Quand l'amour grandit

L'angoisse !
Je fais les cent pas dans la pièce depuis plus de dix minutes, mais elle ne part pas, cette fichue boule bloquée dans ma gorge et cet étau qui comprime ma poitrine.
J'arrête ma ronde intempestive pour faire face à la robe blanche pour la quinzième fois de la matinée, j'effleure ses dentelles et son bustier soyeux, et les larmes montent à nouveau.
Je reprends ma marche dans mon déshabillé de satin blanc et rumine pour moi-même :

- Calme toi, Marissa. Pas de quoi se mettre dans des états pareil !

Et puis, je vais finir par faire fâner les fleurs dans mes cheveux, si ça continue.
Tout est prêt pour la cérémonie. Aucun nuage à l'horizon qui serait susceptible de menacer cette journée que j'ai voulu parfaite. Une centaine d'invités, famille, amis. Une somptueuse décoration. Des mets raffinés.
Et pourtant, il y a quelque chose qui m'empêche d'être sereine et de profiter pleinement du moment. Je ne saurais dire quoi.
Le doute ? Impossible. Je sais que j'ai enfin trouvé mon âme sœur, et je l'aime de tout mon cœur.
La peur ? Peut-être, mais peur de quoi ? On a déjà passé le cap du meilleur et du pire, mais pour l'éternité, ça veut dire plus de retour en arrière possible. Est-ce que je suis vraiment prêt à m'enfermer dans une vie où il n'y a plus de possible ? Suis-je passée à côté de quelque chose dans ma vie ? Est-ce que je risque d'en rater ?

La porte de ma chambre s'ouvre et Mégane apparaît dans l'encadrement. Ses yeux bleus plantés dans les miens, elle y perçoit aussitôt ma détresse. Elle se précipite vers moi et m'enlace tendrement de ses bras menus.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive, ma chérie ? Tu flippes ?

Je me dégage rapidement et essuie mes larmes pour tenter de la rassurer :

- Non, bien sûr que non. Enfin peut-être, je ne sais pas...

Mégane m'entraîne à sa suite et s'assoit sur mon lit, tapotant la place à côté d'elle pour m'inviter à la rejoindre. Je m'exécute en reniflant bruyamment et elle enveloppe mes mains de ses doigts fins. Rien que sa présence me rassure. Mégane est ma meilleure amie depuis ma plus tendre enfance et je ne sais pas ce que serait ma vie sans elle.

- Raconte-moi. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Sa voix douce et cristalline me pousse à la confidence et j'ose enfin me lancer :

- Je crois que j'ai peur de me retrouver enfermée dans une vie terne, que l'ennui me bouffe, que l'amour s'étouffe.

Mégane me regarde comme si je venais de lui parler en russe, mauvais exemple, elle comprend très bien le russe.

- Tu déconnes ? Toi, Maria Isabel Parkson, te perdre dans une vie sans couleurs ? T'es un arc-en-ciel à toi toute seule. Jamais ça ne pourra t'arriver.

- Et si j'avais raté quelque chose ?

Le regard de Mégane s'obscurcit.

- De quoi tu parles ? Marissa, tu commences à me faire peur.

- C'est juste que j'ai jamais connu ça avant. Et c'est un sentiment tellement fort... j'ai peur de me perdre dans cet amour.

Mon amie m'enlace à nouveau, et lorsqu'elle reprend la parole, cet air mutin que je connais par cœur vient creuser les fossettes au coin de ses lèvres.

- Tu te rappelles ton mariage avec Arthur ?

Je fronce les sourcils pour essayer de trouver un indice dans ses iris azur, mais je ne vois pas où elle veut en venir.

- On était en primaire, Még, ça compte pas.

- À six ans tu disais déjà que c'était l'homme de ta vie, persiste-t-elle. On avait même organisé une cérémonie sous le toboggan.

