-Chapitre 46-

Point de vue de Kyle

Déçu, c'est tout ce que je suis présentement.

Déçu d'elle, qui n'a fait preuve d'aucun tact en affirmant que ma mère se fou royalement de mon existence. Elle ne peux pas m'en vouloir d'essayer de m'accrocher à une lueur d'espoir, si c'est tout ce que j'ai pour retrouver celle qui m'a mis au monde, pour en savoir plus sur mon histoire, pour en savoir plus sur moi tout simplement, je foncerais tête baissé.

Déçu de moi, qui ai encore fuit, comme à mon habitude. Dès que quelque chose ne va pas pour le mieux, je fuis, c'est systématique. Bordel, mais qu'est-ce qui cloche chez moi. Je regrette tellement ce que je lui ai dit, je n'en pensais pas un mot, je ne la déteste pas, je l'aime c'est la personne la plus importante à mes yeux dans ce monde gris, je ne souhaite pas qu'elle se laisse mourir de faim, je serais perdu sans elle... j'ai tellement besoin de cette femme à mes côtés.

Elle aussi doit être déçue de moi. Je la déçois constament. Elle a beau me reprocher d'être adepte de la fuite, je n'arrête pas de me dérober pour autant. C'est difficile à admettre mais je suis toujours le connard d'il y a trois ans, incapable de l'estimer à sa juste valeur.

Mais je veux retrouver ma mère, j'espérais sa confiance et son soutient dans cette épreuve, mais visiblement je ne les aurais pas. Qu'importe, je trouverai ma génitrice, coûte que coûte, même si pour cela je dois mettre des distances avec Dana. C'est ma mère dont il est question.

Beaucoup s'accordent à dire qu'une mère est d'un support inconditionnel, qu'elle est toujours présente pour nous écouter et nous conseiller mais surtout pour nous aimer. Je veux savoir ce que c'est que d'en avoir une. J'ai peut-être 21 ans, mais je n'ai pas honte de dire que j'ai besoin d'une mère, je pourrais même le crier du haut de l'Empire State Building, le graver dans les nuages survolant la ville qui ne dort jamais.

Je n'ai plus de père et il me manque tellement... cela fait trois ans que je n'ai pas entendu le son de sa voix, son rire résonner. Le pire c'est que je sais que s'il appartenait toujours au monde des vivants, il ne serait pas fier de l'homme que je suis devenu. Cette chose arrogante, baisant à droite à gauche, sans travail, sans diplômes, sans avenir.

Si ça ne tenait qu'à lui, jamais il ne m'aurait envoyé étudier à la BRIT school. Chanteur? Ce n'est pas un métier sûr, dans ce milieux on a une chance sur un million de réussir. Il voulait que je travaille dans un bureau, une banque, quelque chose de fiable, il ne voulait pas que je connaisse la misère. Il ne voulait pas que je galère comme lui, simple garagiste, à chaque fin de mois.

Mais je crois qu'il a cédé fasse à ma détermination. Où peut-être que sa maladie, le condamnant a joué en ma faveur. Je suis désolé papa, tu me manques.

Je marche dans les rues de Brooklyn de nuit, je ne sais pas où aller. Je connais peu New-York alors je me déplace au hasard dans les rues éclairées et toujours bourrées de monde malgré l'heure tardive. J'ai froid, j'ai eu la judicieuse idée de prêter ma veste à Dana un peu plus tôt dans la soirée. Ce sera de sa faute si je tombe en hypothermie.

Quoi que, je pourrais toujours aller me réchauffer dans bar. L'alcool ça réchauffe bien, les Inuits ne démentiront pas, et j'ai surtout grand besoin de me vider la tête.

Je m'installe dans le premier bar que je trouve, Joey. Il n'y a pas trop de monde mais il n'en demeure pas pour autant vide. Je trouve la décoration plutôt atypique pour une ville active telle que New-York. Les nombreuses boiseries, les lumières tamisées donnent un côté saloon à la pièce. Des hommes légèrement éméchés jouent en riant au billard. Et pour la première fois depuis que je suis à New-York, je trouve que l'ambiance est chaleureuse. C'est sûrement lié au fait que Dana mais également Alex vivent dans un quartier de gens coincés et blindés de fric.

