4. Casier 19

« C'est vrai que jusqu'à maintenant, j'avais un doute sur ce bon vieux Arthur, que faisait-il ? Où était-il ? Enfin tu comprends, ce genre d'interrogation à la con. À présent, je suis sûr d'une chose : ce type nous prend pour ses larbins, le genre de larbin qui joue à des sacrés jeux d'imbéciles et qui à la fin est content de sa bêtise.

-Tu n'es pas un peu dur, Luc, avec notre ami ?

-Ne me dis pas que tu crois à cette merde ! Après la bibliothèque, il va te demander de chercher des romans dans ton cul et toi tu vas t'y fourrer une sonde anale avec joie. »

Le tramway avançait vers la direction Odysseum. Les bâtiments de la nouvelle ville se succédaient,toujours plus carré et plus beige. Les immeubles ne touchaient pas le ciel, mais atteignait une hauteur convenable pour une ville du sud de la France.

Théo avait éprouvé quelques difficultés pour convaincre Luc, au final il avait néanmoins persuadé son ami de venir à la bibliothèque.

« On se déplace là-bas pour faire plaisir à M. Arthur ! Tu ne trouves pas qu'il se fout de notre gueule, d'abord il disparaît, ensuite il commence une sorte de confession à deux balles et enfin M. Théo le chevalier blanc fonce au secours de son ami le pauvre Arthur, il est retenu où déjà ?

-Ta gueule, tu commences à me faire un peu chier, c'est ton ami aussi, je ne pense pas me tromper en disant cela. De toute manière, il doit avoir des raisons pour avoir fait ça. »

Luc ne répondit pas, il se contenta de lancer un regard plutôt désapprobateur à son ami. Pourtant,tout ceci avait une logique, cette lettre, la disparition d'Arthur,l'étrange attitude de M. Carsé.

Non c'est toi qui es étrange, tu vois des complots partout, arrête ta paranoïa !

« Il y a un rapport avec la mort de Sylvia, je mettrais ma main à couper sur ce point.

-Laquelle la droite ou la gauche ?Tu ne veux pas te mettre un crochet aussi, comme ça quand tu te gratteras la tête, tu ne débiteras plus autant de conneries !

-Reste un peu sérieux Luc, pourquoi est-ce que Arthur aurait parlé de Sylvia si elle n'entretenait aucun rapport avec le reste de l'histoire ? »

Luc réfléchissait, enfin Théo gagnait du terrain, la graine du doute venait d'être planté. Il allait devoir, l'arroser et prier pour qu'elle grandisse. À la fin, il pourrait être fier de son arbre de l'incertitude...

Le tramway marqua encore un arrêt,cette fois ci les deux étudiants sortirent. Les portes, des trous béants menant au cœur du monstre, se refermèrent avec l'insupportable son de sécurité qui voulait dire dans sa propre langue « cassez vous je ferme les portes ». Le monstre s'ébranla à grand renfort de coup de cloche que le conducteur, un mégalo frustré, assénait aux automobilistes et aux piétons, ces bruits signifiaient dans la langue du tramway : « Tirez vos culs bénis de la voie avant que je vous les défonce. »

En fait, ce ver géant bleu avec des hirondelles blanches était une sorte de gros bébé égoïste et jaloux des autres moyens de locomotion. À vrai dire, Théo se moquait que le truc bleu qui filait soit le croquemitaine ou un simple amas de ferraille bien assemblé ou encore la papamobile.Quand les cris des cloches se turent, ils marchaient déjà en direction de la bibliothèque.

Une grande arche où une rue s'engouffrait, menait à un petit rond point. Au centre trônait la statue d'une femme nue qui levait un bras vers le ciel. Théo se désintéressait totalement de la sculpture en général, il n'aurait pas su dire si cette jolie demoiselle était une reproduction ou une œuvre originale.

Derrière le rond point, un pont enjambait le Lez. Comme tous les fleuves, le Lez commençait quelque part en amont et il se finissait quelque part en aval dans la mer.Étrangement, malgré toutes les choses étranges flottant à sa surface, le petit fleuve abritait une joyeuse communauté de canards.De temps à autre, un cygne blanc troublait la paisible balade d'une famille de palmipèdes.

