Chapitre 12 - Faire un choix (partie 1)

« Prédire le futur est impossible, nous nous accordons tous là-dessus. Prédire le futur c'est le modifier, et modifier le futur, c'est contraire aux lois intrinsèques à notre univers. Ces prophéties que vous aimez tant, ce ne sont pas des prédictions. Ce sont les traductions en mots d'une intuition vague et indescriptible. Voilà pourquoi elles manquent de clarté. Voilà pourquoi la plupart ne se réalisent pas. S'y fier, c'est se fier à l'instinct hésitant de quelqu'un que vous n'avez jamais rencontré. »

— Heylna lene Myyne, Introduction à la métaphysique de première année, 1156 av. Az



LE DAHILAZRDJA FILE DANS L'ESPACE à une vitesse que je ne saurais évaluer. Les étoiles lointaines – mais que signifie la distance, dans ce vide absolu ? – diffusent un éclat froid. Je les observe avec une fascination mêlée d'effroi. Le ciel – si l'on peut parler de ciel – est beau, d'une beauté étrange, inhabituelle. Ce n'est pas une beauté d'œuvre d'art, de visage ou de paysage naturel. Quelque chose de plus écrasant, d'absolu. Je peine à me l'expliquer. C'est peut-être de là que vient ma peur : cet endroit est inexplicable. Impensable. Et pourtant... ça existe. Cela me ramène au tout début de notre voyage. Ça me semble si lointain et si proche à la fois...

Nous avons quitté la Terre il y a moins de quarante-huit heures. Je n'ai jamais ressenti avec autant de force cette impression de voir quelques jours durer une éternité. C'est si étrange, déstabilisant... Comme si ma vie passée ne m'appartenait plus – comme si je ne possédais que les deux jours qui viennent de s'écouler.

Et même eux semblent se déliter, à présent. Depuis trois quarts d'heure, assise sur la banquette de la remorque, entourée de silences et de regards hésitants, je m'enfonce dans mes réflexions moroses. Les jours passés sur Az eux aussi s'éloignent, oui. Si ma vie sur Terre me semble trop insouciante pour avoir vraiment existé, notre aventure, quant à elle, prend des allures irréelles. Est-elle vraiment moi, cette fille qui a été en prison, comparu devant un tribunal, vu un homme se changer en chat, affronté des créatures monstrueuses, animales ou humaines, abandonné des alliés, blessé des amis ? Cette fille qui a vu son monde s'effondrer, qui a douté, tâtonné, tremblé, pleuré ? Est-elle vraiment moi ?

Je cligne des yeux, tentant de chasser ces réflexions dérangeantes. Mais je n'y parviens pas. Le doute s'insinue dans mon esprit. Comment moi, Iris Jaouen, gamine de treize ans sans histoire, ai-je pu vivre tout cela ? Je ne sais plus où j'en suis, la moindre chose me semble impossible. Tout est flou et, au milieu de ces souvenirs brouillés, je cherche mon passé et mon futur comme un noyé de l'oxygène. Je suis si perdue, si petite au milieu de mon incrédulité.

Je me trouve dans le néant, à mi-chemin entre deux endroits auxquels je n'ai pas l'impression d'appartenir. Est-ce normal de réagir ainsi ? Ne devrais-je pas être heureuse ? Nous avons réussi, après tout, je n'ai plus aucune raison de m'inquiéter... Nous nous sommes enfuis, nous sommes libres...

« Iris ? »

Je sursaute. Assis en face de moi, Marc m'observe avec inquiétude.

« Quoi ?

— Rien. T'avais l'air perdue. »

Je hausse les épaules et parcours la remorque du regard. À côté de moi, Tomas somnole, appuyé contre Lya. Ma sœur ne s'en formalise pas ; elle semble aussi plongée dans ses pensées que je l'étais il y a quelques secondes. Ererakinalc, transformé en chat, prend plus de place sur la banquette que sous sa forme humaine. Derrière la vitre, Amyltariaea se concentre sur le cadran de bord. Ils sont tous là. Tout va bien. Je n'ai aucune raison d'être triste.

