chapitre 77
Cherry par Lana Del Rey.
Antonio.
Au cours des mois qui a suivi son acceptation de ma demande en mariage, j'ai fait des pieds et des mains pour retarder ma tournée dans le monde entier car mon nouvel album est un succès total.
Mais je ne suis pas trop surpris.
Le fait d'avoir quitté le monde du cinéma a fait venir les fans du septième art, dans le monde de la musique, ce qui leur permet de me suivre et de continuer à me voir, du moins sur une scène musicale.
Assis au bureau de Mona, mon attachée de presse, avec mon crayon à la main, je griffonne un croquis de l'affiche que j'aimerais avoir.
Le monde de la photographie me permet d'avoir un œil un peu plus artistique.
Je ne veux pas d'une affiche tape à l'œil.
Fini tout cela, je désire quelque chose de sobre, discret avec en haut à gauche, les villes que je vais traverser et le nom des différents Zénith.
- Tu vas lui annoncer à quel moment que tu pars ?
Je redresse la tête de mon dessin.
- Tu es si pressée que cela !?
- Antonio, ça fait un bout temps que l'on est dessus. Il va falloir réserver les villes. Prévoir les hôtels pour l'équipe que tu auras choisie et toi bien sûr. Sans oublier tout le côté publicitaire. Tu crois que cela se fait en un claquement de doigts ?
Je montre mon ébauche.
- Tu crois que je me tourne les pouces là ?!
Je pose mes crayons de couleur.
- Laisse-moi la préparer.
- Te laisser !? Merde, Antonio, je t'ai laissé assez de temps pour la préparer. Là on va commencer à perdre du temps et surtout du fric.
En effet, cela fait un moment qu'elle est planifiée. Je peux même dire, qu'elle l'a été, dès la rupture du contrat avec le réalisateur et du troisième opus du film. D'ailleurs le soir de ma venue je devais lui avouer. Mais voilà, son manque de confiance en moi m'y a empêché. Dois-je lui en vouloir pour ça ?
Certainement pas.
Mais comment lui dire que je vais partir une année.
Certes, il y a le téléphone.
Messenger, etc.… mais ce n'est pas la même chose.
Son odeur va me manquer.
Ses mains vont me manquer.
Son corps va me manquer.
Et ses petites crises de jalousie également.
Comme celle qu'elle m'a faite, quand elle a découvert sur internet, cette top-modèle très connue du monde entier et qui a posé pour un magazine de charme.
Celle-ci se tenait à mes côtés avec un énorme sourire aux lèvres.
Enfin se tenait, disons qu'elle m'enlaçait avec ferveur. Et bien entendu, les photographes n'en ont rien loupé. Jusqu'à ce baiser qu'elle a déposé sur la commissure de ma bouche.
- Un petit coup de pub ! m'a-t-elle avoué au coin de l'oreille.
- Parle pour toi, ai-je répondu. J'en ai une qui va m'en faire une maladie quand elle découvrira la photo.
- Allez, avoue que cela va mettre un peu de piment dans ton lit.
Elle m'a regardé.
Comme elle aurait regardé un objectif. Apposant sur son visage, cette expression extrêmement glamour. Et les photographes, s'en sont donné à cœur joie.
Pour ma part, je savais d'avance que j’aurai droit à une crise de jalousie extrêmement violente après la découverte de ces clichés.
Mais, ce jour-là, j'avais gardé mon self-control.
Lui laissant prendre l'avantage.
Ruminant au plus profond de moi, de la plaquer contre un mur, après l'avoir foutue sur mes genoux pour une fessée déculottée et magistrale, qui lui en aurait fait avoir ses deux pommes d'amour, rouge écarlate.
Pourtant son regard me suppliait de franchir le pas. Mais j'attends le bon moment. Ce moment qui allait arriver, doucement, à point nommé.
Je soupire et porte mon verre à la bouche puis passe ma langue sur mes lèvres.
Ce whisky est un petit nectar.
Cette conne d'attachée de presse a vraiment bon goût.
On ne peut pas lui retirer ça.
- À la nôtre ! annonce-t-elle, tout en levant son verre devant son visage.
Elle le porte ensuite à ses lèvres et boit plusieurs gorgées.
