Elle regarde le jour se lever doucement sur son quartier. En ce mois de juillet, le soleil est pour l'instant caché par les nuages mais s'annonce plus lourd que jamais dans la suite de la matinée.

Juste à l'image des émotions qui l'habitent... Aujourd'hui, Aurore se sent pleine de bonne humeur et de joie, car elle a trouvé ce qu'il lui fallait faire après la mort de son amant. Tous leurs souvenirs heureux ensemble  passent et repassent devant ses yeux émerveillés.

Elle est maintenant d'excellente humeur, et sa main tremble de hâte de tenir la chère plume pour écrire tous les mots qui rebondissent dans son esprit.

La brume règne sur son quartier ensommeillé comme sur son esprit encore endormi. Elle sourit à cette comparaison, qu'elle décide de placer dans son nouveau livre de romance.

Elle laisse les émotions passer de son cœur à son papier bientôt rempli de mots écrits à l'encre bleue. Elle sourit en pensant à ses souvenirs de leur dernier dîner aux chandelles ensemble, de leurs derniers instant volés au temps...

***

Des heures plus tard, le poignet endolori mais un grand sourire aux lèvres, Aurore Dupin finit par sortir à l'extérieur.

Une dispute violente attire son attention sur la route de son café préféré. Elle rajuste son haut chapeau noir, qu'elle affectionne tout particulièrement, et s'approche doucement au milieu des badauds.

"Je te dis que non !

- Comment quelqu'un d'aussi intelligent qu'Épicure pourrait avoir tort ?

-Et Kant, qu'est-ce que tu en fais de Kant ?!

-Ignorant !

-Pauvre !

-Barbare !"

Aurore soupire, et s'éloigne du rassemblement. Ce n'est qu'une énième dispute entre rationalistes et matérialistes. Toujours le même dilemme : esprit ou biens matériels ?

Deux camps se disputent, parfois l'un en face de l'autre, parfois lors de longs discours...

"George !"

Aurore se retourne avec un instant de retard pour comprendre que c'est bien elle dont on parle. C'est son vieil ami Chopin qui l'appelle.

"Pourrais-tu donner raison à l'un ou à l'autre ?

- Je ne pense pas... Au fond, je dirais ni l'un ni l'autre..."

C'est ainsi que l'idée lui est venue. L'idée d'une troisième philosophie.

Le romantisme. Un courant à mi-chemin entre le matérialisme et le rationalisme.

Éclectique.

(Selon le premier sens du dictionnaire, "qui ne penche pas pour une doctrine en particulier, mais qui emprunte des opinions provenant de différents systèmes
-> Linternaute).

Merci à Xanti_ pour sa participation (et désolée pour le retard...) !