Chapitre 10 - À travers la brume (partie 1)

« Il est vrai que notre mode de fonctionnement est infiniment plus rationnel que celui de la Terre. Il est vrai que le taux de mortalité sur Az est extrêmement bas, que personne ne vit dans la pauvreté ou dans la maladie. Il est vrai que personne à l'exception des A. E. ne peut y attenter à la vie de son prochain. Je vous accorde volontiers tout cela. Mais trouvez-moi un Azan qui ait été heureux, pleinement et sincèrement heureux, en menant une vie conventionnelle, qui se soit épanoui dans votre cadre et votre principe d'utilité... Trouvez-moi cet Azan et je me coupe les griffes à raz pendant deux mois. »

— Ererakinalc, Étude de la culture terrienne – Relations humaines et émotions : à quoi avons-nous renoncé ?, 1288 ap. Az



LE SOL DUR ET FROID contre mon flanc. Des voix paniquées. Une odeur minérale. Et pas de brume, pas de murmure irréel, l'Entre-Deux disparu dans un recoin de mon inconscient.

« Bordel, Iris, qu'est-ce qu'il se passe ? »

J'ouvre les yeux, les écarquille pour mieux regarder autour de moi. Confusion, désordre. À l'extérieur plus qu'à l'intérieur. Marc est penché sur moi et me dévisage, l'air affolé.

Je me redresse, un peu essoufflée, et me relève sur des jambes tremblantes. Mon frère bondit sur ses pieds et tend les bras pour m'aider, mais je retrouve mon équilibre presque aussitôt.

« Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? questionne Marc d'une voix faible.

— Je n'ai pas le temps de vous l'expliquer », répliqué-je avec un calme qui me surprend.

Ce n'est même pas une façade ; si étonnant que cela me semble à moi-même, mon esprit baigne dans une sérénité que ni la panique de mon frère ni notre situation précaire n'ébranlent. Seule demeure une note d'angoisse, comme une petite pointe d'acidité dans une mer de miel. J'évite avec soin de me pencher dessus et soutiens le regard intrigué de Marc.

« Mais qu'est-ce que tu veux dire ? Tu t'es évanouie, Iris, t'es tombée par terre !

— J'avais remarqué. Je n'étais pas en danger, je t'assure.

— Marrant comme j'ai du mal à te croire, là...

— Elle a ouvert la porte, Marc », intervient Lya dans un souffle.

Ses yeux sombres sont toujours rivés sur moi, impassibles ; ses traits figés ne trahissent aucune émotion. Mais dans le ton de sa voix, je décèle une note de certitude, de ferveur presque. Malgré moi, je tressaille. Elle me fait penser à Amylokirlia, à croire en cette histoire stupide. Mais mon sursaut d'angoisse se dissipe vite dans un calme inébranlable. Tout se passera bien.

Ce n'est pas la première fois que je ressens cette sérénité. Alors que je fuyais la zycarfa, après être passée par la pièce aux sept portes, la même émotion s'est glissée en moi, bien qu'elle ait été atténuée. Est-ce lié à Sophine ? Peut-être... Ses paroles me reviennent brusquement en mémoire. Lorsque tu quittes l'Entre-Deux, les émotions de la Lémure avant sa mort t'imprègnent. Si elle avait peur, tu auras peur. Alors, c'est cela que Sophine a ressenti avant sa mort ? Cet océan de tranquillité, cette douce certitude, et l'angoisse au fond, à peine décelable mais irrépressible ? Elle savait qu'elle était une Lémure, elle savait que ses émotions se transmettraient à tous ceux qui lui rendraient visite dans l'Entre-Deux. A-t-elle choisi ce qu'elle ressentirait ? Cette pointe d'angoisse qui demeure, était-ce sa véritable émotion, camouflée par une artificielle sérénité ?

« Ouvert la porte ? répète Marc avec une inquiétude identique à celle qui m'a traversée.

— Peu importe, Nous devons trouver un moyen de traverser cette barrière, annoncé-je avec calme. Il faut que nous partions, Amylokirlia ne va pas tarder.

