Chapitre 7 - Un coucher de soleil vert (partie 2)

J'écarte du chemin les feuillets entassés sur le sol, saisis le guidon de l'engin et le dirige vers la sortie. Je ne peux retenir un dernier regard vers la petite pièce. Malgré le désordre innommable que j'y ai mis, l'impression de calme et de sécurité m'envahit toujours. J'en viens à me demander si Ererakinalc n'a pas enchanté sa maison par un moyen étrange, à moins qu'il n'y diffuse des émanations hallucinogènes...

Un léger sourire effleure mes lèvres. Je ferme les yeux, savoure ce minuscule instant de bonheur. Déjà, l'angoisse revient. Je dois me dépêcher, je ne sais pas ce qu'il se passe là-bas... Je devrais partir.

Pourtant, une impulsion soudaine me pousse à me pencher vers les feuillets étalés au sol. Ererakinalc pourra-t-il revenir chez lui ? J'en doute, les soldats ne tarderont pas à découvrir où il habite : il a révélé sa position pour aider Amyltariaea. Il se cachait ici depuis quatre années azanes – plus de sept ans de travail... Je ramasse ceux qui me tombent sous la main, dont Propagande, mensonges et calomnies, Le « Grand complot » existe-t-il ?, Les Chuchoteurs et la mort et le texte qui porte le nom de son frère. Je les dissimule sous le tas de vêtements.

Je tire le dahilazrdja à l'extérieur et grimpe sur la selle. Je pédale avec vigueur, restant loin de la ville dans l'espoir de ne pas être vue des soldats en patrouille. Je dois rejoindre la maison d'Amylokirlia et entrer par un passage dérobé, comme me l'a expliqué Aeltylimleb.

« Pourquoi je ne peux pas aussi sortir par ce passage ? ai-je demandé, étonnée. Ça m'éviterait de manquer le couvre-feu.

— Il y a une porte qui ne s'ouvre que dans un sens. On peut la pousser, mais pas la tirer.

— Mais pourquoi ? À quoi ça sert de permettre aux gens d'entrer et pas de sortir, on ne fait pas l'inverse d'habitude ? »

C'est Ererakinalc qui m'a répondu.

« Amylokirlia a toujours été méfiante. Elle est certainement partie du principe que si quelqu'un était vraiment curieux, il parviendrait à entrer, puisqu'elle et son compagnon le font tous les jours. Je pense qu'elle s'est plus concentrée sur la réaction en cas d'intrusion que sur la prévention des intrusions, donc qu'il existe plus de dispositifs pour bloquer la sortie que l'entrée. »

J'espère qu'il a raison. Que cette porte ne risque pas de m'exploser à la figure ou je ne sais quoi, même si cette option est assez improbable. Je me suis assurée que ta vie ne soit jamais vraiment en danger, m'a dit Amylokirlia.

Je pédale toujours, en nage, le masque collé au visage. Les roues patinent dans le sable. Je repense à l'autre fois où je me suis retrouvée à manier ce dahilazrdja dans le désert : juste après notre arrivée sur Az. Je venais de me séparer de Marc et craignais de ne pas le revoir. J'ignorais que nous allions nous faire arrêter, que rien n'allait fonctionner comme prévu. J'ignorais presque tout du système azan, sa froideur, son absurdité. J'ignorais que nous allions retrouver Lya, que nous toucherions au but... et pourtant nous sommes toujours ici et je pédale encore sous une chaleur étouffante, malgré le coucher du soleil.

Cette fois sera la bonne, Iris. Continue à avancer.

Rassemblant ma volonté, je pédale encore et encore. Les cultures violettes autour de la maison grise apparaissent dans mon champ de vision. Mon souffle est saccadé, le masque m'empêche de respirer correctement. Mais je touche au but...