Je m'assois sur un siège au bar, attendant que le barman s'adresse à moi. C'est un homme ayant certainement la cinquantaine, son ventre est assez gonflé, typique des grands adeptes de l'alcool et ses cheveux grisonnant mériteraient une petite visite chez le coiffeur. Mais il semble agréable, il me sourit:

"-Je vois que tu es nouveau toi! Moi c'est Joey, et bienvenue chez Joey, il rigole fièrement, dis moi mon garçon, qu'est-ce qui te ferait plaisir?

-Un scotch. Je réponds décidé à en finir avec ma putain de sobriété."

Joey hoche la tête avant de déposer un verre devant mes mains et de le remplir d'un liquide brun. Me soûler, c'est quelque chose que mon père et Dana auraient détesté me voir faire. Je ne dois pas penser à eux, il faut que je fasse taire ces putains de sentiments qui me fragilisent.

Alors, je bois à leur santé, enfin la santé de Dana. Le liquide descend dans mon œsophage semant une petite brûlure sur son passage. Il me détend doucement et je commande un autre verre. Je connais ma limite au niveau de l'alcool et, ce soir, je compte bien l'enfreindre. Après tout, les limites sont faîtes pour être enfreintes.

Alors que je porte ce deuxième verre à ma bouche, une main le rattrape fermement, le déposant bruyamment contre le bar.

"-C'est ma place!"

Je me retourne pour découvrir l'identité de cet emmerdeur puéril de première et pose les yeux sur une femme de petite taille. Elle est brune, a la peau hâlée et porte de grandes lunettes cachant ses yeux qui paraissent beaux. Je la dévisage de haut en bas. Elle porte un pull et un jean, rien de très folichon et affiche une expression agacée.

Je la toise du regard et me reconcentre sur mon verre. Mais voilà que cette pipelette recommence à jacter:

"-Ecoute mon beau guitariste, tu bouges d'ici, compris?

Je soupire et l'observe blasé.

-Ecoute binoclarde, il y a tout un tas de siège, tu as qu'à poser ton joli cul, je me recule doucement pour jeter un œil à son fessier et esquisse une grimace, enfin, ton cul quelque part d'autre. Loin de moi de préférence.

-Non. Elle répond de manière cinglante. Ça fait environ huit mois que je viens ici tous les soirs et que je m'assoie précisément où tu es assis.

-C'est bien de changer ses habitudes de temps en temps. Je souffle.

-Peut-être, mais pas maintenant. Je ne vois pas pourquoi tu refuses de bouger, je peux même te porter pour que tu changes de siège, merde, c'est vraiment important. Elle blablate.

-C'est bon binoclarde, ne me casse pas les couilles tu veux? Je me plains tout en me déplaçant vers le siège d'à côté. Contente j'espère.

-Merci, elle sourit visiblement radoucie."

Je déguste rapidement mon verre tout en me sentant épié vers la gauche. Bordel, mais elle me veut quoi l'autre? Je la regarde agacé alors qu'elle force un sourire.

"-C'est quoi ton problème binoclarde? Je m'exaspère.

-Tu as quel âge? Elle m'interroge.

Je ne sais pas si je dois lui répondre. Peut-être qu'en lui répondant, elle finira par se lasser et se taire.

-21.

-Moi j'ai 24. Pourquoi tu bois? Elle continue.

-Et toi, pourquoi tu bois? Je retourne la question.

-J'ai demandé la première.

-Pourquoi il y aurait-il forcément une raison à mon envie de boire?

-Tu as 21 ans, à ton âge, le jeunes boivent entre amis, en soirée, pas dans un bar datant du siècle dernier, seul. Elle explique simplement. Alors, pourquoi tu bois? Il y a une fille derrière ça, je me trompe?

Je lâche un long soupire, cognant frénétiquement mon doigts contre mon verre.

-Si seulement il n'y avait que ça... tu vois cette sensation d'être perdu, de ne plus savoir qui tu es et ce que tu veux? C'est exactement comme ça que je me sens en ce moment. Je me confie sans même y prêter garde.

-Et l'alcool te fait y voir plus clair?

-Non, c'est pire... j'avoue tristement le regard dans le vide.

-Alors arrête de boire!

Elle écarte mon verre de moi et je la laisse faire.