— Et comment ? » réplique Lya, dubitative.

Je m'apprête à répondre que je n'en sais strictement rien, mais une idée me traverse soudain l'esprit. La barrière d'Amylokirlia exalte nos peurs, nous empêche de rester connectés à la réalité et de réfléchir rationnellement. La sérénité de Sophine pourrait-elle m'en protéger ? Cette émotion semble faire barrage à l'angoisse, après tout. Peut-être que je serais capable de traverser la barrière. Peut-être que je pourrais aider Marc et Lya à faire de même...

« Je ne peux pas vous l'expliquer, ce serait trop long. Est-ce que vous me faites confiance ?

— Oui, Iris, je te fais confiance, répond Marc, mi-amusé, mi-agacé, mais je refuserais pas que tu m'expliques ce que tu as en tête. »

Lya, elle, se contente de m'observer en silence. Visiblement, elle n'a pas assez confiance en moi pour me suivre aveuglément. Pas étonnant. Nous avons partagé si peu de choses, et mon comportement doit sembler si incompréhensible... Mais je ne saurais pas comment expliquer. Et puis, ils ne me croiraient peut-être même pas... L'Entre-Deux ne se raconte pas.

« Je sais que ça semble sortir de nulle part, mais je ne vois vraiment pas comment vous dire pour l'instant, admets-je piteusement. Dites-vous juste que je ne vous entraînerais pas là-dedans sans savoir ce que je fais.

— Vraiment ? ironise Lya.

— Je... vraiment », assuré-je.

Elle me dévisage, toujours méfiante. Je ne peux pas lui en vouloir de sa réserve ; j'ai beaucoup agi sur des coups de tête, suivi mon instinct sans réfléchir assez...

« Fais-lui confiance, Lya, intervient Marc à ma grande surprise, Iris ne nous mentirait pas.

— Je ne pense pas qu'elle mente. Mais ce n'est pas pour ça que je vais la suivre sans savoir ce qu'elle a derrière la tête.

— Je l'ai vue agir plein de fois sans réfléchir. Et crois-moi, ça se voyait. Iris est nulle pour mentir, je t'assure. Elle sait ce qu'elle fait.

— Pas très convaincant.

— Tu as dit toi-même qu'elle a ouvert la porte. Peut-être qu'on ne peut juste pas comprendre. »

Au regard dubitatif qu'il me lance, il est évident que Marc n'a utilisé cet argument que pour convaincre Lya et que lui-même n'y croit pas un instant. Mais la conviction de ma sœur ne doit pas être aussi solide que celle d'Amylokirlia, car elle secoue la tête, l'air exaspérée.

« Tu ne m'auras pas avec ces arguments stupides, Marc. C'est pas parce qu'elle a ouvert cette porte qu'elle va nous dispenser la Sainte parole ou je ne sais quoi.

— Je ne veux pas vous dispenser la Sainte parole, signalé-je calmement, mais j'ai réfléchi, Lya. Sérieusement, cette barrière nous montre nos pires peurs. Je ne m'y jetterais pas comme ça, sans raison... Je ne suis pas idiote, non plus. Je n'ai aucune envie de revoir Marc se faire tuer. Si je dis que j'en suis capable, c'est que je le suis, vraiment. »

Lya fronce les sourcils, semblant peser le pour et le contre dans ma réponse. Elle me dévisage toujours, comme si elle espérait lire la vérité en me transperçant du regard.

« Très bien. Fais comme tu veux », finit-elle par lâcher.

La sérénité de Sophine repousse ma nervosité. J'acquiesce pensivement. Je suis capable de traverser l'illusion, oui, je le sens, mais qu'en est-il de Marc et Lya ? Comment les aider ?

« Prenez ma main, chacun de vous, leur intimé-je après un instant de réflexion, et ne la lâchez jamais. Je vous guiderai. Tout ira bien.

— En général, quand quelqu'un dit ça, c'est plutôt mauvais signe », observe Marc.

