-Chapitre 31-
Le vent frais de Londres me fait du bien. Son souffle est doux et agréable, dégageant une odeur et une atmosphère propre à cette jolie ville.
Cela fait un peu plus de 3 ans que j'ai perdu le premier amour de ma vie. Les mois qui ont suivis, j'étais dévastée, je ne souriais plus, je m'alimentais avec peine, toutes mes journées étaient bercées par mes larmes. Je n'avais plus goût à rien. J'ai du me faire suivre par de nombreux médecins et psychologues sous l'ordre de mes parents. Si au départ je refusais toute aide, j'ai fini par me laisser faire...
Ce sont d'ailleurs ces derniers qui m'ont aidé à me soigner, en particulier ma mère. Elle avait quitté son travail de secrétaire aux côtés de mon père pour s'occuper de mon état critique et mon père rentrait chaque soir du travail pour me voir.
J'ai doucement appris à les connaître, et pour une fois, j'ai pu savoir ce que ça fait d'avoir des parents qui sont présents pour toi quand tu rentres le soir, qui te demandent comment s'est passée ta journée, à qui tu peux raconter ce qui ne va pas. Ces petits bonheurs précieux qu'offrent la vie.
Et même si j'esquissais quelques fois de petits sourires forcés, dans le fond, j'étais toujours profondément meurtrie.
Luke est parti pour Yale, contre son gré, il refusait de me laisser seule, mais c'est moi qui l'y ait forcé... je ne voulais pas qu'il se prive de son rêve à cause de moi.
Et il s'en est allé, à l'autre bout du pays, m'appelant tous les soirs après ses cours, à 20h30 précises. Je me souviens que chaque soir, j'attendais avec hâte ses appels. C'était comme notre routine, et il me permettais de retrouver un minimum de joie. Il me racontait sa journée, ce qu'il a appris, des petites anecdotes amusantes pour me réchauffer le cœur.
Mais j'étais toujours profondément meurtrie.
Mes amis aussi ont essayé d'être présents pour moi. Malgré de nombreuses disputes, dues à mon manque de joie de vivre, ils me supportaient, difficilement, mais ils faisaient avec tout de même. Ils me consolaient durant mes nombreux coups de mou, et essayaient de me faire sortir un maximum pour ne pas que je m'isole de la société.
Flashback:
Je suis assise sur le canapé, jouant avec le ponpon de mon pull. Ce soir c'est Thanksgiving, Luke est rentré spécialement pour l'occasion. Il a fait tout ce chemin depuis New-York, pour cette fête américaine qui se doit d'être célébrée en famille, mais surtout pour me voir...
Quand il a posé ses yeux sur moi en passant le seuil de la porte, j'ai lu de la pitié. C'est le même regard que je reçois de la part de tous mes proches depuis que Kyle est parti. J'ai fini par m'y habituer.
"-Dana, mon cœur, fait ma mère en arrivant dans le salon, tu as pris tes médicaments?
-Non.
-Tu veux que je te les amène? Elle insiste."
Mais je ne lui réponds pas et elle s'en va, me laissant seule. Ce ne sont même pas des médicaments, ce sont des compléments alimentaires, parce que selon les dires de mes parents et des différents docteurs que j'ai consulté, j'ai connu une trop forte perte de poids.
Mais, ce n'est pas de ma faute, ce n'est pas que je n'ai pas envie de manger, mais c'est que je n'ai pas faim et que toute nourriture me dégoûte .
Deux minutes plus tard, Luke fait à son tour son entrée dans la pièce et s'assoit à mes côtés.
"-Alors? Comment va ma petite sœur d'amour qui m'a tant manqué? Il commence.
-Bien. Je lâche.
-Tu mens. Il soupire.
-Si je te dis que je vais bien! Et puis, laisse moi, j'ai envie d'être seule.
-Bien sûr parce que des mois entiers de solitude ne te suffisent pas."
Il quitte la pièce passablement énervé. Ça lui passera.
Je me renfonce dans mon sofa, attendant que les secondes, puis les minutes, puis les heures passent, fixant un point précis du plafond et ne le quittant jamais du regard.