-C'est un comble, tu viens boire ici depuis huit mois et tu joues la conseillère?

-Je t'ai dit que je viens ici tous les jours, pas que j'y bois un verre. Elle rétorque.

-Et qu'est-ce que tu viens foutre dans un bar tous les soirs si tu ne touches même pas une goutte d'alcool?

-J'aime bien l'ambiance. Elle détourne le regard en haussant les épaules."

Je pense qu'elle ne me dit pas tout, mais bon, je la connais à peine, je ne lui en tiens pas rigueur. Je tends ma main pour récupérer mon verre mais elle l'éloigne vigoureusement de moi. Je la regarde cette fois plus amusé qu'autre chose et je rigole doucement.

"-Tu me trouves beau? Je lance.

-Mais quel égo! Elle s'étonne. Une personne normale aurait simplement demandé, comment tu me trouves. Pourquoi est-ce que tu me demandes ça?

-Au départ tu m'as appelé "mon beau guitariste", je souris à pleine dents. Cramée ma petite. D'ailleurs, comment tu sais que je suis guitariste?

-Tu portes un médiator autour du cou, grand classique chez les guitariste, elle pouffe doucement.

-Qu'est-ce qui te fait dire que je ne suis pas un de ses pigeons qui portent un médiator comme pendentif juste pour le style?

-Arrogant comme tu es ce serait possible, mais, tes doigts de la main gauche sont striés sur le bout, signe d'une pratique habituelle de guitare. Alors, elle plisse des yeux, j'ai raison?

-Mais c'est que tes lunettes sont efficaces ma petite binoclarde. Je chantonne. Bien joué, je suis guitariste, pianiste, je me penche vers elle et je chuchote mielleusement, et je sais faire une panoplie d'autres choses avec mes doigts.

-Je vois, elle me repousse, donc tu es le genre du connard qui après une dispute va se soûler la gueule et se taper tout ce qui bouge?

-Non, je me prends la tête entre les mains, pas avec elle."

Je plonge ma main dans ma poche et y trouve le collier portant nos initiales avec Dana. Au final je ne l'ai jamais remis à sa place. Je comptais le lui redonner en main propre lors de notre soirée en couple mais mon plan est rapidement tomber à l'eau.

Je caresse le pendentif en esquissant un sourire triste. J'aurais tellement voulu être à ses côtés en ce moment, mais il faut que j'y voit plus clair avant tout.

"-Je serai curieuse de savoir quelle est la fille qui a réussis à percer ton armure. S'exclame la binoclarde.

-Elle s'appelle Dana, je lâche fébrilement.

-Tu l'aimes?

Je jette un coup d'œil sur elle. Je ne sais même pas son nom, pourquoi est-ce que je me livre autant? Je range le collier dans ma poche et me rétracte.

-Comment tu t'appelles? Je change de sujet.

-Charlotte, elle me sourit. Pourquoi, tu en as marre de m'appeler binoclarde?

-Non t'inquiètes, binoclarde, j'insiste sur le dernier mot. Moi c'est K...

-Kévin? M'interrompt elle.

-Kévin? Je fronce les sourcils.

-Laisse moi deviner, sur ton pendentif il y avait D+K, le D j'en déduis que c'est pour Dana et le K, elle réfléchis en se mordant la lèvre inférieure. Kanye?

-Non.

-Ken?

-Non.

-Kylie?

-C'est un nom de fille... je m'offusque. Mais bizarrement tu chauffe.

-Kendall?

-Toi aussi tu regardes l'incroyable famille Kardashian, je rigole silencieusement, Dana aussi... mais non. Ce n'est pas ça. Je m'appelle Kyle.

-Dana et Kyle, Kyle et Dana... elle s'amuse à répéter.

-Je peux te demander un truc? C'est un peu bizarre, et si tu veux refuser, je ne t'en tiendrai pas rigueur... Je déblaie.

-Dis toujours...

-Tu veux bien m'héberger chez toi, juste pour une nuit? Je me risque à demander. Je te promets que je ne tenterai rien, je suis même prêt à dormir sur le canapé.

-Problèmes d'argent? Elle s'inquiète.

-Je dirais plutôt problèmes conjugaux... je passe ma main dans mes cheveux.

