10. Questions et réponses

La 300ème génération.

Les lettres apparurent en rouge dans son esprit. Elles étaient la seule chose qui importât dans son univers. Il planait toujours dans le néant. Mais, il rencontra quelque chose de froid et de très dur. Ses yeux s'ouvrirent, il était par terre sur le carrelage de sa chambre. Que faisait-il ici ? Mais surtout qui était-il ? Pourquoi avait-il l'impression qu'un marteau-piqueur lui frappait la tête ?

Un flot de souvenir submergea le barrage de son amnésie. Peu à peu, ils s'ordonnèrent et devinrent logique.

Je suis Théo Auterbe.

Théo ne se souvenait pas de ce qui s'était passé depuis qu'il avait pénétré dans ce couloir si sombre. Comment était-il rentré chez lui et que s'était-il passé en bas ? Il ne se souvenait de quelques mots : la 300ème génération. Que cela signifiait-il ?

Au fait, on est quel jour ?

Cette question lui vint à l'esprit sans autre forme de préliminaire. C'était stupide mais il ne savait pas quel jour on était. Il observa son téléphone portable. Le 8/11/01. Il calcula lentement le jour de la semaine. Jeudi. Son inconscience ne durait que depuis la veille. Il remarqua une autre chose sur son portable : il avait un message. Il l'écouta, ce ne pouvait être que Luc. Son ami de la fac de lettre était euphorique. Il lui donnait rendez-vous le midi même à Boutonnet. Il semblait avoir des choses à dire, beaucoup de choses à dire...

Théo se prépara lentement comme s'il avait bu trop d'alcool la veille, mais à la vérité, vu qu'il ne se souvenait de rien, on l'avait sûrement drogué avec du GHB, la drogue du violeur. Qui pouvait lui en vouloir autant et qu'essayait-on de lui cacher ? Une foule de question se précipitèrent dans son esprit alors qu'il se douchait. Les réponses le fuyaient. Il s'habilla et partit en se faisant violence pour honorer son rendez-vous avec Luc, s'il restait seul, il deviendrait totalement dingue. Il n'arriva pas en retard au resto U, mais Luc l'attendait déjà. Le grand absent du moment demeurait toujours Arthur.

Luc affichait clairement une certaine joie de vivre qui n'était pas dans ses habitudes. En plus de cela, le soleil brillait allègrement, ils décidèrent d'un commun accord de manger sur la terrasse. Luc ouvrit la discussion après les formules de politesse d'usage.

« Alors mon cher ami comment vas-tu ?

- Pas très bien, hier il m'est arrivé des choses plutôt étranges. Il faut que je te les raconte. »

Ce fut donc Théo qui commença son récit. Il parla de la discussion avec M. Carsé, de sa fuite et de son absence. Il ne savait pas comment il était rentré chez lui, la veille. Il décrivit cette étrange sensation qu'il avait eue, cette sensation de planer dans le néant. Il finit son récit par une remarque sur la 300ème génération.

De son côté, Luc raconta le récit très exhaustif de son enrichissante journée. Il fit une longue description d'Ève qu'il compara à une déesse, à un ange, puis à la Beauté universelle.

Théo fut moyennement intéressé par ce récit, il ne pouvait s'arrêter de penser aux menaces de M. Carsé et à ce sombre escalier. Il entrevit une solution, il devait y retourner. Au moment où il eut cette idée, une sorte de terreur morbide s'empara de lui. Quelque chose au plus profond de son inconscient lui interdisait de retourner là-bas. Mais il ne se doutait pas de ce que cela pouvait être.

En fait la solution se trouvait dans la suite du texte d'Arthur, mais où pouvait-il la chercher ? La veille au matin, il avait fouillé tous les faux plafonds des WC de la fac et il n'avait rien trouvé qui ressemblait à des feuilles de papiers, une disquette ou toute sorte de support.

« Je pense qu'il faudrait fouiller la cité U pour trouver la quatrième partie du texte, qu'en penses-tu Luc ?

-Pourquoi pas, mais je ne sais pas si ce que tu vas découvrir t'apportera beaucoup de réponses. Le récit d'Arthur est difficilement crédible.

