X...
Je regarde la nuit descendre doucement sur Jérusalem. Il fait chaud même en ce mois d'octobre.
Demain, j'irai prier près du mur des Lamentations. Avec la mort de grand-mère, j'ai besoin de prier pour son âme, pour l'avenir... Et pour la Paix.
Ce mot sans cesse chuchoté, sans que personne n'ose le prononcer à voix haute.... Ce mot porteur d'espoir, ce mot presque interdit en ce moment...
Je regarde de ma fenêtre les différents quartiers de ma ville, de ma ville "trois fois sainte", et même de si haut je peux voir la différence entre les quartiers palestiniens et israéliens.
Demain, il fera très beau. Il y aura beaucoup de monde dans la Rue qui relie mon immeuble du mur... Ma femme est fragile, peut-être qu'on attendra un jour pluvieux...
Je verrai bien demain. En attendant, j'ai besoin de dormir. Voir ma ville fait remonter de vieilles souffrances, que je n'ai aucune envie de faire apparaître. Je veux la Paix, aussi bizarre que cela puisse paraître après la mort...
***
Hier, je m'étais endormi avant de penser l'irréparable. Je devais absolument me détacher de ma petite fille.
Je devais chercher la paix en moi-même. Puis trouver la Paix à l'extérieur.
Ma femme s'éveilla avec un beau sourire sur son visage, et mes lèvres emprisonnèrent les siennes.
" Bonjour mon ange...
-Bonjour mon chéri. Tes parents nous rejoignent ?
-Non... Ils partent directement au Cimetière, ils trouvent que la Rue se fait de plus en plus dangereuse...
-Oh... On y va, tout de même ?
-Bien sûr !"
Je courus vers la salle de bains, et quelques minutes plus tard sortis, prêt à prier.
Ma femme laissa ses longs cheveux noirs flotter librement sur son dos. Elle était juive, et elle voulait le montrer. Elle comprenait la colère des palestiniens, mais elle n'avait pas l'intention de se soumettre à des règles qu'elle trouvait injustifiée.
Alors, pas de voile. Point.
***
Je marche doucement avec ma femme. Elle est belle. Magnifiquement belle. Je ne me lasse pas de regarder son visage. Elle a quelques rides, mais celles-ci ne font qu'accentuer sa beauté naturelle.
Je butai sur une roche, et décidai de regarder devant moi devant le rire étouffé de ma femme.
"Je ne peux pas m'empêcher de regarder ton beau visage...
-Arrête tes flatteries en public, et regarde devant toi, bêta !"
Je me tus, mais un sourire joyeux flotta quelques secondes sur mon visage, pour lui montrer que je n'étais pas fâché.
Contrairement à ce que je pensais, la Rue était presque vide, et le peu de personnes que je croise sont palestiniennes. Je me crispe sous le tissu blanc de mes vêtements.
Soudain, une main agrippe mon bras.
"Toi, là !"
Je regarde l'homme dans les yeux. Il a l'air palestinien, mais malgré les stéréotypes nous nous ressemblons comme deux gouttes d'eau. C'est impossible à dire.
"Oui, toi ! Qu'est-ce t'as à marcher comme ça avec une femme pas voilée ? Tu veux qu'Allah te punisse ?"
Je le regarde, apeuré. Il est palestinien... Et nous sommes presque seuls dans cette Rue, pourtant large et autrefois remplie de monde.
"Je ne suis pas d'accord avec vos idées.
-J'te demande pardon ? J'te parle peut-être ?
-Non."
Elle est allée trop loin. J'attrape sa main, et la serre fort. Je sais que ça va mal se terminer.
Alors j'essaie de passer.
"Eho ! Toi, tu bouges pas ! J'm'occupe de ta femme, et toi tu attends ton tour !"
Dans la rue, il n'y a que quelques commerçants apeurés. Je les implore du regard, mais ils détournent les yeux. Tous. Je les comprends. Je les comprends mais je suis en danger de mort, et tout ce que je pense sur l'instant, ce sont des insultes à leur adresse.
Je regarde de nouveau l'homme. Il a été rejoint par deux autres hommes. Je n'ai aucune chance si j'essaie de me battre avec eux...
Mes dents attaquent ma lèvre inférieure, et j'ai envie de vomir. Je me demande, si je le faisais, si cela me donnerait le temps de fuir...
Puis je vois le couteau.
Tout va vite. Trop vite.
Un couteau, un coup, deux coups, trois... Je perds le compte. Il y en a peut-être cinq, peut-être dix, peut-être vingt avant qu'elle ne s'écroule. Elle lâche ma main.
Et moi je hurle. Je hurle parce qu'il s'attaque à la femme de ma vie. Et que je veux la protéger.
Que je le déteste. Que je déteste les commerçants. Que je déteste le monde autour de moi. Que je déteste la société. Que je déteste le politiquement correct. Que je déteste la Paix.
Je me jette sur lui, et je le frappe une seule fois au visage avant de sentir la lame s'enfoncer profondément dans mon abdomen.
Je tombe à terre, à côté de ma femme. Parce que je veux avoir pour dernière image l'image de son visage...
Je la regarde pour la dernière fois. Comme dans tous les contes de fées qui finissent mal, nous expirons en même temps.
Avant de partir, je ne dis qu'un seul mot : "sale étranger..."
***
Si vous regardez votre télévision, vous verrez des commerçants dire qu'ils ne pouvaient pas aider. Qu'ils ne pouvaient pas, parce que c'était dangereux.
Mais si vous allez à Jérusalem, si vous prenez le temps de vous déplacer, vous verrez deux corps. Qui se tiennent la main pour la dernière fois. Pour l'infini.
Vous vous demanderez si c'est la faute de la guerre, de la xénophobie, du morcellement du pays, de la religion...
Et vous n'aurez pas de réponse, parce que c'est un peu de tout ça. Et puis des cheveux lâchés.
(Je ne donne pas mon avis par rapport à cet événement réel, je présente les faits en rajoutant de la fiction.)
Xénophobie.
Merci à Xanti_ pour sa participation !
J'ai décidé de montrer comment naissait la xénophobie, parce que ça m'inspirait plus... Voilà j'espère que ça vous plait !
Des idées pour le Y ?
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