Chapitre 6 - Tendre la main (partie 1)

« Les armes "extraterrestres"... Les Terriens s'imaginent mille et une choses à leur sujet. S'ils savaient que la moitié de nos technologies dans ce domaine provient de notre exploration de leur propre planète à partir de 1274 ! J'ai personnellement été étonné par l'étendue de leur techniques guerrières – et eux le seraient sans doute par le peu d'armes dont nous disposons, en regard de la rigidité avec laquelle notre monde est administré. »

— Ererakinalc, Étude de la culture terrienne – Les Azans sont-ils des extraterrestres ?, 1290 ap. Az



MA PREMIÈRE RÉACTION est de me pincer, comme quand on croit rêver. Ma main libre trouve la chair de mon bras et mes doigts se referment dessus comme des serres, si fort que ma peau rougit et que des larmes de douleur perlent à mes yeux. Mais cela ne suffit pas. Ce n'est pas que je n'arrive pas à y croire, c'est que je ne veux pas. Je veux que ce soit un rêve ou un délire, qu'Amyltariaea ne se tienne pas ainsi devant nous, le visage inexpressif, le pistolet dirigé vers la poitrine de mon frère et le doigt bien trop près de la détente.

Elle ne daigne pas nous adresser un mot. Elle se contente de nous observer sans fléchir. Son regard implacable finit par avoir raison de mon incrédulité.

C'est réel.

Elle nous a trahis. Et désormais, elle se permet de menacer mon frère, alors que je viens de la défendre auprès de lui, alors qu'il vient de me promettre de ne pas la sacrifier pour Lya. Au moment où nous nous jurions de la protéger, elle prévoyait de nous trahir. Même ce que Lya m'a transmis dans ses pensées ne m'avait pas fait comprendre avec autant de force le sens du mot détester.

La rage balaie l'incompréhension. La rage balaie comme des fétus de paille tout ce qui pouvait se dresser entre Amyltariaea et moi.

Dans ma tête hurle une tornade. Les mots que je voudrais prononcer sont pris dans la tourmente, ils filent au gré des rafales, sans que je puisse les saisir. Alors je reste là, muette et impuissante, mes yeux fixés sur ceux d'Amyltariaea comme si la force de mon regard pouvait la chasser de ma réalité. La fureur me consume de l'intérieur, brûlant les parois de mon esprit, elle n'est d'aucune aide, elle m'empêche de réfléchir froidement – de réfléchir tout court. Je ne peux qu'observer ce qui m'entoure, incapable d'en tirer les plus simples déductions.

Nous nous trouvons dans une salle circulaire ; au plafond se balance une ampoule nue. Amyltariaea se tient à quelques centimètres de la paroi du fond. Juste derrière elle, un tunnel s'enfonce dans l'obscurité. L'autre issue se trouve dans mon dos. Marc, à côté de moi, n'a pas fait un geste. Sa peau est livide sous la lumière crue de l'ampoule. Sa main est toujours crispée dans la mienne. Elle est moite de sueur, ou peut-être est-ce la mienne.

Je la serre doucement, et cette pression semble me rendre mes moyens. J'inspire doucement, avec discrétion pour qu'Amyltariaea ne me remarque pas, et je ravale les mots qui se bousculaient devant ma bouche.

« Qu'est-ce que tu fais, Amyltariaea ? » demandé-je simplement.

Lentement, son regard quitte Marc et se fiche dans le mien. Il est froid et inexpressif, comme ceux des soldats à l'entrée d'Aritam.

« Mon devoir.

— Baisse ce pistolet, murmuré-je en faisant un pas en avant.

— Ne bouge pas. »

Sa voix, dénuée de toute émotion, me terrifie. On dirait qu'il n'y a plus trace d'humanité en elle. Hésitera-t-elle à tirer ? Je m'immobilise. Marc se redresse légèrement.