« Je vous déposerai d'abord sur Terre », nous informe Amyltariaea sans se retourner.

Sa voix est étouffée par la vitre, mais pas assez pour nous cacher la tension qu'elle ressent.

« Pourquoi ? questionné-je sans pouvoir m'en empêcher.

— Ce sera mieux pour mon frère. Et les Edarchais risquent de se méfier si nous sommes trop nombreux, explique-t-elle de cette même voix tendue, un peu forcée.

— Mais pourquoi ? » insiste Marc, sans dissimuler sa méfiance.

Elle semble retenir un soupir, puis baisse la vitre qui nous sépare et se glisse dans l'ouverture pour nous rejoindre. Elle atterrit à côté de Lya, qui lui jette un regard noir, et se relève pour s'assoir plutôt à côté de Minuit, le poussant contre Marc sans cérémonie.

« Vous avez pu voir l'appareil de mesure de ma mère, n'est-ce pas ? »

Je hoche la tête. J'ai l'impression de m'être demandé plus de mille fois quel était le rapport entre nos questions et les débuts de réponse d'Amyltariaea ; je ne prends plus la peine de l'interroger et me contente de l'écouter poursuivre.

« Ces fluctuations d'énergies sont habituellement liées aux facultés peu ordinaires, comme celle d'Ererakinalc. C'est pourquoi dans votre cas, Amylokirlia ne les comprenait pas. Toujours est-il que nous pouvons les mesurer, mais pas les percevoir – je veux dire sans intermédiaire, à partir seulement de nos sens. Les Edarchais, eux, en sont capables.

— Tomas peut faire ça ? m'étonné-je en jetant un regard surpris à l'enfant à côté de moi.

— Comme tous les Edarchais, oui. »

Tomas relève la tête.

« Je suis pas très doué pour ça, marmonne-t-il, encore à demi endormi. Ma sœur si.

— Amylokirlia le sait ? s'enquiert Marc.

— C'est elle qui me l'a expliqué. Les Edarchais sentiront que vous avez ces... facultés, or ils les relient aux Azans, puisqu'ils les ont détectées chez certains d'eux. Je pense qu'il est préférable que vous ne veniez pas.

— Ça se tient », consent Marc à contrecœur.

Amyltariaea pince les lèvres, peut-être déçue qu'il lui fasse si peu confiance.

« Tu as dit que c'était mieux pour ton frère, relevé-je pour changer de sujet.

— Oui, confirme-elle, à nouveau mal à l'aise. Je pense qu'Amyltariaeb réagira assez mal, si nous arrivons tous ensemble. Il vaut mieux que je lui explique tout avant qu'il ne vous voie.

— Comment ça, il réagira assez mal ? »

Elle grimace, et je regrette ma tentative de diversion. Est-ce qu'il existe un sujet qu'on puisse aborder sans mettre quelqu'un mal à l'aise, à la fin ?

« Il a peur de l'inconnu, a beaucoup de mal à se fier aux autres et a trop bien intégré les discours azans sur les Terriens, explique-t-elle prudemment. Je suppose que se retrouver seul sur une planète inconnue, obligé à mentir sans comprendre, ne l'a pas rendu plus confiant. »

Elle parle d'un ton calme, mais ne croise pas notre regard et crispe les poings sur ses genoux. Je tente d'imaginer Marc égaré sur une planète lointaine, seul, sans moi... Tu es mon pilier. Elle doit se sentir si coupable... Pourquoi a-t-il fallu que j'aborde ce sujet ? Je voudrais détourner la conversation, mais Lya me coupe l'herbe sous le pied :

« On doit vraiment le plaindre ? grommelle-t-elle, sans regarder Amyltariaea.

— Je ne vous demande pas de le plaindre, réplique celle-ci, d'une voix plus calme encore. Je ne faisais qu'exposer des faits à son sujet. Je pense qu'il vaut mieux le préparer.

— Pourquoi il aurait gobé les salades des Azans alors que toi non ? » intervient Marc.

