Chapitre 1: Comment ma vie a basculé.

Je rentrai de l'école comme chaque jour lorsque c'est arrivé. D'abord des mots de tête pendant quelques jours, puis de fortes démangeaisons et une queue vous pousse, réduisant votre vie à néant.

Normalement, à Leguantune, il n'y a que deux catégories sociales. Les Nuas et les rejetés.
Les Nuas ont un pouvoir sur tout. Ils ont des suppérieurs, bien sûr, mais font ce qu'ils veulent de l'autre catégorie. Ils doivent juste leur faire du mal. C'est la seule consigne.
Je n'ai jamais pris part à cette société, bien que j'en fasse parti. Cela me valut bien des ennuis mais je ne me résignais pas. Je ne savais alors pas que c'était un signe de la transformation. Un signe de ce que j'allais devenir.
Mais je ne pensais pas changer de vie comme cela. Je ne pensais pas ça possible. Ma transformation prouva que j'étais différent du commun. Je n'étais ni Nua, ni rejeté.
Mais qu'étai-je alors ?

~~~

« Quene, où est Mr.Tynian ! J'ai besoin de lui pour aller faire le ménage ! Il y a de la poussière partout ! Ce n'est pas croyable d'avoir un imccapable comme ça à la maison ! »

Je descendis les escaliers quatre à quatre et fit face à ma mère.

« J'ai demandé à Mr.Tynian d'aller se reposer dans sa chambre. Il est épuisé et vieux ! Tu ne peux pas lui infliger cela. »

Ma mère me lança un regard noir et sa main heurta ma joue avec brutalité.

« Je ne t'ai pas élevé comme ça, mon garçon. Je t'ai élevé pour faire souffrir ces mochetés de rejeté. Ils sont rejetés car ils ont voulu exterminer la Terre. Et nous les faisons payer ! Mais là, je ne leur ai même pas fais de mal. J'ai demandé de nettoyer la maison ! Alors tu vas aller chercher cet esclave et me le rapporter par les cheveux s'il le faut. »

Je hochais la tête sans grande envie, serrai les poings et les dents et allai chercher le vieux rejeté.
Les appelait-On les rejetés à cause de leur physique ? Ou était-ce que quelque chose de grave s'était produit ? Je ne pensais pas les rejetés violent ou même cruels. Tous ceux que j'avais rencontrés étaient bons et généreux.

J'arrivais devant une petite trappe qui donnait à la maigre cave où vivaient tous les rejetés.
Je trouvais que c'était injuste de les mettre dans un endroit aussi horrible, alors que la moitié étaient presque morts.
Mr.Tyran s'apprêtait déjà à sortir lorsque j'arrivai dans la pièce. Il savait qu'on me demandai.
Lorsqu'il passa près de moi, il me chuchotât à l'oreille de prendre soin des autres esclaves. Je frissonnais en entendant ce mot sortir de sa bouche.

Une fois parti, je me ruais vers mon immense chambre et pris la trousse de secours que j'avais volé à ma mère et caché dans un tiroir.

Je retournai rapidement dans la cave, la trousse sous le bras.
Les rejetés me regardaient, non surpris mais reconnaissant.
Je m'avançai vers eux, retenant des hauts le cœur en voyant les blessures de certain.

Je pris mon courage à deux mains et commençait à soigner des gens. J'étais un garçon doué dans ce métier. Toute ma famille me voyait devenir médecin des Nuas, rôle que ne pouvait tenir un rejeté. Pourtant ce métier n'était pas très bien vu. Il fallait utiliser ses mains et c'était un métier pour les plus pauvres Nuas. Ce que je n'étais pas. Mais comme j'avais un grand talent dans cette compétence, personne ne disait rien.

Je soignai une jambe brisée, des mains ensanglantées, de nombreuses coupures, des infections de blessures...
Personne ne disais rien. On me regardait faire, avec des sourires reconnaissant et des yeux emplis de compassion.

Je me forçais à rester calme. A ne pas crier face à l'horreur des blessures plus profondes les unes que les autres, a l'âge de certain, trop faibles pour travailler à plein temps, trop jeunes pour supporter les tâches complexes, subissant les pires blessures imaginables.
J'aidais, avec horreur, une femme mettre au monde un enfant, avec ses petites oreilles et une minuscule queue. Mais c'était loin d'être une naissance espérée, car le Petit devrait commencer à travailler des qu'il saurait marcher.

Pourtant ce n'est pas cela qui m'horrifia le plus, habitué à soigner comme chaque semaine. J'avais, la première fois que j'étais venu, vu un petit enfant qui pleurait. Sa mère était morte sous ses yeux. Depuis, j'avais pris soin de lui, essayant de défier mes parents pour ne pas le faire trop travailler. Car j'étais son père en quelque sorte. Il avait sept ans depuis, et m'aidait à soigner un maximum de personnes, ne voulant sans doutes pas qu'ils meurent comme sa mère a lui.
Il s'appelait Tin et étais toujours joyeux. Jamais malheureux depuis ce drame qui lui avait coûté sa mère.
Mais je ne l'avais pas vu aujourd'hui. Et cela me surpris. Il n'était pas du genre à rester dans son coin.