Les berges avaient été bétonnées pour mieux permettre à l'eau de tout emporter en cas d'inondation.À intervalle régulier, un minuscule barrage créait une minuscule cascade, là aussi, il fallait attendre les inondations pour que les faibles courants se transforment en tourbillons mortels pour les baigneurs.

Théo ne prêta aucune attention au décor. Sur ses talons, Luc suivait en ronchonnant. Quelques étudiantes attirèrent son attention. Il leur lança plusieurs regards qui n'eurent pour réponse que l'indifférence. Théo souriait, les étudiantes en droit ne prêtaient attention qu'à leur petit monde, comment Luc pouvait-il espérer en approcher une seule ?

La bibliothèque de droit était une œuvre d'art plutôt moche. Elle ressemblait à un immense cube posé au milieu de nulle part. Face au Lez, une armature compliquée,composée de plates-formes et d'escaliers inutiles, formait une sorte de filet. Pour voir la bibliothèque de telle manière,l'alcool devait couler allègrement dans les veines des observateurs.

Techniquement, le bâtiment s'élevait sur quatre étages. De mémoire d'étudiant, Théo n'avait jamais entendu parler de quelqu'un ayant vu le quatrième étage. Dans l'ascenseur, on trouvait un bouton pour aller au quatrième mais l'ascenseur ne répondait pas si on le pressait. Le quatrième étage passait donc pour un mythe que les étudiants entretenaient grâce à diverses légendes urbaines.

Pour le moment, il n'était pas question de prendre un quelconque ascenseur. Les casiers étaient domiciliés au sous-sol. Quatre grandes structures abritaient une dizaine de casiers chacune.

Sans hésitation, Théo alla au casier19 et composa le code 8-10-82.

La porte s'ouvrit sur une grande enveloppe. L'étudiant en droit la prit et la montra à Luc.

« Il n'y a rien d'autre ?

-Non, c'est vide. Partons d'ici en vitesse »

C'était encore sa paranoïa, à présent, il se sentait observé. Qui aurait intérêt à les surveiller lui et Luc. Ce ne pouvait être la Police, ces derniers se désintéressaient de l'affaire, au grand désespoir des amis et de la famille du disparu.

Quoi qu'il se passe, Arthur s'était fourré dans une merde incroyable.

Théo préféra garder cette remarque pour lui, de toute manière Luc le raillerait pour avoir ce genre d'idée.

En face de la bibliothèque, la ville de Montpellier avait planté quelques arbres. Au centre de cette forêt improvisée, un jardin d'enfant accueillait les petits comme les grands. Au-delà, on retombait sur le Lez.

Un banc dominait le fleuve et son autre rive. C'est lui que Théo choisit pour s'asseoir. En face,les immeubles de la nouvelle ville semblaient venir d'un autre âge,entre le passé et le futur : des arches, des tours, des rangées de platanes...

À vrai dire, le monde entier semblait venir d'un autre âge entre barbarisme et modernité l'humanité mélangeait les styles. Il y avait des matins où Théo trouvait insupportable de vivre sur une planète où l'espèce supérieure passait son temps à se détruire et à détruire son environnement.En fait l'univers dans son ensemble ne tournait pas vraiment rond.Avoir l'idée de changer le monde était une pure folie d'idéaliste, de toute manière Théo incarnait la fainéantise...

« Vas-y ouvre la lettre, je commence à m'impatienter.

-Hé bien, tu es de plus en plus intéressé par les aventures de ton cher ami. »

Théo ouvrit l'enveloppe, l'histoire continuait sur plusieurs feuilles. Il prit la première et commença le récit :

« Cette nuit-là je rêvais de contrées lointaines, de batailles fantastiques. J'étais une sorte de chevalier et je me battais désespérément contre une sorte d'humain avec des pouvoirs étranges. Ce combat était perdu d'avance. Mais je le menais vaillamment avant de mourir. Mon corps tomba et en regardant le ciel je vis deux lunes.

Je me réveillais en sursaut. Comme d'habitude je me douchais, je prenais mon petit déjeuner. Je partis en avance de chez moi, je pris le tramway. Ce jour-là, j'eus beaucoup de mal à suivre les cours.

Mon esprit essayait de se convaincre que la fête de Cindy serait bien. Je ne sais pourquoi la détermination qui la veille m'avait poussé à accepter commençait à s'enfuir, laissant mon esprit dans le doute et l'incertitude.

