Homo verus miraculum

Voici une nouvelle inspirée d'un seul mot « miracle ».  Il nous été proposé sur le Discord «Écriture et Wattpad » de  @ Mymi7up par @Le Thaumaturge.  

Quel serait le plus grand miracle de notre temps ou du futur ?  Il m'est venu ainsi naturellement ce miracle, celui que tous nous souhaitons, d'une manière ou d'une autre, en ces temps futurs tourmentés.

Voici :     Homo verus miraculum  *(véritable miracle humain)*

Bonne lecture ;)

Juillet 2019 - 2926 mots environ

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 « C'est fini... 

La nuit est tombé depuis des jours.

La pluie est devenue averse, puis inondation.

Les fleuves rageurs ont tout envahi.

Le vent a déraciné les derniers arbres rabougris.

Les animaux ont abandonnés les lieux et se terrent.

Le ciel bleu n'illumine plus de sa beauté.

Le sol est amer, plus rien n'y pousse, il gronde souvent.

Je dois rester et veiller, pour eux, tenter de les sauver.

Mais certains disent que :

C'est fini...

Ceux-là, sont partis.

Moi, je veille. »

Elle s'extrait de l'étreinte des grands bras tatoués de symboles mystiques, doucement pour ne pas le réveiller.  Il a tant de peine à fermer les yeux à force de jouer le grand protecteur, juste pour eux.

Autour d'elle, les petits corps sont détendus et amassés autour de lui.  Leurs souffles harassés se mélangent en une seule complainte qui berce le grand Tatoué dans son sommeil agité.

Elle enjambent les corps endormis, certains ressentent son passage mais aucun n'a la force d'ouvrir les yeux.  Normal, il leur a encore donné cette poudre bleue étrange qui engourdit leurs corps et leur fait rêver à de tendres couleurs oubliées, à des images innateignables du passé : comme celles qu'il leur dessinent sur ces carrés blancs qu'il collectionne et conserve jalousement dans cet étui noir et rigide.

Depuis quelques périodes de temps, elle lui fait la comédie.  La poudre, elle la souffle doucement vers le sol, au lieu de la laisser fondre sur sa langue.  Elle a trouvé cela dur au début. Sa tête recherchait l'effet.  C'était visible, le Tatoué s'en ait inquiété.  Il lui trouvait une petite mine.   Depuis, c'est souvent elle qu'il tient dans ses bras au moment du repos.  Gardant quand même tous les autres petits d'homme près de lui, à la distance maximale de ses grands bras ou au maximum à une distance d'une grande enjambée.  Elle a été patiente.  Elle a su calmer son corps tout en veillant, réalisant à quel point il ne dort pas comme eux. 

Oui, elle a appris à se passer de cette poudre.  Ainsi, elle a compris les effets qu'elle a sur leurs corps.   Oui, l'oubli du présent et le rêve du passé.  Mais aussi l'espoir d'un futur.  Un sommeil sans arrêt, qui dure si longtemps.  Plus que de raison.

Elle les observe un moment : ils dorment, innocents et heureux.   La poudre semble nourrir leur corps au repos, le soigner, empêcher une décrépitude de leurs organes et même stopper leur croissance.  Ils sont là depuis si longtemps, il lui semble.  Et pourtant le plus petit d'entre eux est toujours un bébé que les plus vieux tiennent dans leurs bras.   Oui, cette poudre a vraiment un effet mystérieux sur leur organisme.  Elle le constate avec la maigreur de ses propres membres depuis qu'elle s'en abstient, sa fatigue et ses réflexes qui diminuent, période après période.

Elle ne pourra pas s'en passer bien longtemps.  Le Tatoué va sûrement réaliser son stratagème très bientôt.