« Tu ne veux pas nous tuer, affirme-t-il. Tu aurais pu le faire cent fois. »

Bien qu'il feigne le calme, je sens la colère et la peur saturer sa voix. J'ai l'impression qu'un bloc de béton oppresse ma poitrine. Ne fais rien de stupide, le supplié-je intérieurement. Ne lui donne pas de raison. Il avance à son tour ; elle ne réagit pas. Je le suis, me cramponnant à sa main. Lorsqu'il arrive à deux mètres d'elle, elle lâche d'une voix douce :

« Peut-être que je ne voulais tuer que l'un d'entre vous. »

Nous nous arrêtons aussitôt. Je sens la main de Marc se raidir dans la mienne.

« Pourquoi ? répliqué-je, incapable de contenir ma colère. Ça ne rime à rien ! »

Ses sourcils se froncent légèrement et sa bouche s'entrouvre, comme si elle s'apprêtait à parler. Mais cette hésitation ne dure qu'une fraction de seconde. Ses traits retrouvent bientôt leur froideur impassible. Marc me broie la main, tremblant de rage à présent.

« Je ne vais pas passer des heures à t'expliquer nos raisons, cingle-t-elle, et elle s'avance à nouveau vers moi.

— Amyltariaea... Réponds-moi, m'obstiné-je, galvanisée par l'hésitation qu'elle a laissée transparaître. Je sais que tu n'es pas d'accord avec tes parents. Je sais que tu veux nous aider.

— Je n'y gagnerais rien, riposte-t-elle sans émotion.

— Tu y gagnerais de pouvoir te regarder dans un miroir sans y voir un monstre, peut-être ! » crache Marc.

Ses joues sont empourprées par la colère. Je ne l'ai jamais vu dans un tel état de rage, à part peut-être la nuit où il m'a trouvée sur le rebord de la fenêtre. Je repense à ce qu'il m'a dit dans le dahilazrdja. « Je pensais que je devais te protéger ». Je revois son visage déterminé quand il a prononcé ces mots. Pourtant, c'est sur lui qu'Amyltariaea braque son pistolet.

« Je ne savais pas que tu considérais ta sœur comme un monstre. »

Ses paroles font bouillir mon sang. Ta sœur. Elle a toujours dit votre sœur. Elle n'a jamais prononcé le nom de Lya. Pourquoi ? Est-ce du mépris ou de la peur ? Je scrute son visage, y cherchant une trace de regret, mais je ne vois rien. Essaie. Essaie quand même.

« Tu vois ? lâché-je doucement. Tu ne peux pas t'empêcher de penser à elle. Tu culpabilises, n'est-ce pas ? »

Je retiens ma respiration, terrifiée par ma propre provocation. Marc me jette un bref regard où se mélangent l'espoir et l'angoisse. Je reporte mon attention sur Amyltariaea. Elle n'a pas réagi, elle nous fixe sans rien laisser transparaître, mais je sens que quelque chose a changé. Son hésitation, et maintenant cette réponse – elle n'avait aucune raison de penser à Lya, c'est vrai... Elle n'est pas froide ou insensible. Elle dissimule juste très bien ses émotions.

« Je ne culpabilise pas, prétend-elle d'une voix tranquille qui ne me trompe pas, j'ai fait ce que je devais. Le bonheur de tous passe par le sacrifice de certains.

— Tu culpabilises. » Je lutte pour garder mon calme malgré ma rage mêlée de terreur. « Tu sais combien elle souffre, n'est-ce pas ? T'as vu ce qu'elle endure à cause de ta lâcheté ? Tu penses tout le temps à...

— Tais-toi », ordonne-t-elle.

Sa voix n'a pas flanché, son regard est toujours aussi vide et son visage aussi calme, mais c'est en vain qu'elle maintient cette apparence insensible. Elle ne supporte pas de m'entendre parler de Lya.

Je déteste l'idée d'utiliser la souffrance de ma sœur, mais c'est ce qu'il faut que je fasse.

