S...

Suite du R :

Je vois son regard. Je vois son regard, et je vois qu'elle est sincère. Je vois bien qu'elle ne fait pas ça pour être méchante, mais elle me brise. Elle brise tout ce qui est en moi.

Je ne sens plus rien. Elle effleure mon épaule en partant, mais je ne réagis même pas. Je m'affale contre le mur, le souffle coupé. Je ne ressens plus rien.

Tout s'arrête. La terre s'arrête de tourner. La cloche sonne, mais je n'ai aucune envie de retourner en cours. Je prétexte une maladie quelconque, et sors du lycée. J'attrape mon sac... Et, pendant un court instant, je vois mes veines.

Mes veines bleues. Mes veines violettes. Elles m'appellent. Elles me crient de les couper. Elles me crient d'en finir. Et une autre voix dans ma tête me susurre de les croire.

Je n'ai plus mal nul part. Je suis simplement vide. Vide de toute émotion ou sentiment que je pourrais espérer ressentir.

Je rentre chez moi, mais l'odeur d'alcool me fait sursauter. Je devrais y être habitué, mais chaque matin j'espère rentrer et trouver ma mère sobre. Et chaque soir elle piétine le peu d'espoir que j'avais pu placer dans ce rêve.

Je prends ce qu'il me faut, et je sors. Je ne veux pas voir ma mère. Je vide mon sac de cours par terre, et je jette ce que j'ai récupéré dedans.

Ma mère est sur le pas de la porte. Ses yeux brillent. Elle pue l'alcool. Elle aura sûrement tout oublié demain, mais là, elle comprend.

Elle s'approche de moi, et me prend doucement dans ses bras. Sa manière de me dire adieu. Elle est belle. Elle est belle quand elle est presque sobre.

"Mon bébé..."
"Tu vas me manquer maman..."

Puis, cela commence. L'éthanol a du rentrer plus profondément dans ses cellules, ou alors elle recommence une crise.

"Ne m'appelle pas comme ça! Je ne suis PAS ta MÈRE ! C'est TA faute si papa est parti ! Je te hais !"

Je recule sous le choc. Je le savais, mais j'espérais que sa crise arriverait après. Après mon départ.

Alors je recule encore, et ma main tremblante atteint la poignée de la porte. Je me retourne le plus rapidement possible, et sous ses cris je m'enfuis.

Il fait nuit, et il neige. Quand j'étais petit, j'adorais Noël parce que mon anniversaire approchait... Et puis j'ai appris que mon père était parti le 24 décembre "acheter des clopes", et n'était jamais revenu...

Je déteste Noël.

Je pleure maintenant. Je ne sais même pas pourquoi. Sûrement parce qu'avoir des émotions me manque. N'est-ce pas là la définition de " vivre" ? Ressentir quelque chose ?

Je pleure plus fort. Je m'apprête à quitter ce parc. Je m'apprête à quitter ma mère, et ça ne me fait rien. Et c'est ce vide qui me fait peur.

J'essuie mes larmes, et commence la première étape de mon plan. Je sors un paquet de feuilles, et écrit rapidement deux lettres. Une adressée à ma mère sobre, et l'autre adressée à mon père. On ne sait jamais.

Je signe doucement avec le vieux bic bleu sous le néon des lampadaires. La nuit tombe totalement, et dans trente minutes je ne verrais pas assez pour écrire...

Je pose les deux lettres au fond de mon sac, et récupère l'objet qui sert à la deuxième étape. Je prends le couteau, et l'applique sur mes veines. Un peu de sang coule. Je souffre. Je ressens enfin quelque chose au milieu de ce vide.

Alors je continue. Quelques petites marques en plus sur mes poignets qui m'avaient tant tentés...

Je souris plus fort.

Puis je repose le couteau et soupire. Il reste l'ultime étape.

Je sors le paquet de médicaments de ma mère. Je le prends doucement. Je sais ce que je veux. Je ne tremble plus.

J'ouvre le bouchon. Je place ma bouche sous le paquet, et avale les dix-sept comprimés d'un coup.

Puis je m'allonge sur le banc du parc, et j'attends la Mort.

Et, étonnamment, je n'ai pas peur. J'attends la mort en souriant.

Suicide.

Ce mot n'a pas été donné. Je voulais juste écrire une suite à l'histoire d'Aristide... J'espère que ça vous plait.

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