Je souris à l'évocation de ce souvenir. Je revois ce petit garçon de l'époque, ses cheveux roux coupés très courts et ses tâches de rousseur plein le nez. Et moi, déjà un peu rondouillette dans ma robe à fleurs, jouant avec mes longues boucles brunes. Tout contrastait entre nous, et pourtant, je n'avais d'yeux que pour lui. C'est lui qui m'a donné mon premier baiser dans la cour de l'école primaire...

Cachée derrière un peuplier, il s'approche de moi en prenant garde que personne autour ne nous regarde. Tous les deux dos contre le tronc, nos doigts s'entremêlent timidement. J'ai l'impression que mon cœur joue de la batterie si fort qu'Arthur peut l'entendre.
On se regarde avec un sourire timide et il effleure furtivement ma bouche de la sienne avant de s'enfuir en courant. Je reste là, bras ballants, à me refaire le film de ces douces lèvres sur les miennes. C'était bref, mais la sensation est toujours ancrée en moi. Les étoiles dans les yeux, les papillons dans l'estomac, toute la panoplie de l'amoureuse transie qui flotte dans un océan de guimauve...

- On est bête à cet âge là, je conclue finalement. On ne se rend pas compte de la symbolique du mariage.

Mais Mégane ne renonce pas, elle enchaîne :

- Et tu te souviens qu'au lycée tu étais à fond dans le trip "ma virginité jusqu'au mariage" ?

J'éclate de rire :

- Heureusement que ce n'était qu'une passade, j'en aurais loupé des trucs !

- Assurément ! pouffe Mégane. Et tu te souviens de ce qui t'as fait changer d'avis ?

- Leandro... je prononce du bout des lèvres.

- Dans le genre beau gosse, t'avais frappé fort avec lui !

Le regard dans le vide, le sourire de mon bel espagnol se dessine dans mon esprit.

Notre classe est partie en voyage organisé à Barcelone. J'ai seize ans et, comme toute adolescente un peu enrobée, je suis très mal dans ma peau, mais j'ai pris l'habitude de cacher ce mal-être derrière des tonnes d'humour et d'excentricités qui faisaient de moi "la rigolote de service", et ça m'allait très bien.
Première journée à la plage. Alors que tout le monde s'ébroue dans l'eau, je préfère rester sur ma serviette, essayant de camoufler au maximum mes cuisses sous mon paréo. Un groupe de jeunes, probablement du coin, s'installe près de moi et je remarque parmi eux un garçon très craquant. Le regard aussi noir que ses cheveux, un sourire qui illuminerait les plus obscures ténèbres et un corps à se damner.
Ses yeux se posent sur moi, ma fausse assurance prend le large et je voudrais soudain pouvoir disparaître dans le sable. Il s'approche et me demande d'où je viens. Ma mère étant espagnole, je maîtrise très bien la langue et on commence alors à discuter de tout et de rien. Il est formidable. Plein d'ambition et d'une grande maturité comparé aux garçons de notre âge qui me semblent sans intérêt. Il me passionne. Cerise sur le gâteau, je me trouve belle dans ses yeux. Il a cette façon de me regarder, comme si j'étais la meilleure chose qui lui soit arrivée. On s'est vu tous les jours de ces deux semaines dès qu'on avait quartier libre, et le dernier soir, c'est arrivé.
On se retrouve sur la plage, comme tous les soirs. Allongés sur une couverture qu'il a pris le soin d'emporter, isolés entre les rochers, ses lèvres parsèment ma peau cuivrée de baisers humides. Les frissons parcourent mon corps. Mes mains caressent son dos parfait, s'attardant sur chaque aspérité de chacun de ses muscles. Ses doigts glissent dans mes cheveux, ses yeux balayent mes formes, mais je n'ai pas peur. J'ai envie d'être entièrement à lui avant qu'il me laisse partir pour ne plus jamais me revoir. Je veux qu'il marque son empreinte dans chaque cellule, chaque atome de mon être.
Le moment est magique. Suspendu dans le temps et l'espace. Entre ciel et terre, nous ne faisons plus qu'un, avec pour seuls témoins, le cri des goélands qui survolent la mer. Nos gestes sont timides et incertains, maladroits et hésitants, et j'avoue que la sensation n'est pas des plus agréable, mais cette communion entre nous à cet instant surpasse tout le reste.