« Tu vois ? Baisse ce pistolet, Amyltariaea, parce que si tu nous fais du mal, si tu nous empêches de venir en aide à Lya, tu m'entendras encore ! Tu l'entendras souffrir chaque nuit, tu ne seras jamais en paix ! Tu as laissé ta mère l'enlever, tu l'as remplacée, tu nous as menti. Tu n'as qu'un moyen de te racheter à tes propres yeux, c'est de nous laisser continuer. »

Ces mots franchissent ma bouche sans filtre, nés de ma propre détresse, de cette terreur qui m'a poussée à décider d'aller sur Alora. Parce que nous ne pouvons pas abandonner. Ma sœur fait partie de moi et si je renonce, sa douleur me poursuivra, ses pensées me hanteront. Les balles avec lesquelles Amyltariaea pourrait déchirer ma chair ne sont rien face à la voix intérieure de Lya qui me hurle sa souffrance.

« Tu veux avoir sa mort sur la conscience ? explosé-je, incapable de me retenir. Tu veux penser à elle et savoir que tu l'as...

— Non ! »

Sa voix a tonné, couvrant sans peine la mienne. Son visage n'a pas perdu sa tranquillité, mais ses mains se sont crispées sur son arme. Elle perd le contrôle, ce n'est plus qu'une question de secondes.

« Si. Si tu ne nous laisses pas partir, tu vas tuer Lya.

—Je t'interdis, gronde-t-elle. Ne parle pas de ce que tu ne connais pas.

— Parce que tu connais ça, toi ? Tu as déjà...

— Tais-toi ! »

Ça y est, elle ne contrôle plus rien. Sans réfléchir une seconde de plus, je me jette en avant. Je la percute violemment et la pousse sur le sol. Elle s'effondre, presque sans m'opposer de résistance, trop bouleversée pour cela. Elle a perdu.

Cette certitude est si forte que j'oublie que moi aussi, j'ai quelque chose à perdre.

La balle m'atteint un peu en-dessous du coude gauche. Une douleur sourde irradie lentement dans mon corps, suivie d'une impression de froid, comme si mon bras ne m'appartenait plus. Je sens le sol contre mon dos. Je suis tombée, ce qui n'a rien de surprenant. C'est la dernière sensation concrète qui me traverse.

Je suis emportée dans un océan de souffrance, heurtée par des vagues déchaînées. Mon bras devient le centre de cet univers de douleur, j'ai l'impression qu'il a été coupé en deux, non, pire, électrifié, déchiré, écorché, tailladé, tout cela en même temps. J'emporte une dernière image de Marc et Amyltariaea au sol, puis je suis engloutie par une obscurité que la clarté de la lampe au plafond ne parvient pas à dissiper. Quelques silhouettes floues dansent devant moi, jouant avec les ombres. Des dizaines d'oiseaux aux becs acérés dévorent mon bras, à moins que ce ne soient des couteaux...

C'est donc comme ça qu'on se sent, quand on prend une balle... remarque une petite voix étonnée en moi, avant de se fondre dans la douleur qui m'envahit.

Marc se met à hurler, comme s'il venait de m'apercevoir. Je crois que je hurle aussi, je n'arrive pas à distinguer son cri du mien.

Non. Je dois me battre, résister à la douleur. Nous n'avons pas assez de temps pour en perdre. Je me force à réintégrer la réalité, même si la souffrance reste intolérable. Peu à peu, ma vision se rétablit et je cesse de crier.

Marc, qui s'est tu lui aussi, s'est précipité vers moi. Sans se préoccuper d'Amyltariaea, il saisit à nouveau ma main gauche et prononce quelques mots que je ne comprends pas. Je me cramponne à sa main comme à une bouée de sauvetage, j'ai besoin qu'il continue, qu'il me rassure comme Papa savait le faire.