Depuis plusieurs périodes, lorsqu'elle veille et que le Tatoué s'est endormi lui aussi, pour un cycle plus court qu'eux, elle le reconnaît, elle se sauve de ses bras mais reste près d'eux et observe les lieux.  Il y a beaucoup d'objets hétéroclites qu'elle ne connaît pas.  Il y a aussi toutes ces images qu'il protège autant qu'eux, comme un trésor, un héritage.

Ils sont dans une pièce rectangulaire, sans ouverture vers l'extérieure – des fenêtres - et n'a pas trouvé de porte non plus.   Les murs sont gris, uniformes, comme le plancher.  Il y a bien un endroit avec un seul siège qui regarde vers le mur, attendant qu'il y ait des images qui apparaissent.  Oui, des images sur un mur, cela lui dit quelque chose.  Elle s'est assise sur le grand siège mais rien ne s'est passé.   Il est très grand et peut supporter la carrure du Tatoué.   Mais celui-ci ne l'utilise pas, il préfère se coucher sur le sol avec eux tous.

Le long des murs, plein d'objets mais aussi des boîtes, des piles de boîtes.   Chacune est très lourde, enfin pour elle.  Elles forment une palissade bien attachée au sol par des filins métalliques.  Il y a plusieurs murs de ces boîtes qui font la longueur de l'immense pièce où ils sont.  Comme des allées d'épicerie... Elle n'a jamais pu en voir le contenu.  Mais chacune a une étiquette où s'étalent clairement des lettres et des mots.  Cependant, elle ne sait pas... lire...oui c'est le bon terme.  Pour faire le tour d'une seule de ces ligne de boîtes, cela lui prend le temps que le Tatoué est assoupi pendant qu'ils dorment.  Elle l'a vécu une fois.  Juste le temps de rejoindre le confort de ses bras et de fermer les yeux.  Il n'a rien remarqué.  Il l'a déposé aux côtés d'une des dormeurs puis s'est levé.

Elle sait maintenant qu'il ne dort pas autant qu'eux.  Il se lève et va vers les cubes ou vers le siège.  Il range, il vérifie, il note dans ses grands papiers blancs.  Parfois, elle distingue de la lumière face au siège, mais c'est trop loin pour qu'elle distingue correctement.

C'est si grand...

D'ailleurs... elle devrait reprendre sa place.

Mais avant elle doit le revoir.   Elle trottine difficilement vers le fond d'une allée où s'amoncellent plein d'objets bizarres.  L'un d'eux l'a fascinée et elle veut le revoir encore.

Au fond, tout au fond, il est là : déposé sur d'autres babioles mystérieuses, sombre et translucide tout à la fois.  C'est une sphère avec une base droite.  Il semble léger mais, vu sa grosseur, pour elle, il doit être pesant.  La dernière fois, elle n'a pas osé le toucher, mais cette fois, elle tend ses doigts vers lui.

Elle recule avec effroi, les yeux écartelés et agressés : la boule émet une lumière vive et tourne doucement sur elle-même.  Entre ses paupières refermées, elle tente un regard tout en abaissant doucement ses mains qui la protègent de cette lumière.

Comme c'est beau !

En fait la boule est recouverte de dessins en couleurs – bleu, vert, brun, noir, blanc... oui des couleurs – qui vont et reviennent avec la rotation de la sphère.

Elle tombe en contemplation devant cette beauté.

Après un temps, la boule cesse de tourner et la luminescence s'éteint.  Elle se retrouve seule dans le noir au fond de cette allée.   D'un geste décidé, elle touche à nouveau l'objet merveilleux.   Son geste réactive aussitôt le mécanisme...

Le temps passe.

« Petite abeille, je me doutais que tu filais en douce durant les repos... »

La voix est grave et porte tout doucement au fond de son oreille, sans vraiment faire de bruit.   Elle se retourne.   Le Tatoué est là.  Il semble encore plus grand, fort et menaçant dans la lumière que dans la pénombre constante de la pièce, tranquille à les border constamment.  Ses longs bras sont croisés en une attitude de reproche et ses yeux si grands, normalement si bleus et tendres, sont sombres et tourmentés comme si des nuages en occupaient toute la surface.

