La lettre

Salut

Je sais que tu ne recevras jamais cette lettre. Je vais quand même l'écrire. Je ne te demanderai pas ce qu'il t'a pris ni pourquoi tu as fait ça. Ça ne servirait à rien. Mais je nage en pleine confusion. Bordel pourquoi !?

Enfin... Tu te souviens de la première neige dans notre village ? Je crois que c'est la première fois que j'ai compris que le temps ne guérit pas tout.

J'avais déjà remarqué à ta manière de tourner en rond comme un lion en cage que tu ne tiendrais plus longtemps avant de partir à l'aventure, en ville. Quitter le Cantal, rejoindre Paris, Lyon, Montpellier ou Toulouse. Je l'avais remarqué mais je ne savais pas que tu avais déjà prévu ton départ ou alors je me voilais la face, ce n'est jamais facile de voir son fils grandir.
Tu comptais partir et rien ne pouvait t'arrêter, pas même la neige. Le matin tu dormais quand je suis partie. À mon retour, je n'ai trouvé qu'une lettre sur ton oreiller. Tu n'aurais pas pu choisir un autre jour ou retarder ton départ ?
Je ne sais pas si ton scooter a dérapé sur la neige ou si tu n'as pas vu le virage. Tout ce que je sais, c'est que le lendemain matin, on m'a appelée pour m'annoncer qu'on avait retrouvé ton corps au fond du fossé. Ça fait deux ans, on m'a dit que le temps fera les choses, que je m'habituerai mais non, tu me manques trop, tu étais mon seul fils, mon bébé. Je ne m'y fait pas.
C'est ma psy qui m'a conseillée de t'écrire une lettre pour essayer de faire mon deuil. Je ne sais pas si ça va fonctionner, je me contente d'espérer.

Adieu mon Fredie

Ta mère

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