Thanksgiving oblige, je me retrouve assise sur la grande table de la salle à manger, avec mes parents, Luke, et quelques mets tels que de la dinde, des petits pois ou encore des mashed potatoes. Toutes ces odeurs me donnent la nausée.
Mon assiette est pleine de nourriture, je plante ma fourchette dans un petits pois, et après l'avoir détaillé durant un long moment, je le repose dans mon assiette.
J'entends alors un bruit aigu et je sursaute en levant ma tête. Luke a simplement fais tomber ses couverts sur son assiette. Le plus inquiétant, c'est son expression faciale, il a les mâchoires serrées et ses yeux sont fixés sur moi. Il me regarde avec froideur et il boue de l'intérieur.
"-Non Luke, fait mon père. Les médecins ont dit de ne pas s'énerver contre elle.
-Je m'en fou de ce que ces bons hommes disent. Ils sont pas capables de soigner ma petite sœur et il faudrait en plus que je les écoute? Il crie.
-Elle est encore fragile, chuchote ma mère.
-Je ne suis pas fragile, et je vais bien, je m'exclame alors.
Luke ouvre les yeux ahuri avant de reprendre.
-Tu vas bien? Ou tu essayes de te convaincre que c'est le cas? Je demande juste parce que tu ressembles à une vraie dépressive. Merde, tu t'es vue? Tu ne manges plus, tu ne souris même plus. Tu fais de la peine à tout le monde et tu en restes là. Tout ça à cause de quoi? De Kyle Winchester, mais merde! Il tape le poing sur la table. Il est parti ça fait des mois, et il ne reviendra pas. Alors toi tu comptes rester toute ta vie à jouer à la suicidaire et à te lamenter?
-Tu ne comprends rien! Personne ne me comprend de toutes façons! Je hurle alors que de l'eau dévale sur mon visage.
-Je te rappelle que j'ai aussi été amoureux, et que j'ai aussi été déçu! Mais à un moment il faut arrêter le délire. Tu joues avec ta santé parce que tu as eu le cœur brisé alors que tu as 16 ans. Mais putain, ouvre les yeux, il y a pire dans la vie! Des gens meurent de faim, vivent dans des conditions atroces... C'est normal d'avoir le cœur brisé quand on est jeune. Mais, il faut tourner la page, il est temps. Il se radoucit dans ses derniers mots.
Je plonge ma tête entre mes mains, et essaye de respirer.
-J'ai essayé de tourner la page... mais c'est impossible... je murmure.
-C'est possible, il explique en attrapant ma main. Tu as juste peur... je suis passé par là aussi, lâche prise.
-C'est dur... je soupire.
-Oui, il susurre, mais lâche prise il est temps."
Je plonge dans ses bras alors qu'il caresse doucement mon dos.
"-Merci Luke, je t'aime tellement, je suis désolée... je lui dis à l'oreille la voix enrouée d'émotion.
-Ne t'en veux pas... je t'aime plus que tout... Alors, retire ce mascara qui coule, retrouve ton beau sourire et ton unique joie de vivre, pour moi, mais pour toi avant tout."
Fin du flash-back
C'est en ce jour que j'ai réellement réussis à aller mieux et à aller de l'avant, grâce à mon frère. Suite à quoi j'ai progressivement guérie, et retrouver ma joie de vivre, au plus grand bonheur de mes proches.
J'ai ainsi pu reprendre à vivre une vie d'adolescente normale, rigolant et sortant avec ses amis. Roxy, Jaspar et moi formions un trio de choc. C'est toujours le cas d'ailleurs, nous avons beau ne pas nous voir très souvent, nous communiquons toujours via divers réseaux sociaux.
Roxy est désormais en formation dans la célèbre marque de prêt à porter, DKNY, où elle aspire à devenir une grande créatrice de vêtements. J'ai été surprise quand elle m'a parlé de son projet, mais, je sais qu'elle adore dessiner et qu'elle a une imagination débordante.
Elle s'est installée dans un appartement au centre de New-York, où elle vit à présent aux côtés d'Alex. Ils sont restés ensembles tout ce temps, plus complices que quiconque. Leurs disputes sont quasi inexistantes.