- Marissa ? T'es toujours là ?

Mégane claque des doigts pour me faire revenir dans l'instant présent et je me sens rougir sous les bribes de souvenirs qui s'estompent.

- Oui, oui, je réponds, encore entre deux mondes. Ce soir-là, je n'avais aucun doute sur le fait que Leandro était le bon pour franchir le cap. Et je ne regrette pour rien au monde.

- Tu vois ? Il faut faire confiance à son instinct, confirme Mégane. Toujours.

Un souvenir, moins agréable cette fois, passe furtivement dans mon esprit et mon visage s'assombrit.

- Il est arrivé qu'il me fasse défaut, pourtant. Tu ne te rappelles pas de Moscou ?

Son sourire se crispe.

- C'est vrai que ça a failli mal tourner, cette fois, mais plus de peur que de mal, heureusement.

- Ça aurait vraiment pu mal finir, Még.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? C'est toi qui a craqué sur Natacha et qui m'a ensuite présenté son frère. C'est pas de ma faute s'il nous a entraîné dans ses délires, tu étais autant partante que moi.

Je regarde le ciel azur par la fenêtre en face de moi et le décor devient flou.

Je me retrouve alors dans ce bar russe où on passait la plupart de nos soirées étudiantes. La vodka coule à flot pour réchauffer les corps gelés par la température extérieure.
Les esprits se dérident, les liens se font et se défont.
Je discute avec un groupe d'italiens, en erasmus comme moi, lorsque je croise le regard d'une sublime blonde aux yeux bleus. Ses cheveux d'un blond soyeux lui arrivent jusqu'à la naissance de sa croupe, ses jambes fines et interminables accentuent une cambrure parfaite, et sa poitrine...
J'ai chaud, j'ai peur, j'ai même un peu honte, de trouver une femme aussi belle, aussi excitante. Je n'ai peut-être pas une grande expérience des hommes comparée à Mégane, habituée des aventures d'un soir, mais même si je ne les collectionne pas, je me suis toujours sentie à cent pour cent hétéro. Jamais une femme ne m'avait attiré. Jusqu'à aujourd'hui.
On se sourit, on boit. On fait connaissance, on boit. On danse, on s'enlace, on tombe. On tombe sur la banquette, on tombe dans les bras, on tombe amoureuse. Et on vit une passion comme je n'en ai jamais connu. Car sous ses airs de femme aussi froide que la glace, j'y ai trouvé le feu et m'y suis brûlé les ailes, où plutôt le cœur. Avec elle, j'ai découvert toute la douceur et la sensualité qu'on peut recevoir de la part d'une autre personne.
Elle m'avait invité à profiter du sauna aménagé dans son garage. J'avais accepté sans vraiment savoir à quoi m'en tenir avec elle, bien qu'on avait déjà flirté un peu.
Elle se présente devant moi, vêtue uniquement d'une serviette blanche nouée autour de sa poitrine de rêve, et m'en propose une pour la rejoindre. Mon estomac se noue quand j'arrive devant la porte dans une tenue aussi légère.
Que va-t-elle penser de moi ?
J'entre timidement dans la pièce bouillante aux fragrances d'eucalyptus et la découvre étendue sur les lattes en bois, complètement nue. Son corps de sylphide et son regard brûlant de concupiscence n'attendent que moi. Je n'hésite plus. Ma serviette glisse au sol et je m'approche d'elle sans retenue.
Ses mains expertes qui tracent mes formes à la perfection, sa langue habile qui épouse divinement chaque recoin de mon corps, ses hanches gracieuses qui ondulent contre les miennes dans une danse si lascive que je crois me perdre dans les plaines verdoyantes du jardin d'Eden à chaque mouvement.
Le blizzard souffle à l'extérieur de la pièce, le volcan gronde à l'intérieur de moi, son irruption menaçant à chaque va-et-vient de ma déesse. J'avais connu le plaisir avant Natacha, mais rien de comparable à ce désir ardent qui me consumait.