Lorsque je m'arrête au niveau de la prairie mauve, un homme est posté à côté de l'entrée que je dois utiliser. De toute évidence, il m'attend. La panique bloque ma respiration. Je pose un pied à terre, restant assise sur la selle de manière à pouvoir repartir si besoin, et observe l'intrus. Il est vêtu de jaune comme un civil, mais cela ne veut pas dire qu'il n'est pas soldat...

« Dépêche-toi, ordonne-t-il à voix basse. Tout le monde t'attend.

— Qui êtes-vous ? » répliqué-je sans dissimuler ma méfiance.

Le vouvoiement m'a échappé, mais il ne s'en étonne pas. Il lâche un soupir agacé.

« Qui veux-tu que je sois ? Nous n'avons pas de temps à perdre, viens vite.

— Personne n'était censé m'attendre ici.

— Je montais la garde, Aeltylimleb m'a demandé de t'escorter à l'intérieur. Viens. »

Je le dévisage, peu convaincue, et ignore son impatience :

« Pourquoi le plan aurait changé ? Et vous êtes absolument pas discret, vous savez ? »

Il me jette un regard noir, l'air franchement exaspéré à présent... mais il pourrait tout à fait jouer la comédie. Je ne peux pas faire confiance à n'importe qui.

« J'ai des moyens pour me cacher, mais j'avais besoin que tu me voies. Pour ce qui est du changement du plan, je n'ai moi-même pas tout compris mais les choses ne se passent pas comme prévu à l'intérieur et Aeltylimleb pense que tu auras besoin d'aide.

— Prouvez-moi que ce n'est pas Amylokirlia qui vous a envoyé », exigé-je d'un ton buté.

La fureur dans son regard s'intensifie. Il fait un pas dans ma direction et, d'un geste souple, sort un pistolet de son gilet. Il pointe l'arme sur moi et m'observe froidement.

« Maintenant, peu importe qui je suis. Viens. »

Son ton glacial me donne la chair de poule. Je déglutis. Peut-être que je pourrais fuir... Non, bien sûr que non. Et de toute façon, je dois entrer là-dedans.

« Dépêche-toi », articule consciencieusement l'homme.

La mort dans l'âme, je me résigne à le suivre. Il ouvre la trappe que nous devons emprunter et me fait signe de passer devant lui. Je descends de la selle du dahilazrdja et le pousse dans l'ouverture. Aeltylimleb m'a assuré que c'était sans danger. Quelque chose semble effectivement ralentir la chute du véhicule ; il atterrit en douceur, deux mètres plus bas. Je m'assieds au bord du trou et m'y laisse tomber. Après une seconde éblouissante pendant laquelle j'ai l'impression de m'asseoir sur du vide, mes fesses heurtent la selle. Je me relève ; je me trouve à présent dans un tunnel aux teintes ocre familières. L'homme saute à côté de moi, son arme toujours à la main, la trappe se refermant au-dessus de sa tête.

« Avance. »

J'obtempère, priant pour qu'il m'ait dit la vérité. Une autre option serait impensable. Je l'entends, derrière moi, fouiller parmi les vêtements entassés dans la remorque.

« Les Chuchoteurs et la mort, murmure-t-il avec nostalgie. J'avais adoré le faire passer, celui-là... Quel succès il avait eu... Je n'avais jamais dû réimprimer quoi que ce soit avant. Ah tiens, je ne pensais pas qu'il avait autant avancé dans Le "Grand Complot", tant mieux...

— Faire passer ? demandé-je malgré moi.

— Sur Terre, tu m'appellerais "éditeur", explique-t-il, d'une voix soudain plus avenante ; difficile en cet instant de penser qu'il me ment. Je me charge de faire connaître les écrits d'Ererakinalc et d'autres dissidents aux Azans intéressés. Clandestinement, tu t'en doutes. »

Cette précision est prononcée sur un ton à nouveau froid. Nous avançons dans un silence seulement brisé par les froissements des feuillets qu'il consulte. Nous parvenons vite à la porte décrite par Aeltylimleb. Elle donne sur un couloir ocre sans fantaisie. L'homme la tient pour que je passe avec le dahilazrdja ; elle se referme derrière nous avec un claquement définitif. Malgré moi, je sens mon cœur accélérer. Nous sommes coincés.

