Première partie : Lettre 2
Passage de l'aigle
32ème année après la chute des Murs
9ème lune
18ème jour
Helen,
Dans ma dernière lettre, je te contais mon arrivée au pied des falaise, à la frontière de la Gaellie. Nous avons campé toute la nuit devant le mur de pierre impénétrable. Pour une fois, nous avons attendu que le soleil se lèvre avant de nous remettre en marche, car l'obscurité du passage est insondable.
Lentement, nous nous sommes engagés sur l'étroit chemin qui serpente entre les rocs. Très vite, il ne fut plus possible de marcher côte à côte. Le soleil tapait fort sur nos têtes, mais heureusement la muraille de pierre froide qui nous entourait nous protégeait de sa chaleur étouffante. Le paysage ne variait pas beaucoup : des rocs et cette poussière ocre qui s'infiltre partout. De temps en temps, le cri d'un vol de vautour ou un aigle solitaire rompt la monotonie du jour.
Après quatre jours et trois nuits, la file s'est arrêtée devant un rocher qui bouchait le passage. Deux heures d'efforts coordonnés ont permis de le dégager : devant nous s'ouvrait une immense cavité creusée à même la falaise. Retenant mon souffle, je me suis enfoncée la première, à la lueur des torches. Maintes fois j'ai cru avoir perdu mon chemin. Heureusement Tuzra semblait connaître le dédale des tunnels comme sa poche. Je ne saurais te dire combien de temps s'est écoulé depuis notre entrée dans la falaise : cela se compte-t-il en jours ? En semaines ? Tuzra lui-même l'ignore.
Nous avons fini par croiser le lit d'une rivière souterraine. En suivant son cours, nous arriverons à destination d'ici vingt-quatre heures.
Pas un jour ne passe sans que je pense à toi.
Mahëvys
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