-Mais toi et moi savons que ce que nous avons vu dans la cité U mardi. En plus comme je te l'ai dit M. Carsé m'a parlé de Cindy. Tous ces éléments nous prouvent qu'Arthur a découvert quelque chose et qu'on l'a fait taire.

-Lorsqu'on a découvert cette main, l'autre jour on aurait dû appeler les flics tu ne crois pas ? »

Luc avait raison, appeler la police dans ce genre de situation était la conduite la plus responsable à avoir, mais ils les avaient déjà contactés pour la disparition d'Arthur et leur manière de répondre, en s'en lavant les mains, déplaisait à Théo. À qui pouvait-il faire confiance ?

« Nous avons bien fait de ne pas contacter les flics, je ne sais pas si on peut leur faire confiance. On passerait pour des fous si on leur racontait tout ce qu'on savait.

-Tu es complètement parano mon pauvre Théo. Si on ne peut pas faire confiance aux forces de l'ordre, qui nous aidera ?

-Personne ne nous prêtera assistance, nous sommes seul dans cette affaire et je pense qu'il va falloir le rester. De toute manière qui nous croirait, je ne suis même pas sûr que l'on accorde du crédit en la troisième partie du texte. Nous n'avons pas le choix, il faut continuer à chercher les indices. »

Luc l'observait avec insistance, à travers tous ses doutes, il semblait de plus en plus convaincu du bien fondé de toutes ces manœuvres. Au moins, Théo avait réussis à persuader quelqu'un.

« S'il faut aller à la cité U, je te suivrai, dit Luc, mais de toute manière on n'a pas vraiment le choix. »

Théo ne répondit pas. Une fois le repas fini, ils se rendirent au bâtiment G de la cité U. La porte n'était évidemment pas ouverte et ils ne connaissaient personne qui aurait pu leur ouvrir. Ils attendirent donc devant en espérant que quelqu'un entre ou sorte de l'édifice.

Théo détestait attendre, il n'y avait pas de perte de temps plus inutile que l'attente. Il se morfondait à chaque fois que le moment présent était subordonné au moment futur. D'ailleurs, il n'arrivait jamais en avance en cours pour éviter de patienter. Les attentes lui faisaient prendre des décisions stupides qu'il regrettait bien souvent d'avoir prise.

En l'occurrence, il se trouvait à deux doigts de faire un acte très stupide lorsqu'une jolie blonde sortit du bâtiment. Ils la saluèrent et avant que la porte ne se referme, ils étaient déjà à l'intérieur. Les quatre étages parurent ne durer que trois et ils s'engouffrèrent dans les WC de l'étage.

Les cités universitaires avaient la particularité d'avoir des sanitaires commun (douches et toilettes). Très pratique pour apercevoir ses voisines en petite tenue, ils le devenaient moins lorsqu'il fallait tempérer une envie présente à cause d'une queue inopinée.

Par chance, Théo et Luc trouvèrent un étage désert. Théo monta sur la cuvette de toilette et poussa le faux plafond en polystyrène. Outre un tas de poussière pas très catholique, le lieu abritait une serviette remplie de feuille. Théo la prit et souffla dessus. La poussière s'envola dans un nuage qui fit tousser Luc.

« Je crois qu'on a le quatrième chapitre. Allons à l'extérieur pour le lire. »

Luc ne se fit pas prier deux fois et les deux étudiants sortirent du bâtiment. Ils choisirent un banc éloigné de tout et Théo commença la lecture. Sa voix tremblait un peu au début, mais petit à petit, elle gagna en assurance.

« Je me relevais avec difficulté. Un furtif regard autour de moi me permit de remarquer que je me trouvais bien dans le parc de Boutonnet. Que s'était-il exactement passé ? Et surtout pourquoi Cindy gisait-elle par terre ?

