-Chapitre 32-

Ma bouche est entrouverte et je suis incapable de bouger. Il est lui aussi sous le choc, les yeux écarquillés et la bouche ouverte.

"-Je suis désolé, excuse ma petite amie, elle n'est pas aussi timide habituellement. Fait Walter.

Sa voix me ramène sur la terre ferme et je détourne le regard clignant des yeux une dizaine de fois.

-Je me présente, Walter Caplin, et voici Dana Evinson, elle travaille pour Ear Entertainment, et elle est à la recherche d'un nouveau talent de chanteur. Dana ma chérie, dis lui.

-Walter, je passe ma main sur mon visage, ce n'est pas une bonne idée, viens on y va.

-Quoi? Mais, il est parfait, je croyais que c'était ton but de travailler pour de bon pour E.E, avec lui tu aurais ta place, j'en mettrai ma main à couper. Tu sais très bien que je me trompe rarement...

-Là n'est pas la question, je baisse les yeux, et puis il n'acceptera pas, crois moi.

-Comment vous appelez vous? Demande Walter à l'intention du jeune parasite.

-Kyle Winchester. Réplique ce dernier alors que je lève les yeux au ciel, grimaçant.

-Très bien, Kyle je me permets de te tutoyer, si un gros label te proposait un contrat qui pourrait te sortir de toute galère financière, tout en faisant ce que tu aimes faire, tu refuserais? Questionne Walter en le jaugeant.

Je le regarde fixement, espérant qu'il refuse. Je suis persuadée que mes yeux sont remplis d'éclairs, et ils ne sont ni au chocolat, ni au café. Il passe sa main à plusieurs reprises dans ses cheveux sombres puis me jette un regard avant d'esquisser un sourire.

-Si, votre chérie, il se racle la gorge, comment s'appelle-t-elle déjà? Dana? Walter hoche la tête. Si Dana le veut bien, je suis partant."

Tous les regards se tournent avec attention vers moi, ma gorge est comme comprimée. Je regarde tour à tour, Walter souriant, Kyle narquois, et la Tamise agitée.

Je n'ai pas envie d'avoir à travailler avec Kyle, sa venue rime toujours avec des ennuis. Présentement, tout va pour le mieux dans ma vie, je suis heureuse, j'ai un petit ami qui m'aime, tout est simple avec Walter. On ne se dispute que très rarement, et nous passons notre temps à rigoler ensemble, sur Skype la plupart du temps, lui vivant à Londres, et moi voyageant à la recherche d'un talent.

Mais j'aime beaucoup l'entreprise dans laquelle j'ai le privilège de travailler. Tout le monde est passionné par son travail, et les cadres ont pour but de stimuler au maximum leurs employés, ce qui passe par de nombreux aménagements plus atypiques les uns que les autres tel qu'une salle de yoga, ou encore un cinéma privatisé. Sans compter que le siège se trouve à New-York, une de mes villes fétiches.

Je suis persuadée que la femme que je suis entrain de devenir est assez forte pour faire la part des choses, et pour ne pas succomber de nouveau à Kyle. Mais m'y confronter tous les jours ne sera pas une chose des plus faciles.

Ne la laisse pas tomber, elle est si fragile, être une femme libérée c'est pas si facile. OHHHH. Bah quoi? Vous ne croyiez tout de même pas qu'après trois ans j'aurais perdu mon talent d'associer toute période de la vie à une chanson?

Je respire, me reconcentre, mais, je sais à l'avance que je vais regretter ce que je vais dire:

"-C'est d'accord."

Kyle fait son large sourire que j'avais déjà rencontré quelques années auparavant, alors que Walter tape dans ses mains de joie.

"-C'est grâce à moi, rigole Walter, je suis le meilleur chéri du monde n'est-ce pas?

Je m'accroche à sa nuque alors qu'il encercle le bas de mon dos de ses bras.

-Oui, tu es le meilleur chéri du monde mon cœur, je chuchote, assez fort pour que Kyle l'entende, avant de poser délicatement mes lèvres sur les siennes."

Walter et moi mettons fin a notre étreinte et je pose ma tête sur son épaule, observant Kyle. Cet échange corporel ne lui a fait ni chaud ni froid. Il aurait au moins pu rechigner, mais rien, il garde son joli sourire fixé sur sa face.

"-Je pense qu'il faudrait que nous échangions nos numéros Dana, lance ce dernier, à des fins purement professionnelles bien sûr.

-C'est vrai, renchérit Walter, il a raison."

