C
Dédié à Seanthisme_tif pour sa troisième participation !
"Mange au moins un peu ma chérie !"
Je n'en peux plus. Tout me dégoûte. J'ai l'impression que je vais vomir si elle fait encore une fois bouger ces affreuses pâtes visqueuses.
"Au moins un peu de chocolat ?"
J'ai envie de lui dire d'arrêter, que cela ne changera plus jamais, mais elle s'obstine. Il n'y a pas de problème, n'est-ce pas ? Je n'ai simplement pas faim.
"Bon, bonne nuit ma chérie..."
Je suis désolée pour elle... Je n'aurais pas du la laisser espérer. J'aurais du la traiter de tous les noms dès le début, elle n'aurait pas fait tous ces efforts.
"Je t'aime..."
Je vois bien les larmes sur ses joues. Je les vois refléter la lumière du néon. Et cela me donne envie de la consoler. Mais si je le faisais, elle réessaierait. Alors je me tais et je ne bouge plus.
La lumière s'éteint. Plus aucune parole n'est prononcée.
Mon ventre me fait mal, il se tord en tous sens. Je sais bien que j'ai faim, mais ma gorge ne veut rien avaler. Elle pique et elle gratte dès qu'un aliment entre dans ma bouche. D'ailleurs, celle-ci est sèche et mes lèvres sont gercées.
Plus rien ne bouge au dehors. Il parait que la nuit porte conseil. Ce n'est pas vrai. J'ai fait assez de nuits blanches dans ma vie pour l'avoir vérifié.
Je ne bouge plus. De toutes façons au lit ce sera pareil. Autant rester devant cette assiette remplie de pâtes malodorantes. Elles me rappellent à quel point j'ai raté ma vie.
À quel point cette histoire m'a marqué. À quel point papa...
Même en pensée je n'arrive pas à formuler mes pensées. Je n'arrive pas à dire qu'il... Qu'il était parti.
Voilà, ainsi c'était plus simple. Plus politiquement correct. Comme quoi, j'en perdais tous mes concepts. Je n'en pouvais plus.
Ma tête allait exploser. Tout ça à cause d'une foutue moto, au milieu d'une foutue pluie, avec des foutus éclairs. Tout ça pour rien. Juste un vide déchirant.
Je sais que même plus tard, même quand je serais majeure, même quand j'aurais moi même des enfants, je ne l'oublierais pas. C'est à vie.
On n'oublie jamais, on ne fait qu'y penser moins. Tout simplement. Je n'en peux plus.
J'aimerais prendre ce couteau et...
Mais je ne finis pas ma pensée. C'est de plus en plus fréquent ces temps-ci. J'en perdrais la tête. Tout tourne tout tangue rien ne va plus je crois que je m'en vais ...
Quand on pense que si j'avais mangé ce chocolat ce soir-là, je serais encore là... Peut-être dans tes bras, peut-être dans les siens.
Aujourd'hui, ou peut-être demain, je suis avec le seul homme dans ma mort. Celui qui m'a quittée et que j'ai retrouvé.
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