« Arrêtez-vous ! »

Un soldat se tient à l'autre bout du couloir. Avant que j'aie pu réagir, ne serait-ce que pour paniquer, mon accompagnateur serre le poing. L'arme du soldat percute son visage ; il titube. Son pistolet lui porte un nouveau coup, mais il ne se laisse pas surprendre et le pointe à nouveau sur nous...

Je n'écoute pas vraiment ma raison, seulement mon instinct. Je me mets à courir ; stupéfait par la stupidité de ma décision, le soldat marque un moment d'arrêt. Le dahilazrdja percute ses jambes avec une violence telle qu'il s'effondre à terre. Il roule au sol pour ne pas être écrasé... Le véhicule bascule. La remorque heurte sa tête avec un craquement sec.

Je me retourne lentement, l'angoisse prenant possession de mon esprit. L'homme a toujours le poing serré et un sombre sourire déforme son visage.

« Je crois que j'ai enfin trouvé le bon dosage, constate-t-il férocement.

— Vous... C'est vous qui... ?

— Courir vers lui était stupide, ajoute-t-il d'un ton tranchant. Si je ne t'avais pas aidée en poussant le dahilazrdja, tu serais morte. On ne t'a jamais appris à réfléchir avant d'agir ? »

Prise de court, tentant encore d'assimiler ce qui s'est produit, je ne trouve rien à répondre. Mes yeux tombent sur le soldat étendu au sol. Une flaque de sang s'étend autour de son crâne.

« Il... Il est mort ? demandé-je d'une voix tremblante.

— Je n'en sais rien. Avance.

— Mais...

— Écoute, s'il est mort, c'est trop tard, s'il est vivant, ses collègues ne tarderont pas à le retrouver. Tu devrais te dépêcher de sortir tes amis de là au lieu de t'attrister sur un soldat qui t'aurait certainement tuée. Maintenant, avance. »

Il a rangé son pistolet ; ce que je viens de voir ne me laisse aucun doute sur ses intentions. Il a beau être effrayant, il n'est pas de mèche avec Amylokirlia. Je referme mes mains tremblantes sur le guidon du dahilazrdja et me remets en route, tentant de ne pas revoir le corps du soldat sur le sol. Il t'aurait tuée. Il n'est peut-être pas mort. Concentre-toi sur Marc et Lya.

« Dès que nous arriverons, Aeltylimleb sonnera le départ, m'annonce froidement l'homme. Vous vous mêlerez à nous, nous nous enfuirons ensemble puis vous vous éclipserez discrètement. Aeltylimleb vous aidera. La plupart de nos combattants pensent que nous sommes ici pour délivrer l'un des nôtres... » Il s'immobilise et me détaille d'un œil critique. « J'espère que vous en valez la peine », ajoute-t-il d'une voix dure.

Je fronce les sourcils.

« Qu'est-ce qu'Aeltylimleb vous a dit, exactement ?

— Juste que nous devions vous aider. »

Je déglutis, nerveuse. Ils attendent quelque chose en retour, nous aurions dû nous en douter... Ils ne vont pas risquer leur vie pour nous laisser partir ensuite. Mais pourquoi m'a-t-elle demandé de récupérer le dahilazrdja, dans ce cas ?

« Elle n'a rien dit de plus ? Sur ce qui se passera ensuite ? insisté-je.

— Non.