-Ah, je vois, parce que vous vivez ensemble? Elle ouvre ses yeux à travers ces énormes lunettes.

-Oui... je me racle la gorge, c'est son appartement... et puis c'était censé être temporaire. Je n'ai pas envie d'être dépendant d'elle, j'aimerais bien avoir mon propre appartement ici.

-C'est sûr que ça t'aurais évité de galérer ce soir par exemple. Mais considère toi comme chanceux, en plus de t'autoriser à squatter ma chambre d'amis, je t'aiderais à trouver un appartement, ma mère dirige une agence immobilière."

Charlotte vit dans un bel appartement à Brooklyn. Pourtant il reste éloigné du bar où nous étions. Je ne sais pas, je trouve que sortir de son appartement, prendre sa voiture pour aller dans un bar bien plus loin alors qu'il y en a dans la rue d'en face, c'est étrange. J'aimerais beaucoup en savoir plus sur elle. Elle semble tout à fait intéressante et c'est une vraie pile d'énergie, toujours souriante. Mais je suis persuadé que derrière ce beau sourire il y a autre chose...

Mais elle est vraiment gentille de me laisser squatter chez elle. Après tout, je pourrait bien être un tueur en série, un violeur... peut-être que j'ai une tête d'innocent, une tête qui inspire confiance.

Après cette journée riche en émotions, je m'endors et je pense à Dana, mon père, ma mère, mais aussi Paul et Marlon...

Je suis assis devant la télévision. Je suis dans une maison. Je mange un cookie au chocolat moelleux alors que je tiens de l'autre main un Play Mobil, je le reconnais, c'est Bob, c'est mon préféré, il est trop drôle.

A la télé ils passent ScoobyDoo, j'adore ce dessin animé, j'adorerais avoir un chien comme Scooby, mais maman dit qu'un chien ça prend trop de place et qu'il faut beaucoup s'en occuper.

Dehors il pleut et le tonnerre gronde, il pleut tout le temps dans ce pays, mais j'adore la pluie, avec maman on s'amuse à courir dans les flaques et c'est toujours moi qui éclabousse le plus.

J'entends la porte d'entrée s'ouvrir puis se claquer fortement. Je sursaute. Papa arrive trempé dans le salon, sa veste est toute mouillée, il doit avoir froid. Je lui souris, moi, je suis tout propre et tout sec. Il marche rapidement vers moi et ses chaussures pleines de boue tachent la moquette. Oh non, maman ne va pas aimer ça.

Il m'attrape le poignet et il sert tellement mon bras que ça me fait mal. Maman arrive en courant dans le salon. Elle est tellement belle et tout le monde dit que je suis son portrait craché. Quand ses yeux noisettes tombent sur mon papa, ils se couvrent immédiatement d'eau. Elle pleure et je pleure aussi.

Je veux courir la prendre dans mes bras, mais mon père me retient, il est fâché, pourtant j'ai été gentil, je le promets. Cette fois, il m'emmène hors de la maison sous les larmes de maman et je hurle de toutes mes forces.

"-MAMAN! MAMAN! MAMAN!"

Je me réveille en sursaut. C'était un cauchemar. C'était juste un cauchemar. Alors pourquoi tout avait il l'air si réel? Je regarde autour de moi, le soleil se lève, c'est un nouveau jour. Je transpire à grosse gouttes et mon cœur est en pleine tachycardie.

Charlotte déboule rapidement dans ma chambre, son visage à peine réveillé est paniqué. Elle m'encercle de ses bras, glissant ses mains dans mes cheveux. Après un temps d'hésitation, je pose ma tête contre son épaule et ralentit ma respiration qui était jusque là saccadée.

J'ai réellement envie de chialer, comme un gosse. Rien de tout ça n'était vrai, ma mère m'a abandonné quand j'avais 3 mois, je n'ai pas pu la connaître. Ma mère m'a abandonné quand j'avais 3 mois, je n'ai pas pu la connaître. Je respire un bon coup.

*******

Hey!❤

J'espère que vous allez bien,
Et que ce chapitre vous a plu!

Charlotte, dîtes moi ce que vous pensez d'elle et si elle vous inspire confiance!

Voila voila!

Merci pour tout, bisous :*

Noémie =)

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