Je suis muette, pas sourde ni bête bien que parfois je préférerai l'être. Je vous entends vous savez ? Tous ces mots que vous dites, dans mon dos mais parfois même devant moi, quand vous pensez que je ne vous entends pas, que je ne vous comprends pas.

Quand vous faites des blagues lourdes à mon sujet, quand vous soupirez quand je sors mon carnet pour vous parler, quand vous me demandez si c'est vraiment important... vous quand vous parlez, on ne vous demande pas si c'est important et pourtant, si vous saviez la quantité de choses inutiles que vous dites chaque jours, pourquoi ce serait différent pour moi ?

Je me compare un peu à une poupée de porcelaine. Comme une poupée de porcelaine, je suis jolie dans le paysage mais seulement en décoration, comme une poupée de porcelaine, je ne peux pas parler, comme une poupée de porcelaine, il y a un moment où on finit par se lasser de moi, comme une poupée de porcelaine, je suis fragile et chacune de vos remarques fissurent un peu plus mon cœur. Vous savez, quand il sera brisé, vous ne pourrez pas le réparer avec de la colle et du scotch, ce sera trop tard, avez vous déjà essayé de réparer de la porcelaine ?

Je fais des efforts, j'évite de trop parler, je vous laisse me mettre à l'écart, je ne participe pas aux discussions car j'écris trop lentement mais ça me ronge, tant de choses que j'aimerai vous dire que vous n'essayez pas d'entendre ! Je suis désolée mais je ne sais plus quoi faire, je veux que vous remarquez combien je vais mal mais je ne sais pas comment vous le faire comprendre. De toute façon, est-ce que ça changerait quelque chose ? Agiriez vous différemment pour moi ? Parce que la pauvre Élisa ne va pas bien ? J'ai des doutes.

Enfin bon, je vais jeter cette lettre avec toutes les précédentes que je vous ai écrites, je vais me coller un joli sourire sur le visage puisque c'est ce qu'on attend de moi et je vais aller vous rejoindre au collège pour faire la plante verte.

Élisa