À l'inter cours, Cindy vint me voir :

« Alors tu viens toujours demain? Tu verras, tu n'oublieras pas cette soirée. »

Le doute disparu dans mon esprit.

« Évidement, je ne manquerai cette soirée pour rien au monde. Tu peux compter sur moi.

-Je viendrai te chercher demain soir, à 9 heures »

Cindy repartit, sans attendre ma réponse qui ne pouvait être que positive. Elle semblait satisfaite.

Midi vint sans se presser. Je sortis de la fac pour déjeuner au resto U. Théo et Luc furent à l'heure. Dès que nous fûmes assis, je leur parlais de la soirée de Cindy.

« Tu veux parler de la Cindy, celle qui est dans mon amphi, demanda Théo.

-Oui exactement, alors vous allez venir ? Vous verrez ça va être bien il n'y aura que du beau monde.

-Mais Arthur tu te souviens de ce qui s'est passé l'année dernière avec cette Cindy »

Cet incident me revint à l'esprit comme une sorte de boomerang. Pendant quelque temps, il avait semblé qu'il m'était sorti de l'esprit.

« Oui peut être, mais c'est du passé il faut savoir oublier, répondis-je fièrement.

-Il paraît que vous vous êtes battus à ce qu'on m'a raconté, dit Luc.

-Pas vraiment, précisa Théo, ils se sont insultés et elle l'a frappé.

-Tu ne t'es pas défendu, tu n'as pas répondu ?

-Non, mais on s'en fout,l'important c'est que je dois y aller, il faut que j'aille à cette fête.»

Cette idée m'obsédait de plus en plus, si je ne pouvais aller à cette fête ce serait la fin du monde. À côté de cette envie irrationnelle, il semblait qu'une autre force en moi refusait de suivre Cindy. Cependant cette autre force était minoritaire pour le moment.

Après avoir fini de manger nous nous dirigeâmes vers ma chambre. Notre route longeait le parc de la cité U. Il se situait au milieu des bâtiments. Il se composait de divers arbres : des chênes et des pins principalement. Des écureuils sautaient de temps à autre de branche en branche. Des pies et des moineaux nichaient dans les arbres. Des chemins de terre le traversaient de part en part, de petits buissons formaient une sorte de labyrinthe sauvage. Une de ces allées menait à une sorte de bâtisse en ruine, une autre lézardait jusqu'à une ancienne fontaine.

Ce jour-là en passant dans le parc j'eus une impression étrange, comme si quelqu'un m'observait. Je me retournais plusieurs fois, j'observais le parc mais rien ne se produisit.

En arrivant dans ma chambre nous écoutions de la musique très fort, du Métalica si mes souvenirs sont bons. J'essayais de convaincre mes amis de venir à la soirée.Après une demi-heure de négociation et de compromis je réussis à les convaincre de venir. Je repartis en cours après les avoir convaincus.

À la fac le combat contre moi-même commença vraiment. La partie qui était contre la fête gagna du terrain. L'autre partie continuait de me persuader sans relâche,sans pause, sans répit. Je me sentais comme écartelé entre mes deux volontés. Une méchante migraine montait peu à peu,m'empêchant de suivre les cours. Ces quelques heures passèrent lentement. J'entrai en mutisme en coupant toute relation avec le monde extérieur. Je revins chez moi plus par automatisme que par action consciente. Le reste de la soirée s'effectua inconsciemment.Je ne pensais plus j'agissais...

Le lendemain, mercredi 31, je me levais en pleine forme. La nuit ayant apporté conseil, j'irais à la fête. Comme d'habitude je me douchais, comme d'habitude je prenais mon petit déjeuner. Ma volonté se taisait, elle avait perdu, je retrouvais le calme dans la défaite. Cette situation me plaisait,elle me convenait pleinement. J'allais en cours, la première heure d'institutions administratives parut durer une éternité. Un sournois mal de tête recommença à s'insinuer. Des orchestres de tambours semblaient jouer d'étranges mélodies, tantôt attirantes,tantôt aussi repoussantes que la Mort elle-même. Cet enfer sembla durer encore et encore sans jamais finir, sans aucune porte de sortie. Le professeur parlait, je ne comprenais rien. Les pouvoirs du préfet se mêlaient avec les compétences du maire qui par moment ressemblaient à celle du président de la république.