Elle semblait belle et bien morte. Du sang coulait de sa tête en maculant le sol d'un sombre tapis rouge. Je me penchais pour observer mon bourreau à présent mort. Son visage serait à jamais fixé sur ce dernier masque de haine. C'était une sorte de juste retour des choses. Ma migraine avait totalement disparu. Tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Soudain, j'entendis des bruits de pas, quelqu'un se rapprochait de moi. Il y avait comme une présence qui venait vers moi, amie ou ennemie, je ne tarderais pas à le savoir. Je levais la tête pour apercevoir un homme, une arme à la main encore toute fumante. Il paraissait avoir la trentaine. Il ôta ses lunettes noires et les rangea dans sa longue veste en cuir de la même couleur. Son regard tomba sur moi avec un certain dégoût, il cacha son arme dans sa ceinture. Son visage massif restait impassible. Une mèche de ses cheveux bruns tombait sur un de ses yeux. D'un geste nonchalant, il se recoiffa. Il fit encore quelque pas dans ma direction, sa longue veste flottant au gré du vent.

Trop surpris, je n'osais prendre la parole. Il la prit en premier en usant d'un ton sec presque blessant :

« Alors c'était comment ?

-Comment a propos de quoi ? »

Je niais ce qui venait de se produire de toutes mes forces, tout ceci était incroyablement inconcevable. Je refusais la réalité de ce qui s'était passé.

« N'essaie même pas de me prendre pour un idiot. Personne n'y croit au début, personne ne veut comprendre tout ce que cela implique. Tu vas voir la suite est bien plus surprenante. »

Devant l'étrangeté des faits, je devais admettre mon besoin d'aide et de conseil. Je détournais néanmoins la conversation :

« C'est vous qui avez tué Cindy?

-Oui en effet, mais c'est un problème secondaire. Ce que tu viens de vivre est le plus important pour le moment.

-Admettons... Mais dans quel endroit est-ce que j'étais à l'instant ? Qui était ce roi, ces monstre et le Textorien ?

-Tu m'as l'air bien pressé de savoir tous les secrets de l'univers, je te propose plutôt de commencer par le début. Tu n'es parti nulle part, tu n'as pas bougé d'ici un seul instant.

-C'était quoi ça dans ce cas-là ?

-Sais-tu, commença-t-il, que le cerveau humain n'utilise qu'une infime partie de ses capacités. À ton avis à quoi peut servir la partie inutilisée ?

-Je n'en sais rien, à avoir plus de mémoire à mieux retenir des choses, à pouvoir mieux comprendre la portée de nos actes...

-Ta réponse n'est pas fausse, mais elle n'est pas entièrement vraie, dans le cerveau humain se cachent plusieurs choses, ce que tu as vu en était une.

-C'est impossible, je n'ai jamais vécu ceci. Je n'ai jamais été roi.

-Oui. Je sais parfaitement ceci, ce que tu as vu est une sorte de conscience collective, elle est commune à tous les humains, et elle leur est inaccessible sauf dans certain cas.

-Je ne suis pas sûr de tout comprendre. Pourquoi est-ce que cette conscience nous est inaccessible ? Et comment peut-elle être commune à tous les humains.

-Je vais t'expliquer, normalement le cerveau humain est prévu pour pouvoir fonctionner à pleine puissance avec très peu de limites, mais ils ont rendu ceci impossible en nous dégénérant génétiquement.

-Ils, de qui parlez-vous ?

-Je parle des Textoriens, ils contrôlent l'humanité depuis des temps immémoriaux, je vais t'expliquer. »

L'homme s'arrêta de parler pour reprendre son souffle. Au sol Cindy ne saignait plus. Je compris qu'il ne fallait pas rester dans le coin.

« Attendez, vous ne préféreriez pas allez dans ma chambre on sera beaucoup mieux. Il faudrait faire disparaître ceci non ? »

Je lui montrais le corps de Cindy, déjà elle semblait froide. Je n'avais jamais vu de cadavre humain auparavant, c'était une sensation étrange, quelques minutes avant elle vivait et à présent ce n'était qu'un tas de viande puant.

« D'accord, me répondit-il simplement, ne t'inquiète pas pour elle, les autres vont s'en occuper.

-Les autres ?

-Je t'en parlerais plus tard. »

Nous traversions le parc. Tout semblait normal, des résidents vaquaient à leurs occupations. Nous rentrâmes dans le bâtiment G et montâmes les quatre étages. Nous arrivâmes enfin dans ma chambre. Le lit était défait et sur le bureau des livres se dressaient tel la tour de Babel.

« Désolé mais c'est un peu le bordel.

-J'ai l'habitude ne t'inquiète pas. »

Il me sembla que pendant un court moment un sourire se dessina à la commissure de ses lèvres. C'était étrange presque malsain.