-C'est une tuerie. Un excellent 30 ans d'âge.
-Je comprends pourquoi tu es pressée. Un 30 ans d'âge ça se négocie un bon petit pécule.
Elle rit. Je souris et nous continuons à déguster son whisky, tout en discutant de ma tournée mondiale.
Subitement, elle ouvre un tiroir et agrippe deux grandes feuilles pliées en quatre.
Elle me dévoile le plan des futures scènes des différentes villes.
Dessus, elle y a dessiné plusieurs petits croquis.
Elle l'appose à plat sur son bureau.
-Alors, voici le projet pour la tournée.
De son index à l’ongle rosé, elle me montre le dessin.
- Moi, je verrais bien des jets de feux d'artifices, ici et ici. Comme un ange éclairé par un faisceau de lumière.
Tu pourrais progresser entre-eux. Qu'en penses-tu ?
-Et puis comme ça, je serai brûlé au troisième degré. Et la tournée serait annulée pour un sacré bout de temps. Alors, tu te chargeras des remboursements des billets. Remarque, tu as une bonne assurance.
Elle fronce les sourcils. Prend le projet entre ses doigts, puis le déchire en mille morceaux pour dans un geste déterminé, les jeter dans la poubelle non loin de là.
-Oui c'est pas faux. On va éliminer cette idée farfelue.
Elle me montre un autre croquis qu'elle fait glisser devant moi.
- Et celui-ci, tu en penses quoi ? ajoute-t-elle affichant un sourire de vainqueur.
Je regarde avec attention le dessin noir et blanc, où sont ajoutées par-ci par-là, des touches de couleur au crayon faisant ressortir les ombres, les lumières et les reliefs.
Le dessin représente une grande main. S'avançant de la scène à la fosse. Surplombant le public.
Et s'ouvrant au-dessus d'eux.
Un troisième dessin, me montre, moi, à l'intérieur.
L'échelle de ma personne paraît tellement petite.
Et la main tellement gigantesque.
J'acquiesce.
- Oui c'est parfait. Je veux survoler mes fans, tout en paraissant minuscule. Comme si que je désirais être à leur merci.
- Parfait. Je suis heureuse d'avoir trouvé ce qu'il te faut. Voilà une chose de réglée.
Elle referme soigneusement le dessin, et le range dans le porte document écrit au nom de ma tournée. Celui que j'ai créé pour cette occasion.
-As-tu trouvé les musiciens qui vont t'accompagner ?
Je déplie la feuille, j'examine une dernière fois la liste, où j'ai coché, mes futurs choristes, batteur, guitariste, bassiste et autres instrumentistes qui vont ambiancer mon concert. Du moins mon show à l'américaine. Puis je lui tends.
Elle ouvre des yeux en grand et quitte du regard la feuille.
- Bordel ! Rien que ça ?
- Je veux les meilleurs pour le meilleur...
- Ça va ? Pas trop la grosse tête ?
- Non. Je vais extrêmement bien dans mes baskets.
Je sors mes pieds de dessous du bureau et lui montre mes chaussures d'une marque célèbre. Elle rit et je ris à mon tour.
Il est vrai que depuis que je fréquente Axelle, j'ai la réplique un peu plus facile et comprends un peu mieux les jeux de mots, même si parfois, certains me restent étrangers. Enfin même incompréhensibles.
- Alors tu as trouvé une solution pour Axelle ? Le remède miracle pour éviter les effusions ?
- Je crois que oui. Que penses-tu de lui faire livrer un énorme bouquet de fleurs ?
Elle s'esclaffe, balançant sa tête en arrière.
- C'est tellement banal, Antonio. Elle va flairer l'arnaque de suite.
J'appose le bout de mes doigts sur mes lèvres, essayant de trouver l'idée.
-Oui. Pas faux.
- Pense à quelque chose d'utile. Un objet qu'elle va garder très longtemps.
- Une robe ? Un bijou ?
Elle fait non de la tête. Puis repensant à une scène de film que j'ai tournée quelques années auparavant, j'ajoute un grand sourire aux lèvres.
- Une grosse voiture ?
- Bingo ! Oh comme j'aimerais être une petite souris pour voir ça.
