K...

TN = 0 kilomètre

Je me lève doucement. Je glisse une dernière fois mes doigts dans ses cheveux, caresse une dernière fois sa joue, embrasse pour la dernière fois le coin de ses lèvres endormies.

Aujourd'hui je dois repartir loin, trop loin d'elle. Je dois rejoindre ma vie "parfaite", et arrêter de faire des bêtises.

Je l'aime. Je l'aime depuis toujours, plus précisément depuis la quatrième, mais elle est mariée maintenant. J'ai encore le moins le droit de lui déclarer mon amour maintenant que le petit anglais est arrivé dans nos vies, ce dont je me serais bien passé.

Si je n'avais pas été malade le jour où nous devions partir en Angleterre, ils ne seraient jamais été ensembles... J'ai mes raisons pour haïr au plus profond de mon cœur le rhume. Quand je pense qu'avant j'aimais bien le prénom " Sean"...

Je claque la porte d'un geste brusque, peut-être trop brusque, et en entendant un petit grognement de sa part, je prends peur et cours dans ma voiture.

Une fois le moteur allumé, je démarre en trombe et disparaît alors que l'aube vient de se lever. Je n'ai mas beaucoup dormi mais cette nuit était magique. La serrer contre moi et sentir son souffle contre ma peau était presque irréel. Elle avait bu, elle a sûrement oublié.

Je dois oublier aussi.

J'appuie sur l'accélérateur.

Distance TN = 0+236 kilomètres

Je suis enfin arrivé devant mon bureau de travail. Les 236 kilomètres que j'ai parcourus pèsent sur mon cœur à présent, et la nuit que je viens de passer me semble bien loin.

Mon patron voit mes yeux endormis, et se moque :
"Alors ? On a fait la bringue hier soir ?"

Je marmonne une réponse incompréhensible et l'insulte dans toutes les langues que je connais à l'intérieur. Je m'installe doucement sur mon fauteuil.

Distance TN = 236-234 kilomètres.

Je suis totalement épuisée. Je ne comprends pas ce qui m'est arrivé... Je suis rentrée dans un bar, mais ensuite... Plus de souvenirs, juste des traces, comme une vitre pleine de buée... Et ce mal de crâne qui empire à chaque seconde, à chaque mouvement que je fais...

Je referme délicatement la porte mais le claquement produit me fait sursauter et aggrave mon mal de crâne. Je prends le parti de me goinfrer d'aspirines et d'aller me coucher quand une voix rauque claque comme un fouet :

"T'étais hier ?

-J'étais dans un bar.

-T'as passé la nuit dans un bar ?"

Le ton était méprisant, et je frémis. Il était blessé.

"Non.

-Où alors ?

-Je ne sais pas... Je ne sais plus...

-Tu t'es réveillée ?

-Dans une chambre d'hôtel. Seule."

Le silence se fait de nouveau, et je respire un peu mieux. Sean apparaît dans l'encadrement de la porte, les yeux rouges. Il tient à moi. Pourquoi est-ce que je n'arrête pas de penser à Thibault ? Pourquoi est-ce que je suis allée me saouler à plus de deux cent kilomètres d'ici ?

Je le prends dans mes bras, mais j'ai plus l'impression de réconforter un ami. Il ne dit plus rien. Je crois qu'il pleure.

Le pire dans tout ça, ce bazar qu'est devenu mon cerveau, c'est que je ne me sens même pas coupable...

***
Après avoir pris plusieurs aspirines, je me dirige vers le bureau de Thibault. J'ai besoin de lui parler.

Distance TN = 2-2 kilomètres

Je n'ai pas beaucoup travaillé car elle occupait toutes mes pensées. Je n'ai pas beaucoup tapé sur l'ordinateur non plus. Je me sens mal. Extrêmement mal.

Et puis, une sonnerie déchire l'air. Je consulte mes messages en vérifiant autour de moi que mon patron ne viendrait pas, et découvre son message.

"Suis en bas "

Mon souffle se coupe. Que fait-elle ici ? Je la croyais à plus de deux cent bornes d'ici...

Je me dépêche de descendre. J'ai hâte de la voir.

"Hey...

-Faut qu'on parle."

Tous mes muscles se contractent. C'est mauvais. Très mauvais.

"Hum... Ouais ?

-Tu étais avec moi hier?

-Je... Enfin... Je..."

Je cherche une excuse, un prétexte. Mais si elle se rappelle... Je ne peux plus rien.

"Oh merde merde merde merde... Qu'est-ce que je vais dire à Sean ?

-Rien du tout. Tu vas oublier hier soir, tu vas nous oublier et tu ...

-Nous ? Depuis quand " nous" existe ??"

Je baisse les yeux. J'ai mis les pieds dans le plat. Elle ne se souvenait de rien. Je suis bête bête bête bête bête....

"Tu... Que s'est-il passé hier ?

-Eh bien...

-Dis le moi Thibault...

-Il ne s'est rien passé. Il y a eu un baiser, tu étais saoul, ça ne compte pas.

-Tu étais saoul ?

-Pardon ?

-Tu as dit que j'étais saoul, sans parler de toi. Tu étais saoul ?

-Non...

-Thibault... Tu m'aimes ?

-Depuis la quatrième ! Enfin, comme as-tu pu ne pas t'en rendre compte avant ?"

En quelques secondes, ses lèvres avaient trouvé le chemin des miennes. Ses mains étaient dans mes cheveux et son sourire était collé sur mon visage.

Distance TN = 0 kilomètre.
T+N = <3

Kilomètres.

Merci à smootnoki pour sa participation !

Des idées pour le L ?

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