Putain, Walter, tu le fais exprès? J'ai présentement envie de les gifler tous les deux. Ils viennent de se rencontrer mais sont déjà comme mousse à raser et rasoir. C'est limite si Walter ne fini pas les phrases de Kyle.

Je tends rapidement une carte de visite à Kyle, il n'aura qu'à me contacter s'il veut vraiment signer pour le label, puis m'en vais, marchant le plus rapidement possible.

Mes pas sont pressés et sûrs d'eux. La brise  froide me donne la chair de poule, alors que le soleil se couche doucement sur la Tamise. En temps normal je me serais arrêtée histoire d'observer ce spectacle que nous offre la nature, mais Kyle.

Et dès qu'il s'agit de Kyle, rien n'est jamais normal.

Je me retourne un instant, histoire de voir si mon petit ami, Walter. Je précise au cas ou quelqu'un aurait un doute. Walter est mon petit ami qui m'aime et Kyle est mon ex, aka parasite que je déteste. Je disais donc, Walter ne me suit pas... qu'il reste avec son nouveau meilleur ami, qu'ils se marient et soient heureux.

Ce n'est pas que je déteste Kyle Winchester. Enfin, au commencement, je ne le détestais pas. Quand il est parti, j'ai longtemps cru que c'était un mauvais rêve, j'ai fini par admettre qu'il ne s'agissait que de la pure et dure réalité. J'ai ensuite espéré, bêtement, qu'il finirait par se rendre compte de l'erreur qu'il a fait en m'abandonnant comme un vulgaire chiffon, et qu'il au mieux, reviendrait à Redmond, au pire qu'il m'appellerait. Alors, les jours importants, comme celui de notre rencontre, de notre premier baiser, de notre première fois, de mon anniversaire, je restais à fixer mon téléphone, guettant le moindre signe qui me dirait que tout n'est pas fini. Ce manège s'est arrêté quand j'ai rencontré Walter.

Je lui en veux d'être parti, tel un lâche, en me laissant juste une vulgaire lettre. Je lui en veux de m'avoir laisser, sans s'inquiéter de quels auraient été les dommages de son départ.

Et surtout, je lui en veux de réapparaître dans ma vie, soudainement, tout sourire, comme si de rien n'était.

Je boue intérieurement et arrête le premier taxi disponible que je trouve, direction la célèbre, Oxford Street. Je sais exactement ce qui pourra apaiser mes nerfs à vif.

Et me baladant sur Oxford Street, un nombre incalculable de magasin défile sous mes yeux, de H&M à Primark, en passant par Lush. J'essaye de contrôler mes pulsions d'acheteuse compulsive, j'ai déjà fait une bonne session shopping avec Walter plus tôt dans la journée.

C'est là, que je le trouve, si petit parmi tous ces grands magasins, il semble se cacher. Sa vitrine rouge et l'odeur qui s'y dégage me replonge dans mes meilleurs souvenirs d'enfances. 

Je me trouve actuellement à Ben's Cookies. Il s'agit comme son nom l'indique d'un magasin de cookies. Mais ces cookies... ce sont simplement les meilleurs du monde. Jamais je n'avais éprouvé autant de jouissance en dégustant un biscuit anodin. Cette chaîne de restauration n'est pas disponible aux Etats-Unis, alors, lors de chacun de mes voyages à Londres je prends soin de faire une overdose de leurs cookies.

J'en commande une trentaine sous le regard ahuri de la vendeuse. Sachant qu'ils sont énormes et que deux peuvent suffire à remplir un estomac, sa réaction est légitime.

Une fois rentrée à la maison, c'est-à-dire chez Walter, puisque c'est en quelque sorte mon pied à terre ici, à Londres, j'ai un léger pincement au cœur en découvrant l'appartement vide, sans aucune trace de Walter. Je regarde ma montre, elle affiche 20h27. Je soupire et m'enfonce dans la pièce.

Walter vit dans un magnifique et vaste duplex. Il a été aménagé avec goût par un célèbre architecte d'intérieur. Tout y est design et dernier cri, jusqu'à la poubelle qui s'ouvre sans qu'on la touche. La décoration noire, blanche et grise, pourraient porter à croire que Walter est quelqu'un de froid, mais c'est loin d'être le cas. C'est l'homme le plus fou que je n'ai jamais rencontré, ormis Jaspar. D'ailleurs, pour une raison qui m'échappe, on ne pourrait pas dire que Jaspar porte mon petit ami dans son cœur.

Je dépose ma veste et mon sac à main sur le sofa, puis pose tous mes cookies sur l'îlot central de la cuisine.