Toute petite, elle le regarde avec un peu de peur mais ses yeux noirs sont encore plein de fierté pour sa découverte.  Après une pause et quelques grandes respirations, elle ose s'expliquer :

— Regarde Tatoué !   J'ai trouvé un objet de lumière très beau !

Le Tatoué s'assoit en tailleur et invite la petite à venir dans ses bras.  Elle y reconnaît la chaleur et la protection qui lui manquaient depuis le début de son escapade.

« Oui, c'est très beau Petite Abeille ! » avoue la Tatoué, ses yeux retrouvant leur paisibilité et leur douceur.

— Qu'est-ce que c'est ? demande la petite avec son petit doigt tendu vers la sphère.

Le Tatoué hésite à répondre.  Depuis toutes ces périodes de repos, ces révolutions autour de cette étoile, c'est la première fois qu'un de ses protégés ose défier la discipline installée dès le début.   Il se sent au fond très fier d'elle.  Elle représente le dynamisme et l'avant-gardisme de cette espèce.  Ne pas rester sur place, avancer, oser, défier, découvrir, comprendre, apprendre, imaginer, rêver, recommencer, insister, avoir de l'audace... autant de qualités qui définissent cette espèce dont il est un des protecteur.

« Ceci est ton véritable monde, Petite Abeille. » fait la voix grondante du Tatoué.

— Ah oui !  Et pourquoi nous sommes ici alors ?  Et où est-il, ce monde ?

Les bras du Tatoué la retourne vers lui et il plonge ses yeux dans les siens afin de mieux pouvoir communiquer les images qu'il veut lui transmettre.

« Voilà ce monde... il est autour de nous, en dehors de cette pièce de sauvegarde. »

Dans la tête de la petite défilent doucement des paysages merveilleux d'un monde de verdure, d'eau et de lumière, remplie de vie de toutes sortes.   Dans les yeux de l'enfant, qui reçoivent les ondes cérébrales du Tatoué, se répercutent son admiration et une joie indicible face à toute cette beauté.

« C'est ta planète Petite Abeille. Je ne suis pas d'ici, comme tu peux le voir, je ne suis pas de la même origine que toi.  Mon monde à moi était très beau mais nous n'avons pas su en prendre soin.  Mes ancêtres l'ont réalisé trop tard malheureusement.  Mes arrières-parents ont quitté notre planète mourante pour arpenter les étoiles et ont décidé ainsi d'aider les mondes en train de mourir. »

Des images du monde d'origine qui se meurt puis d'immenses vaisseaux qui partent voyager entre les étoiles.  Oui, je me rappelle les étoiles dans le ciel.

«Il y a de cela plus de 500 révolutions de ta planète autour de votre étoile, nous avons détecté que sa perdition était imminente et certains d'entre nous avons choisi d'aider ton espèce. »

Elle voit de petits vaisseaux rectangulaires qui sont lancés vers la planète, qui n'est plus bleue, pour y préserver des exemplaires de flore, de faune, des artefacts, des photos, des preuves de son histoire naturelle et humaine.   Les Tatoués vont à la rencontre des humains.  L'accueil est nuancé selon les milieux et les évènements vécus.

« Des vaisseaux comme celui-ci, il y en a partout à la surface de ta planète.  Dans chacun d'eux, un Tatoué, comme vous nous avez appelés, a la garde d'une centaine de petits d'humains, ainsi qu'une réserve de certaines espèces animales ou végétales.  Moi, ce sont les espèces potagères, celles qui permettront de ressourcer le sol pour qu'il nous donne la nourriture. »

Elle voit les enfants sauvés des décombres, des hôpitaux, des orphelinats mais aussi qui sont remis volontairement par leurs parents.  De tous âges, mais toujours jeunes.   Ils sont remis entre les mains protectrices d'un Tatoué.  Il s'enferme alors avec eux dans son vaisseau.