Une fois les quelques morts de la semaine mis dans la fosse commune a l'extérieur, je parti à sa recherche et le trouvais, sanguinolent, dans un coin du jardin.

Je me précipitais vers lui et lui demandai ce qu'il s'était passé. Il me raconta qu'on l'avait obligé à porter une charge beaucoup trop lourde pour lui, et que comme il n'y arrivait pas, qu'on l'avait fouetté de nombreuses fois avec un fouet en barbelés. Il n'avait pas pu rentrer dans la cave et était donc rester dans un coin, dehors.

Je sentai la rage m'emplir. Je n'aimais vraiment pas que l'on traite de la sorte les rejetés mais Tin était comme mon petit frère.
Je m'agenouillais près de lui et soignai petit à petit ses blessures au dos qui l'empêchaient de se lever.
Pendant tout se temps, ma tête me démangeait. Mais je n'y prêtais pas d'attention car ce n'était pas le plus important pour le moment.

Une fois Tin soigné, je l'accompagnais dans la cave et l'allongeait, avec quelques couvertures de ma chambre, dans un coin à l'abris des regards.

Il se faisait tard et je descendis déjeuner en compagnie de ma famille.
J'entrai dans la salle et me retrouvait en compagnie de mes parents, me regardant sévèrement.
C'était toujours comme ça. Des qu'ils me voyaient, il me jetaient des regards noirs. Ils faisaient partie de la cour et étaient donc plus riches que la plupart des Nuas.
Ils savaient que je n'était pas comme ma sœur. Cette garce faisait la fierté de la famille, car elle avait été acceptée comme l'une des épouses du général. C'était un honneur pour la famille et elle en était fière.
Mais moi, cela me dégoûtait. Cet homme était âgé et elle n'avait que 23 ans. Et le général avait des dizaines de jeunes filles comme cela. Malgré tout, il les traitait bien. Il s'agissait de jeunes filles Nuas quand même. Pas de rejetés.
Quand à moi, qui voulais devenir médecin, ma famille ne me regardait presque pas. Et si elle le faisait, c'était pour me lancer un regard noir.

Une fois le repas terminé, je montais vite dans ma chambre et m'endormi, épuisé par cette journée, ne prenant pas là peine de ma changer.

Cette nuit la, je fis un rêve qui allait changer ma vie. Je rêvais que je rentrais de l'ecole, comme d'habitude et que ma tête me démangeait. Puis une queue poussa dans mon dos et je me réveillais, plein de sueur.

Le lendemain, alors que je me rendais au collège, je repensais à mon cauchemar. Étais-ce une vision ? Ou un simple rêve ? Les deux paraissaient plausibles. Parce que je n'avais jamais fait de rêves comme cela mais que les visions, ce n'était pas sensé exister... si ?

Les cours passèrent et j'étais de plus en plus anxieux. Et si c'était vrai ? Si j'étais un rejeté et non un Nua ? D'après ce que je savais, les rejetés étaient rejetés dès la naissance. Mais alors, pourquoi avais-je l'impression que j'allais me transformer à tout moment ? Je me répétai en boucle que c'était un rêve, rien d'autre, mais une petite voix me revenait sans cesse, me disant que tout ce que j'avais vu allait se produire. Bientôt.

Le midi, je déjeunais seul, laissant mes amis parler à une table. Si je devenais rejeté, je pouvais dire adieu à la médecine et à ma vie. Les rejetés ne pouvaient pas vivre comme un Nua. Ils étaient rejetés, battus, frappés et exploités par eux !
Je savais que j'étais idiot, que je pensais n'importe quoi, mais cette voix était si insistante, si juste que je me laissais croire que j'allais devenir Rejeté. Et si c'était à cause de mon amitié envers l'un d'entre eux ? Et si mon amour pour Tin m'avait changé ?

D'après mon rêve, je me transformerais quand je rentrerais chez moi. Ce serait le moment de vérité. Quand les cours furent finis, je trainais le plus possible dans la classe. J'avais peur. Quand je dû sortir, je respirai un grand coup, chassai la voix qui me disait que c'était trop tard, et m'élançais sur la route.

Je courus, le plus vite possible, sans m'arrêter. Je comptais chaque pas pour ne pas penser à mon rêve, mais ma tête commençait à me démanger. Mon dos aussi.
Je fermai les yeux et couru plus vite.
J'avais l'impression d'avoir plus de poils aux bras que d'habitude. Les gens autour de moi me dévisageaient, l'air horrifiés. Ma tête me démangeait de plus en plus et mon dos me faisait affreusement souffrir.
Je m'assis, n'en pouvant plus, et regardais si j'étais blessé, ne voulant pas accepter la réalité.

Je poussais un hurlement et voyait une couche épaisse de poils doux sur mon avant bras. Tremblant, je levai mes mains vers mon visage et senti, horrifié, des moustaches entre mes doigts. Mes mains montèrent encore, touchant deux oreillers qui semblaient ne pas être les miennes. Et pourtant, lorsque je les bouchais, je n'entendais plus. Des larmes coulèrent de mes yeux, mouillant mon costume de Nua.

J'étais devenu un rejeté.

Je tombais à la renverse et perdis connaissance.

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