Je me rends ensuite dans le dressing de Walter, il a eu l'amabilité de m'y laisser un placard tout entier. Je détache mon jean et je respire enfin. Ce moment de libération, j'adore. 

J'attrape un sweat aux couleurs d'Imperial College, vert et jaune, appartenant à Walter. Il est tellement long sur moi, il m'arrive jusqu'aux genoux. Je sais que je ne suis pas très grande de taille, contrairement à Walter qui doit s'approcher du mètre 90, mais c'est insultant quand même... Mais il m'aime malgré la distance, comprendra qui pourra...

Je m'installe ensuite sur le sofa, devant l'écran plat, avec un plateau repas bien rempli, de tous mes cookies y sont disposés, ainsi qu'une bouteille d'Ice Tea.

J'appelle Walter, histoire de savoir où il se trouve, il est déjà bientôt 22 heures... moi qui comptais profiter de lui avant mon départ pour New-York, c'est raté...

Ça sonne.

"-Bienvenue, vous êtes bien sur la messagerie vocale, fait sa voix dans le combiné, arrête Dana, mon petit rire résonne. Uhm... laissez votre message après le bip et je vous rappellerai."

Sa messagerie me fait tellement rire. J'étais avec lui quand il l'a enregistrée après que je me sois plainte de son ancienne trop formelle à mon goût. Alors qu'il essayait de l'enregistrer je le chatouillais pour l'embêter et le détendre.

"-Oui... euh... c'est moi, Dana, je commence, c'est juste pour te demander où es-tu? Tu sais il est tard... enfin je m'inquiète légèrement. Surtout que j'ai programmé une super soirée, télé tout en dégustant les meilleurs cookies au monde. Si quand tu rentres je dors déjà, alors bonne nuit mon chéri. Bisous."

Je raccroche tout en soupirant puis m'enfonce dans le canapé. Il n'y a rien à regarder à la télé... génial... alors j'opte pour Netflix et lance le premier film que je rencontre. Il s'agit de The Duff. Un film drôle sans prises de tête. C'est tout ce dont j'avais besoin. Et puis l'histoire d'amour y est adorable, sans compter que le protagoniste homme y est tellement beau, je crois que je bave. Il a osé faire la danse des pectoraux, je suffoque.

A moins que ça ne soit mes cookies qui me fassent cet effet là. J'ai du en manger une dizaine et mon ventre menace d'exploser à tout moment.

Le film se fini, et je n'ai toujours aucune nouvelle de Walter, il ne m'a ni envoyé de message, ni appeler. Pour quelqu'un qui a toujours son portable sur lui, c'est suspect. L'horloge digitale affiche 00h02.

Je décide alors de rappeler Walter, mais tombe de nouveau sur sa messagerie, cette fois je ne prends pas la peine de lui laisser de message. Je ne sais plus quoi faire... Non, je n'appellerai pas Kyle, je suis inquiète, mais pas désespérée.

Et puis, je n'ai pas son numéro... enfin si... durant ma période de dépression, je me souviens que dans un de mes nombreux moments de faiblesse, j'ai rechercher Kyle Paul Winchester sur l'annuaire... j'avais alors taper le numéro dans ma barre d'appel, avant de me résigner et de tout effacer. Je ne voulais pas qu'il sache que je suis quelqu'un de faible et fragile.

J'entends des bruits à la porte et je me réveille en sursaut. Je suis toujours dans le salon, j'ai probablement du m'endormir. L'horloge affiche 3h27 du matin. J'ai un torticolis horrible, du à ma mauvaise position de sommeil je suppose.

"-C'est qui? Je demande la voix endormie.

-Tu ne dors pas? Des pas s'approchent du salon, je reconnais bientôt Walter dans la lumière du soir.

Je me lève aussitôt pour aller à sa rencontre.

-Tu étais où? Je fais la voix cinglante sans vraiment le vouloir.

-Avec Kyle, on a été boire un verre ou deux... il dit simplement.

-Un verre ou deux? Tu te fous de moi? Tu as vu l'heure? Je m'inquiétais tu sais... tu aurais pu m'appeler, je soupire.

-C'est bon, il n'est pas si tard que ça. C'est quoi ton problème aujourd'hui t'es vraiment chiante, plus que d'habitude je veux dire.

-C'est ça... bien sûr, c'est toujours moi le problème de toutes façons, tu n'as jamais ton tord. Je tire sur les racines de mes cheveux.

-Je te parle de comment tu t'es comportée cet après-midi avec Kyle. C'est ton client quand même... tu dois bien te comporter avec lui et arrêter d'agir comme une enfant gâtée. Il fait tout en déposant minutieusement sa veste.