Alex lui, a pour projet de reprendre la chaîne nationale de restauration de sa famille. Il est en bonne voie puisqu'il est désormais responsable de tous les restaurant se trouvant à New-York. C'est assez drôle de le voir en smoking, ayant retiré ses piercing ou autres écarteurs, et n'ayant aucun tatouage dépassant de sa tenue de travail, il semble tellement sérieux et droit.
Jaspar lui, a réalisé son rêve et a signé pour l'agence de mannequinat IMG Models. Je me rappelle encore du jour où, en terminale, l'agence l'a contacté pour la première fois, il était chez moi. Il a commencé à sauter, à courir et à danser, les trois à la fois. Il fait maintenant parti des mannequins, hommes, les plus en vogue du moment.
Connor et lui sont toujours ensemble, et Connor est même devenu son photographe attitré. Ils sont tout le temps en voyage, même s'ils partagent un appartement à Los Angeles, ou à Paris, ou... en faite, ils voyagent tellement que je ne m'y retrouve plus. Leurs disputes sont assez fréquentes, ils sont très jaloux, l'un comme l'autre. Mais je suis persuadée qu'ils ont simplement et mutuellement cette peur de perdre l'autre.
Je sais qu'à cet instant, vous vous demandez tous, et moi, qu'est-ce que je deviens?
Eh bien, je m'appelle toujours Dana Evinson, j'ai à présent un peu plus de 19 ans et toutes mes dents. Enfin, techniquement non, je me suis fait enlever les dents de sagesse.
Physiquement, je n'ai pas tellement changée, j'ai retrouver mon poids normal et je me suis coupé les cheveux. Enfin les pointes... du coup il n'y a aucun changement réel.
Niveau professionnel, je suis en stage chez Ear Entertainment. C'est une grande agence de direction de chanteurs. C'est un ami de mes parents qui la dirige et qui m'a offert une place en tant que stagiaire, mais, voila... le stage touche bientôt à sa fin.
Niveau amour maintenant, il faut savoir qu'au lycée, je n'ai pas eu de réels petits copains, juste des flirts ou des amourettes d'une semaine.
Mais, il y a 7 mois, j'ai fais la connaissance d'un homme, un certain Walter Caplan. Il étudie à l'Imperial College à Londres. C'est un ami d'Alex, je l'ai rencontré alors que nous étions tous deux de passage à New-York. Il est châtain, ses yeux sont verts et il est assez musclé mais pas trop. Il est gentil, il m'aime et on s'entend bien.
Je tiens énormément à lui, mais je sais que je n'en suis pas amoureuse, il le sait aussi, je crois, mais il ne m'en tient pas rigueur.
"-Alors ma chérie, quel magasin tu vas dévalisez ensuite? S'amuse Walter.
-Uhm... plus aucun, je ne veux pas que tu dépenses ton argent pour moi! Je boude et je croise mes bras sur ma poitrine.
-L'argent n'est pas un problème, tu ne le sais toujours pas avec le temps? Et puis, je t'aime. Il sourit."
Pour simple réponse je l'embrasse rapidement sur les lèvres. En me retirant de notre étreinte, j'aperçois une tête familière au loin. Mes yeux s'ouvrent de surprise tellement je suis stupéfaite.
"-Wow, on dirait que tu as vu un fantôme toi! Fait Walter en se retournant.
-Jaspar! Je hurle. Jaspar à son portrait en plein Piccadilly Circus, tu te rends compte, j'hallucine. Mon meilleur ami est une véritable star.
-Viens, on se prend en photo devant et on lui envoie! Il propose."
Nous nous positionnons devant le panneau publicitaire géant en nous embrassant chastement sur la bouche.
Nous déambulons tranquillement dans les rues mouvementées de Londres, discutant, main dans la main.
"-Alors? Ton stage se passe bien? Questionne Walter.
-Uhm... je me mords la joue. Oui... mais il touche bientôt à sa fin tu sais?
-Tu pourrais très bien reprendre tes études à l'Imperial College avec moi, il me regarde tendrement en passant sa main dans mon dos.
-Non, j'expire, je t'ai déjà dis que le système scolaire n'est vraiment plus pour moi... je préfère le côté pratique...
-J'aurais essayé, il me fait un clin d'œil. Et puis, qui te dis qu'il ne t'offrirons pas un poste après le stage? C'est assez courant tu sais.