Papa... C'était un père maladroit, il ne savait pas bien s'y prendre sur bien des sujets, mais a toujours accouru quand on faisait des cauchemars, quand on se blessait, quand on se fâchait. Il était toujours présent, et pourquoi je parle de lui à l'imparfait ? il est encore là pourtant... lui est heureux, insouciant... il pense que je suis chez Élia... si seulement c'était un cauchemar... ça ne peut être que cela... un long cauchemar, le plus affreux que j'aie jamais fait... je vais appeler Papa et il m'accompagnera dans la cuisine... il faut que je me réveille...

Que je me réveille !

Marc saisit délicatement mon bras blessé et je crie à nouveau. Je n'ose pas regarder mais je vois sans le faire exprès. Mon regard heurte un amas de chair sanglante. Je n'arrive plus à m'en détacher. Je sais que cela devrait m'inquiéter, mais j'ai trop mal pour penser à autre chose.

« La blessure n'est pas si profonde, observe Amyltariaea d'un ton détaché, la balle l'a juste effleurée. Mets-lui ça, Marc.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Elle n'a pas une simple égratignure, tu lui as tiré dessus ! proteste Marc. Tu ne vas pas la soigner avec une pommade alors que son bras est... est...

— N'exagère pas, ce n'est qu'une égratignure.

— Une égratignure ? Tu as vu sa tête ? On dirait qu'elle est en train de mourir ! »

Leurs voix sont trop fortes, je veux qu'ils se taisent, que tout s'arrête.

« C'est dû à un... produit dans les balles de nos pistolets.

— Qu'est-ce que...

— Ne t'en fais pas. Cette crème la guérira en une dizaine de minutes de chez toi. Il faudrait qu'elle prenne aussi cela, afin d'éliminer les effets secondaires. »

Mon frère ne réplique pas et je sens bientôt ses mains, fraîches, sur mon bras. Puis il me fait avaler un comprimé blanc. Les médicaments me soulagent. En quelques secondes, la souffrance omniprésente se réduit à une douleur lancinante mais contrôlable, et la bouillie de chair devient une blessure de quelques centimètres de large.

« Reste allongée », m'intime Marc avec douceur.

Je grommelle mon assentiment, réfléchissant à toute allure. Marc ne fera rien contre Amyltariaea, pas avec moi aussi vulnérable. Si je ne me débrouille pas pour agir, tout est fini. Mais comment ? Je suis trop faible, je parviens à peine à lever le bras... Je vais m'endormir, je crois, j'aimerais m'endormir. Ce serait facile. Si tentant.

L'image de Lya s'impose à mon esprit. Je ne peux pas l'abandonner, nous étions si près du but... Je me force à rester dans la réalité. Je m'accroche à la douleur qui persiste dans mon bras, à la sensation du sol dans mon dos, à la vive lumière sur mes yeux fermés... Au prix d'un immense effort, je m'arrache à ma torpeur. Il me faut un moyen d'attirer Amyltariaea... qu'elle me pense encore plus faible que ce que je suis... D'après elle, un « produit » dans les balles du pistolet me cause des hallucinations, c'est ce qui m'a fait ressentir une telle douleur, croire que mon bras était déchiqueté... Je pourrais feindre de mal réagir au médicament... lui faire croire que je ne suis pas revenue à la raison... Je me redresse alors péniblement.

« Non, Lya ! hurlé-je d'une voix perçante. Ne t'en va pas ! Je... je ne veux pas... »

Je me laisse retomber au sol, réellement épuisée. Soucieuse, Amyltariaea s'approche de moi et me sonde du regard. Je me recroqueville sur moi-même, feignant de pleurer. Elle se penche sur moi, son pistolet pendant dans sa main droite...

Je lance vivement ma main, lui arrache l'arme et la jette vers Marc. J'entends à peine le cri de surprise d'Amyltariaea. Mon frère doit avoir réagi car le son d'un crâne heurtant le sol me parvient bientôt. Je laisse mon attention fluctuer, je n'en peux plus.