Mais ni lui ni Lya ne protestent. Lui se place à ma droite, ma sœur à ma gauche. Qu'ils me fassent confiance, au moins un peu, à moi – Iris la gaffeuse, l'irréfléchie, la spécialiste des plans foireux –, me sidère. Alors peut-être que, débarrassée de la pression qui me fait agir de manière totalement inconsidérée, je suis capable de prendre la bonne décision ? Attends avant d'affirmer ça, peut-être que ça sera un fiasco.

« Allons-y », décrété-je.

Les doigts de Marc s'enroulent autour des miens comme ils s'arrimeraient à une ancre. Je presse sa main dans la mienne en retour, émue. Il me fait confiance, il a besoin de moi. Je repense soudain, pour la première fois, à ses mots lorsqu'Amylokirlia a utilisé sa poudre sur lui. J'ai besoin d'elle. J'ai besoin de son soutien. Sans Iris, je n'oserais rien faire. Je les avais presque oubliés, relégués au fond de mon inconscient, peut-être parce qu'il n'a pas choisi de les prononcer, peut-être aussi parce qu'ils m'ont terrifiée. Il a besoin de moi. Ce n'est pas juste qu'il apprécie ma compagnie, qu'il soit content d'être mon frère. Il a besoin de moi...

« Iris... quand Amylokirlia m'a interrogé l'autre fois, qu'est-ce que j'ai dit ? »

Pendant une absurde seconde, je crois qu'il a lu dans mes pensées ; puis je réalise que lui aussi s'apprête à me voir mourir. Qu'il est naturel de penser ce genre de chose dans notre situation. Même s'il ne se souvient pas qu'il m'a révélé cela, il le soupçonne sans doute...

« T'as dit que t'avais besoin de moi, marmonné-je après une hésitation.

— Ah. Ouais. Je m'en doutais un peu... »

Je sens la main de Lya trembler contre ma peau. Je n'ose rien répondre à Marc ; j'attends en silence, retenant presque ma respiration, qu'il poursuive. S'il veut poursuivre. Pendant un moment, nous nous tenons tous les trois en silence face à la barrière.

« C'était vrai, déclare finalement Marc. J'ai besoin de toi. Depuis que je suis né, presque. Je... je sais pas pourquoi, juste... c'est comme si t'étais... je sais pas, un pilier. »

Révéler cela lui coûte tant que je voudrais lui dire que ce n'est pas nécessaire, que ces choses-là ne se disent pas à voix haute. Mais sa mâchoire crispée et ses traits figés dans la détermination me dissuadent d'intervenir. Je me contente d'attendre qu'il poursuive.

« J'ai pas ton courage. Je ne suis pas capable de foncer sans réfléchir quand c'est ce qu'il faut faire. J'envisage toujours cent mille possibilités flippantes et je n'ose rien faire si t'es pas là pour me pousser. Alors j'ai peur que tu m'abandonnes, ajoute-t-il doucement, la voix au bord de la rupture. Et... et j'ai peur de t'abandonner, aussi. Je n'ai pas ta force... »

Les larmes aux yeux, je secoue la tête. Lya tremble de tout son corps à côté de moi.

« Marc... je sais que tu vas pas m'abandonner. T'as été jusqu'ici pour Lya et moi. Tu aurais pu fuir, Amylokirlia t'aurait laissé partir. Et... je ne t'abandonnerai pas. Je... »

Moi aussi, j'ai besoin de toi. Ces mots se pressent derrière mes lèvres, il serait si facile de les en expulser, et pourtant je n'y arrive pas. Je voudrais le faire – ou plutôt, je voudrais en avoir la volonté. Marc envie mon courage, vraiment ? Il se livre devant moi, sans artifices, sans s'abriter derrière son ironie coutumière, et je ne suis pas foutue de lui répondre sept petits mots. Moi aussi, j'ai besoin de toi. Je ne connais pas de plus grande vérité, mais la phrase reste coincée dans ma gorge. Trop grosse pour passer. Trop dangereuse, trop compromettante.

« On devrait y aller. On perd du temps », rappelle-t-il alors.