« Tu vois, ma petite, tu es avec moi depuis tout ce temps.  Tu es très jeune, et tu le demeureras tant que tu prendras la Poudre à chacune des périodes de repos.  Elle entretient ton corps, le soigne et l'empêche de vieillir.  Lorsque le temps sera venu, nous sortirons ensemble et reprendrons possession de ton monde. »

L'esprit de la petite revient au présent et ses deux petites mains se posent sur les grandes joues bleues-vertes du Tatoué.   Elle en observent les circonvolutions, les dessins, les arabesques qui recouvrent sa peau.   Non, ce ne sont pas des tatouages.  Il est comme ça.  C'est son Tatoué !  Il prend soin d'elle depuis si longtemps.  Et maintenant qu'il lui en a expliqué l'origine, elle lui en ait encore plus reconnaissante.

— Donc, tu n'as plus ton monde à toi ?   Et les tiens sont loin ?

Un doux ronronnement est émis par la poitrine du Tatoué, signe de son émotion, de son amusement face à son éloquence mais aussi en signe de tendresse envers sa petite protégée.

« Mon monde est ici maintenant, les miens, c'est toi et tous les autres petits qui m'ont été confiés.  Au moment venu, je sortirai avec vous et nous rejoindrons tous les autres.  Il y aura des Tatoués, mais aussi une multitude d'enfants pour repeupler cette planète.  Ensemble, nous lui redonnerons la vie et une nouvelle civilisation pourra naître.  Et cette fois, nous n'oublierons pas les erreurs du passé. »

Les yeux de la petite explorent le doux regard bleuté, la bouche sans dent qui expriment pour elle sa joie avec un sourire maladroit.

— Tu nous fait dormir en attendant, mais toi tu ne dors pas autant, remarque-t-elle avec une tristesse dans le regard.   Tu nous a expliqué que la vie a une fin quand Petit Lézard a fermé les yeux pour toujours.   Seras-tu là encore quand nous sortirons ?

Une onde de compassion vient envelopper l'enfant au souvenir du petit garçon qui est mort d'une cause inconnue il y a déjà pas mal de périodes de sommeil.  Le Tatoué soupire puis la serre dans ses bras.

« N'aie pas de crainte, je serai là !  Les Tatoués ont une vie très très longue en comparaison avec celle de ton espèce naturel.  La Poudre a toujours été naturellement en nous, c'est notre source de longévité que nous partageons avec les espèces que nous aidons. »

Les yeux de la petite se repose sur la boule de lumière et la réactive.

— Donc, nous retrouverons notre vie sur un monde comme celui-ci ?  Ce sera bientôt ?

« Cela arrivera plus vite si tu respecte les périodes de Repos.  Alors, reviens avec les autres, ma petite. »

— Je peux l'apporter avec nous pour la montrer aux autres à notre prochain éveil ?

Les yeux du Tatoué se perdent dans les lumières bleues de la planète virtuelle devant lui.

« Oui, tu peux l'amener ma Petite Abeille.  Cette planète est si belle.  Un Miracle dans le Cosmos.»

— Comment cela un miracle ?

« Rares sont les modes qui ont autant de merveilles et une si belle cohésion en équilibre.  Donc, oui, un merveilleux miracle. »

— Mais qu'est-ce qui lui est arrivé ?

« Hummm.  Je vous expliquerai au moment venu.  Maintenant, il faut aller te reposer.»

Le Tatoué a évité la question de la disparition de ce monde.   Il connaît la réponse mais ce n'est pas le temps , ni le moment.   Déjà, sa Petite Abeille en connaît  beaucoup plus que les autres.   Elle sera un grand cheffe, une avant-gardiste dans le nouveau monde qu'ils fonderont avec elle.