-Je rêve. C'est juste que... je marque une pause. Je le trouve bizarre ce Kyle...

-Ce n'est pas parce qu'il n'a pas autant de moyens que nous et nos familles, qu'il est forcément bizarre, c'est un chouette type, tu le saurais si t'avais fait un effort pour le connaître.

Si tu savais tout ce que j'ai déjà fait pour lui...

-Ce n'est pas ce que je voulais dire... j'expire vexée. Laisse tomber, c'est rien... tu viens on va se coucher.

-Non désolé, il s'excuse, vas-y toi, mais moi je dois travailler, je dois rattraper le retard que j'ai accumulé aujourd'hui...

-Tu n'aurais pas pu dire ça à ton cher meilleur ami, Kyle, quand vous avez passer la soirée ensemble? Moi aussi je voulais profiter de toi, c'est pour ça que je suis venue à Londres d'ailleurs... mais bon, je lui tourne le dos. Je passe au second plan avec toi, après tes potes et tes études...

-Dis pas de la merde mon cœur, désolé, je me rattraperai demain... il m'attrape la main et je lui fais face.

-Désolée, demain je passerai la journée avec Kyle. Tu sais pour voir les détails sur le label, son contrat et tout."

Je remonte énergiquement les marches, deux à deux. Quand je disais que Kyle était le début de mes problèmes, je n'avais en aucun cas tord. Le jour où il apparaît miraculeusement dans ma vie, je me dispute avec Walter...

Je m'affale sur le lit. Puisqu'il ne compte pas venir se coucher maintenant, il n'aura qu'à se contenter du sofa, je m'allonge en position étoile.

J'ai mal au ventre. Je crois que les cookies se vengent de leur mort prématurée. Et puis, je n'arrive pas à me rendormir, je pense beaucoup trop. Ça m'en donne mal à la tête.

La sonnerie de mon téléphone portable résonne. C'est une blague? Qui se permet de m'appeler à cette heure là? C'est certainement Roxy, je crois qu'il est encore tôt à New-York. Je décroche.

"-Allô? Je baille.

-Tu dors déjà à ce que je vois. Rigole la voix, c'est Kyle.

-Ouais, donc je raccroche. 

-Non, non. C'est juste pour te dire que ton chéri, il se racle la gorge, a oublié quelques affaires au bar.

-Vois ça avec lui, vu que vous êtes meilleurs amis pour la vie. je réplique sèchement.

-C'est que ça t'appartient...

-C'est quoi?

-Un nombre incalculable de sacs de shopping. D'ailleurs j'y ai jeté un œil... enfin surtout dans le paquet qui m'intéressait, sa voix est rauque. Très beaux sous-vêtements, il rajoute, j'adorerais te voir dedans.

-Va te faire voir Kyle. Je rétorque réellement agacée.

-C'est pas gentil, gentil ça! Mais... d'accord, pour me venger, j'irai les jeter à la poubelle en même temps que j'irai me faire voir, ça te va?

-Non! Je hurle. J'ai pris du temps à choisir tout ce que je voulais... J'inspire. Passe demain chez Walter avec tous les paquets, et puis, faudra qu'on parle pour le contrat et tout...

-Tout ce que tu voudras... deux secondes. Il semble éloigner le téléphone de son oreille et je l'entends , oui mon cœur, je raccroche et je suis tout à toi. Je perçois ensuite un rire féminin au loin. Donc Dana, tu m'envois l'adresse par message?

-Tu... tu es avec qui? Je bégaie passablement décontenancée.

-Oh, son rire rauque se fait entendre, avec une amie. N'oublie pas de m'envoyer l'adresse, à demain, j'ai... beaucoup à faire cette nuit."

Il rigole une dernière fois avant de mettre fin à la conversation téléphonique.

Je rêve, où il était sur le point de s'envoyer en l'air avec sa soit disant amie? 

Bon après tout... je m'en fou... c'est pas comme s'il y avait toujours quelque chose entre nous, et puis, il ne faut pas que j'oublie cette évidence évidente, je le déteste, bien évidement, c'est une évidence évidente. Je vous assure que ça m'amuse, je pourrai continuer des heures et des heures. Si je sommeil n'était pas venu jouer les rabats-joie.

*******

Hey!

J'espère que vous allez bien,

Et que ce chapitre vous a plu!

Petit message de courage pour ceux qui ont des épreuves en fin d'année, c'est pas pour vous mettre la pression, mais il faudrait commencer à réviser! Et bon, je dis ça je dis rien. Courage à vous.

Cœur Cœur!❤❤

Noémie =)

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