Je resserre mon emprise sur la main de mes frère et sœur. J'inspire, rassemble mon courage, retrouve la sérénité léguée par Sophine et je fais un pas en avant. Puis un autre. Encore un autre. Je constate avec surprise que Marc et Lya me suivent ; j'ai du mal à intégrer l'idée qu'ils me font finalement confiance, bien que je ne leur aie rien expliqué.

Nous avançons ainsi, lentement, attendant que l'illusion nous saisisse. Savoir ce que nous allons affronter rend l'angoisse plus prégnante encore. Je ne la ressens que comme une légère perturbation, mais ce n'est qu'un effet de l'Entre-Deux ; Marc et Lya, eux, subissent de plein fouet les conséquences de cette émotion.

« On va s'en sortir, murmuré-je donc. On va réussir. »

Aucun d'eux ne répond, mais Marc serre ma main avec plus de force. Nous marchons toujours. Des bruits de pas se font soudain entendre devant moi. Une silhouette élancée apparaît. Amylokirlia. Elle me fixe avec une froide indifférence, un léger sourire aux lèvres, puis elle tire de sa poche un pistolet et le pointe posément sur mon frère.

Je me raidis, l'angoisse gonfle dans ma poitrine. Ne pas lâcher leur main. S'ils m'échappent, tout est perdu. Nous devons rester soudés, quoi qu'il advienne...

Amylokirlia redresse son pistolet. Elle tourne ses yeux vert brillant vers mon frère. Et elle tire.

Le corps de Marc bascule à côté de moi, un trou rouge dans la poitrine, le regard déjà vitreux, les joues éclaboussées de son propre sang. Mon cœur s'affole, mon instinct me hurle de me précipiter à côté de lui. Mais ce n'est pas réel. Ce n'est pas réel. Ma main gauche serre toujours quelque chose, et ce quelque chose est celle de Marc. Il est vivant, il est à côté de moi. Le cadavre à mes pieds n'est qu'une illusion.

« Ce n'est pas réel, crié-je pour couvrir le bruit de mon cœur paniqué. Marc, Lya, ce n'est pas réel ! Je vous assure que ce que vous voyez n'existe pas ! »

Leurs mains tremblent dans les miennes. La sérénité que m'a cédée Sophine vacille comme une vague, tantôt présente, apaisante et calme ; tantôt totalement absente. Dans ces moments, la peur me broie l'esprit et le cœur. La terreur est une mer déchaînée et je ne suis qu'une coquille de noix. Je serre plus fort et continue à avancer, les entraînant derrière moi.

« Je suis là ! Nous sommes ensemble, c'est la seule chose réelle. Nous devons avancer ! »

Des cris retentissent soudain à mes oreilles. Des cris qui n'ont rien à voir avec cette barrière, avec ma peur. Des cris qui retentissent dans mon crâne comme si je les avais déjà entendus... Un souvenir. Un souvenir de Sophine.

« Ouvrez ! »

La porte en bois en face de moi, fragile, trop fragile. Le cœur qui bat trop vite, calme-toi, c'est fini, la respiration qui s'emballe, mais c'est inutile, il n'y a plus d'espoir, le cerveau qui déraille, je l'avais prévu pourtant. L'angoisse comme un poison dans mes veines. Il serait tentant de hurler, de fuir en tous sens, mais je n'ai pas ce luxe. Me calmer. C'est la dernière chose que je puisse faire. Les autres sont en sécurité, ils n'auront que moi. C'était inévitable. Ils vont me tuer, ils vont me tuer, mes pensées n'ont plus de sens, est-ce que je dois ouvrir ? les laisser entrer ? Je suis incapable de prendre la moindre décision.

« Ouvrez ! Vite ! »

Ouvrez, ouvrez, ouvrez, les mots explosent dans mon esprit, litanie incessante, combien de temps me tortureront-ils encore ? C'est moi qui le déterminerai, il faut que j'ouvre peut-être, que je tende la main et que j'abaisse la poignée et que je la tire vers moi. C'est si difficile de marcher vers sa propre mort. J'ai tout prévu, il ne me reste aucune issue. Je dois mourir aujourd'hui, je dois me laisser tuer. Pas d'autre échappatoire. Mais j'ai tellement peur... Je n'avais pas prévu la peur.

