Entrée du désert de Serra

32ème année après la chute des Murs

11ème lune

20ème jour

Helen,

Me voici aux portes du désert. J'ai troqué ma tunique bleue de Mahr-In contre une tenue plus adaptée aux températures du désert. J'ai attendu plusieurs heures à fixer l'immensité sablonneuse à perte de vue. Pour être franche, j'ai eu peur que la caravane ne vienne pas.

Alors que je commençais à craindre pour mes réserves d'eau, j'ai aperçu une longue file de roulottes se diriger vers moi. J'ai soupiré de soulagement en reconnaissant Arifa. Loin de Mahr-In et de ses obligations diplomatiques, elle avait recouvert la prestance propre aux conteuses des tribus. Son teint mat et hâlé par le soleil, ses cheveux sombres et ondulés au bas de son dos, ses yeux mordorés sont typiques des nomades, tout comme dans les contes que tu adorais lire petite. Elle portait une tunique traditionnelle turquoise brodée de fils d'or.

J'ai trouvé une place dans la roulotte de son frère Ilyaas, du même rouge bordeaux que la sienne. Nous avons marché toute la journée dans un silence paisible. A la tombée de la nuit, autour du feu pétillant, les langues se sont déliées. Les enfants en particulier ont beaucoup aimé parler avec une étrangère comme moi. Quand les premiers signes de fatigue se sont fait sentir, Arifa s'est mise à nous conter une légende de djinns. La tribu toute entière était fascinée par son récit. Sa voix lente et grave s'élevait telle une mélodie emplie de magie. Les enfants se sont endormis. On les a reconduits dans leurs roulottes, puis nous avons longuement parlé avant que le feu ne s'éteigne.

Dans la roulotte d'Ilyaas, j'ai arrangé mon lit et mon étagère pour me sentir chez moi : la traversée durera environ deux lunes jusqu'à Selerrun.

Maha