« Au fait c'est quoi votre nom ?

-On m'a renommé Club.

-Club ? Renommé ? Ça veut dire quoi ?

-Tu le sauras bien assez tôt.

-Moi c'est Arthur Cobit. Si ça vous intéresse.

-En fait nous n'utilisons pas les patronymes issus de notre vie civile.

-Bon... bref... C'n'est pas grave, continuez votre histoire, M. Club.

-Tiens-toi bien, ce que je vais te dire risque de te choquer, je vais remettre en cause la plupart des idées que tu as sur le monde.

-Vous commencez à m'énerver, lui répondis-je.

-Le monde tel que tu le connais est une supercherie, m'avoua-t-il, il trouve ses fondements dans un mensonge entretenu depuis des millénaires...

-Vous avez fini de tourner autour du pot ça commence à devenir lourd. »

Je m'énervais, les discussions en forme de tautologie me portaient sur les nerfs. Je désirais plus que tout savoir ce qu'il venait de m'arriver.

« S'il te plaît pourrais-tu arrêter de m'interrompre.

-D'accord je vais essayer.

-L'homme n'a jamais été libre. Les Textoriens nous contrôlent depuis le début de l'histoire de la terre. Avant leur contrôle était direct et violent. Dans l'antiquité ils furent empereurs, rois, généraux, pharaon. Ce sont eux qui ont permis à l'Égypte de se développer, ce sont eux qui ont fait chuter cet empire. À travers les siècles, ils ont rendu les Assyriens si violents. Savais-tu que les Assyriens empilaient les têtes de leurs adversaires dans Ninive ? Leur roi a écrit des rouleaux entiers sur les tortures qu'il faisait subir à leurs prisonniers. Les Textoriens ont implanté la plupart des religions à partir de Babylone.

-Vous délirez, vous racontez n'importe quoi !

-Oh non, tu pourras remarquer que toutes les religions se ressemblent...

-C'est encore faux, regardez n'y a-t-il pas de religions plus dissemblables que le christianisme et le bouddhisme ? »

J'étais sûr de mon argument, il ne pouvait rien répondre. Mais c'est pourtant ce qu'il fit.

« Ce n'est certes pas les mêmes religions, mais si tu enlèves toutes les fioritures et les ajouts dût au climat, à la langue et la culture d'origine que te reste-t-il ? L'un et l'autre sont remplis de rites et de célébrations faisant la part belle aux cierges, à l'encens, à l'eau bénite, aux chapelets, à des images de saint, à des livres de prière et même au signe de croix. De plus ces deux religions entretiennent des monastères avec des communautés où le célibat est de règle et où les prêtres portent des vêtements spéciaux. La liste est longue mais je ne la continuerai pas.

-Vous oubliez que toutes ces prescriptions ne sont que formalistes, le fond est différent.

-La plupart des religions enseigne l'immortalité de l'âme, le ciel est promis aux bons et les tourments éternels aux mauvais. Il y a un dieu composé de trois parties ou une multitude de dieux et de déesse qui comprend toujours une déesse mère de Dieu ou maîtresse du ciel. Dans toutes les religions, l'homme a perdu la faveur divine en se prenant lui-même pour un dieu. L'homme doit alors expier ses pêchés par divers types de sacrifice. Enfin on retrouve souvent la notion de déluge universel ou seul quelques élus ont survécu. Les religions ne sont qu'une vaste manipulation textorienne. Elles sont toutes souillées de sang à travers les âges.

-Comment ça ? Vous voulez dire que même Jésus était...

-Non, le Christ est un personnage à part, durant toute sa vie il a prêché le pardon et l'amour du prochain, en aucun cas ce ne pouvait être un Textorien. Ces êtres vouent une haine farouche à l'humanité. Ils ont peu à peu travesti les enseignements du Christ. Ils ont incorporé des éléments de philosophie et de théorie babylonienne. Finalement, on en est arrivé à légitimer la traite des noirs, les croisades et la haine de celui qui n'adore pas de la même manière. Les religions dites chrétiennes ne sont qu'une grande apostasie par rapport à leur enseignement de base. Dans un élan de haine suprême les Textoriens ont déshumanisé l'homme grâce à la théorie de l'évolution. C'est un coup de maître, la religion commençait à ne plus intéresser beaucoup de monde. À l'époque une chose étrange s'est produit, les Textoriens ont apporté le progrès technique.

