aura, je l'espère, vos enfants dans lesquels nous vous reconnaîtrons. Vous nous raconterez alors vos propres nuits à les bercer... cela nous fera rigoler et je me cacherai pour essuyer mes yeux trop humides. Je cueillerai cette nouvelle vie entre mes bras pour respirer à nouveau le doux parfum sous les cheveux d'ange. Quel bonheur renouvelé !
Il y aura tout cet amour que vous ne pouvez encore vous imaginer. Alors, il y aura peut-être quelques pardons pour toutes les fois où j'ai été un père inadéquat. Ces moments où votre mère n'aura pas été aussi à la hauteur que vous l'auriez désirez.
Et au bout de notre chemin, comme nous l'avons été pour nos propres parents, j'ose espérer que vous veillerez sur nous.
Il y aura alors votre main dans la nôtre. Cette petite menotte d'enfant que vous aurez encore... pour nous... toujours.
Oui, il y aura tout cela. Et encore plus.
Mais il est trois heures du matin et, mon garçon, mon tout petit, bien emmaillotté dans ta doudou, tout chaud au creux de mes bras... tu dors enfin.
Je te repose dans ta bassinnette avec un dernier bisou sur ton front. Tu soupires doucement dans ton sommeil.
Sur la pointe des pieds, je vais ensuite voir ta soeur qui dors profondément, ses lèvres de dentelles et ses longs cils qui ombragent ses paupières. Ma main survole ses cheveux alors qu'elle aussi reçoit un baiser sur le front.
Je retourne enfin me coucher auprès de ma douce moitié. Son souffle rythme mes pensées qui glissent doucement dans le sommeil. Ma main trouve la sienne alors que la nuit retrouve ses aises dans la maison.
Bonne nuit, doux rêves mon coco.
Bonne nuit, doux rêves ma punaise.
« Je t'aime gros comme le ciel ! »
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