La porte explose.

Des éclats de bois atterrissent sur mon visage. Le fracas me tire des souvenirs de Sophine. Je cligne des yeux, tentant de reprendre le contrôle. Je passe une main sur mon visage ; il est intact, comme si les copeaux de bois ne l'avaient pas entaillé. Parce que je ne suis pas Sophine. Je suis Iris. Iris Elisabeth Jaouen. Je baisse ma main... je me fige.

Ma main droite.

Celle qui retenait Lya.

Celle qui l'empêchait de partir n'importe où sous l'effet de la panique.

Où est-elle, désormais ? Où est ma sœur ?

Sans le calme que je dois à Sophine, je me serais mise à courir dans tous les sens en hurlant son nom. À la place, malgré la panique qui hurle en moi, je me tourne vers ma gauche. Je serre toujours la main moite de mon frère.

« Marc ? Tout va bien ? »

Sa respiration haletante se calme un peu.

« On... On a perdu Lya, ajouté-je d'une voix tremblante. Marc, qu'est-ce qu'on fait ? »

Il ne répond rien, perdu dans ses propres angoisses. Une seule idée me vient : achever notre traversée, mettre mon frère en sécurité, et revenir seule pour tenter de localiser Lya. Mais je sens dans mes tripes que je ne tiendrai pas assez longtemps. La mer de sérénité se vide, s'assèche, il ne restera bientôt plus que mes vraies émotions. Le temps presse. Un aller-retour sera trop long. Si je continue ma route, je n'aurai probablement pas le temps de trouver Lya avant de succomber à mon tour aux effets de la barrière. Et si je la cherche avec Marc, je risque de les perdre tous les deux.

Qui choisirais-tu, entre Marc et Lya ?

La question qui me torturait dans le dahilazrdja en route vers Az surgit à nouveau dans mon esprit. Je ne pensais pas que cela se produirait dans la réalité. Que je me retrouverais ainsi seule avec moi-même, seule face à ma conscience, à devoir prendre une décision si cruelle.

Et pourtant, m'y voici.

Chaque seconde que je passe à réfléchir est une seconde perdue à jamais, je le sais, pourtant je suis incapable de fixer ma pensée. Incapable de me fier à mon instinct comme je le fais d'habitude, l'enjeu est trop grand, cela me paralyse. Je ne suis qu'une enfant, voilà ce que je voudrais hurler, mais à qui ? Qui est responsable de cette situation, si l'on excepte Amylokirlia ? Ce n'est pas le moment. Concentre-toi, Iris. Mais comment choisir ?

J'essaie d'imaginer que nous sortions de cette barrière, que par miracle nous nous échappions et revenions sur Terre. Pourrai-je soutenir le regard de Marc, si je lui sacrifie Lya ? Pourrai-je soutenir celui de Papa, si j'abandonne sa fille, s'il la perd après avoir perdu Maman ? Mais si nous nous retrouvons tous trois enfermés ou tués par Amylokirlia, j'aurai condamné les trois enfants de mon père... il sera seul...

La main de Marc serre soudain la mienne. Ce n'est qu'un geste réflexe, une réaction face aux angoisses qui le torturent de son côté, mais il remet mes idées en place. Nous sommes allés jusqu'ici, nous avons tout risqué pour Lya. À quoi cela rimerait-il d'abandonner si près du but ? Nous devons continuer.

« Marc, écoute-moi, ordonné-je d'une voix que je tente de calme, malgré la terreur et les doutes qui déchirent mon esprit. On doit retrouver Lya. Reste près de moi, ne lâche surtout pas ma main, résiste à ce que tu vois – ce n'est pas réel. Tout ira bien, je te le promets. »

Plus personne ne te fera de mal, je te le promets. C'est ce que j'ai dit à Tomas quelques minutes avant que Lya ne pointe un pistolet sur lui. Mais cela n'a rien à voir. Rien. Désormais, tout dépend de moi, pas d'un autre. Alors cette promesse, je la tiendrai.

Tout ira bien.

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