-Comment ça ? Je ne suis pas sûr de tout saisir.

-Les Textoriens connaissaient peu la nature humaine. Au départ ils ont préféré bâtir leurs empires sur la force. D'un peuple guerrier on passe à un peuple paysan, puis on passe à un peuple citadin qui demande de plus en plus "de pain et des jeux", les familles se désagrègent, la société devient individualiste grasse et impotente. C'est alors la fin, la fin de l'empire et le retour à un peuple guerrier. La première fois n'était qu'un essai une sorte de répétition générale. Aujourd'hui tout est démesuré. Comprends-tu Arthur, ils nous ont donnée la boite de pandore...

-La boite de pandore ? Dans quel sens en parlez-vous ?

-C'est la science et son corollaire le progrès technique. D'où crois-tu que les idées nazies venaient ? Elle venait de Darwin et de sa théorie de la sélection naturelle. Il est stupide de croire une seule seconde à la théorie de l'évolution. La probabilité pour que les bonnes conditions soient réunies pour que les bons atomes et les bonnes cellules s'assemblent pour former une cellule protéique sont de 1 contre 10113. Pour qu'une molécule survive, il faut au moins 200 molécules de ce type. L'homme est ainsi désacralisé, la morale est oubliée. Sans morale, l'homme est un animal. La vie ne vaut plus rien, les Textoriens l'ont parfaitement compris, il est plus facile de contrôler un troupeau de moutons que des êtres crées par Dieu. Les Textoriens ne sont plus nos dirigeants, ils nous corrompent de l'intérieur. Ils hébètent la population grâce à la télévision, ils conditionnent les enfants avec des marques et des idées de révoltes contre l'autorité, ils détruisent les familles, ils contrôlent des millions d'humains grâce aux drogues, à l'argent, au sexe et à la guerre. Ils poussent des voisins à s'entretuer à cause de leur couleur de peau, de leur richesse... Sais-tu qu'en même temps que la révolution sexuelle explosait, les Textoriens ont inventé le Sida. Ils ont créé une société de consommation et d'individualisme où le plaisir éphémère est roi. Les habitants de cette planète se meurent de génération en génération les humains sont de moins en moins aptes à résister aux conditions de vie que la terre offre.

-Mais quel est l'intérêt de tout ça ?

-Le but de toute cette mascarade est le contrôle absolu sur le cerveau humain. Comme je te l'ai dit les humains ne peuvent se servir que d'une infime partie de leur capacité cérébrale. Même s'ils ne peuvent utiliser le reste cela ne veut pas dire que cette partie dort. Le cerveau émet des ondes spéciales que l'on peut appeler force psychique. Ces ondes sont récupérées par les Textoriens qui les stockent pour pouvoir mieux contrôler l'humanité. C'est une sorte de cercle vertueux pour eux. Plus le temps passe et plus ils sont forts. Parfois, ils prennent quelques humains, ils leur font croire qu'ils sont des dieux et leur permettent d'utiliser totalement leur cerveau. Cindy était l'une de ces privilégiés. Ces disciples comme ils aiment se nommer veillent à ce que les secrets des Textoriens soient bien gardés car c'est bien cela qui les motive ils ne veulent pas que le monde sache leur existence. Si l'humanité le savait, elle refuserait de servir comme esclave plus longtemps. Les gens se révolteraient peut-être, du moins ceux qui ne sont pas trop engraissés par leur mode de vie dans ce système de chose.

-Tout ceci est très compliqué. Mais je me pose une question : c'était quoi exactement le truc qu'il y avait dans ma tête ? Vous savez la bataille, le roi, les couleurs...

-Nous n'en sommes pas très sûr, mais nous pensons que ces images viennent du premier monde : Bloar. C'est là-bas que les Textoriens sont apparus. Pour des raisons inconnues, ils ont fait la guerre aux humains. Ils ont ensuite emmené les premiers d'entre nous ici. Mais il y a eu une faille dans leur plan, un homme très puissant a réussi à insérer dans l'inconscient collectif certaines choses. Ces choses sont des clefs qui permettent à l'homme de pouvoir contourner l'anomalie génétique dont il est la victime inconsciente. De temps à autre une boule d'énergie apparaît libérant un esprit supplémentaire. Nous ne savons pas son origine. Concernant les couleurs que tu as vues, je t'en parlerais plus tard.