Mégane, en vrai cœur d'artichaut, s'était entichée de son frère, Vladimir. Le portrait type du russe. Grand, fort, musclé et toujours à nous attirer dans des combines complètement délirantes. Moi, aveuglée par l'amour, et certes un peu inconsciente, je suivais. Un jour, il nous lance le défi de traverser le lac gelé du parc où on avait l'habitude de traîner. Forts chargés en vodka, Vladimir court sur la fine couche de glace, affaiblie par la fin de l'hiver, en entraînant Mégane sur son dos. Natacha m'interroge du regard et malgré mes réticences, elle les suit, telle une nymphe glissant sur les eaux givrées. Je me retrouve seule sur la berge, avec mes amis qui m'appellent, hilares, de l'autre côté. J'hésite. Je ne sais pas si la glace saura supporter mon poids. Je fais un premier pas fébrile, puis un deuxième, et les encouragements de la bande me font me transcender. J'avance en dérapant au moindre mouvement, mais me rattrape à chaque fois en riant, étourdie par le mélange d'alcool et d'adrénaline, malgré mon instinct qui me crie de faire demi-tour. Alors que je ne suis plus qu'à quelques mètres de la rive opposée, le sol craque sous mes pieds.
Je m'arrête net. Je ne ris plus.
Les effets de la vodka se sont dissipés à la seconde, chez moi comme chez mes amis qui me regardent paniqués. Vladimir me fait signe d'avancer le plus lentement possible, mais à peine ai-je soulevé le talon que la plaque se brise comme du verre et s'effondre sous moi. Je me souviens seulement du froid glacial qui me saisit et brûle mes membres tandis que je me débat avec ma parka pour ne pas couler.
La surface s'éloigne, la lumière s'estompe. C'est le noir.
Je me réveille sur la berge, cernée de trois paires d'yeux exorbités qui sondent mon état.
Je l'ai échappé belle ce jour-là, mais entre Natacha et moi, la confiance était rompue. J'ai fini mon année sans jamais remettre les pieds dans ce bar et je suis retournée à Paris.

- C'est vrai que j'ai vraiment eu peur de te perdre, ce jour-là, déplore Mégane. Mais on s'en est sorti, comme d'habitude.

- Oui, pas comme la fois où on s'est retrouvé en prison à cause de toi !

- De moi ? T'exagères, s'indigne-t-elle. C'est toi qui a attaqué un flic !

- Tu veux que je te rappelle ce qu'il s'est passé ?

Mégane croise les bras et pince les lèvres pour clore le sujet, mais ça ne me donne que plus envie de continuer :

- Ça faisait quoi, deux jours qu'on était à Cancún pour le spring break ?

- P'têt bien, grogne-t-elle.

- Donc on est au matin du deuxième jour, tranquillement installées à une table pour le petit-déjeuner, et il y a déjà bon nombre d'étudiants bien imbibés qui foutent le bordel dans le Starbucks. Une bande de nanas s'amuse à montrer leurs seins aux passants et c'est là que tu as la merveilleuse idée de me défier.

- Personne ne t'obligeait à le faire, rétorque Mégane.

- Non, mais tu sais très bien que je ne laisse jamais passer un défi. Bref. Tu me lances donc la mission de montrer mes seins au premier inconnu qui entre. Tu te retournes, et qui passe la porte ? Je te le donne en mille ?

- Deux flics en uniforme, récite-t-elle, blasée d'avoir entendu l'histoire des dizaines de fois.

- Exact ! Alors, sans vouloir me débiner, je préfère le grand chauve qui arrive à leur suite, mais tu insistes : "la règle, c'est la règle."