Elle soupire, malgré elle. Il ne semble pas particulièrement accusateur, je suppose qu'il voulait juste détourner la colère de Lya ; mais il semble écrit que personne ne réussira à dire quoi que ce soit sans irriter ou attrister quiconque. Sa question atteint cependant son but, Lya cesse de foudroyer Amyltariaea du regard pour écouter sa réponse.

« Amylokirlia nous traitait différemment. Je suppose que tout vient de là. Elle... elle ne l'aimait pas. Il aurait voulu qu'elle soit fière de lui.

— Et toi, elle t'aimait ? m'étonné-je avant de prendre conscience de la violence de ma question. Euh... Désolée, balbutié-je aussitôt. C'est juste que... qu'elle n'avait pas l'air...

— Oui, coupe-t-elle, le regard dans le vague. Oui, je pense qu'elle m'aimait. »

Je n'ose plus rien dire. Le silence s'écoule entre nous. Marc le brise finalement, un peu anxieux, comme s'il craignait de dire une nouvelle fois ce qu'il ne faut pas :

« Donc tu nous déposes d'abord sur Terre pour préparer psychologiquement ton frère à nous supporter. OK. Ça va bien se passer, je le sens.

— Je pense que c'est la meilleure solution, acquiesce-t-elle, gênée, avant de se tourner vers Tomas. Du moins, si ça ne te dérange pas.

— Ça ne me dérange pas. De toute façon... » Il hésite, nous sonde de ses yeux noirs. « Je ne sais pas si je veux rentrer chez moi. »

Dans un bel ensemble, nous fronçons les sourcils. Minuit se fend d'un tressautement de la queue. Le visage de Tomas exprime un mélange de gêne, de peur et d'hésitation.

« Tes parents et ta sœur vont pas te manquer ? demandé-je avec maladresse.

— Si, mais... je ne veux pas vous laisser. »

Il baisse les yeux ; je pose une main sur la sienne qui tremble sur ses cuisses et la caresse doucement. Il se détend un peu, me jette un regard effrayé.

« Tomas... Il faut que tu retrouves ta famille, protesté-je avec douceur.

— Vous serez en danger...

— On sera en sécurité. On n'est plus sur Az. »

Mais toute ma certitude ne peut rien contre l'accent de sincérité dans sa voix. Je repense à ce qu'il m'a dit, lorsque nous l'avons caché dans l'immeuble. Tu ressembles à quelqu'un qui va se perdre. Il avait raison – je ne me suis toujours pas retrouvée. Mais c'est stupide, ce n'est pas pour cela que je dois le croire désormais. Je me force à lui sourire.

« Tu n'es pas responsable de nous, Tomas. Il faut que tu retrouves ta famille. C'est eux qui ont besoin de toi. »

C'est stupide, je suis stupide, mais à ces mots les larmes me montent aux yeux. Je pense à Papa et Maria, à Papi et Mamie ; je n'ai jamais su avec une telle certitude que j'avais besoin d'eux. Et même si nous nous approchons d'eux, même si je m'apprête à les revoir, les et si et les ça aurait pu me tourmentent plus que jamais.

Il hésite. Plante ses yeux noirs dans les miens.

« Vous... n'avez pas besoin de moi ? »

Le flottement dans sa voix m'inquiète. Il se raccroche à nous. Il a besoin que nous ayons besoin de lui. Que répondre à ça ?

« On a eu besoin de toi, répliqué-je après un moment de silence. On ne s'en serait pas sortis sans toi. Mais maintenant, c'est fini. On n'est plus en danger. Il faut que tu retrouves ta vie.

— Je ne veux pas vous abandonner.

— Tu ne nous abandonnes pas, Tomas. »

Je jette un regard désemparé aux autres. Suis-je la seule à être capable de me mouiller dans ce genre de discussion ? Apparemment. Le regard de Tomas est perdu, malgré mon insistance. Je ne sais plus quoi faire.

