Karl. Voilà le nom que m'ont donné mes parents il y a de ça seize ans. Mes parents... je ne les ai pas connus. Mon père s'appelait Edmund et ma mère Evengelia, mais tout le monde l'appelait Eve. On m'a dit qu'ils m'aimaient beaucoup, mais je n'ai jamais pu le vérifier ; ces derniers ayant été emportés par une étrange personne habillée de noir et gardant toujours sur elle une longue faux. J'avais également un chat, Gup', mais il était très vieux et ne vécut pas longtemps en ma compagnie.

J'ai donc mené une enfance marquée par la solitude jusqu'au jour où plusieurs personnes durent régler des comptes. Il n'y avait pas de quoi en faire une affaire, juste quelques milliards de soldats entassés sur un immense champ de bataille auquel j'ai été très amicalement convié.

La guerre, c'est l'enfer. J'ai arrêté de compter les jours depuis mon arrivée sur ce terrain de jeu depuis bien longtemps. Si je vous dis terrain de jeu, c'est que je mise gros ici. Je joue ma vie.

Le seul point positif, c'est que je me suis fait des amis. Je ne connais pas leurs vrais prénoms - je les ai oubliés - mais je leur ai tous trouvé un surnom. Ou plutôt je leur avais. Car ils sont morts. Tous. Enfin, non. Pas vraiment tous. Il y en a un que j'ai surnommé Judas (le nom d'un personnage d'un livre que j'ai lu il y a longtemps) et qui nous a trahi. C'est lui qui les a tous tués. Mes amis. Je le hais. Je le trouve... comment déjà ? Inhumain. Il est inhumain. Comme tout le monde ici d'ailleurs. Même la guerre n'est pas humaine. La mort non plus. Mais je ne comprends pas vraiment cette expression. Je crois qu'elle vient de l'autre côté. De nos ennemis. Il y en a des milliers. Des blancs, des noirs, des jaunes. Ils passent leur temps à nous tuers par milliers avec leurs armes étranges. Ils ont décimé nos rangs, tué nos camarades, enlevé nos familles, massacré nos médecins et détruit nos provisions. Ils ont seulement deux bras et deux jambes, poussent des cris répugnants quand on les tue, et sort de leur corps un étrange liquide rouge une fois blessés. Et c'est effectivement les gens de ce peuple qui portent le nom d'humains.