- En même temps, si tu changes les règles comme ça t'arrange, c'est pas du jeu, bougonne Mégane avec une moue enfantine.

- Donc je me dirige vers les policiers, je les salue gentiment dans mon plus bel espagnol, et je soulève mon t-shirt des Rolling Stones. Je m'en rappelle parce que c'était mon préféré, et qu'il était foutu après ça. Donc me voilà les nichons à l'air, et toi-même tu sais qu'il y a du monde au balcon, les deux types pris de court qui louchent dessus, et le groupe de jeunes complètement ivres qui font une émeute juste derrière moi. Quelqu'un me pousse, renverse sa bière sur mon t-shirt. Je perds l'équilibre et dans la bousculade, je gifle le premier flic avec un de mes seins et m'écroule sur l'autre qui se retrouve la tête dans le buffet en train d'étouffer dans mon décolleté. Le collègue à moitié assommé m'extirpe de là pour délivrer son ami de sa prison de tétons, et toi, morte de rire devant ton café pendant qu'on me passe les menottes.

Mégane retient une larme avant d'éclater de rire et de la laisser rouler sur ses cils :

- Désolée Marissa, mais t'aurais dû voir la scène, c'était trop drôle, anhèle-t-elle.

- Je sais, j'y étais, je confesse, hilare à mon tour. Mais ça aurait dû s'arrêter là. C'était un malheureux accident, ils allaient me laisser partir... Jusqu'à ce qu'une folle furieuse arrive, en criant au flic qui me tenait toujours de me relâcher, et se mette à lui tirer le bras pour qu'il me libère.

- Quoi ? Il te faisait mal, je suis juste venue défendre ma meilleure amie.

- Disons qu'il me maintenait fermement, rectifié-je. Toujours est-il qu'au lieu que cette histoire se termine avec un cocktail sur la plage, on s'est retrouvé derrière les barreaux avec une agression des forces de l'ordre marquée sur notre casier.

- Ça ne donne que plus de piquant à cette anecdote.

- J'aurais préféré trouver le piquant uniquement dans les nachos.

- Oh ! Arrête. Tu les as eu, tes nachos, et ton mojito aussi d'ailleurs. Sans oublier que tu n'aurais jamais connu Miguel sans ça.

- C'est vrai.

- Et moi, je n'aurai pas eu mon idylle avec... Paola.

Elle appuie sur ce prénom en balayant l'air de son bras et je me sens piquée.

- Oh non ! S'il te plaît, pas Paola, je maronne.

- Qu'est-ce qui y a, ma biche, t'es jalouse ? Fallait bien que j'ai droit à mon expérience lesbienne, moi aussi.

- C'est vrai que ça aurait été dommage, mais on n'est pas obligé d'avoir tous les détails.

Elle balaye sa main devant mon nez pour me faire taire et reprend :

- C'est toi qui as voulu mettre cette histoire sur le tapis, maintenant je la raconte jusqu'au bout.

- D'accord, je concède. Mais n'oublie pas Miguel.

- Après cette mésaventure, on se retrouve donc sur une plage de Cancún à la nuit tombée. Le feu de camp crépite et le beau Miguel joue merveilleusement de la guitare de ses doigts habiles... Ça va comme ça ?

Je souris, satisfaite :

- C'est parfait.

- La fête bat son plein, la musique nous emporte, et là, un grain de voix extraordinaire perce dans la nuit et se met à chanter un flamenco. Je me retourne et découvre une femme aux courbes voluptueuses qui fredonne la mélodie et ondule près du feu. La lueur des flammes danse sur son corps et lèche les reflets ambrés de sa peau, ses longs cheveux bruns caressent ses bras nus.

- Quand on y pense, elle me ressemble un peu, j'interviens.