« Tu ne seras pas seul, lâche soudain Marc, comme à contrecœur. Ce n'est pas parce que ta famille n'a pas vécu ce que tu as vécu qu'ils ne seront pas là pour toi. »

Les yeux de Tomas papillonnent, hésitent entre mon frère et moi, se posent un instant sur Lya... puis, avec lenteur, il acquiesce.

« Vous avez raison, abdique-t-il d'une voix encore plus lente. Je dois les retrouver. »

Je souris, malgré le pincement au cœur que me cause l'idée de le perdre.

« On se reverra, ajouté-je avec une légèreté forcée. Un Erasmus sur Edarch, ça vous tente ?

— Bon courage pour le faire accepter à Papa », ironise Marc.

Je n'ai pas l'impression que la séparation avec Tomas l'attriste tant que ça. À vrai dire, je m'étonne moi-même de la rapidité avec laquelle je me suis attachée au garçon : je ne le connais pas depuis si longtemps, et nous n'avons pas fait grand-chose ensemble... Mais malgré tout, j'ai l'impression que quelque chose nous unit. Quelque chose qui passe par les mots que nous avons échangés, seuls au fond du gouffre, par ma promesse vaine, par sa sagesse étrange mêlée de naïveté... Il serait absurde de le nier : j'aurais aimé qu'il reste avec nous.

« On... restera en contact ? demandé-je avec prudence.

— J'aimerais bien, dit-il gravement. Mais je ne sais pas comment nous le ferions.

— Lya, tu ne pourrais pas...

— Ce serait à sens unique. »

Tomas semble presque soulagé. Laisser la fille qui voulait lui tirer dessus s'introduire dans ses pensées ne doit pas l'enthousiasmer beaucoup.

« Nous en discuterons avec ta famille, lui propose Amyltariaea. Cela te convient-il ? »

Il hoche la tête, un peu hésitant. Je lui adresse un sourire tremblant. La famille de Tomas aurait toutes les raisons de nous interdire de communiquer avec lui... Mais je n'ose partager mes craintes avec les autres : cela ne servirait à rien, sinon à plomber l'ambiance. Je cherche dans son regard un écho à mes craintes, mais je n'y trouve que de la confiance. Une sérénité absolue qui me bouleverse.

Pendant quelques minutes, j'écoute Marc harceler Amyltariaea et Ererakinalc de questions sans intervenir. La discussion dérive sans que j'y prête beaucoup d'attention ; mais mon intérêt remonte en flèche lorsque j'entends mon frère lancer :

« À ce sujet, Amyltariaea, il faut que tu nous expliques cette histoire de Facultés Spéciales. T'avais juste glissé le nom avant qu'on parte, mais t'en avais pas dit plus. »

L'intéressée soupire, comme après les deux tiers des questions que nous lui avons posées, mais elle répond sans protester :

« Ce sont d'autres types de pouvoirs présents sur Az, bien plus rares que les Facultés Communes. Par exemple, Ererakinalc peut se métamorphoser... Mais nous en savons peu à leur sujet. Elles sont plus récentes que les Facultés Communes, et plus marginalisées. Nos dirigeants n'apprécient pas leur existence.

— Pourquoi ? »

Amyltariaea hésite. Minuit s'étire, baille longuement et reprend forme humaine. Ses cheveux blancs sont en bataille, son visage chiffonné. Il est épuisé.

« Explique-leur pour les cheveux », marmonne-t-il d'une voix pâteuse.

Nous l'observons tous en fronçant les sourcils, exceptée Amyltariaea qui obtempère :

« La couleur des cheveux joue sur Az un rôle bien plus important que sur Terre. Chez nous, elle permet d'instaurer une... hiérarchie. Les roux sont considérés comme supérieurs aux bruns, et les bruns aux blonds. Cela vient du fait que les chercheurs ont observé une corrélation entre F. C. et couleur des cheveux : les roux ont plus souvent une Faculté des Pensées, les bruns des Mots, les blonds des Objets. De là à relier la couleur des cheveux à un prétendu degré de "noblesse" des Facultés, il n'y a qu'un pas. »

Elle évite nos regards, comme si elle sentait que nous allions trouver cela ridicule. J'ai en effet envie d'éclater de rire tant cela me semble absurde... pourtant, quelle différence avec nos propres discriminations, sur Terre ?