— Et la plupart d'entre vous ne sait même pas pourquoi vous êtes ici ? »

Il se contente d'un signe de tête. J'observe le guidon bleu entre mes mains, pensive. Pourquoi Aeltylimleb ne leur a-t-elle rien dit ? Elle n'a donc pas la certitude que nous puissions l'aider ? Mais en quoi trois Terriens et deux Azans exilés pourraient-ils lui être utiles ? Il doit bien y avoir quelque chose, si elle prend le risque de sacrifier ceux qui combattent avec elle... Et eux ne savent pas pourquoi ils prennent ce risque, réalisé-je soudain. Ils croient mettre leur vie en jeu pour sauver un des leurs, alors qu'ils nous permettent seulement de fuir sur Terre. La culpabilité m'enserre la gorge. Ils se battent pour nous sans même le savoir. C'est injuste.

« Est-ce que... » Ma voix tremble ; je serre les dents pour qu'elle ne se brise pas. « Est-ce qu'il y a eu des... des pertes ? »

Mes mots me semblent creux et maladroits à la fois. Les yeux de l'homme se fichent dans les miens. Ses traits sont durs, son regard perçant.

« Ils ne font que des prisonniers », lâche-t-il dans un grondement.

Son regard magnétique ne se détache pas du mien, disséquant mes réactions. Je voudrais me retourner, repartir, mais je reste figée devant lui. Fascinée... C'est lui qui met fin à notre échange silencieux en reportant son attention sur le couloir devant nous. Je me détourne et reprends ma route.

Que des prisonniers ? Ce n'est pas si étonnant, les Azans ont besoin d'obtenir des informations, mais quelque chose dans la façon dont il a répondu me donne l'impression qu'il y avait quelque chose de plus à comprendre. Quelque chose qui m'a totalement échappé.

« Nous arrivons. »

Son murmure me ramène à la réalité. Je me concentre sur mon environnement ; en effet, des exclamations étouffées me parviennent, des cris de douleur ou de rage, des ordres hurlés.

L'angoisse accélère les battements de mon cœur, je prie je ne sais qui pour que Lya et Marc soient en sécurité. Mon frère était caché dans une pièce attenante avec Tomas et Amyltariaea, si du moins Aeltylimleb m'a dit la vérité... mais Lya ? C'est ridicule, elle ne sait pas se battre... Elle doit être en sécurité, elle aussi.

Lorsque nous rejoignons l'assemblée des combattants, je cherche ma sœur du regard avant même de prendre vraiment conscience de la situation ; je ne la vois nulle part, mais les corps sont pressés l'un contre l'autre, si concentrés que je n'ai aucune certitude.

L'homme se tend à côté de moi, et je réalise pourquoi une seconde plus tard. Le vacarme des combats a cédé la place au silence. Les soldats ont pris le dessus, contraignant Aeltylimleb et ses alliés à se réfugier dans un coin de la grande salle.

« Qui êtes-vous et quel est votre but ? » questionne une soldate.

Ses cheveux roux, étonnamment plus longs que ceux des Azans normaux, sont noués dans son dos en une tresse serrée. Son uniforme est plus foncé que les autres, indiquant peut-être un grade supérieur. Sa voix froide et insidieuse m'évoque celle d'Amylokirlia. Le petit groupe cerné par les fusils des soldats se raidit, mais personne ne lui répond.

« N'essayez pas de nous faire parler, réplique calmement Aeltylimleb.

— Je ne le répèterai pas », avertit la soldate.

Elle saisit d'un geste vif le poignet d'un de ses adversaires et le tire vers elle. Tout juste sorti de l'adolescence, il est secoué de tremblements qui font valser ses cheveux bouclés. Aucun des combattants ne lui répond. Elle plisse les yeux. Le jeune homme se fige instantanément. Tous les regards sont rivés sur lui. Sur son visage blême aux lèvres serrées.

À côté de moi, l'homme serre le poing.

La soldate lâche sa victime qui s'effondre au sol et se met à hurler. Son cri transperce chaque cellule de mon corps, son cri déchire son âme. Je ne bouge pas, tétanisée. Son cri, c'était le mien il y a quelques heures. Son cri rappelle ma douleur, ma terreur.