La pause de 11 heures arriva enfin.Je sortais de l'amphithéâtre tant bien que mal. Je m'appuyais sur la balustrade du premier étage. Le terme plus exact était plutôt accroché. Mes doigts la serraient comme si j'étais un marin au milieu d'une tempête apocalyptique. Mes yeux se posèrent en bas aurez-de-chaussée qui ressemblait à une fourmilière de si haut. Des dizaines et des dizaines de premières années sortaient prendre l'air ou fumer une cigarette. Seule ombre au tableau :j'observais ces étudiants au ralenti. Lentement, un garçon alluma sa clope, il en tira une bouffée qui s'envola en virevoltant. Les sons graves de toutes leurs voix arrivèrent à mes oreilles. Je ne compris aucun mot dans tout ce chaos de voix entremêlé. Rien n'avait de sens, la logique n'existait plus dans mon esprit.

Mon tourment s'amplifia lorsque je l'aperçus en bas. Contrairement à tous les autres elle m'observa.Une sorte de halo lumineux aussi étrange qu'impossible l'entourait, la lumière était bleue clair, d'une pureté inconcevable. Ses yeux azur pénétrèrent au plus profond de mon être en écrasant encore un peu plus ma volonté, en la malaxant pour qu'elle devienne sienne. Elle sourit, son visage exprimait la joie, la satisfaction du travail bien fait. Elle se retourna et partit d'un pas décidé. Elle sortit du bâtiment une rafale de vent fit flotter ses cheveux. Je ne pouvais détourner mon regard d'elle tout entier j'étais fixé sur elle. Je sentis une main se poser sur mon épaule. Je revins d'un coup à la réalité.

« Arthur, Arthur... dit une voix lointaine »

Je me retournais pour apercevoir un camarade d'amphi, Jean Patrice. Il représentait à lui seul l'archétype de l'étudiant en fac de droit. Il présentait bien :toujours bien coiffé, bien rasé, propre sur lui et habillé avec un brin de vanité. Il descendait d'une grande famille de nobles languedociens.

« Arthur, Arthur.

-Oui, qu'est-ce qu'il y a,répondis-je enfin.

-Tu n'as pas l'air de bien aller,tu as une sale mine.

-Non ne t'inquiète pas, je suis juste un peu fatigué, j'ai bossé tard hier soir.

-Tu n'as qu'à rentrer chez toi te reposer, je te passerai les cours.

-Non ça ira, viens c'est l'heure de rentrer, la pause est finie »

Nous revenions dans l'amphithéâtre,je m'assis à ma place le professeur commença le cours. La migraine recommença avec plus d'intensité. Elle me frappa avec la force d'un forgeron tapant sur un bout d'acier pour lui donner forme. On essayait de tordre mon esprit. Ce fut le noir.

Mes yeux s'ouvrirent à la fin du cours. Je devais aller à la fête sinon mon monde s'écroulerait.Cette idée se transformait en obsession. Petit à petit l'obsession se métamorphosait en folie autodestructrice, l'heure d'égarement que je venais de vivre en était la preuve.

Je mangeais seul au déjeuner, un garçon et une fille que je ne connaissais pas vinrent s'asseoir à coté de moi. Apparemment, ils semblaient s'aimer. Pendant tout le repas leurs regards s'entrecroisèrent encore et encore, ils parlaient de projets : de maison, d'enfant, de voyage,d'amour...

Je les écoutais avec une certaine envie en repensant à celle que j'avais laissée. Le passé sembla revenir l'espace d'une seconde. Il fut vaincu par les regrets et le ressentiment. Le passé ne changerait pas, seul l'avenir comptait et l'avenir c'était la fête de Cindy ou ne serait rien.

Je finis mon déjeuner en ne me rappelant plus ce que je venais de manger. La migraine reprit ses sempiternelles attaques. Je décidais donc de rentrer chez moi. Une sorte de force lointaine m'appela lorsque je passais devant le parc de Boutonnet. Les arbres semblèrent bouger. En passant devant un des sentiers des feuilles mortes volèrent vers moi comme si elles étaient poussées par le vent. Elles retombèrent. Soudain tous les bruits venant de la forêt s'arrêtèrent d'un commun accord comme si la nature retenait son souffle.