-Si je ne trouve aucun talent digne de représenter le label, c'est mort... je soupire.
-Et tes recherches en sont où? Il arque les sourcils.
-Au point mort... pour le moment, tous les talents que j'ai rencontré ont une belle voix, ils chantent bien, mais il n'ont rien en plus...
-Ah oui! Il rigole. C'est vrai ton côté perfectionniste. Mais tu sais au pire, tu peux me prendre moi, je chante bien. Démonstration."
Il se met à chanter, faux, Libérée, délivrée, à tue tête, en pleine rue, me faisant tourner sur moi même alors que je suis littéralement morte de rire. A la fin de son show, il prend la peine de me saluer, mais aussi de saluer les quelques passants qui se sont agglutinés à nos côtés. Cet homme est complètement fou.
"-Alors, très chère, il me tend la main, maintenant que tu es détendue, je t'emmène voir un chanteur avec un réel talent, comme nous les anglais savons en faire.
-Non, je secoue la tête, je suis ici depuis hier, et je repars après demain, j'aimerais profiter de toi. Je m'accroche à lui et faisant une moue adorable.
-Et rater ce chanteur or pair? Pour ensuite rater ta chance de travailler pour Ear Entertainment? Je t'ai connue plus téméraire, ma chérie. Il plisse des yeux.
-Bon... je lève les yeux au ciel. Allons voir ton merveilleux chanteur! Il est où?
-Il chante tous les après-midi sur le London Bridge, je le regarde septique et il reprend. C'est juste en face du Tower Bridge.
-Oh je vois...
-Tu ne vois toujours pas c'est ça? Il explose de rire. Tu sais c'est le grand pont avec les deux tours dessus, tu l'as forcément vu sur Instagram un jour!"
J'acquiesce en souriant, mais, je ne vois toujours pas ce dont il s'agit.
Nous prenons un taxi qui nous emmène jusqu'au London Bridge. Je repère rapidement le chanteur dont me parlait Walter, puisqu'une foule de passant est regroupée à un endroit précis du pont.
Je détaille de loin de Tower Bridge. Walter avait vu juste, je l'avais déjà vu sur Instagram. Mais je m'y étais également rendue lors d'un voyage avec mes parents, nous avions marché dessus, mais il est tellement plus admirable de loin. Tous ces gens qui ne font que passer dessus ne se rendent certainement pas compte à quel point cet ouvrage est beau. Tout est toujours plus beau avec du recul, croyez moi.
Nous arrivons à la foule et des accords de guitare retentissent. Puis une voix. C'est un homme, il chante merveilleusement bien, je souris de toutes mes dents à Walter. Sa voix est unique, elle est grave, mais peut aussi bien être aiguë, elle est cassée mais pas trop. Et il a un truc. Ce truc qui fait que c'est lui, j'en suis sûre, ma seule chance de me faire ma place à Ear Entertainment.
Son interprétation de 7 years de Lukas Graham, est si unique qu' à la fin de sa chanson, je me faufile, suivie de Walter, pour rencontrer, mon potentiel client.
Une fois arrivée devant ma cible, j'inspire et le scrute du regard. Il est vêtu d'un simple jeans noir, d'un tee-shirt noir, et d'un bomber kaki. C'est simple mais beau.
Sa guitare n'est pas une guitare d'une qualité optimale, mais il en joue très bien c'est le principal.
Je remonte mes yeux sur sa tête. Il porte une barbe de trois jours et un bonnet noir cachant sa chevelure.
Ses yeux remontent doucement vers moi. Quand nos yeux se rencontrent, je n'en reviens pas. Pas lui, pas encore. Je suis incapable de bouger ou de sortir un mot. Mon souffle ne répond plus. Lui non plus ne réagit pas vraiment, il est trop occupé à me détailler et à cligner des yeux. Ses yeux noisettes.
*******
Hey!❤
J'espère que vous allez bien,
Et que ce chapitre vous a plu!
C'est un grand "bond" dans le temps mais je pense que c'était nécessaire pour nos protagonistes. Nouveau décor, nouveaux problèmes. Faites place à la "deuxième partie" de Nous.
En espérant que l'histoire vous plaira tout autant!
Bisous :*
Noémie =)
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