« Iris, non ! s'écrie Marc d'une voix suppliante. Ne t'endors pas. »

J'agite vaguement la main pour qu'il comprenne que je ne suis pas en train de mourir, mais cela ne semble pas le rassurer. J'entends sa respiration laborieuse puis, soudain, il m'assène une gifle retentissante. Je cligne des yeux et me redresse un peu, stupéfaite.

« Désolé, ajoute-t-il d'un air penaud en m'aidant à me relever, pas le choix.

— Ça existe, entre frère et sœur, la violence conjugale ? » balbutié-je en guise de réponse.

Un rire étranglé lui échappe. Il me relâche, vérifie que je tiens debout. Étonnamment, c'est le cas. Il soulève ensuite Amyltariaea et me fait signe de le suivre. Nous nous dirigeons vers le tunnel au fond de la pièce ; je m'appuie à la paroi pour ne pas tomber. Nous avançons bien trop lentement, et Amyltariaea risque à tout moment de se réveiller...

« Il aurait fallu frapper plus fort pour m'assommer », murmure-t-elle alors que nous arrivons à un carrefour.

Marc étouffe un cri de surprise et la laisse tomber au sol. Elle se relève vivement.

« Ne hurlez pas, ajoute-t-elle doucement. Cachez-vous ici. Quelqu'un vient. »

Stupéfaits, nous ne protestons pas lorsqu'elle nous pousse dans une cavité dissimulée par la roche. Nous n'osons pas prononcer un mot : quelques instants seulement s'écoulent avant qu'un garde ne surgisse, sa main droite crispée sur un pistolet, ses traits tendus. Il jette un regard à Amyltariaea, l'air surpris de la trouver là, mais semble décider qu'il y a plus urgent car il se contente d'ahaner :

« Les as-tu vus ?

— À l'instant, répond-elle. Ils m'avaient... Peu importe. Ils sont partis par là. »

Elle indique du doigt la direction de laquelle nous venons. Le garde s'y élance sans un regard en arrière. Elle attend quelques secondes, puis nous fait signe de sortir.

« À quoi tu joues ? demande sèchement Marc en obtempérant.

— Je vous expliquerai quand nous serons en sécurité. Je sais que je ne peux pas vous demander de me faire confiance, mais considérez vos autres options. »

Marc me consulte du regard. Je hausse les épaules, trop épuisée pour prendre une décision.

« Bon, qu'est-ce que tu comptes faire ? s'enquiert-il.

— Aller chez Ererakinalc et discuter là-bas. C'est ce dont nous avions convenu avec lui.

— Discuter ? On n'a pas le temps de discuter, protesté-je. Il faut qu'on retrouve Lya. »

Le regard d'Amyltariaea se pose sur moi, froid et calculateur. Elle nous avait totalement caché cette facette d'elle-même. Elle vient de nous aider, certes, et elle jouait peut-être un rôle tout à l'heure, mais ce point comme tant d'autres m'incite à la méfiance.

« Il faut surtout que nous sortions d'ici. Si nous essayons de la retrouver maintenant, avec mes parents et les gardes qui quadrillent les souterrains, nous allons juste nous faire tuer, et la faire tuer en même temps. Je suis désolée, ajoute-t-elle avec plus de douceur, je sais... je suppose que c'est difficile, mais il faut juste espérer que votre sœur s'en sorte seule.

— Tu supposes bien, répliqué-je d'une voix froide. On ne peut pas la lais...

— Elle a raison, Iris, coupe Marc d'une voix tremblante. Si on essaie de trouver Lya, on pourrait la faire repérer... Le risque est trop grand. Il faut lui faire confiance et attendre. »

Lentement, il tend la main à Amyltariaea comme pour sceller un pacte. Elle met un instant à comprendre, puis la serre avec maladresse. Je serre les dents pour refouler mes larmes et acquiesce, comprenant bien qu'ils ont raison. J'ai si peu l'impression que Marc a douze ans. Son visage aux traits tirés semble être celui d'un adulte. Peut-être est-ce moi qui devrais prendre cette responsabilité-là, celle de consentir aux sacrifices et aux compromis.

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