Sans réellement prévenir, une lumière jaillit de nulle part au milieu des arbres sur les ruines.C'était comme un reflet du soleil dans un miroir. La lumière m'éblouit les yeux un court instant. Ma migraine disparue comme par magie. Surpris et très curieux je décidais de m'approcher de la source de la lumière. J'entrais dans les bois avec une certaine prudence. Je prenais un large chemin de feuilles mortes puis bifurquais vers les ruines.

Elles formaient une sorte d'escalier. Mon regard se posa sur une boule de lumière qui trônait tout en haut des ruines. Ce n'était qu'une petite sphère grosse comme un ballon de volley-ball. Mais elle flottait au-dessus des ruines en brillant magnifiquement. Sa lumière blanche semblait venir d'ailleurs, d'un ailleurs qui effacerait tous mes problèmes, d'un ailleurs qui sublimerait ma vie. Dans mon esprit aucune trace de peur n'accompagnait cette vision surnaturelle. De temps à autre, la boule changeait de couleur : rouge, bleu, vert, noir.

Lentement, ma main s'approcha de la sphère, elle ne dégageait pas de chaleur. Alors que ma main allait frôler la sphère, j'entendis une voix que malheureusement je connaissais bien :

« NON ! N'y touche pas crétin »

Je me retournais pour apercevoir cette blonde, cette Cindy. Son visage était horriblement modifié par la haine. J'eus peur. Je sentais ma fin venir.

« Pou... Pourquoi ?Balbutiais-je pitoyablement »

Cindy, en bas des escaliers, me fixait du regard. Ma faiblesse mentale reprit de plus belle. Mon corps pétrifié ne répondait plus. Elle parla sa voix changea elle devint gutturale avec une sorte d'écho démentiel dans mon esprit :

« Viens à moi, je te l'ordonne ! »

Avec une douleur folle mon corps répondit à cet appel. Les ténèbres de la douleur m'entouraient,mon seul espoir se trouvait dans la boule de lumière. En y repensant, j'essayais en vain de toucher la sphère de ma main. Ma lutte n'avait aucun espoir évidemment. Il ne me manquait que quelques centimètres pour faire la différence, mais elle m'empêchait mentalement d'y arriver. Elle hurla si fort dans mon esprit que je crus que la mort m'ouvrait ses portes :

« Ça ne sert à rien, JE...TE .... CONTROLE... viens à.... »

Ses mots furent arrêtés nets.Quelque chose venait de traverser sa tête, l'instant suivant elle s'écroulait. Je fus si soudainement libéré que mon corps recula vivement en touchant du bout des doigts la sphère. Je ressentis un frisson d'intensité qui glaça mon être. Une puissance me souleva et me projeta en arrière. Ce fut le noir, je ne me sentis pas tomber. »

Théo regarda Luc. Luc regarda Théo.Un sentiment d'incompréhension planait au centre de leur silence.Chacun d'eux savait parfaitement que ce qu'il venait de lire était faux, mais ce genre de chose ne devait pas être. Dans la vraie vie, les gens ne disparaissaient pas en laissant un texte purement fantaisiste où, ils racontaient leurs derniers jours.

« On ne s'est pas encore posé la question, mais est-ce que tu crois que la disparition d'Arthur est volontaire ? »

Luc haussa les épaules avec une moue d'ignorance.

« Il devait obligatoirement savoir ce qu'il faisait pour écrire cette histoire. Il nous mène obligatoirement en bateau depuis le début et tu te précipites à chaque fois un peu plus. En plus, tu vois parfaitement que c'est son écriture. Ce n'est pas comme si l'histoire avait été faite par ordinateur.

-Oui, c'est vrai, mais où va-t-on ?Regarde, il y a un autre papier : il y a des milliers de blogs sur le net, mais un seul te dira la suite www.d-blog.net/bloar/chapitre3.

-Alors le jeu de piste continue. »

Au même moment, en contrebas sur la rivière, une famille de canards prit leur envol, leurs ailes s'élevant et s'abaissant en rythme. Ils passèrent devant les deux étudiants.

Quelque chose se passait devant Théo,mais il n'arrivait pas à savoir quoi exactement.


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