« Au moins, je me ferai pas traiter de sorcière sur Az, observé-je ironiquement. Pas péjorativement, en tout cas.

— Pas comme si on allait y remettre les pieds... observe Marc. Mais vous ne pouvez pas vous teindre les cheveux ?

— Teindre ?

— Changer leur couleur. Je suppose que non, du coup...

— Quel rapport avec les Facultés Spéciales ? » intervient Lya en fronçant les sourcils.

Ererakinalc sourit, presque moqueur, comme s'il s'amusait d'un tour qu'il nous aurait joué. Amyltariaea le fixe avec un mélange d'amusement et d'exaspération.

« Ne trouvez pas étrange, réplique-t-il d'un ton ironique, qu'une telle corrélation apparaisse ? Vous le savez peut-être, la couleur des cheveux est due à une centaine de gènes situés sur plusieurs chromosomes, alors que les Facultés dépendent d'un unique gène. Il est donc improbable que ces deux informations soient liées, n'est-ce pas ?

— Si vous le dites, lui accordé-je. Mais je vois toujours pas le rapport.

— Ma conclusion est que ce lien est artificiel, reprend-il comme si je n'avais rien dit. Qu'en plus d'éliminer les embryons non viables ou dotés de capacités plus faibles, nous supprimons ceux qui ne vérifient pas cette correspondance. C'est un travail fastidieux, certes ; mais cela permet de rendre visible une différence qui ne l'était pas... ce qui est utile lorsqu'on veut établir une hiérarchie. Et tout régime dictatorial cherche à diviser sa population. »

Son sourire amer se fane lentement, cédant la place à une expression plus douce.

« Pour ce qui est du rapport avec les Facultés Spéciales, poursuit Amyltariaea puisqu'il ne semble pas décidé à reprendre ses explications, elles empêchent de rendre cela automatique.

— Mais pourquoi ils ne... suppriment pas tous les embryons qui en ont ? Ça leur simplifierait la vie, fait remarquer Marc.

— Nous avons toujours échoué à les repérer génétiquement, répond Ererakinalc avec satisfaction. On s'attend à accueillir un bébé normal, pour se retrouver avec une erreur. Trop tard.

— Donc s'ils n'aiment pas les Facultés Spéciales, c'est juste parce que ça fait dérailler leur moyen de discriminer paisiblement les gens ? résumé-je.

— Exact. »

Je fronce les sourcils, un détail me revenant en mémoire.

« Mais Amylokirlia est brune, et elle a une F. C. des Objets...

— C'est supposé être une corrélation, cela ne doit pas être toujours vrai. Il faut des exceptions, ne serait-ce que pour occulter le cas des Facultés Spéciales », réplique Ererakinalc.

Lya nous écoute en pinçant les lèvres dans une vaine tentative de masquer son dégoût.

« Amylokirlia en a parlé, lâche-t-elle avec méfiance. Quand elle nous a montré cette... cette prophétie. Elle a dit que c'était un type de Faculté Spéciale.

— Ça l'est, acquiesce Ererakinalc. Une F. S. mal comprise, souvent déformée... mais elles le sont toutes.

— Donc... » commence ma sœur, avant de s'interrompre.

Elle jette un regard prudent à Marc, puis reporte son attention sur moi. Elle me dévisage longuement, comme si j'étais un problème de physique. Je mordille l'intérieur de ma joue, nerveuse et pensive. Un type de Faculté Spéciale. Alors, ici, il est possible de prévoir l'avenir, de décider à notre place de ce qui va nous arriver ? C'est normal ?

Je déteste l'idée qu'on détermine mon avenir à ma place. Je déteste l'idée que quelque part, une entité supérieure – Dieu, le destin ou cette Sophine, peu importe – choisisse pour moi.

Tout m'échappe, dans ce cas...

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