-Qui êtes-vous et comment vous savez tout ça ?

-Nous sommes les P. Notre organisation est un contre poids à la puissance des Textoriens, depuis des millénaires. Nous combattons leurs disciples. Comprends-tu Arthur que les Textoriens sont le mal à l'état pur ?

-J'imagine que nous nous sommes le bien alors ?

-Ce n'est pas exact, en effet on utilise certaines méthodes des Textoriens. Nous ne sommes pas des paladins des temps modernes, pour survivre nous utilisons la trahison, le meurtre et tous les moyens à notre disposition. Le bien utilisant les méthodes du mal n'est plus vraiment le bien. Je nous définirai plutôt comme un mal nécessaire.

-Et que faisiez-vous dans le parc ?

-Pour l'instant certaines choses doivent rester secrètes, je reviendrai ce soir je te présenterai aux autres.

-Ah oui encore les autres. Qui sont-ils ?»

Il répondit à cette dernière question par un sourire qui semblait être ironique. Il repartit. La porte de ma chambre se referma sur une foule de questions dont les réponses détermineraient mon avenir. »

La voix de Théo s'arrêta, la longue litanie prenait fin. Ses doigts tremblaient et transpiraient en même temps. Il se laissa envahir par l'idée que ce texte était vrai. Il n'en récolta qu'une froide terreur. Il chassa cette pensée, mais une question se forma. C'est Luc qui la formula.

« Qu'est-ce qu'il essaie de nous dire ?

-En tout cas, tout ceci devient de plus en plus grand à chaque fois, d'abord le cadavre de Cindy, puis le discours de M. Carsé et enfin les Textoriens. Qui Arthur a-t-il tué pour déclencher la colère du professeur ? Et surtout où est-il en ce moment ?

-Il est peut-être fou.

-Comment expliques-tu le cadavre de Cindy dans ce cas-là

-Il l'a tuée. Rappelle-toi qu'ils ont toujours eu des relations plutôt tendues. Ensuite, il a sûrement pété un plomb en devenant parano. Il y a une piste que nous n'avons pas fouillé : celle des hôpitaux.

-Tu fais fausse route, un hôpital aurait prévenu sa famille. N'oublie pas qu'il y a des détails troublant dans nos vies. J'ai oublié comment je suis rentré chez moi hier. »

Luc lança un regard sarcastique à Théo et lui lança :

« Tu étais peut-être bourré après tout, c'est possible, tu ne penses pas ?

-Non je me souviendrai de bribes. Je te l'ai déjà dit, c'est le trou noir sur plusieurs heures. »

En regardant, de nouveau dans la chemise Théo aperçu une clé. Il ne la connaissait que trop bien, elle ouvrait la chambre d'Arthur. Le numéro y était gravé dessus : G 421. Théo la prit et la montra à Luc.

« La directrice peut maintenant aller se faire foutre on a la clé du trésor. Allons-y au plus vite. »

Luc acquiesça, et puis son téléphone sonna, il répondit et après un cours échange il raccrocha. Il rayonnait.

« C'était Ève, elle veut me voir au plus vite.

-Et pour la chambre d'Arthur ?

-On ira demain lorsqu'on se sera remis des émotions d'aujourd'hui.

-Demain ça ne sera pas possible pour moi, j'ai cours toute la journée, on ira la semaine prochaine et de toute manière je ne compte pas y aller seul. »

Le seul fait de penser à cette éventualité, lui glaça le sang, il revit comme dans une sorte de flash les lettres en rouge : la 300ème génération.

« Au fait Théo, si ça t'intéresse, on va en boite demain. Je pourrai te présenter Ève, Sara vient aussi.

-Non merci, comme tu l'as dit, j'ai eu trop d'émotions aujourd'hui. Je rentrerai chez mes parents.

-Alors on se voit la semaine prochaine.

-D'accord... »

Encore une fois les deux amis se quittèrent, chacun s'élançant vers son destin.

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