Souvenirs d'enfance (1/2)
Lorsque j'étais jeune, il m'arrivait souvent de jouer avec le garçon qui habitait le manoir à côté de chez moi.
À l'époque, je vivais dans une petite ville provinciale avec mes parents dans une maison modeste mais néanmoins possédant un charme flagrant. La campagne avait toujours exercé sur moi l'attrait d'une vie simple et tranquille. J'appréciais le chant des oiseaux comme l'odeur des fleurs sauvages au printemps, le paysage blanc de l'hiver, la moite chaleur de l'été et les couleurs de l'automne.
Mais ce que j'aimais le plus dans cette vie que j'avais eu, c'était de jouer avec Ébène.
C'était mon premier ami, j'étais sa première amie. Nous étions inséparables.
Nous aimions nous amuser à sauter par dessus les bosquets, nous faufiler à travers les arbres de la forêts jonchant son immense propriété, nous cavalions partout, inventant des aventures et nous promettant monts et merveilles.
Un jour, mes parents m'avaient expliqué que c'était l'héritier d'une riche famille. Évidemment, comme j'étais encore toute jeune, je ne comprenais pas très bien pourquoi il fallait que je montre du respect à mon meilleur ami.
Sur le moment je n'avais rien dit et avait continué à passer mon temps avec le fils des voisins, n'ayant pas conscience du poid de la hierarchie sur la vie humaine...
Ébène lui, semblait très heureux que je joue avec lui - même si à présent je pense que c'est parce que je ne le traitais pas avec la même déférence que les autres. Et moi aussi, je l'étais.
Plus les années passaient et plus notre amitié devenait forte.
Il m'aidait à comprendre tel ou tel exercice qu'un professeur particulier m'obligeais à faire, il posait pour moi quand je voulais le dessiner et perdrait par galanterie aux échecs quand nous disputions une partie - ce qui avait, je dois le dire, le don de me mettre hors de moi.
Nos milles et une aventures épiques nous avaient forgés de très bons souvenirs, mais plus nous grandissions, plus il était évident de constater que ce n'était pas là seule chose qui me rapprochait de lui.
Au départ, je ne savais pas de quoi il s'agissait, puis, au fil de les discussions avec mes amies, j'avais compris de quoi il était question...elles aussi d'ailleur. Elles m'avait diagnostiqué "une maladie amoureuse" pour le bel Ébène - qui avait grandi, tout comme moi, et était devenu un beau jeune homme.
Lorsqu'à l'époque je me regardais dans un miroir, je ne voyais juste qu'une pauvre fille au cheveux cuivrés aux yeux délavés et aux tâches de sons mouchetant son nez et ses joues rebondies comme celles d'un enfant.
J'étais maigrelette, presque squelettique et ma peau translucide, si bien que l'on voyait les sillons bleutés de mes veines sur tout mon corps.
Malgré tout, quand je me voyais dans les yeux de mon ami, je me voyais comme la plus belle femme du monde...
J'adorais la façon dont ses yeux bleus petillaient quand il souriait ou riait, comme ses cheveux encadraient son visage....parfait.
Mon regard de jeune fille amoureuse perfectionait chacun de ses traits, chaque rire, chaque mots qui sortaient de sa bouche.
Une admiration sans borne m'envahissait quand je le voyais.
J'avais lu dans un livre qu'on appelait ça la "cristallisation".
Lui n'avait pas semblé s'intéresser à moi d'une autre manière qu'une amie, ça avait le don de me donner le cafard.
Puis mes parents sont morts, dans un accident vraiment terrible, et je m'étais retrouvé orpheline à seize ans.
Lui, s'était éloigné, son rang qu'il devait respecter ne lui permettait pas de me parler très souvent.
Je partis donc chez mes grands parents habitant une ville lointaine.
Je ne lui ai plus parlé avant mon départ pour Londres.
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