- C'est vrai ! Tu aurais pu être ma première, sourit-elle. Mais ce soir-là, je suis subjuguée par le charisme, la grâce de Paola. Quand elle s'assoit près de moi et que son regard ténébreux croise le mien, je ne peux pas résister. Je glisse ma main dans la sienne et je l'entraîne à l'écart. Sa bouche pulpeuse m'appelle et lorsque j'y goûte, c'est comme un bonbon. Doux, sucré, si bon qu'on en veut plus. Elle caresse ma nuque et j'en demande encore.
On se retrouve dans la chambre d'hôtel, ses gestes langoureux qui me délivrent de mes vêtements. J'effeuille les siens et je découvre un corps sublime. Avec tous ses défauts pourtant si parfaits. On s'effleure, on se regarde, on s'enlace. La chaleur de son souffle, comme des milliers de braises incandescentes, enflamme ma peau. Elle m'allonge sur le lit et modèle mon corps de ses mains délicates. Elle forme le galbe de mes seins durcis, elle épouse mes hanches, se glisse dans mon intimité la plus profonde pour y capturer l'essence de mon plaisir. Un plaisir si tendre, si doux qui grandit aux tréfonds de soi pour jaillir dans une explosion d'étoiles.
C'était si fort que j'ai cru sur le moment que je ne pourrais plus jamais avoir d'orgasme avec un homme... jusqu'à ce que Lewis me prouve le contraire dès le lendemain !

Elle ponctue la chute de son histoire avec un clin d'œil et je lève les yeux au ciel :

- Toi, alors ! On te refera pas ! Et pourquoi on parlait de tout ça, déjà ?

Le visage de Mégane retrouve son sérieux et ses yeux se plantent fermement dans les miens :

- Si je te dis tout ça, Marissa, c'est pour que tu te rappelles que chaque histoire que tu as connu t'a appris quelque chose sur la vie, sur l'amour. Chacune de ces aventures t'a fait grandir pour t'amener exactement là où tu te trouves aujourd'hui. Et fais-moi confiance, tu as tout à fait ta place devant cet autel.

Une vague de bonheur s'engouffre dans mon cœur et je comprends alors qu'elle a raison. Mes doutes envolés, je me sens plus légère et prête à affronter la dernière ligne droite vers le bonheur ultime.

La cérémonie se déroule comme dans un rêve. Je flotte au-dessus de mon corps, prise dans une valse d'euphorie.
Mon âme sœur à mes côtés, enfin unies pour l'éternité, nous nous éloignons des convives pour profiter pleinement de nous, et ancrer notre engagement dans les chairs de l'autre.
Elle me tourne le dos, les yeux fixés sur le paysage extérieur tandis que je dégrafe son corsage. Inondant la base de sa nuque de baisers fiévreux, humant les vagues dorées de ses cheveux, je me perds dans son âme pour mieux me retrouver. Elle se retourne alors et plonge son regard azur dans le mien, l'amour qu'il me renvoie me transperce de part en part.
Mégane avait raison, il a fallu que je vive des histoires passionnantes aux quatre coins du monde pour me rendre compte que le véritable amour se trouvait juste sous mes yeux pendant tout ce temps.

- Alors mon cœur, souffle-t-elle. Aucun regret ?

- À tes côtés, jamais, je lui susurre.

Sous le clair de lune, nos paumes se touchent ; nos peaux, nos bouches.
Dans la nuit obscure, la passion s'écrit ; nos souffles, nos cris.
Au milieu de nos ébats, lorsque le désir presque assouvi ; ne sera plus que la preuve assurée de ce sentiment indéfectible.
Les étoiles pourront alors témoigner qu'aucune nuit passée n'égala celle-ci ; et que toutes les suivantes ne feront que grandir de cet amour indicible.

Dans l'éclat de notre jouissance, elle me berce de son regard et murmure :

- Je t'aime, Marissa.

- Je t'aime, Mégane.








Nouvelle écrite dans le cadre du concours Aphrodite : rédiger une nouvelle érotique où la femme est au centre.

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