Souvenirs

"J'aime les pommes et les bananes, prenons un jus de fruits et mettons le dans mon panier."

Une seule phrase, une phrase que je pensais oubliée, le retour en enfance. Je regarde la petite fille qui se tient devant moi qui joue à la dinette sans se douter de ce qu'elle va devenir, est-elle vraiment moi ? J'éteins mon téléphone sur lequel je regardais cette vidéo en attendant mon prochain rendez-vous et j'essaye de me souvenir de la première fois que j'ai entendu cette phrase. Mes souvenirs sont un peu flous mais je crois que devais avoir environ 3 ans, c'était mon anniversaire, mes parents m'avaient offert une dinette avec une petite cocotte qui me parlait. A cet âge là, je regardais déjà beaucoup ma mère cuisiner alors pouvoir faire comme elle me rendait très contente. J'avais d'ailleurs passé presque tout le reste de la journée à jouer avec, mettant les légumes dedans, à écouter les chansons, à fermer le couvercle, à servir mes parents...

En grandissant, je continuais à jouer régulièrement avec ma petite cocotte mais quand j'avais six ou sept ans, j'avais invité une amie qui s'était moquée de ma dinette, un jeu de bébé selon elle. J'ai alors arrêté de jouer avec et elle a fini par monter au grenier.

Elle fut remplacée par de véritables ingrédients et je préparais avec ravissement les repas et de nombreux desserts pour toute la famille. J'adorais il me semble mais je ne me rappelle pas pourquoi ai-je donc arrêté de cuisiner ?

Mon esprit reste longtemps bloqué sur cette question et je reste distraite durant tout mon rendez-vous. Ce n'est qu'à la fin que cela me revient.

Pour mon stage de troisième, j'avais eu le bonheur de pouvoir le faire dans la cuisine d'un restaurant. J'étais ravie mais mon maître de stage me stressait et je m'étais mise à faire n'importe quoi. Le soir, quand je suis rentrée chez moi, je me suis mise à pleurer dans ma chambre. Ma mère est venue me voir, elle m'a écouté pendant que je racontais ma journée désastreuse avant de me dire que c'est normal et que de toute façon, ce métier n'était pas pour moi, ce n'est pas une bonne situation. J'y suis retournée toute la semaine mais j'avais perdu l'étincelle, le bonheur de cuisiner.

C'est à cause de cela que maintenant, je passe mes journées derrière un bureau à faire un travail qui ne me plait pas.

À l'instant ou je fais ce constat, ma décision est prise. Je me lève, je quitte mon bureau, traverse le couloir, passe devant une porte, deux portes, trois portes. Je m'arrête un instant devant la dernière, je prends une inspiration, j'ouvre la porte, je vais voir ma patronne, et lui annonce ma démission avant de rentrer chez moi.


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