Puis il se tait, et un silence surnaturel s'abat sur la salle. Une immobilité pesante s'abat sur nos épaules. Dans mon esprit, les yeux d'Amylokirlia clignent lentement. Ils savent. Ils savent tout. Seule la soldate semble capable de se mouvoir. Elle s'agenouille à côté du jeune homme, écarte ses cheveux de son visage luisant de sueur. Il ne réagit pas.

« N'avez-vous rien à dire ? » demande-t-elle doucement en levant la tête vers Aeltylimleb.

L'homme ouvre le poing.

Un grondement retentit, la terre vibre sous les pieds des soldats. Ils s'effondrent les uns sur les autres et se relèvent presque aussitôt, mais je n'en vois pas plus : l'homme me projette avec violence derrière le dahilazrdja. Un rocher s'écrase à dix centimètres de ma tête. Au même instant, une voix inconnue se glisse dans mon esprit.

Changement de plan, gamine. Rejoins tes petits copains, on éloigne ces salauds. Ne bouge que quand je te le dirai.

Anacoluthea, sans doute.

Le reste n'est que confusion. Plus ou moins à l'abri derrière mon rocher, j'entends des hurlements, des appels, des menaces, un bruit de cavalcade, des milliers de sons que je n'essaie plus de distinguer. Et le cri du jeune homme, toujours coincé dans mes oreilles. Mon cri. Cela dure je ne sais combien de temps, quelques minutes ou bien une heure. Puis le silence.

Cours ! L'ultime appel d'Anacoluthea résonne en moi.

Je me relève, contourne le rocher que l'homme avait jeté à côté de moi. L'immense salle est à présent silencieuse, hantée par les fantômes des combattants qui s'y pressaient. Je la traverse, le cœur battant à tout rompre, tremblant de tout mon corps. Mais personne ne m'arrête. Je me glisse dans le passage qu'Aeltylimleb m'avait indiqué ; il est si étroit que je dois y ramper. Après une minute de contorsions, je me retrouve dans une petite grotte sombre.

« Iris ! s'écrie la voix de Marc. Bordel... »

Mes yeux s'habituent peu à peu à l'obscurité, me laissant juste le temps d'apercevoir mon frère et ma sœur avant que le premier bondisse sur moi et me serre contre lui. Je regarde autour de moi ; Amyltariaea me fixe d'un air que je dirais soulagé, et Tomas m'observe aussi, impénétrable.

« On doit filer, annoncé-je. Ils vont nous permettre de nous échapper.

— Tomas, pars devant, ordonne Marc à l'enfant. Il faut faire vite, je suppose. »

Tomas se lève et observe le passage d'un air méfiant.

« Je vais devant toi, regarde, le rassure Amyltariaea en le rejoignant. Tout ira bien. »

Nous acquiesçons et elle s'engage dans le tunnel, rampant avec une certaine maladresse. Tomas la suit. Ses gestes sont hésitants, un peu tremblants.

« Attendez une seconde, nous indique-t-elle d'une voix tendue par l'effort.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Des pierres. Elles nous... barrent le chemin. Il faut que je... les déplace... »

Nous attendons qu'elle nous indique que nous pouvons passer. La peur et l'espoir nous empêchent de parler.

La voix d'Amyltariaea nous parvient enfin.

« Venez vite ! Ils ne tiendront pas longtemps. »

Je m'avance aussitôt vers le passage, le cœur tremblant d'angoisse. Mais alors que je m'apprête à me glisser dans le tunnel, une voix calme et autoritaire me fige sur place :

« Pas un mot. Recule. »

J'obéis par instinct plus que par volonté, puis je me retourne avec lenteur, mais je sais déjà qui se tient derrière moi. En face de nous, de l'autre côté de la grotte, se trouve un autre passage. Et à côté de sa sortie, un pistolet braqué sur la poitrine de mon frère, Amylokirlia nous fixe froidement.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top