J'ouvris les yeux avec anxiété.

C'était la même lumière venant du néon. Les mêmes oreillers orange fluo sous ma tête. Le même malaise croissant.

La femme était toujours là, et l'homme aussi. Ils dormaient toujours, assis sur leurs chaises plastiques, et la main de l'homme sur la mienne semblait montrer que l'on se connaissait.

J'avais quelques heures pour trouver qui il était. Dans quelques heures, il ferait jour. Il ferait jour et ils se réveilleraient, espérant que je me rappellerais.

Je regardais mes pieds. Ils n'existaient plus. Ils avaient été broyés, sûrement par un accident. Je n'eus même pas de nausées. Je ne m'étais jamais connu avec ces deux membres. Ils ne me manqueraient pas.

Mon visage ne semblait pas avoir reçu de coups visibles.

Seulement invisibles.

Parce que sous l'enveloppe fragile de ma boite crânienne, seulement colorée de bleus, c'était le tourbillon.

Je ne savais plus qui j'étais, où j'étais, ce que je faisais. Je n'avais aucune idée de qui était l'homme devant moi. Je ne savais pas non plus qui était la vieille femme.

Parfois, en tous cas dans les films, les personnes oublient seulement quelques années de leur vie. Seulement là... C'est tout. Toutes les personnes que je suis censé avoir connues...

Je sais que je suis un homme. Je sais que la photo sur la table de nuit me fait sourire car on me voit avec l'homme qui est devant moi. Nous sourions en nous tenant la main. Nous devions être proches.

Mais rien ne vient. Pas de flash-back génial, où je comprends tout. Pas d'images chocs qui me reviennent d'un coup, où je comprends mon destin. Pas de visages que je reconnais.

Rien. Juste du vide. Un vide étranglant. Blessant. Mortifiant. Dérangeant.

Tout simplement parce que j'ai perdu quelque chose en plus de mes souvenirs.

J'ai perdu mon identité. Je n'en ai pas. Je n'en ai plus.

(Sans) identité.

Merci à Seanthisme_tif pour sa nouvelle participation !!!

Des idées pour le J ?