Sa grande main se porte le long de son cou, là où l'organe de longévité, le Burstwe, comme il se nomme, possède une glande excrétrice.   Il prélève une pincée de poudre bleue et la tend à sa petite protégée.

« Je te surveille maintenant.   Tu prends la Poudre en entier. »

La petite main foncée de la petite prend la poudre bleuâtre et tranquillement elle la mastique. Elle y retrouve la sensation de désaltération, elle avait soif, mais aussi de sasiété, elle avait faim .   De plus, elle vient lui transmettre le besoin d'une bonne dose de sommeil, car c'est ainsi que la Tatoué l'a voulu.

« Je ne veux plus que tu te fatigues à errer durant les repos.  Je te promet que je te parlerais de la planète et de ce qu'elle deviendra à votre prochain réveil.  Je dois le faire, de toute façon, car elle se prépare doucement à vous recevoir de nouveau.  Déjà, certains Tatoués ont relâché des semences, des grains et des pousses de plantes qui vont coloniser les terres.  Dans quelques repos, nous pourrons nous aussi remettre en liberté les Abeilles et autres pollinisateurs avec les plantes à pollinisation croisée. »

— Les Abeilles ? Remarque la voix ensomeillée de la petite. Comme moi ?

«Et oui, tu as en toi le savoir entier sur ces êtres de ta planète.  Vous êtes, chacun d'entre vous, une ressource de savoirs qui vous été inculqué afin qu'il ne se perde pas.  Vous serez les experts lors de notre sortie. »

— Petite Abeille.... C'est mon savoir ?  Il est important ?  demande la fillette en finissant la poudre bleue qui déjà fait sombrer ses paupières sur ses yeux.

« Très important mon enfant », répond le Tatoué en prenant la boule et l'enfant dans ses immenses bras. De son pas lent et mesuré, tout doucement pour ne pas réveiller sa petite merveille, il retourne au coin « dortoir » du vaisseau.

Il y retrouve tous ses protégés qui dorment en pleine béatitude.  Il pose le petit corps endormi près d'eux et installe le globe terrestre sur une boîte pas très loin.  Il en admire encore les contours et couleurs, avant que la lumière ne s'éteigne d'elle-même, au bout de son cycle.

Les yeux du Tatoué s'acclimatent à la noirceur du vaisseau, une autre merveille de l'effet de la Poudre.  Avant de s'éloigner des enfants, il s'assure qu'il n'y a aucun autre promeneur durant la période de repos.

Ensuite, il va vers le grand siège devant le mur, il passe sa main sur un interrupteur camouflé qui réagit à son contact.  Le mur s'anime et l'image de centaines de Tatoués apparaît.

S'ensuit un long discours entre eux dans une langue inconnu ou dans tous les dialectes connus de cette planète.  Mais finalement, ils recourent au langage commun qu'ils ont choisi d'utiliser avec tous les enfants afin d'avoir une unicité, que ce soit en parole ou en pensées.

« Ta protégé est de retour au bercail ? » rigole l'un d'eux

« Oui, elle est bien curieuse et intelligente » murmure le Tatoué d'Abeille en un doux murmure.

« Elle sera d'un rôle important pour la relève de ce monde » admet un autre.

« Nous devons commencer à réactiver leur savoir .»

« Tu as raison, dès le prochain éveil, nous les éveillerons doucement. »

« Sont-ils prêts vous croyez ? »

« Oui, ils le sont. » confirme le Tatoué d'Abeille, « Le miracle peut commencer, notre espèce est venue pour ce moment. »

Un doux grondement est émis par tous les Tatoués.  Ils sont en communion et s'apprêtent a redonner le savoir et les connaissances à l'espèce humaine de cette nouvelle Terre, cette seconde chance.

« Leurs ancêtres ont mis tous leurs espoirs en eux et en nous.

C'est le moment.

Tout commence.

Homo verus miraculum »

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