Elle applaudit des deux mains, comme une gamine de trois ans, à qui on va offrir le plus beau des cadeaux.
- Pas moi. Le reste va rester confidentiel. Si cela ne te dérange pas.
Je lui fais un clin d'œil.
Nous continuons de bavarder sur ma tournée. Mon prochain album. Et l’heure tourne rapidement. Alors je bois cul-sec mon restant de verre, car je veux organiser la surprise d'Axelle, bien avant mon départ.
Je salue donc d'un signe bref de la main mon attachée de presse. Et me lève.
- Antonio !? m'interpelle Mona.
-Si !? rétorqué-je en me retournant pour croiser son regard impatient.
- On part dans quatre mois. Donc ne traîne pas.
- Si. Lo so (1).
Et ne t'inquiète pas, pensé-je, dans une semaine Axelle aura son cadeau. Et de mon côté, je pourrai enfin la pousser hors de sa limite de confort.
Je suis avide de découvrir sa réaction, quand elle verra la voiture de luxe stationnée devant chez elle.
Je claque la porte, sous un rire sonore qui retentit derrière celle-ci.
Puis rapidement, je réduis alors la distance qui me sépare de l'entrée.
Mes baskets crissent sur le carrelage clair et la porte vitrée s'ouvre en deux, quand je passe au niveau du détecteur.
À l'extérieur, mon chauffeur m'attend, portière grande ouverte, pour que je puisse m'engouffrer rapidement dans la limousine et surtout, éviter que je sois harcelé par des groupies qui connaissent mon emploi du temps sur le bout des doigts.
Je souris tout de même, pose trente secondes devant leur téléphone pour
"la photo" et les salue brièvement.
Et je monte à l'arrière.
Installé confortablement, je cherche une marque qui pourrait convenir à une jeune femme.
Oui j'aime la voiture italienne.
Elle est racée.
Agressive.
Avec une ligne épurée.
Sans oublier un moteur puissant.
Mais en ce qui concerne le choix pour Axelle, je reste dubitatif.
- J'ai besoin de votre lumière.
- Oui, monsieur.
Nos regards se croisent un bref instant dans le rétroviseur avant.
-Une marque de voiture qui pourrait plaire à une femme, tout en étant élégante, et sportive ?!
- Moi spécialement, monsieur, j'aime la Ford Mustang. C'est la puissance à l'américaine. Une ligne agressive. Et c'est une vraie légende sur quatre roues. Elle est comme un cheval au galop, monsieur, rebelle, à peine on appuie sur le champignon qu'elle réagit au quart de tour.
- On sent la passion quand vous en parlez.
- Comme vous, monsieur, pour vos voitures italiennes.
J'acquiesce.
- Elle aime la vitesse ? Les cheveux au vent, les sensations fortes ?
Je souris.
-C'est une femme de caractère, réponds-je en restant dans le vague.
- Alors optez pour la GT avec son V8. Elle gronde. Elle vibre. Comme une femme.
Nous rions en cœur. Je le remercie poliment, après lui avoir demandé de prendre la direction du concessionnaire Ford. Ce qu'il fait en affichant un sourire satisfait.
De mon côté, je m'installe confortablement au fond de mon siège puis croisant mes jambes, j'appose mon talon sur mon genoux et rêveur, je tapote mon talon de mes cinq doigts, les uns derrière les autres, dans un rythme lent.
Fermant les yeux, je me laisse envahir par les images. Celles qui vont déboucher sur une intrigante partie de jambes en l'air.
Celle qu'Axelle cherche à découvrir depuis un petit moment, mais que je n'ose pas vraiment encore lui dévoiler.
Je souris.
Je soupire.
Je me sens heureux.
Car cette femme, me rend heureux.
Traduction
(1) Je sais.
À suivre…
Et voilà mes chères lectrices. Un petit chapitre, tranquille.
Juste pour vous informer, que doucement nous arrivons presque à la fin de cette histoire. Et j'espère qu'elle vous plaira.
En tout cas, en attendant vos avis, étoiles et réactions. Je vous souhaite à tous, une belle et heureuse année 2023. Que celle-ci vous apporte tous le bonheur et surtout la santé.
A bientôt.
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