Nouvelles #6

Sur Terre. Une ville. L'entrée d'une station de métro. Et la foule.

Des gens qui grouillaient de partout, marchant à des allures différentes, se bousculant parfois sans s'excuser. Des gens qui slalomaient entre les obstacles de la ville. Des gens qui couraient afin d'arriver à leur but le plus vite possible comme si le fait d'avoir une trentaine de seconde d'avance sur leur journée les rassurait, leur garantissait le bon déroulement de celle-ci. Des gens qui semblaient dans des bulles, isolés du monde qui les entourait. Tous ce qu'ils semblaient voir était cet endroit où ils se rendaient. Comme si une part d'eux-même était déjà là-bas et qu'il fallait la rejoindre au plus vite. Tout le reste avait disparu.

D'ailleurs, où allaient-ils ? Dans bien des directions, à vrai dire. Certains marchaient tout droit, d'autres tournaient au premier angle. Certains s'arrêtaient un instant, l'air perdu, regardant autour d'eux-même puis reprenaient immédiatement leur route. Et d'autre s'engouffraient dans les escaliers, vers le métro.

Deux quais. La foule. Et cette chaleur irrespirable. Et ce bruit.

Ces même gens qui, cette fois, ne couraient plus. Mais qui avaient toujours cet air impatient sur le visage. Ils attendaient debout au bord du quai, adossés au mur, ou bien assis sur un banc, patientant tous pour la même chose : le métro.

Même s'ils étaient maintenant plus posés, ils n'en avaient pourtant pas l'air plus serein. Toujours dans leur bulle. Le regard dans le vide et l'esprit ailleurs, sûrement avait-il déjà commencé la journée, de son côté. Et sur ce quai ne restait plus que les corps faussement animés de ces gens.

Et ce bruit. Ce bruit qui s'intensifiait. Qui devenait plus fort, à la fois lourd et strident. Ce bruit du métro qui approchait. Ce bruit de métro qui freinait, puis s'arrêtait. Et ces portes qui s'ouvraient.

De nouveaux la masse d'hommes et de femmes repris un semblant de vie. Beaucoup descendaient du métro, ceux du quai se poussaient afin de leur laisser de la place, puis montaient à leur tour. Petit à petit, les uns après les autres, ils montaient et se collaient, s'agglutinaient. Les rares places assises vacantes étaient vites prises, le reste de la foule devra faire le trajet debout.

Des secousses. D'abord douces puis un peu plus brutales. Le train démarrait. Et de nouveaux ce bruit, qui était pire de l'intérieur.

Ceux assis n'avaient aucun problème à s'abandonner à leur agenda mental. Les autres se tenaient du mieux qu'ils pouvaient aux barres. Essayant de bouger le moins possible. Tous étaient redevenus immobiles. Tout était redevenu presque sans vie.

Les corps bougeaient parfois de droite à gauche, certains endormis étaient réveillés en un léger sursaut par les secousses. Les rares moments où les têtes se levaient étaient pour surveiller le panneau lumineux qui indiquait le prochain arrêt.

Et puis ces secousses qui, étrangement, devenaient plus douce, plus calme. Ce bruit qui diminuait. Cet air qui devenait plus frais. Et cette lumière. Cette jolie lumière.

Peu à peu, les visages se relevaient et semblaient s'éclairer. Tous se tenaient plus droit, se regardaient, se souriaient. Et tous observaient cette belle lumière à travers les vitres du métro qui avait l'air d'être sorti de sous terre. Le métro d'ailleurs, avait lui aussi changer sans que personne ne s'en rende compte. Il était bien plus accueillant et des places vides s'étaient glissées entre les sièges déjà pris. Les quelques personnes debout s'y installèrent confortablement. Et chacun avait maintenant l'air heureux, calme et détendu.

La minute d'après, le train sembla se soulever lentement. Légèrement. Il avait l'air de voler. Tout en douceur, seconde après seconde, il gagnait du terrain vers le ciel. Et se rapprochait de cette agréable lumière.

Et quand ils furent assez près de la lumière, au point qu'il était difficile de garder les yeux ouverts, une douce fatigue s'empara de tous, fermant toutes les paupières et emmenant chacun dans un rêve léger.

Le lendemain, sur le même quai de la veille d'où ce métro était parti, seuls restaient des fleurs en hommage et ce journal, à même le sol, avec en gros titre "Accident de métro, beaucoup de morts déclarés".

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